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Voir, juger, agir.

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Voir, juger, agir. Aventures et mésaventures à travers le monde... 🌦
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[Playlist] – Le Rap Sentimental 🍑

par Romain Mailliu 17 septembre 2020
écrit par Romain Mailliu
Vald

 

Le rap est la nouvelle chanson française. Adieu Brassens, Brel, Gainsbourg et Johnny Hallyday. Bonjour Booba, PNL, Jul et Damso. 

“Scandale, menteur, catho de gauche, racaille !!” : j’entends déjà mes lecteurs s’indigner. Un argument d’autorité ? Même Télérama titrait en 2019 – les intellectuels ont toujours une longueur d’avance – “Avec PNL, Jul, Gims… le rap est devenu la variété française des années 2010“. Et si vous n’êtes toujours pas d’accord, avouez sans mauvaise foi que, du rap, vous n’en n’écoutez pas.

 

Jugeons les préjugés

Il faut dire que les préjugés sur les missives de nos poètes modernes sont nombreux et quelques uns justifiés. Oui, le rap est une musique avec son franc parlé qui tourne généralement autour de 3 thèmes : L’argent, la drogue et le se.. l’amour. N’étant pas un grand consommateur des deux premiers – et bien qu’après relecture je dois vous avouer que je n’abuse pas non plus du dernier – j’ai pourtant, éternel romantique, décidé de vous faire découvrir le rap à travers son côté sentimental. 

Nota : Ici peut s’arrêter la lecture pour les plus occupés d’entre vous. Comme disait Jean le Rond d’Alembert : “Trop de lecture peut étouffer le génie.” Ironie du sort, il nous léguera avec Diderot l’Encyclopédie, une oeuvre éclatante de 7 volumes de textes, 11 volumes de planches et 71 818 articles. 

Par ici la playlist Rap Fr Sentimental 🍑 (Spotify)

 

Photo tirée du clip de SCH - Haut Standing

Photo tirée du clip de SCH – Haut Standing

Photo tirée du clip de SCH – Haut Standing

 

La plume du poète

 

“Tu laisses tomber ta robe par terre, 

Tu es nue je reconnais mes torts.”

SCH – Je la connais

 

“Des mots rayonnants, des mots de lumière, avec un rythme et une musique, voilà ce qu’est la poésie.” disait Théophile Gautier. Ce poète français est né à Tarbes, ce qui n’a rien de romanesque. Mes grands parents y vivent et c’est une ville plus déprimante qu’une profession de foi un dimanche matin de gueule de bois. Pourtant, Théophile avait trouvé les mots juste pour décrire la magie du rap. A travers des extraits des morceaux de la playlist, étudions sans pudeur ce phénomène international qui trône dans tous les Top Charts. 

 

JosmanPhoto tirée du clip de Josman – XS

 

“Et ma bella aille aille aille aille, 

Mon coeur va chéla pour toi aille aille aille aille”

MHD – Bella (feat. WizKid)

 

Chanteur, rappeur, slameur : qu’est ce qui les différencie ? Le rap jongle entre les deux autres étiquettes. Un coup chanté, un coup parlé, la voix devient un véritable synthétiseur. Elle est désacralisé, on ose la travailler, la modifier, l’amplifier, et quel plaisir ! Personne n’a dit à Jimmy Hendrix  : attend c’est de la triche tu as mis une pédale de distortion sur ta guitare ! Apparaît donc l’autotune avec laquelle travaille Jul, les changements d’octaves qu’utilise Koba LaD et les superpositions vocales de PNL qui feraient passer les Beach Boys pour des gentils petits garçons. S’ajoutent à ces révolutions artistiques l’utilisation des onomatopés. Vous me direz : Gainsbourg l’avait fait avec Comic Strip. Mais que n’a pas fait Gainsbarre ? Bref : le rap c’est un vent de fraîcheur dans les rouages de l’industrie musicale, aille aille aille aille. 

 

“Je tombe amoureux si t’es mignone et que tu chantes des trucs tristes, 

J’me sens utile avec toi.” 

Spider ZED – Figurine

 

Les rappeurs sont des personnages sensibles comme vous et moi. Les écouter parler d’amour, c’est accepter de se confronter à ses propres névroses. Nos fantasmes et guilty pleasures, le rapport qu’on entretient avec nous-même, nos doutes, nos rêves… 

 

Alkapote

Pochette de l’album Monument de Alkpote

 

“Parfois je rêve de ta fouffe, 

Comme l’équipe de france de la coupe.” 

Vald – Je t’aime

 

Le rap, fidèle à son aînée la poésie, adopte un style imagé. Je vous invite à fermer les yeux et à vous laissez porter dans l’univers de nos magiciens. Les comparaisons, plus ou moins subtiles, sauront vous surprendre. 

 

“Cachemir ou Louis-V quand ça tire au premier rendez-vous,

J’crois pas que t’es d’ici Mademoiselle qui êtes vous?

J’crois plus en ma musique que j’crois en l’amour,

Cache bien tes sentiments sois pas doux (hey).”

Smeels – Cachemire

 

“Mais Romain c’est bien gentil tout cela, le rap c’est donc un style musical accessible, créatif et qui ne mâche pas ses mots. Mais j’ai regardé ta playlist et je crois que tu as oublié de nous préciser un détail : le rap est-il un style musical exclusivement masculin ?” 

 

Booba and Christine and de Queen Photo tirée du clip de Christine and the Queens – Here (feat. Booba)

 

Le rap : féministe ou misogyne ? 

 

“Elle veut maison, enfants, mais j’suis là que pour faire du sale,

Mais je n’ose pas lui dire, je n’veux pas faire de peine,

Et si j’lui disais tout c’que je ressens sur l’instrumentale,

Avec de l’autotune ça passera p’t-être mieux.”

Damso – Autotune 

 

Loin de moi l’idée de créer la polémique. Je constate pourtant que parmi les 100 morceaux de la playlist de rap français que je vous partage aujourd’hui, la grande majorité des artistes sont des hommes. Et nos versificateurs expriment souvent des sentiments ambiguës envers les femmes. En effet, Eve tient un rôle contradictoire dans l’univers du rap français. Elle est à la fois omniprésente – rares sont les artistes qui ne parlent pas des femmes – mais également réduite à des considérations parfois calamiteuses. 

On pourrait reconnaître une certaine spontanéité chez les rappeurs. Des textes écrits à chaud, à fleur de peau. Après tout, il arrive à l’homme d’haïr la femme et vice-versa : pas de doute là-dessus. Mais il manque un contrepoids dans cet univers encore très masculin pour ne pas faire de l’émotion et des sentiments d’un artiste des paroles d’évangile. 

 

Damso

Photo tirée du clip de Damso – Macarena

 

« Si les hommes peuvent l’ouvrir et dire ce qu’ils veulent, même des atrocités sur les femmes quand il leur arrive une peine de cœur, les femmes devraient aussi pouvoir dire ce qu’elles veulent sur les hommes. De même qu’affirmer que le monde du rap peut parfois être sexiste. 

Ça ne veut pas dire que les rappeurs sont de gros sexistes et que Damso est un gros misogyne, ça veut juste dire que leurs paroles le sont, ce qui n’est pas forcément une bonne chose. »

Angèle 

 

Que faire ? Crier au sexisme et dénoncer à coup de hashtag les rappeurs misogynes ? J’imagine déjà une vidéo Konbini : Le rap est-il sexiste ? Le débat virulent entre un rappeur et une féministe. Peu probable que celle-ci entraîne un débat d’idées mais certainement un fort engagement dans les commentaires et une rémunération lucrative en publicité pour votre media pop culture préféré. Chacun son travail. 

Du côté légal, des associations féministes ont essayé de condamner en justice Orelsan pour Provocation à la violence envers les femmes en 2009. En cause, les textes de certaines ses chansons : “J’te quitterai dès que j’trouve une chienne avec un meilleur pédigrée”, “J’respecte les schnecks avec un QI en déficit, celles qui encaissent jusqu’à finir handicapées physiques”. Il a finalement été relaxé en appel en 2016 sous prétexte  que “sanctionner” les chansons incriminées “reviendrait à censurer toute forme de création artistique inspirée du mal-être, du désarroi et du sentiment d’abandon d’une génération, en violation du principe de la liberté d’expression”. 

 

Odezenne

Photo tirée du clip de Odezenne – Bouche à lèvres 

 

Il me semble que le rap est parfois misogyne car il est surtout masculin. Pour contrebalancer cet univers testostéroné, rien ne serait plus nécessaire qu’un vent de rap féminin qui porterait également ses messages sur le devant de la scène. 

On apprenait début août que la rappeuse Aya Nakamura était l’artiste française la plus écoutée sur Spotify. Qui n’a pas entendu parler de Marwa Loud ? Ou encore de Wejdene qui à 16 ans comptabilise avec son morceau Anissa plus de 52 millions de vues sur Youtube en moins d’un mois. Le vent se lève. 

 

“J’te parlerai comme jamais tu n’parles à ta mère

Tu m’seras redevable si je te paie un verre,

J’t’harcèles avec dix potes juste pour avoir ton numéro,

Il faudra que tu sois gentille si je t’emmène au restau.”

Chilla – Si j’étais un homme 

 

Shay

Shay, son second album Antidote (mai 2019) est vendu à plus de 45 000 exemplaires

 

Le rap, témoin d’une époque

 

“Lors d’une journée où tout va mal,

Elle me dit qu’elle ne m’aimait plus,

Ces mots pour moi étaient fatals,

J’me d’mande comment j’ai survécu.”

Odezenne – Plus beau cul du monde

 

Il m’arrive parfois de regarder des vidéos de coach de séduction sur Youtube. Dans l’étude de nos contemporains, c’est plus court que les livres de Bernard Henri Lévy et tout aussi intéressant. J’ai donc découvert qu’en 2020, pour draguer une femme, faites-lui ressentir votre esprit guerrier. Avec des conseils pareils, on comprend que les rappeurs soient parfois un peu perdus, et ce ne sont pas les seuls. Nous sommes les produits d’une histoire et d’une culture qui a fait de l’homme un intrépide combattant sans pitié prêt à tout pour protéger sa famille et agrandir son royaume. Alors on pourrait s’indigner, dénoncer, en avoir honte et casser des statues. C’est prendre le risque de faire disparaître les témoins du passé et avec eux les leçons que nous devons en tirer.

Aujourd’hui, le rap est le témoin d’une nouvelle époque : la nôtre. Avec ses zones d’ombres mais aussi ses combats, ses messages, ses lumières. C’est la théorie que je vous ai développé. Et comme disait Einstein : “si les faits ne correspondent pas à la théorie, changez les faits.” Alors il est grand temps de vous y mettre ! 

 

Découvrez la playlist Rap Fr Sentimental 🍑 (Spotify)

Avec la présence des artistes Alpha Wann, Shay, Odezenne, Lala &ce, Luidji, Aloïse Sauvage, Josman, Jazzy Bazz, Damso, Sopico, Milk Coffee & Sugar, A2h, Lasco, Jok’air, Tsew The Kid, Booba, Gros Mo, Yuzmv, etc.

 

Alpha WannAlpha Wann en chef des armées du 18ème par © KyèsOne

 

Photo de couverture tirée du clip de Vald – Kid Cudi.

17 septembre 2020 0 commentaire
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ArtTribune

La fin justifie les moyens

par un contributeur 17 juin 2020
écrit par un contributeur

 

Avant de commencer mon récit, j’ai fait quelques recherches. En effet, je voulais retrouver une citation de Bob Marley comparant son plaisir de fumer aux voyages. Cela devrait donner quelque chose comme : « Je fume car je n’ai pas assez d’argent pour voyager. Fumer me permet alors d’explorer mon imaginaire ». N’ayant jamais retrouvé cette citation et ne sachant ni quand ni où je l’ai découverte, je vous propose de ne pas vous y fier. J’ai écrit ici cette citation comme je l’imaginais et il est fort probable, d’une part, qu’elle ne soit pas de Bob Marley et d’autre part, qu’elle n’existe pas du tout. C’est une hypothèse. 

Vous devez vous demander : “mais pourquoi parler d’une vraie fausse citation inexacte qui n’est probablement pas de Bob Marley ?” Ne voyageant pas, je dois créer ma propre aventure et à travers cette fameuse citation, on comprend que Bob Marley voyage grâce aux effets du cannabis.

Moi, je voyage grâce à la musique. C’est un voyage philosophique et peut-être un peu spirituel aussi… 

Maintenant que mon introduction est faite, laissez-moi vous présenter ma dernière production musicale. Dans le jargon des Disques Jockeys, on parle d’une “sortie”. Cette phrase peut paraître très prétentieuse mais elle ne représente finalement pas grand chose dans ce récit.

 

Comme un lundi 

Ce lundi 20 janvier 2020 marque la finalité d’un projet commencé il y a un an : Carla. En effet,  Carla  a vu le jour début 2019, inspiré de Boasty, une oeuvre populaire de Wiley avec Sean Paul, Idris Elba et Stefflon Don. Un son reggaeton summer 2019 avec une piscine à débordement et du monde au balcon. Avec le recul, je constate que mon inspiration a un dérivé car Carla est aujourd’hui une oeuvre de House Music, bien loin du “coupé – décalé”. C’est signé chez Unusual Records, un label Lyonnais, avec sept autres versions de sept compositeurs différents.

 “Carla” n’est pas seulement un nom donné à une musique, c’est une longue réflexion sur la signification de l’oeuvre. Carla Moreau ? Carla Bruni ? Pourquoi Clara ?  Et bien c’est un joli prénom, teinté de plusieurs nuances et sonorités. C’est un mélange de douceur à l’écoute comme à la lecture. Carla est une ode à la sensualité. C’est d’ailleurs ce que j’ai voulu représenter. De beaux accords progressifs repris sur plusieurs sonorités différentes. Un rythme ni trop lent, ni trop rapide, à 120 BPM (battements par minute). Il était important de commencer par un accord dans l’introduction. Il fallait bien qu’il y en ai un ou deux. Cet accord est la base de tout le morceau, il démarre seul, accompagné d’un rythme, avant de s’éteindre au bout d’une minute trente pour laisser place à d’autres sonorités qui expriment quelque chose de plus dansant.

 

The Kln est dans le club

On peut imaginer que cette minute trente représente une personne prête à entrer dans un lieu chaleureux. A la suite, il y verrait une foule, heureuse, libre et parmi cette foule se dégagerait une certaine légèreté collective teintée d’un brin d’excitation. En effet, cet individu n’est pas ici par hasard, il recherche quelque chose ou quelqu’un. Son bonheur est dans cette pièce et il le sait. Alors il cherche, danse sur ce qu’il ressent et non ce qu’il entend. Les basses et le rythme incessants de cette musique, pourtant très calme, l’empêchent de s’arrêter. Il n’y a pas fait attention mais il croit entendre une voix. 

Cette voix, notre personnage ne sait pas depuis combien de temps il l’entend mais il en est sûr, cette voix lui parle. Seulement il n’arrive pas à comprendre ce qu’elle lui dit. L’énergie positive de la foule autour de lui l’empêche de réellement capter le son de la voix jusqu’à ce que, vers quatre minutes quarante, les harmonies des différentes sonorités s’amplifient et deviennent de plus en plus grandes, de plus en plus puissantes. Il le sait, c’est le moment. Une minute plus tard, la tension arrive à son apogée quand le rythme est relancé. A cet instant, il aperçoit parmi les spectres rouges et bleus des lumières de la piste une ombre, une ombre fine, délicate. Cette ombre danse au ralenti sur la musique. Son coeur s’accélère, prêt à exploser, il retient son souffle. « La voix que j’ai entendu pourrait-elle venir de cette silhouette ? ». Alors il s’élance et fend la foule qui danse sans répit. Il lui reste très peu de temps pour l’atteindre, la musique est bientôt terminée et il faut en profiter tant que son esprit est envouté par l’ensemble de l’environnement qui l’entoure. Plus il se rapproche et plus les battements de son coeur s’accélèrent. La tension est insoutenable. Que va-t-il découvrir ? Ou plutôt qui va-t-il découvrir ?

 

 

Volontairement, je ne raconterai pas la fin de cette histoire, et cela pour deux raisons :

Premièrement, il vous faudra écouter la musique pour imaginer la fin. Vous savez, pour un artiste comme moi, encore trop peu connu, il est difficile de se faire un public. Ce texte non terminé me permettra donc – ma logique est imparable – d’avoir des streams voir des likes en plus. Je vous en remercie d’avance. 

Deuxièmement, parce que je préfère vous voir imaginer un million de fins différentes à cette histoire, car aucune ne sera semblable à l’autre. C’est plutôt intéressant comme concept, non ?

 

Au fait, Bob Marley disait – et pour le coup cette citation est vraie – « La musique peut rendre les hommes libres ».

 

Philippe Klein 

Et pour en découvrir plus sur l’artiste : 

  • son Instagram     
  • Son Spotify :  Carla (Original Mix)                          

17 juin 2020 1 commentaire
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ArtTribune

Mot d’une peintre en dilettante

par un contributeur 3 juin 2020
écrit par un contributeur

 

L’homme est détenteur d’un moyen de communication très pointu : le langage. Exprimer ses pensées, ses émotions et ses désirs avec des mots, quoi de plus complet ? Pourtant, je vous invite ici à vous essayer à une technique d’expression tout aussi parlante. Une porte de l’âme qui vous aidera peut-être à mieux vous connaître ou vous aidera au moins à vous vider la tête ne serait-ce qu’un instant. 

 

Peindre avec les yeux

Si vous souhaitez vous mettre à la peinture, j’espère que ces quelques mots vous inspireront.

Peindre à partir d’un modèle est à la portée de tous. Prenez une toile ou une feuille et de la peinture ─la première marque d’acrylique trouvée au supermarché suffit─ et peignez ce que vous voyez.

Tracez sur la toile les contours au crayon à papier, ou de couleur pour que cela se voit moins. Pour que vos proportions correspondent à celles du modèle, utilisez des formes géométriques pour tracer le contour de la forme générale, puis prenez un premier repère et construisez votre croquis autour de celui-ci (Je commence par l’oreille et je regarde où sont placés les yeux par rapport à cette oreille, puis où est la bouche par rapport aux yeux, etc…). Il y a également une technique qui consiste à tracer un quadrillage sur le modèle, puis à reproduire cette grille sur votre toile et vous y retrouver à partir de ce repère. Pour éviter des erreurs de proportions, il est bon de peintre sur un chevalet plutôt que sur une surface à plat devant vous, car selon l’endroit où se situe vos yeux par rapport à votre toile, vos proportions peuvent s’avérer erronées une fois vues d’un autre angle. Le système D de la toile scotchée au mur est une bonne alternative au chevalet si vous n’avez pas peur de tâcher ledit mur.

Passez ensuite la première couche. Il faut commencer par les teintes les moins foncées. Si vous peignez un humain de peau claire, la couleur chair s’obtient à partir de rouge magenta, jaune primaire, blanc et un tout petit peu de bleu. Jouez avec ces couleurs jusqu’à atteindre la teinte voulue. Bien sûr, n’importe quelle autre couleur peut être appliquée aux différentes parties de la peinture, l’important sont les proportions, la forme dessinée et les contrastes entre clair et foncé. Remplissez les contours tracés au crayon avec cette couleur.

Ajoutez ensuite les ombres, une par une, des plus légères aux plus marquées. Lorsqu’on peint à l’acrylique, pour rendre une teinte plus claire, il faut y ajouter du blanc, pour la rendre plus foncée, il faut rajouter les couleurs primaires avec lesquelles vous avez obtenu cette teinte ou acheter une couleur primaire plus foncée. Attention, ne pas utiliser de noir. Ajoutez ensuite plus de détails toujours en fonction de ce que vous voyez. Prenez du recul à chaque étape pour vous assurer que les mailles de votre peinture sont à peu près au bon endroit.

Gardez en tête que l’important n’est pas que le résultat final soit identique au modèle. Comme son nom l’indique, ce n’est qu’une inspiration. Maintenant, puisque c’est à présent votre œuvre, vous pouvez y ajouter ce que vous souhaitez. Une baleine flottant dans le ciel, des cheveux bleus, un bijou, un château… ou rien.

Je ne suis pas élève en art, je n’ai même jamais pris de cours, donc je ne saurais vraiment vous conseiller sur le matériel idéal. Mais d’expérience, il est bon d’avoir au moins quatre pinceaux : un large, rond ou carré pour le fond, un moyen pour les aplats de couleur, un un peu plus fin et un encore plus fin pour les détails précis. Le bout carré est agréable car il peut être utilisé pour des traits de deux tailles différentes. Des brosses bon marché se trouvent facilement, pas besoin de haute qualité, l’important c’est d’en prendre soin, c’est-à-dire les rincer après chaque utilisation et les faire sécher soit à plat, soit debout dans un pot, la tête en haut. Pareil pour la peinture, essayez-en plusieurs pour trouver votre texture préférée. Je recommande d’acheter d’abords les couleurs primaires : bleu, jaune, rouge, noir et beaucoup de blanc.

Pour ce qui est du type de peinture, j’utilise principalement l’acrylique car j’aime les couleurs vives, c’est une des plus simple à utiliser. L’aquarelle est un bon outil pour obtenir des dégradés plus élaborés et divers, la gouache couvre bien et peut être utilisée sur beaucoup de surfaces et la peinture à l’huile donne un côté 3D à votre oeuvre, pour autant que vous soyez patient, car elle sèche très lentement.

 

Peindre avec l’esprit

Peindre quelque chose de réaliste sans modèle visuel, en revanche, est bien plus compliqué et cela requiert de la technique et une certaine connaissance des proportions, un travail en fait très mathématique. Souvent, même les œuvres des plus grands peintres ne sont que des patchworks de références. Si vous souhaitez vous lancer dans le dessin sans modèle, je vous conseille soit de faire fi du réalisme, soit d’acheter un livre de dessin ou de trouver des cours sur internet qui expliquent la logique des proportions. Ou, si vous avez du temps et souhaitez imiter les grands maîtres, observez votre entourage et tentez de trouver ces règles du dessin par vous-même. 

 

L’âme d’artiste, un sixième sens

Je préciserai ici que  tout artiste a des références même non-visuelles, l’imagination ne naît que de l’expérience, de choses déjà vues, de concepts déjà imaginés, juste détachés de leur contexte d’origine et rattachés à un autre. Les activités artistiques font travailler l’imagination et en les pratiquant vous vous rendrez vite compte que personne ne peut faire le travail de Dieu, personne ne peut comme lui, créer à partir du néant. Que ce soit dans la peinture, la littérature ou la musique, les œuvres ne sont que des chimères de la réalité. Les sirènes ne sont qu’un des produits de ce que l’imagination construit à partir d’un humain et d’un poisson. Un pégase naît de cette obsession qu’ont les hommes à ajouter des ailes à tout ce qui bouge. Certains expérimentent et découvrent des couleurs, mais personne n’en invente. Tous les scénarios finissent inévitablement par se répéter dans d’autres oeuvres, tout comme les mélodies. L’imagination repousse les limites de la réalité, certes, mais ne les fait pas disparaître.

Sur cette note je vous pousse donc à explorer la réalité, ainsi, c’est les limites de votre imagination que vous repousserez. 

Marie, what about you?

En ce qui me concerne, je ne peins pour l’instant que des visages à partir de modèles photo. Des visages que je connais bien ou ceux d’inconnus. J’ai essayé, mais peindre autre chose m’ennuie. Si je dois passer une demi-heure ou même plusieurs heures sur une œuvre, je veux ressentir quelque chose en la voyant, je veux que ce qui en ressorte m’appartienne. Et lorsque je peins des visages, même à partir de photos, l’œuvre qui en résulte est toujours une toute autre personne de celle prise pour modèle. Alors que je ne fais que peindre ce que je vois, détail par détail, mes mains n’arrivent jamais à saisir ce qui fait la spécificité de ces visages. Même si elles sont —je suis fière de le dire— proches de leur modèle, mes peintures ne dégagent jamais le même sentiment que celui souhaité. Mais en fin de compte, j’aime ce pouvoir magique qui me réserve toujours de belles surprises.

Je ne vis pas de mes peintures, je ne m’impose donc pas de peindre régulièrement, ce qui ne veut pas dire que je ne prévoit pas mes séances. L’envie de peindre survient généralement sans prévenir ─le modèle n’est choisit qu’une fois devant mon canevas vierge─. Une petite peinture, inférieure aux dimensions d’une feuille A4 peut ne me prendre qu’un quart-d’heure, mais une A3 peut prendre jusqu’à deux heures voire trois. Connaissant mes habitudes, je dois alors me réserver au moins une demi-journée ou une soirée pour peindre, étant donné que je ne reviens jamais sur une toile commencée et que je dois donc finir ma peinture en une fois, ou elle ne sera jamais achevée. Cela implique donc que je ne peins pas sur plusieurs jours. Je ne vous conseille pas d’imiter cette façon de faire, il peut être bon d’étaler une séance de peinture dans le temps, car la vision qu’on a de sa toile peut alors évoluer et la peinture peut en ressortir encore meilleure et plus élaborée. 

Je peins généralement par terre ─ ce qui contredit les conseils donnés plus haut et fait plutôt mal au dos ─, c’est le plus rapide à installer et j’accède plus facilement à mes outils. La lumière naturelle est ma préférée, mais si la peinture s’éternise et que la luminosité diminue, je me contente d’une lampe, quitte à voir mes couleurs changer complètement une fois de retour à la lumière du jour. Peindre est un moment spécial pour moi. Je choisis généralement un fond sonore (musique ou film) et il n’y a plus alors que ma peinture et moi. Toujours les même étapes : le moment stressant face au vide du support vierge, la satisfaction des premiers coups de pinceaux, les contours du visage qui apparaissent, la concentration intense lors des derniers détails et enfin, les dernières ombres appliquées sans réfléchir sous l’oeil ou au bout du nez et la conclusion —si le résultat final me plaît ou pas—. Je vais ensuite fièrement la montrer à mon entourage et la fierté ainsi absorbée, je vais la ranger avec mes autres oeuvres dans un placard. Pour moi, plus que l’oeuvre, le sentiment découlant de ce petit exercice est tout ce qui compte. 

 

Marie-Elisa Biays 

3 juin 2020 0 commentaire
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ArtMarine

L’ABUS DE LECTURE PEUT-IL ÊTRE DANGEREUX POUR LA SANTÉ ?

par Marine 25 mai 2020
écrit par Marine

 

« En somme, le public est composé de groupes nombreux qui nous crient :

— Consolez-moi.

— Amusez-moi.

— Attristez-moi.

— Faites-moi rêver.

— Faites-moi rire.

— Faites-moi frémir.

— Faites-moi pleurer.

— Faites-moi penser.

Seuls, quelques esprits d’élite demandent à l’artiste :

Faites-moi quelque chose de beau, dans la forme qui conviendra le mieux, suivant votre tempérament. »

Guy de Maupassant, Préface de Pierre et Jean : « Le roman », 1887.

 

Quand ‘’lecture’’ rime avec ‘’culture’’

 La question peut paraître saugrenue. Qui imaginerait que la lecture puisse ne pas être source de bienfaits à l’heure où l’on clame sur les réseaux sociaux que « lire des livres délivre » et que la bibliothérapie fait son apparition sur le marché du bien-être ?

« Lire des livres délivre », je ne le conteste pas et même : je le revendique. Des centaines voire des milliers d’études et de témoignages viennent nous redire l’importance de la lecture quant à la construction de soi : développement de l’empathie et de l’imagination, stimulation du cortex neuronal, intensification de la plasticité cérébrale, entretien de la mémoire et, bien sûr, assimilation d’éléments culturels.

 

Pieter Steenwijck, Ars longa, vitta brevis (Vanité), entre 1633 et 1656, huile, 74.5x96.5 cm Crédit photo © Wikimedia Commons

Pieter Steenwijck, Ars longa, vitta brevis (Vanité), entre 1633 et 1656, huile, 74.5×96.5 cm
Crédit photo © Wikimedia Commons

 

Ah… la lecture — et donc : le savoir — comme moyen de briller en société ! Vieux mythe ? Pas tout à fait… Et même : vérifié et approuvé.  Que cet argument en faveur de la lecture soit ou non celui qui pousse à parcourir les reliures, il est évident que plus nous consultons de livres, plus le volume et la circonférence de notre ‘‘cercle de culture’’ s’accroissent, et plus la probabilité que nous avons de passer pour quelqu’un d’intelligent et d’intéressant augmente. Grâce à la culture — longtemps présentée comme l’une des plus puissantes armes civilisationnelle — et à la fréquentation régulière de personnages de romans nous initiant à d’autres vies qui peuvent faire écho à la nôtre, il est communément admis que le lecteur devrait avoir un certain nombre de clés en main pour avancer dans l’existence.

Le déclic est-il pour autant automatique ? Et si nos modes de lectures ou le rapport que l’on entretient avec les œuvres pouvait nous jouer des tours ?

 

« Prends garde à toi ! »

 Une fois encore, la question est curieuse. Je la pose — je nous la pose — au regard d’une conversation que j’eus avec un homme féru de littérature. Il avait mis à profit la génération d’avance qu’il avait sur moi pour lire nombre d’ouvrages. Nous prenions plaisir à échanger sur nos lectures respectives et il lui arrivait de me conseiller vivement tout aussi bien un classique qu’un auteur insoupçonné. Il discourait avec passion à leur sujet quand, quelques instants plus tard, son regard pouvait se perdre dans la brume de lointains inconnus.

Un jour que nous étions seuls, il m’avoua en substance ceci : « Tu sais, la lecture, ça peut devenir une véritable addiction ». Je le regardais, incertaine. Il reprit en me disant que, parfois, à défaut de vider cannettes ou bouteilles, on pouvait se saouler de mots. Manifestement, lorsqu’il ouvrait un livre, il semblait être tantôt dans une dynamique de recherche, espérant trouver une réponse à ses maux, tantôt tenté par la fuite du réel — nous reviendrons plus tard sur ce point.

Je le redis : je ne saurais m’opposer à l’aspect salvifique que peut revêtir la lecture. Y aurait-il cependant des conditions de lecture plus fructueuses que d’autres ?

 

L’algorithme de la tarte Tatin

La confidence de cet homme nous amène à nous pencher sur nos propres présupposés de lecteurs. Au fond, pourquoi lit-on ? D’où vient ce besoin ? Cherchons-nous nous aussi des réponses à des questionnements peu ou prou enfouis ? La solution pourrait-elle finalement consister en un retournement de perspectives ?

 

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Crédit photo © Pixabay

 

Loïc Corbery, comédien sociétaire de la Comédie Française, intervenait le 3 avril dans le cadre des programmations éphémères ‘’spécial confinement’’ proposés sur la chaîne YouTube de la troupe. Alors qu’il achevait de commenter un passage d’On ne badine pas avec l’amour, il conseillait tout spontanément aux spectateurs de lire moins pour chercher des réponses que pour se nourrir des questions que les œuvres nous font nous poser. Le questionnement, clé de lecture ?

 

« Quoiqu’il [Govinda] eût vécu toute sa vie dans l’observation de la règle et, en raison de son âge avancé et de sa modestie, qu’il jouît auprès des moines plus jeunes que lui d’une haute considération, l’inquiétude et le besoin de chercher hantaient toujours son âme. (…) “Que pourrais-je te dire, ô Vénérable ; … que peut-être tu cherches trop ? Que c’est à force de chercher que tu ne trouves pas ?

(…)

Quand on cherche, reprit Siddhartha, il arrive facilement que nous yeux ne voient que l’objet de nos recherches; on ne trouve rien parce qu’ils sont inaccessibles à autre chose, parce qu’on ne songe toujours qu’à cet objet, parce qu’on s’est fixé un but à atteindre et qu’on est entièrement possédé par ce but. Qui dit chercher dit avoir un but. Mais trouver, c’est être libre, c’est être ouvert à tout, c’est n’avoir aucun but déterminé. Toi, Vénérable, tu es peut-être en effet un chercheur; mais le but que tu as devant les yeux et que tu essayes d’atteindre, t’empêche justement de voir ce qui est tout proche de toi.’’ »

Hermann Hesse, Siddhartha, Grasset, coll. « Le livre de poche », Paris, 1995, p. 201-203.

 

À bien y regarder, les plus grands chercheurs — et donc : les meilleurs trouveurs aussi appelés ‘’inventeurs’’ — de tous horizons ne sont pas ceux qui s’évertuent à élaborer les réponses les plus sophistiquées mais ceux qui concentrent en premier lieu leur énergie à poser les bonnes questions.

 

 « Einstein nous explique ce qui a fait le génie de ses recherches. C’est la mise en question plus que la mise en réponse. »

Frédéric Falisse « La questiologie ou l’art de poser les bonnes questions: Frederic Falisse at TEDxPantheonSorbonne », TEDx Talks, 4’27’’

 

« Si vous posez une bonne problématique nous votre développement, recommande-on à l’université, soyez assuré d’avoir d’emblée la faveur de votre correcteur. »

 

La tête dans les nuages… et les pieds sur Terre

 « Pour autant, poursuivent les professeurs, tâchez de faire en sorte que votre développement soit à la hauteur de votre problématique. » Si l’on file la métaphore de la composition universitaire, nous avons : un texte donné (le livre) ; une problématique à établir (les questions qui viennent au fil de la lecture) ; un développement à apporter à la suite de cette problématique. Nous pourrions faire le parallèle suivant. Cette exhortation à fournir un développement d’une qualité au moins aussi élevée que celle du questionnement sonne comme une invitation au réel. Ne pas s’en tenir seulement l’ouvrage — celui que l’on doit commenter pour son professeur ou celui que l’on butine sur un transat au mois de juillet — et aux questionnements qu’il fait germer et tourner dans notre tête. Au contraire d’une fuite à travers d’autres vies et possibles rêvées : en investir le réel.

Comme si nous étions, en toile de fond de ces flâneries, sans cesse invités à rejoindre le casting d’un film de capes et d’épées dans lequel notre regard escrimerait contre les mots. Nous lancerions au texte que l’on tiendrait entre nos mains un martial « Réponds, te dis-je ! ». Suite à un nombre de passes au moins aussi abondantes que la pagination du volume, ce dernier finirait par nous désarmer et nous renvoyer la sommation : « Réponds, te dis-je ! ». Dans Quand dire, c’est faire, le philosophe John Austin expose sa théorie du langage performatif : l’énonciation, pourvu qu’elle soit prononcée « dans les circonstances appropriées », devient acte. « Parle ! » Notre réponse est bien plus qu’une suite de lettres : elle est un abracadabra (1) indispensable à la confection de la clé délivrant « tous les dragons de notre vie » qui « sont peut-être des princesses qui attendent de nous voir beaux et courageux » (2).

 

Crédit photo © Pixabay

 

Qu’est-ce qui pousse les auteurs à écrire — à nous faire parler — en dehors de la nécessité de gagner leur vie ? Il me plait à penser qu’il ne s’agit pas pour la plupart d’un simple exercice de style mais que cette volonté procède du désir de nous donner du grain à moudre pour que nous puissions pétrir notre vie. Pétrir — de la façon la plus fondamentale et physique qui soit. Ainsi, parvenir à inscrire pleinement notre existence dans le monde.

 

« Efforcez-vous d’aimer vos questions elles-mêmes (…). Peut-être, simplement en les vivant, finirez-vous par entrer insensiblement, un jour, dans les réponses. »

Rainer-Maria Rilke, Lettres à un jeune poète, Grasset, coll. “Les Cahiers Rouges”, 2018, p. 43

 

Marine

 

(1) Formule magique ancienne qui pourrait faire référence à la création par la parole. Voir l’article “Abracadabra” sur Wikipedia.

(2) Rainer-Maria Rilke, Lettres à un jeune poète, Grasset, coll. “Les Cahiers Rouges”, 2018, p. 80

25 mai 2020 1 commentaire
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ArtBaudouin Duchange - Chroniques

L’aventure de la boustifaille #1 – Culture Vs Purée

par Baudouin Duchange 16 mai 2020
écrit par Baudouin Duchange
Description : Se perdre dans la purée.



Je vous arrête dès maintenant : oui, la purée de pommes de terre est un sujet dont on peut discuter. Ce n’est pas une question de société taboue. Ni être indélicat que de débattre sur sa qualité. Certains me diront avec raison “C’est politiquement tendu, tu auras des comptes à rendre”. Mais BSFmagazine, c’est l’aventure ! La digression ! La digestion des idées mise en couvert par une réflexion intraitable ! Je traiterai donc de la purée de pommes de terre, n’en déplaise aux plus bornés. 

D’autant plus que c’est ce féculent que j’ai choisi pour m’occuper, en perspective, du sujet de la culture. Pour vous la faire simple : purée maison ou purée Mousline ? Culture élitiste ou kulture Kardashian ? Éternel débat qui trouve probablement sa réponse dans un juste dosage.

 

Description : La meilleure amie des français vient à l’origine du Pérou. Ses anciens habitants, les Incas, l’appelaient “papa” <3 

Description : La meilleure amie des français vient à l’origine du Pérou. Ses anciens habitants, les Incas, l’appelaient “papa” <3

 

Patate trop cuite (ou pourquoi il ne faut pas rendre la culture trop élitiste)

“La bourgeoisie a transformé l’art en culture” critique Pascal Jardin dans La bête à bon Dieu. Cette idée d’une culture institutionnalisée est souvent déglacée dans les discussions mondaines. En la rendant intouchable, en la laissant reposer quelques années dans la poussière intellectuelle, en la plaçant sur un piédestal qu’elle ne mérite pas toujours, le “bourgeois” rend la culture insaisissable. Laurence w. Levine ajouterait probablement : insaisissable pour la “culture d’en bas”. Pour ces deux auteurs, la culture “d’en haut” représente, inconsciemment ou non, un complot créé par l’élite pour conserver la mainmise sur les centres de pouvoir.

Je comprends ces analyses, mais ne les aime pas. Pour mon palais simple d’amateur de purée de pommes de terre, je les trouve trop politisées, trop sociologiques, trop souvent répétées. Comme une sauce industrielle aux arômes chimiques prononcés, ces réflexions masquent l’essentiel : la culture a rendu l’art chiant. Ni plus, ni moins. 

Le danger de momifier l’art via la culture, c’est d’arrêter de le remettre en question, et donc de cesser “d’insérer dans le monde d’aujourd’hui ce qui sera le monde demain” pour reprendre les mots d’Ormesson issus d’ Au revoir et merci. C’est d’ailleurs ce qui inquiète certains spécialistes de l’histoire de l’art qui observent, depuis les année 2010, la fin d’une ère de “transgression permanente” entamée dans les années 70. Symboliquement, celle-ci s’arrête brutalement avec les attentats de Charlie Hebdo. De manière plus diffuse, on remarque que la censure vient désormais des milieux progressistes via des opérations d’intimidation (à lire ici : entretien avec Thomas Schlesser ; le 1 hebdo du 4 mars 2020). La censure se cache toujours derrière un masque d’intérêt général ou pour une cause juste. Un masque est fait pour être enlevé, et pour être brûlé. J’ai beaucoup cité Huysmans dans mon article sur la mort de la peinture. Je me permets de nouveau d’emprunter ses mots : “Ah ! C’est que Dieu merci, nous commençons à désapprendre le respect des gloires convenues”. Continuons à désapprendre en permanence ! 

Désapprendre c’est essayer de nouvelles choses. Par exemple, préparer une purée Mousline par habitude, et puis, un jour, tenter la purée maison.

 

 

Description : Se perdre dans la purée.

Description : Se perdre dans la purée.

 

Patate pas assez cuite  (ou pourquoi la culture ne doit pas s’abaisser au niveau d’une purée Mousline)

Le passage du kitch dans L’Insoutenable Légèreté de l’être de Kundera m’a coupé la faim. Vraiment incroyable. Je vous le dis car c’est l’auteur que nous allons savourer pour accepter que la culture ne peut pas ressembler à Konbini, et qu’une Mousline ne peut pas être considérée comme une purée.

Définition du concept du kitsch par Kundera lui même lors d’une remise de prix : “le mot kitsch désigne l’attitude de celui qui veut plaire à tout prix et au plus grand nombre. Pour plaire, il faut confirmer ce que tout le monde veut entendre, être au service des idées reçues. Le kitsch, c’est la traduction de la bêtise des idées reçues dans le langage de la beauté et de l’émotion… Vu la nécessité impérative de plaire et de gagner ainsi l’attention du plus grand nombre, l’esthétique des mass media est inévitablement celle du kitsch, et au fur et à mesure que les mass media embrassent et infiltrent toute notre vie, le kitsch devient notre esthétique et notre morale quotidienne.”

Pour nous, kitsch = purée Mousline. 

Le kitsch, c’est exactement ce qu’utilise comme modèle économique une entreprise comme Konbini, et maintenant tous les autres médias sur les réseaux. Comment ? En partageant des contenus qui créent, chez les “clients”, un sentiment d’intégration à une communauté grâce à des références communes. Vegan ou carniste ? Ville ou campagne ? Tout le monde est au moins un des deux. En obligeant à se positionner autours d’un sujet “culturel” simple, Konbini crée en plus une forme de morale nauséabonde fondée sur une émotion (“il faut être un monstre pour tuer un bébé mouton” / “les vegans sont des hippies dégénérés”). La conséquence : la création d’une dictature de l’émotion qui impose un point de vue, une morale. Mais ne vous trompez pas, il n’y a pas de complot pour imposer une vision du monde. Il y a seulement l’argent. Car c’est en appliquant le kitsch que Konbini se crée de la visibilité = meilleure monétisation de la pub = plus d’argent. Eh merce la culture !

Jusqu’à un certain point, c’est aussi la manière dont fonctionnaient, par exemple, la propagande des régimes nazis et communistes. Etape 1 : vendre du bonheur en conserve en imposant des références communes et en rassurant grâce à des valeurs fortes. Etape 2 : La morale d’Etat devient la norme, elle est imposée par une propagande. Etape 3 : Tous ceux ne respectant pas cette morale sont des parias. L’objectif, cette fois, n’est pas de gagner de l’argent mais d’imposer une idéologie pour soumettre un peuple. Eh merce la culture !! 

“La fraternité de tous les Hommes ne pourra être fondée sur le kitsch” ajoute Kundera, toujours dans son roman le plus célèbre. Elle ne pourra pas non plus être fondée sur une purée Mousline. 

 

 Une honnête travailleuse soviétique qui promet une récolte de 18 à 20 tonnes de patates par hectare

Une honnête travailleuse soviétique qui promet une récolte de 18 à 20 tonnes de patates par hectare


Conclusion  

J’ai conscience que mes propos peuvent choquer. On ne s’attaque pas impunément à la purée Mousline qui est, pour beaucoup d’entre nous, un souvenir d’enfance joyeux et facétieux.

Purée ou culture, impossible de rester impartial face à ces questions. D’autant plus que, comme le rappel la Reine Elizabeth dans The Crown, “être impartial n’est pas naturel, n’est pas humain”. Elle en sait bien plus que nous, donc restons-en là sur ce sujet ! 

En revanche, je peux vous donner ma recette de purée de pommes de terre maison. Je la trouve parfaite et je la cuisine souvent. L’essentiel est d’avoir un bon fouet, par exemple un électrique, c’est le plus pratique pour atteindre une texture onctueuse.

  • 1 kilo de pommes de terre spéciales purée à cuire dans 400 grammes de lait (poivre et sel à convenance, je n’en mets pas personnellement). 
  • Après 25 minutes de cuisson, mettre une dose généreuse de beurre (au moins 50 grammes pour ma part) et 30 grammes de parmesan. Battre le tout avec un fouet. Ne pas mettre à réchauffer au four, la purée risque de perdre sa texture onctueuse.
  • Une fois la purée ayant une bonne consistance, la manger ! Par exemple, avec du boudin noir cuit au four, ou encore des bonnes côtelettes d’agneaux cuisinés à l’ail.

Et toi ami lecteur, as-tu une recette de purée maison à partager ? Ou bien un avis différent sur la culture ? N’hésites pas à mettre un message en commentaire ou sur les réseaux sociaux ! C’est toujours un plaisir d’échanger !

 

16 mai 2020 0 commentaire
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ActualitéArtBaudouin Duchange - Chroniques

Johnny, reviens nous sauver !

par Baudouin Duchange 17 avril 2020
écrit par Baudouin Duchange
Johnny Ha

 

« Ça n’était pas dans mes habitudes

De supporter cette solitude

Mais on se fait à tout

Il faut bien, sinon on devient fou »

 

Comme toujours dans les moments difficiles, je reviens au fondement de mon identité : Johnny. Chanson : C’est pas facile. Album : Pas facile. Date de sortie : 1981. Un ensemble de titres sombres en réponse à sa séparation avec Sylvie Vartan l’année précédente. En France, Johnny chante la solitude mieux que personne. Le remède parfait pour supporter ce confinement ?

Pas tout à fait. Car, en tant que lecteur de BSFmagazine et très certainement adepte de la BSFattitude, comment accepter cet immobilisme forcé ? Comment vivre une aventure enfermé avec notre solitude ?

 

 

Confinement n’est pas solitude

L’ennuyeux janséniste Pascal a eu la chouette idée d’avoir une pensée aujourd’hui bien connue : « tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre ». Le XVIIème siècle du philosophe avait sûrement son lot de distractions pour détourner l’humain des sujets existentiels. Que dire du XXIème siècle ? Internet multiplie les amusements même au plus profond de notre confinement. Y a-t-il réelle solitude lorsque que les propositions d’apéro-Skype se multiplient ? Non. C’est un sentiment de solitude, ce qui n’est pas pareil. Du fin fond de leurs cabanes, coupés du monde, le misanthrope Salinger ou le transcendantaliste individualiste Thoreau auraient bien ri de notre confinement connecté. Pour nous, simples citadins mortels, vient pourtant un temps où il faut éteindre son portable, se préparer à dormir et se retrouver, réellement, seul. 

« La nuit, chacun doit soutenir la réalité sans aucune aide ».  Cette belle phrase de l’anthropologue américain Loren Eiseley, citée par Jim Harrison dans La route du retour, est celle à laquelle je pense, souvent, avant d’éteindre la lumière. Certainement pas la promesse de rêves fleuris, mais une proposition : affronter ce que nous fuyons au quotidien. 

Les propositions sociales sont infinies dans une ville comme Paris. Comme beaucoup, je les considère comme nécessaires pour me construire ; pour me confronter au réel. Quelle hypocrisie ! Ce que je cherche, au fond, c’est la nouveauté, le divertissement et la surprise. Et les trois ont comme point commun d’être bien futiles en général, et inutiles en ces temps d’isolement… La réalité, ce sont les questions que nous laissons en suspens et qui reprennent l’assaut lorsque l’on se retrouve définitivement seul. Ces interrogations existentielles reviennent inlassablement chaque soir. Ce n’est pas un hasard si l’alcoolique bambocheur Hemingway écrivait dans L’adieu aux armes que ses sentiments religieux ne survenaient que la nuit.
La nouveauté qu’on cherche à provoquer dans le tumulte de nos relations sociales est aujourd’hui mise à l’arrêt avec le confinement. Il est l’heure de se confronter à la réalité !

 

« Si aujourd’hui, je ne crie plus

C’est qu’une autre a pris le dessus

Elle parle peu, elle parle bas

La solitude brise ma voix

L’écho de ma vie me fait peur »

Quelques cris, Johnny Hallyday

 

 

Seul sur terre 

Thoreau disait dans Walden ou la vie dans les bois qu’un « homme est riche de tout ce dont il peut se passer ». Si la citation est facile, l’appliquer l’est beaucoup moins ! Pourquoi supprimer l’inutile du quotidien ? Jul vous répondrait « Moins de problèmes égale moins d’anxiété ». Je ne lui donne pas tord !

Qu’est-ce qui est inutile ? Tout ce qui ne nous permet pas de nous accomplir. Tout ce qui nous rend mentalement léthargique, humainement sédentaire. Extrait d’Au revoir et Merci de Jean d’Omersson : « Il n’y avait qu’une chose solide et certaine : c’était cette vie. Tout le reste était brouillard. J’aimais beaucoup la vie. Elle ne m’avait pas seulement été facile et douce, il me semblait aussi, parfois, qu’elle m’avait fait des promesses. Quand je me promenais dans les layons de forêt, plus tard, après avoir passé la nuit à faire semblant de m’amuser, la même impatience inquiète me frappait brutalement. Je m’arrêtais. Ce qui faisait battre le coeur, c’étaient les grandes espérances ». La vraie aventure offerte par ce confinement n’est pas dans les forêts boisées, les rivières chantantes ou les sommets invaincus. Ce n’est pas non plus braver les interdictions sanitaires, ni diffuser les messages « stay home » sur Instagram ou encore d’insulter le gouvernement. La vraie aventure est solitaire. Elle se fait seul dans nos chambres aujourd’hui, mais se poursuivra jusqu’à notre dernier souffle. Elle est cette quête de liberté vers laquelle nous tendons tous, d’une manière ou d’une autre. Elle est nos grandes espérances, c’est à dire le chemin que nous choisissons pour nous accomplir. Seule une solitude acceptée peut nous montrer la vocation que nous cherchons.

Pourquoi ? Philosophie de bistrot, aide moi ! Socrate et Gaspard, le gars qui se gratte le coude au comptoir du café en bas de chez moi, vous diront la même chose : la conscience est ce qui sépare l’Homme et le chien. Elle est également ce qui nous fait réaliser de notre solitude. Quand survient-elle ? Lorsque nous nous ennuyons ! Laurent Lafitte considérait récemment dans un podcast que « l’ennui est l’ennemi ultime ». C’est exactement l’inverse ! Ennuyez-vous chers lecteurs de BSFmagazine, c’est peut-être encore la seule chose gratuite aujourd’hui. C’est une ressource précieuse qui permet d’embrayer l’imagination, de faire tourner les rêves et d’avancer les projets de vie. L’ennui et la solitude sont les conditions sinequanone à l’accomplissement de soi. « Ma vie est usée. Allons ! Feignons, fainéantons, ô pitié ! Et nous existerons en nous amusant, en rêvant amours monstres et univers fantastiques » (L’éclair, Une saison en enfer). Résolution post-coronavirus : suivre Rimbaud. 

 

 

Conclusion 

Pour survivre à la crise sanitaire actuelle, le président biélorusse Alexandre Loukachenko préconise, entre autre, d’utiliser la vodka pour se désinfecter la gorge et les mains. C’est une possibilité !

L’autre voie que nous avons étudié ensemble aujourd’hui est celle de l’ennui et de la solitude pour faire le tri dans notre quotidien. Chose que Johnny préconisait déjà le siècle dernier lorsqu’il s’écriait :  « Qu’on m’enlève ce qui est vain et secondaire / que je retrouve le prix de la vie enfin » !

 

Photo de couverture : Johnny Hallyday, capture d’écran du clip Que je t’aime (Johnny Hallyday Officiel) 

17 avril 2020 3 commentaires
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ArtBaudouin Duchange - Chroniques

Avis de décès : la peinture a-t-elle rendu l’âme ?

par Baudouin Duchange 3 avril 2020
écrit par Baudouin Duchange
Rimbaud en jean, par Ernest Pignon Ernest

 

Rares sont les sujets qui mettent tout le monde d’accord. Il en existe pourtant un ces dernières semaines qui réunit aussi bien le spécialiste en histoire de l’art, l’imbécile docile, l’amateur averti et les ratés d’Instagram : Pierre Soulages. 

Peintre de l’abstrait, il nous offre ce dont nous rêvons tous : des tableaux impeccables, des concepts  artistiques séduisants et un objet de travail fascinant appelé « l’outrenoir ». Résultat : une exposition au Louvre. L’apothéose pour un peintre ! Ou pour une momie. En effet, qu’on apprécie ou non son travail, on se demande l’intérêt pour notre millénaire de créer une gigantesque exposition sur un artiste centenaire né à l’époque du dadaïsme et de l’art nouveau. La peinture du XXIème siècle n’a-t-elle plus rien à dire ? Est-elle morte ?

 

Soulages

Pierre Soulages en 2019 par NVP3D (sous licence CC BY-SA 3.0 )

 

La nécessité d’exprimer l’existence contemporaine 

Sur Instagram, le hashtag Pierre Soulages est partagé dans 22,8 millions de publications. Ahurissant. Je suis d’autant plus surpris que sa peinture est, pour moi, hors propos au XXIème.

Je m’explique. 

Dans différentes chroniques d’art, Joris-Karl Huysmans (Écrit sur l’art, Editions Flammarion) développe une certaine vision de la peinture. Pour lui, l’art doit « s’attaquer à l’existence contemporaine » afin d’aider les âmes en « quête de vérité et de vie ». Huysmans insiste sur la nécessité de réaliser des oeuvres modernes. Traduction : un artiste doit exprimer le quotidien dans des toiles réelles et personnelles. Le terme « réel » ne doit pas être compris comme une reproduction exacte de la réalité. Autrement c’est une photo insipide et sans originalité sortie tout droit d’un photomaton, ce qui est l’opposé de l’art. Non, peindre le réel c’est s’inspirer de ce qui crée la vie. On ne peint pas de la même manière un arbre sec et isolé du jardin du Luxembourg et un chêne flamboyant de campagne. La lumière n’est pas la même, et la vie qui s’en dégage ne peut pas être exprimée de façon similaire. L’idée de Huysmans est donc d’utiliser l’art comme témoin de son époque pour la rendre vivante à travers le souffle de la peinture.

Pour cela, l’artiste ne peut se contenter de copier les techniques passées pour faire semblant de peindre le présent. « A quoi bon, en effet, ramasser ces milliers d’enseignes qui continuent avec persistance tous les ressassages, toutes les routines, ancrés dans les pauvres cervelles de nos praticiens, de pères en fils et d’élèves en élèves, depuis des siècles ? » peut-on lire dans sa Chronique d’exposition Le Salon officiel en 1880 (à retrouver intégralement ici). Avec lui, les « mauvais » artistes sont des ouvriers maniant habillement la truelle mais incapables d’élever l’âme vers les questionnements auxquels elle aspire. Incapables d’être des artistes, en somme.

 

Huysmans peint par J-L Forain

Huysmans peint par J-L Forain

 

Qu’aurait pensé Huysmans de Soulages ? A mon avis, il regretterait l’inadéquation du peintre de l’outrenoir au XXIème. Peindre le noir, c’est peindre l’âme humaine telle qu’elle est : ni bonne ni mauvaise, mais un balancement hésitant entre les deux. C’est tout le résumé du XXème siècle déchiré entre la paix puis la guerre, le manque (deux guerres mondiales) puis les périodes de profusion (belle époque, 30 glorieuses), l’Est et l’Ouest… Les peintures de Soulages sont autant bipolaires que l’a été la fin du deuxième millénaire. Seulement, le dualisme existentiel a disparu  au XXIème siècle. Aujourd’hui, tout est flou et mélangé. Les frontières sont abolies tandis que les genres et identités sexuelles se confondent toujours plus. Même la politique et la musique subissent les conséquences de cette fusion du yin et du yang ! Internet a porté en étendard ce flou multi-culturel.

Quoiqu’il en soit, aucun peintre ne me vient à l’esprit lorsque je pense au XXIème siècle. Quelques grossiers installateurs tentent bien de revendiquer ce statut, mais le sens qu’ils souhaitent donner à leurs projets ne suffit que rarement à procurer l’émotion nécessaire pour les qualifier d’oeuvres. 

 

Lily Aldrin, la “peintre” d’How I Met Your Mother..!

Lily Aldrin, la “peintre” d’How I Met Your Mother..!

 

Parler à son époque 

Pour survivre, l’art doit s’adapter et parler à son temps. A l’image des amants qui cherchent à se comprendre pour mieux communiquer, l’artiste ne peut ignorer les évolution contemporaines. C’est tout le problème de la poésie, par exemple.

Depuis Rimbaud, Apollinaire et Baudelaire, combien de poètes ont révolutionné le monde ? Aucun. Dans Le temps des assassins, Henry Miller déplore l’inattention portée aux résidents des tours d’ivoire et, à ce titre, pronostique la fin de l’humanité. Le coronavirus est-il une réponse à notre insensibilité à la poésie ?

Car, oui la poésie est morte ! Elle n’a plus de public puisque nous ne sommes plus éduqués à l’apprécier et, surtout, elle a trouvé son apogée à la fin du XIXème siècle. Exactement comme l’opéra qui a vécu à la fois l’extase et la mort avec Wagner. Déjà au sommet, la poésie “traditionnelle” ne peut aller plus loin. 

Mais l’essence de l’art est de s’adapter. De mon point de vue, la poésie a évolué dans le cinéma. C’est en tout cas dans les films que je retrouve le goût de la liberté rageuse (par exemple la scène finale des Quatre Cents Coups de Truffaut), l’importance des rêves (Si tu tends l’oreille de Yoshifumi Kondo du Studio Ghibli) ou encore la finesse des sentiments insinués (In the Mood for Love de Wong Kar-wai). Poète n’est pas un métier, c’est une manière de percevoir la vie. Faire de la poésie n’est pas écrire, c’est s’exprimer par n’importe quel moyen. La poésie est une langue morte redevenue vivante grâce au cinéma. C’est tout l’enjeu aujourd’hui de la peinture : s’adapter ou bien être remplacée.

 

Rimbaud en jean par Ernest Pignon Ernest

Rimbaud en jean par Ernest Pignon Ernest

 

Conclusion 

J’ai bien plus de plaisir à découvrir une pochette d’album de JUL qu’un tableau de Soulages. Non pas pour les talents esthétiques de la communication de l’O.V.N.I  marseillais, mais parce qu’elles me parlent en tant qu’enfant du XXIème siècle. Aussi kitsch soient-elles, je peux y identifier les symboles de ce qui constitue aujourd’hui un jeune français vivant au troisième millénaire. 

Alors à se demander si la peinture est morte, oui je le pense. Mais pas l’art. Vivement qu’un artiste sache se l’approprier. Et, à l’image de Soulages pour le siècle dernier, qu’il comprenne aussi bien notre époque et la représente à travers le moyen qu’il jugera opportun pour l’exprimer. 

 

Et toi ami lecteur, qu’en penses-tu ? N’hésite pas à mettre ton avis en commentaire ou sur les réseaux sociaux ! C’est toujours un plaisir d’échanger 🙂 

 

Pochette de Rien100Rien du sang

Pochette de Rien100Rien du sang

 

Photo de couverture : Rimbaud en jean, par Ernest Pignon Ernest

3 avril 2020 4 commentaires
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Art

The Light Side of Soulages

par Marine 1 avril 2020
écrit par Marine
Soulage

 

 

Victoire !

« Vous prenez d’abord par ici. » Le grand sourire derrière le comptoir s’accompagne d’un bras tendu avec assurance. « Puis ce sera dans l’aile Denon, au Salon Carré, juste après La Victoire de Samothrace. » Je fixe mon interlocutrice d’un air manifestement ignorant. « Vous ne pourrez pas la louper. »

Le Musée du Louvre un jour d’épidémie de Coronavirus, c’est la musicalité des talkie-walkies des agents de sécurité. Leur répons à l’espace d’entrée couvre les voix des petits groupes de visiteurs essaimés qui respectent malgré eux sept ou huit fois le fameux périmètre de sécurité.

Les salles d’expositions, privées de milliers de visiteurs, paraissent interminables. Emprunter l’escalator à l’arrêt. Faire quelques pas. Monter les marches qui mènent aux contrôles des billets. S’avancer. S’arrêter devant différentes volées d’escaliers. Vers lesquelles se diriger ? Trouver. Les arpenter. Ne pas savoir où l’on est. Se laisser guider vers son objectif. En face : une verrière. À droite ou à gauche ?

Sur la droite, une imposante statue domine à elle seule trois immenses pièces. « Vous ne pourrez pas la louper. » La Victoire de Samothrace ! La lumière s’écoule en cascade sur ce corps qui embrasse l’espace. Nikê (déesse de la victoire) amputée brave le vent sur la poupe d’un navire avec distinction et détermination. Si puissamment enracinée, elle semble pourtant sur le point d’effleurer une dernière fois son socle pour s’envoler. C’est le pas de la confiance et de la victoire assurée.

 

La victoire de Samothrace

La victoire de Samothrace / © Wikimedia Commons

 

Pas de bras, pas de chocolat

L’existence de Pierre Soulages rejoint la mienne pour la première fois à travers l’écriture inclassable de Christian Bobin.

 

« Ce noir charpente mon cerveau, y tend ses poutres maîtresses dont le deuil n’est qu’apparent : le noir est l’éclair d’un sabre de cérémonie, une décapitation qui ouvre le bal des lumières. Ces œuvres appellent le grand air, leurs falaises réclament un vent furieux. Je ne suis pas devant l’œuvre d’un contemporain mais devant le plus archaïque des peintres. Ses peintures sont des maisons zen, les trois quarts d’une maison zen dont le spectateur fait le quart restant. » — Christian Bobin, L’homme-joie, « Soulages », L’Iconoclaste, Paris, 2012, p. 33. 

 

Et puis, il y a quelques mois — début décembre — les articles ont commencé à foisonner. Entretien exclusif avec Pierre Soulages. Les cent ans de Pierre Soulages. Retour sur la vie et l’œuvre de Pierre Soulages. Les vitraux de Pierre Soulages à Conques. Pierre Soulages au Louvre.

Ma curiosité, nourrie par les colonnes des quotidiens : un veau gras tout près d’être tué. L’idée n’était pourtant pas venue à mes doigts de pianoter « Soulages peintures » ou « Pierre Soulages toiles » sur mon Smartphone avant de me retrouver devant la pyramide de verre. Si je m’étais tenue à la seule expérience de la Toile, peut-être aurais-je investi mon temps autrement.

Me voilà tout en haut de l’escalier, salle 703. Je vois l’affiche — où étais-ce un kakemono ? — de l’exposition et aussitôt La Victoire de Samothrace s’évanouit. Mon pas ralentit. Je me fige. Comme dans ces films où le héros s’apprête à prendre la décision. La caméra est braquée sur ma face grave, dans l’attente du geste.

Je m’élance dans la salle d’exposition et me plante en plein milieu pour en saisir les contours, en prendre le pouls. Une petite pièce ; moins d’une vingtaine de toiles. Noires. Toutes noires. Ma crainte, pensais-je alors, était fondé : Soulages, « le peintre du noir », « le peintre de l’outrenoir ». Peintre archaïque : vraiment ? Peintre tout ce qu’il y a de plus contemporain ! me dis-je vulgairement, un brin déçue.

Puisque je suis ici, autant jouer le jeu : rester campée devant une toile pendant plusieurs minutes, croiser les bras et froncer les sourcils d’un air expert, en attendant l’illumination, à la manière de ce monsieur à ma gauche.

Toutes noires ? Ah ! Non : sur certaines, le blanc tranche avec un noir rehaussé de tons foncés. Commençons par là. Larges bandes noires, pâtés, dégoulis. Une référence à propos s’impose à moi. Je me crois un instant dans la peau de Driss, le personnage joué par Omar Sy dans le film Intouchable.  

 

« C’est touchant, des tâches rouges sur un fond blanc ? (…) Vous allez pas acheter cette croûte-là 30.000 euros ? (…) Le mec, il a saigné du nez sur un fond blanc, il le vend 30.000 euros ! Moi, pour 50 euros, je vais chez Casto’ et je vous la fais, la trace de mon passage sur Terre. » —  ‎Olivier Nakache‎, ‎Éric Toledano, Intouchables, France, 2011, 113 min. 

 

Tiens donc…? Le sourire suffisant et goguenard qui s’était emparé de mes lèvres s’efface. Un élément, loin d’être un détail, retient mon attention. Focus sclérotique — mon cristallin se rétracte , ma pupille se dilate : je suis sincèrement intéressée !

 

Noir, c’est noir : plus d’espoir ?

Distance approximative d’une des premières toiles : un peu moins de deux mètres. Je hausse les sourcils ; mes yeux s’écarquillent. Un reflet ! Résultat d’un manque d’attention pendant l’installation des œuvres ?

Je pars à la rencontre d’un autre tableau, de facture similaire. Plus je m’en approche, plus une partie de la toile peinte en noir blanchit sous l’effet de la lumière.

 

Soulage

PEINTURE 300 x 236 cm, 10 janvier 1964, huile sur toile / © photo de l’auteur

 

Sur la droite, un haut polyptique alternant divers noirs… luit !

 

Soulages

PEINTURE 290 x 654 cm, février-mars 1992, huile sur toile, polyptique / @ photo de l’auteur

 

J’entreprends d’immortaliser ces variations. En poste devant un polyptique de plus de six mètres de long. Trois coups de déclencheur après un jet d’essai. Tilip-tchac, tilip-tchac, tilip… tchac. Je vérifie mes prises en les passant rapidement en revue. Aucune d’entre elle n’est identique !

 

Soulage

PEINTURE 290 x 654 cm, février-mars 1992, huile sur toile, polyptique / @ photo de l’auteur

 

Ne pas photographier au trépied, c’est prendre le risque, par-delà celui d’un léger flou, du changement de perspective, d’un ou deux millimètres à peine. Cette prise de risque commune aux photographes itinérants renforce l’intuition que j’avais eue en découvrant la série de tableaux à l’entrée de la salle d’exposition : Soulages ne serait-il pas davantage le peintre de la lumière que celui de l’obscurité ? La distance qui sépare mes clichés est dérisoire. Cela a néanmoins suffi pour relever la palette de lumière avec laquelle Soulage joue en négatif. 

Je me penche sur la notice qui accompagne le détail du polyptyque que je viens de photographier.

 

« Ces peintures ont d’abord été appelées Noir-Lumière, désignant ainsi une lumière inséparable du noir qui la reflète. Pour ne pas les limiter à un phénomène optique, j’ai inventé le mot outrenoir, au-delà du noir, une lumière transmuée par le noir et, comme outre-Rhin et outre-Manche désignent un autre pays, outrenoir désigne aussi un autre pays, un autre champ mental que celui du simple noir. »  — Pierre Soulages. Ecriteau de Peinture 290 x 654 cm, février-mars 1992, huile sur toile, polyptyque

 

Soulages, le plus archaïque des peintres. Arkê, grec : commencement, principe. Au commencement étaient les ténèbres ou la lumière ? L’un ou l’autre ? L’un et l’autre ? Qui sait ? Je me représente les temps ‘’archaïques’’ comme tout noirs. Nos aïeuls, formes primaires d’hommes et de femmes, dans leurs cavernes plongées dans l’obscurité. À chercher la lumière. À la provoquer : étincelles, feu, bougies, ampoules, lampadaires. Nous qui la cherchons tant, serions-nous fait pour la lumière ?

 

“Et l’on ne pouvait chasser la lumière de mon visage.” (Job 29,24b)

Deux expressions de l’écriteau m’interpellent : « ne pas les limiter à un phénomène optique » et « un autre champ mental que celui du simple noir ». On pourrait y ajouter : « au-delà du noir ». C’est la lumière — et non ces étendues sombres sur lesquelles elle inter-vient — qui m’évoque ces moments de détresse qu’il nous arrive de traverser. La lumière qui inter-vient par surprise, au moment où peut-être nous nous y attendions le moins. Elle finit par intercéder. Pour d’autres, elle se fait encore attendre. Et pourtant, elle est là, prête à recouvrir d’argent ce noir qui nous charbonne le cœur. Persévérer dans cette attente active de l’« au-delà du noir », c’est en ça que peuvent nous éclairer les tableaux de Soulages.

Peindre la nuit. La nuit que dans chaque vie d’homme on traverse une fois. Au moins. La nuit noire, dense, épaisse, dure. Qui dure. La nuit dont on ne sort pas. Le jour ne compte pas : il pèse. Du bleu au-dessus de la tête ; du noir quand même. La nuit sans Lune et sans étoiles. La Lune et les étoiles sont bien là. Bien, là. C’est toi qui n’y es pas. Tu es loin, trop loin pour les voir, pour voir qu’elles brillent, pour ne voir que ça. Pas elles : ça, que ça brille. La lumière.Tu es encore loin quand tu vois un polyptique de Soulages. Son noir sort de toi. Il se fait miroir de ton ciel. Ce noir reflète mieux : pas d’étoiles sur la peinture. La peinture est aussi morne que toi ; morte que toi.Tu t’approches. Pas si morte : pleine des entailles et des crevasses laissées par le pinceau de la vie ; de ta vie. Ça grouille dans les nervures de la peinture, dans tes veines. De bien trop loin, tu n’y voyais rien.Regarde. Noir : monolithe. Il s’impose. Laisse place. Accueille. Approche. Viens et tu verras. Vois : cette lumière qui n’attendait que toi pour être vue de toi. Elle se propose. Ne plus voir qu’elle. Qu’elle inonde le noir au-dessous.

Dans le monde il n’est pas de noir absolu. Dans le tien il ne l’est plus. Tu vois toutes les étoiles dans la nuit ; le tableau te paraît gris. Tu fermes les yeux sur le bleu. Tu vois le soleil.

 

« Chaque homme dans sa nuit s’en va vers sa lumière. » — Victor Hugo, Contemplations, Livre cinquième : « En marche », Écrit en 1846.

 

Pour découvrir l’œuvre de Pierre Soulages et l’artiste :

  • Découvrir Pierre Soulages en express – « Pierre Soulages – 28 minutes – ARTE » sur YouTube
  • Une sortie – Les vitraux de Pierre Soulages dans l’Église de Conques
  • Un livre – Pierre, Christian Bobin, Gallimard, Paris, 2019, 104 p.
  • Un podcast – « Pierre Soulages : “Celui qui regarde ma peinture est dans ma peinture” », entretien par Arnaud Laporte pour France Culture

 

Pour ceux qui ont envie d’approfondir davantage le sujet :

  • « Conférence de Frédéric Caillard – L’oeuvre de Pierre Soulages » sur la chaîne YouTube de l’ENSA Strasbourg 
  • « Restauration des peintures de Pierre Soulages » sur la chaîne YouTube des Amis du Musée Soulages

 

Photo de couverture : PEINTURE 324 x 362 cm, 1985, huile sur toile, Polyptyque C /  © photo de l’auteur

1 avril 2020 5 commentaires
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Diam Welly est un village où régnaient la paix et l'harmonie. La communauté des Peulhs vivait avec celle des Mandingues sans distinction. La joie de vivre y avait élu domicile ; les hommes et femmes étant en communion. Karamokho, un homme de valeur et bien respecté au village, y vivait avec son épouse Coumba, une femme vertueuse que tous les hommes auraient aimé avoir dans leur concession. La tradition avait réussi à construire une société juste, faite de solidarité, d'amour et d'entraide.
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