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Voir, juger, agir.

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Carnet de voyage

Voir, juger, agir. Aventures et mésaventures à travers le monde... 🌦
Baudouin Duchange - ChroniquesCarnet de voyage

A fond la forme : les vacances Quechua

par Baudouin Duchange 21 février 2020
écrit par Baudouin Duchange
Vacances Quechua

 

Mon sac à dos fait 15,7 kilos : c’est beaucoup trop. Il me reste 12 kilomètres de chemins boueux de montagne à parcourir sous la pluie et la pente ressemble à un mur infranchissable. C’est également beaucoup trop ! Le ruissellement de la pluie contre le poncho me donne un tempo à suivre pour la journée et, par un effort de volonté hors norme, je m’interdis formellement de regarder ma montre. J’applique une technique de survie : minimiser la distance qu’il me reste à parcourir et enjoliver celle déjà réalisée !

Un des quatre compagnons avec qui je grimpe cet espèce de Mordor grogne et souffre le martyre avec sa paire de Quechua neuve. C‘est la deuxième fois qu’il cohabite avec la montagne; la première en itinérance pendant une semaine en quasi autonomie dans les Alpes. J’oscille entre le rire et la pitié, mais de toute façon aucun des deux ne nous aidera à terminer cette maudite journée. Il faudra puiser dans nos réserves physiques et mentales. Il faudra nous fatiguer.

En mâchant lentement une barre Grany, il me demande quel sens y a-t-il à s’épuiser pendant des vacances. Les semaines parisiennes éreintantes ne devraient-elles pas justifier une semaine entière à se dorer la graisse sur la plage plutôt que de briser nos pieds contre la pierre montagneuse ? Ce type de réflexions ne nous aidera pas non plus à gravir le sommet. Mais elles permettent de donner matière à bouffer à un cerveau fatigué, et c’est bien plus efficace que toutes les barres énergétiques du monde.

 

Le coût de l’inertie

Il est vrai qu’à première vue, les vacances – ou plutôt les congés payés pour les récents nouveaux salariés du marché du travail – sont assimilées au sable fin caressé par le bruit doux et régulier de la mer ; ou bien à du tourisme exotique dans une ville pleine de mystères ; ou encore à des rêveries le long de grands lacs rafraîchissants. En résumé, à une forme d’inertie. Et pourtant, une masse d’hurluberlus continue de s’imposer des défis insensés.

Au lieu d’éplucher les sites de voyage à la recherche d’une bonne affaire, ces imbéciles scrutent sur des cartes IGN démodées les meilleurs chemins, lieux de ravitaillement et fontaines d’eau publique. Au lieu de comparer les hôtels les plus avantageux à l’autre bout du monde, ils cherchent un moyen astucieux pour optimiser le poids de leurs sacs à dos. Au lieu de réserver en ligne des « activités » de loisir, ils attaquent les forums d’explorateurs anonymes en quête d’enseignements. Ces gens-là sont bien stupides de refuser un repos si mérité ! En gardant un esprit ouvert et lucide, comment justifier leur comportement ?

En me relisant, j’ai l’impression qu’une des raisons pourrait être le désir de s’écarter des routes commerciales, du business que le capitalisme arrive à créer partout. Il existe, bien sûr, un marché pécuniaire pour faire raquer les aventuriers, mais, de fait, cela vous coûtera moins cher de camper en montagne plutôt que de dormir dans un hôtel à Dubaï. En effet, la logique est la suivante : pour ne rien faire, il faut que des personnes le fassent à notre place, et donc en payer le prix.

 

Vacances Quechua

 

La pratique du tourisme

Ce sont les thématiques qu’abordent Michel Houellebecq dans Plateforme. En s’immisçant dans la peau d’un quadragénaire dépressif souhaitant faire un break, il pose la question de la survie dans un monde où l’argent et le plaisir sexuel sont vus comme les seules possibilités de bonheur. Sa critique se concentre sur le tourisme sexuel, apogée d’un voyage de consommation tourné vers l’argent, le plaisir individualiste et le non-effort.

Mais son regard d’écrivain se tourne, de manière générale, vers toutes les agences de « voyage ». Extrait :

 

« Mes rêves sont médiocres. Comme tous les habitants d’Europe occidentale, je souhaite voyager. Enfin il y a les difficultés, la barrière de la langue, la mauvaise organisation des transports en commun, les risques de vol ou d’arnaque : pour dire les choses crûment, ce que je souhaite au fond, c’est pratiquer le tourisme. On a les rêves qu’on peut; et moi mon rêve à moi c’est d’enchaîner à l’infini les « Circuits passion », les « Séjours couleur » et les « Plaisirs à la carte » ».

 

Comment ne plus pratiquer le tourisme mais vivre un voyage ? Le personnage de Houellebecq s’en sort (partiellement) grâce à l’amour. De notre côté, si l’Amour est inaccessible, lointain ou trop farouche, on peut toujours partir à l’aventure ! S’écarter des chemins en les choisissant nous même ! Troquer le programme d’une croisière-paquebot contre une carte Michelin. Ne pas avoir peur de se fatiguer en vacance et les considérer au contraire comme méritantes. La récompense à cet effort : l’imprévu.

 

Sauvé par l’imprévu

L’Imprévu est un bar lillois dans lequel je trainais, parfois, en début de soirée. Ici ou ailleurs, le même rituel s’impose chaque semaine, comme depuis plusieurs années : prévenir ses amis, prévoir un repas consistant, s’habiller pour l’occasion et acheter un paquet de clopes, commander une bière puis une deuxième, avant de ne plus les compter, faire la fermeture, trouver un autre troquet, rentrer seul ou accompagné. Ce programme reste inchangé depuis des générations. La raison pour laquelle il perdure se trouve caché derrière chacune de ses lignes : l’ivresse ! l’abandon ! la surprise ! l’imprévu ! Autrement ça ne sert à rien. C’est la même idée pour les vacances méritantes.

Programmer un voyage n’est qu’un prétexte pour choper un peu d’imprévu, capter une sensation incontrôlable ou un instant providentiel. Et pour cela, il est indispensable de sortir des sentiers battus, de nous forcer à brutalement s’arracher à notre quotidien dangereux de sédentaire languissant. Dans Terre des hommes, Antoine de Saint-Exupéry s’affole devant cette inertie moribonde vidant l’être humain de sa conscience :

 

« Vieux bureaucrate, mon camarade ici présent, nul jamais ne t’a fait évader et tu n’en es point responsable. Tu as construit ta paix à force d’aveugler de ciment, comme le font les termites, toutes les échappées vers la lumière. Tu t’es roulé en boule dans ta sécurité bourgeoise, tes routines, tes rites étouffants de ta vie provinciales, tu as élevé cet humble rempart contre les vents et les marées et étoiles. Tu ne veux point t’inquiéter des grands problèmes, tu as eu bien assez de mal à oublier ta condition d’homme. Tu n’es point l’habitant d’une planète errante, tu ne te poses point de questions sans réponse : tu es un petit bourgeois de Toulouse. Nul ne t’a saisi par les épaules quand il était temps encore. Maintenant, la glaise dont tu es formé a séché, et s’est durcie, et nul en toi ne saurait désormais réveiller le musicien endormi, ou le poète, ou l’astronome qui peut-être t’habitait d’abord. ».

 

Etre éveillé par l’imprévu afin de rester vivant, pour paraphraser Thoreau, voilà ce que cherche le vacancier adepte de la fatigue ! Et qu’il trouve dans l’évasion offerte par le voyage.

 

Vacances Quechua

 

Conclusion

Notre sommet des Alpes a été dompté. La récompense : l’inestimable leçon impossible à réciter enseignée par la montagne. Mais Fernando Pessoa disait que « agir c’est connaître le repos ». Mes amis randonneurs et moi sommes maintenant, au chaud et au sec, le ventre plein et les yeux fatigués, dans le train nous ramenant à la capitale. On ne sait jamais pourquoi on continue. En tout cas, moi pas. Surtout après tant de moments à se dire que c’est la dernière fois. Mais pourtant, chaque fois, après nous être émerveillés, surpassés, s’être rendus fier, un petit quelque chose imperceptible nous donne envie d’y retourner. La preuve en arrivant à Paris où notre ami aux pieds quechua fiévreux s’écria : « Ah la montagne c’était quelque chose… l’année prochaine je fais les Vosges ! »

 

Vacances Quechua

 

Crédit photo : B.Duchange + Guillaume Hummel

21 février 2020 1 commentaire
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Carnet de voyage

En canoë sur l’Allier – #1 Larguons les amarres !

par un contributeur 14 février 2020
écrit par un contributeur
En canoë sur l’Allier

 

Gonzague et Erwan sont de ceux qui vivent d’aventures. Tout quitter ne leur fait pas peur . Habillés de courage et d’audace, la tête haute et le regard fier, ils tracent leur chemin sans faire machine arrière. Vous appelez ça une difficulté, ils appellent ça un challenge. Dans ce premier article, nos aventuriers nous comptent les débuts d’une aventure périlleuse : dompter le fleuve le plus sauvage d’Europe. 

 

La genèse du projet

Tout commence d’un rêve fou formulé dans une cour de récré pendant les années du lycée. Je ne sais plus s’ils venaient de lire En canot sur les chemins d’eau du Roi de Jean Raspail ou bien s’ils avaient trop traîné sur Youtube pour regarder des vidéos d’aventures, mais nos deux amis se sont mis en tête de relier leur deux domiciles par voie fluviale. Par manque de moyen et de temps, l’euphorie est redescendu au fil des ans mais le rêve resta là, dans un coin de leurs têtes.

Cinq années passèrent durant lesquelles leur projet fut transplanté, bouturé, taillé, arrosé, bichonné telle une plante dont on a hâte de voir le premier bourgeon et le rêve prit racine. Car…

 

“S’il existe une réalité qui dépasse le rêve, c’est celle-ci : Vivre”

Victor Hugo, Les Misérables

 

 

… et cette maxime, nos deux amis l’ont bien comprise. C’est ainsi qu’ils se lancent dans l’étude de leur futur environnement, l’Allier, car la préparation est essentielle dans ce genre d’aventure. Ils sautent donc d’un satellite à l’autre pour avoir le meilleur angle de vue sur ses moindres méandres, ses barrages et ses dangers. Les voilà griffonnant sur des cartes IGN, qui élaborent des itinéraires, envisagent des étapes, parlent topographie et météo. L’Allier les a conquis et à leur tour ils rêvent d’en faire la conquête.

 

En canoë sur l’Allier

 

L’allier, dernière rivière sauvage d’Europe

Prenant sa source en Margeride dans le département de la Lozère, au Moure de la Gardille à 1485 mètres, l’Allier parcourt 420 kilomètres avant de rejoindre la Loire au Bec d’Allier dans la Nièvre. C’est une rivière encore sauvage dans laquelle certaines institutions continuent d’oeuvrer au maintien des saumons. Les barrages, et en particulier ceux de la Loire, ont contribués à la disparition de ces poissons.

Le lit de l’Allier change régulièrement et crée des méandres et bras mort, ce qui permet à la faune et la flore de se développer. Les zones humides créées par les changements que produit cette rivière font que l’on peut dire qu’elle est “sauvage”. De nombreuses espèces de poissons prospèrent dans ces eaux (truite, tanche, sandre, perche, ombre). Cette abondance, et l’attrait pour ce que certains ont appelé un sport : la pêche, nous a poussé à tenter l’activité des premiers hommes. A chaque fois bredouille, nous aurions mieux fait de nous limiter à la cueillette. 

 

Quand ça ne mord pas, pas de remords

Apparemment, il existe plusieurs techniques pour réussir ces touches en eaux agités. Il est bien plus difficile de pêcher dans une rivière même si celle-ci est poissonneuse à la différence des eaux calmes (étang, lac, port) où, souvent, le poisson mord sans trop se faire attendre. Dans une rivière, il est possible de pêcher à la mouche. C’est une technique très connue mais il faut tout de même avoir le coup de main pour la mettre en place. En ce qui nous concerne, c’est une autre technique que nous avons utilisée.

Les eaux vives sont réservées à la pêche à la mouche, il faut donc trouver des eaux plus calmes pour ne pas s’encombrer avec cette technique douteuse. Il nous faut dénicher des endroits où la rivière laisse sur ses rives un espace d’eau presque stagnante. Il s’agit d’une zone protégée par un amoncellement de troncs, de branches, d’arbres tombés ou bien le début d’un bras mort.. On peut parfois parler de zone lentique, autrement dit d’une zone où le courant est très faible voire inexistant. Il se traduit sous la forme d’une mare, d’un petit étang voire même d’un lac. Il faut dire que nous n’avons pas rencontré de nombreux lieux de la sorte au début de notre voyage.

 

En canoë sur l’Allier

 

Départ en ordre de bataille… 

Nous sommes donc partis de Jumeaux, dans le département du Puy de Dôme. À cet endroit, l’Allier est encore vive. Ses gorges ne sont qu’à quelques kilomètres en amont. Malgré que nous n’ayons pas débuté notre voyage dans les gorges de l’Allier, il faut noter que c’est un endroit remarquable, situé entre la Haute-Loire et la Lozère. La rivière traverse Sainte-Ilpize ou Lavoûte-Chilhac, deux charmants villages qui méritent qu’on s’y arrête pique-niquer. D’ailleurs, la ligne de train Clermont-Ferrand-Nîmes (rien que cela), en oubliant les cinq bonnes heures de trajet, fait découvrir au passager curieux un paysage sauvage et grandiose d’une rivière qui demande tant à être vue. 

Mais revenons à notre voyage et à son départ : Jumeaux. À l’inverse de Sainte-Ilpize, je ne crois pas qu’il soit de bon goût de s’y arrêter pour étaler la nappe et déguster du saucisson.. Que peut-on bien y faire ? Prendre un café place de la Virade ? Je doute que quelqu’un m’ait un jour assuré qu’on y fasse bon office. Se recueillir dans l’église ? Je crois que le dernier qui l’a vu un jour ouverte, a dû mourir il y a bien longtemps. Mais à Jumeaux, s’il y a bien une chose à faire, c’est partir en canoë et c’est justement ce que nous nous apprêtons à faire.

 

En canoë sur l’Allier

 

Qu’est-ce qui nous a poussé à entreprendre un tel voyage ? L’histoire nous a t-elle proposée de partir de Jumeaux ? En effet, au XIXe siècle, l’Allier et sa descente avait tout son sens. Des bateliers transportaient du bois de construction, jusqu’à Nantes, avec des barques à fond plat comme moyen de transport.

 

Focus sur notre compagnon d’aventure

Nos deux amis ont soifs d’aventure et de liberté. Il leur est donc impensable de louer une embarcation ou d’acheter une structure gonflable. À vrai dire ils se sont quand même renseignés sur les possibilités de location mais personne ne proposait leur itinéraire : c’était trop long, trop coûteux et surtout trop risqué. Non, ils voulaient investir dans moyen de transport embarcation qui soit pérenne et qui ne soit pas un frein à leur liberté. Une embarcation qu’ils puissent réparer aussi (ils ne croyaient pas si bien dire… Ep 2 : les ennuis arrivent). 

Arrive alors l’éternel débat : canoë ou kayak ? Rame ou pagaie ? Chacun a ses spécificités. Eux ont finalement opté pour un magnifique kayak TOBAGO 2 places. Tout est dit ci-dessous mais en quelques mots, c’est surtout le choix d’une monture polyvalente, ayant une bonne assise et une contenance permettant plusieurs jours d’autonomie.

 

Kayak

 

Ce kayak a aussi un avantage, c’est qu’il nous rappelle à chaque coup de pagaie quelle est notre destination. Car  notre barque à fond plat n’est qu’un kayak qui n’a pas de fond plat, un kayak de mer en plus. Mais quelle joyeuse embarcation qui en plus a été achetée le jour du débarquement, un 6 juin ! Bien entendu, il fallait rester dans le thème. Cependant, au lieu de venir de la mer, elle sera notre destination…

 

Et tout est fin prêt

Notre voyage compte plusieurs parties. La première, nous l’avons effectuée en à peine cinq jours : Jumeaux-Moulins. Ensuite, l’envie de mener l’aventure plus loin, nous a poussé à continuer jusqu’à Orléans : onze jours. D’ailleurs (attention spoiler !) notre aventure ne s’arrêtera pas à Orléans. Nous quitterons la ville de Jeanne d’Arc pour croiser ce prisonnier de Nantes qui s’est jeté dans la Loire. Vous allez me dire “mensonge, imposteur !”. Peut-être, mais chaque chose en son temps. Cette aventure, si elle a lieu d’être, n’arrivera pas avant la troisième saison. On entend même dire que les réalisateurs ont en prévu une quatrième.

C’est donc à Jumeaux que commence le récit d’un voyage sur l’Allier et son affluent la Loire. Qu’importe le discours des géographes, dans nos esprit chauvins l’Allier s’est faite aussi grosse que le fleuve. La Loire, ce piètre affluent, termine sa course au Bec d’Allier.

 

En canoë sur l’Allier

 

Gonzague tire à lui la dernière amarre les liant à la terre ferme, Erwan prend un dernier élan. Ça y est l’embarcation s’éloigne, les corps s’équilibrent, les pagaies se synchronisent. Nos deux amis sont partis pour une belle aventure.

À suivre…

14 février 2020 1 commentaire
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Carnet de voyageRomain Mailliu - 13 mois de volontariat en Indonésie

#11 Sueurs froides à Bali

par Romain Mailliu 5 février 2020
écrit par Romain Mailliu
Bali

 

Chers lecteurs, nous sommes le 15 janvier 2020 et l’eau a coulé sous les ponts depuis mes aventures à Bunaken, île sauvage au sud-est de l’Indonésie sur laquelle j’ai passé une semaine de vacances. 

 

#luxurylifestyle

Je pourrai vous parler de mon escapade à Bali du 28 au 30 décembre 2019. Cette fameuse île – et oui Bali n’est pas une ville mais bien un gros caillou dans l’océan – se trouve à 2 heures d’avion de Jakarta, mon lieu de vie. Encore plus fort, Bali n’est pas non plus un pays… Roulement de tambour : Bali est une île Indonésienne. 

 Comme vous le savez certainement, c’est un lieu de vacances idyllique quand on aime les plages, le soleil, le yoga, le surf, les cocktails bien remplis, les eaux turquoises et le hashtag #luxurylifestyle sur Instagram. Bali, paradis pour les ethnologues passionnés d’un spécimen qui n’est pourtant pas en voie de disparition : le touriste beauf australien.

Vous allez  me dire : « Attention aux clichés, aux raccourcis, aux jugements hâtifs, Romain, tu généralises ! ». Eh bien oui, et ce n’est que le début de cet article qui souhaite faire, malgré la maladresse de son auteur, la satire des touristes qui partent à l’autre bout du monde pour rencontrer les mêmes personnes, faire les mêmes boutiques, boire les mêmes bières et se baigner dans les mêmes piscines.  

 

Bali

 

Le tire bouchon balinais

Bali est pour les touristes asiatiques ce qu’est Ibiza pour les touristes européens. Un lieu pour faire la fête, bronzer sur la plage la journée et se bourrer la gueule le soir. « Oui mais à Bali, il y a des temples, l’hindouisme, et une culture ancestrale », répondra avec justesse Bernard, directeur financier d’un cabinet d’experts-comptables situé à Chartres. Bernard a organisé ce voyage pour ses 20 ans de mariage avec sa femme Catherine. C’est finalement accompagné de leurs 2 enfants qu’ils ont pris l’avion un après-midi pluvieux à l’aéroport Charles de Gaulle, terminal E.

 Pendant ces vacances, Martin, le plus jeune de la fratrie, a pu prendre en photo des macaques dans la forêt des singes. C’est un espace semi-clos où les hommes et les bêtes s’observent avec le même air de « qui regarde qui ? ». Thomas, l’aîné, a pu voir la poitrine de Victoria, adolescente australienne passionnée de surf, consommatrice de Smirnov, compte certifié sur Instagram et abordant un t-shirt « Je me soucie de la justice climatique et de la planète vivante. » À l’effigie de Greta Thunberg. Catherine a pu découvrir les danses balinaises, par lesquelles la féminité s’exprime au travers de mouvements régis par des règles très strictes, les mouvements des yeux, des mains, des doigts… dans le Palais Royal d’Ubud, classé lieu d’exception sur TripAdvisor. « D’une pierre deux coups » s’exclamera-t-elle, fière. Victoria est comptable. Elle n’a pas l’expertise fiscale de son mari mais comme lui, elle est passionnée de voyages. Robert, quant à lui, a suivi son petit monde, portefeuille à la main, prêt à saisir sa MasterCard Gold comme un cow-boy son revolver. Fait notable, il a trouvé un souvenir à ramener pour son ami Étienne. C’est un tire-bouchon en bois véritable, abordant la forme accueillante et distinguée d’un phallus. Robert et Étienne sont devenus amis pendant leurs études en école de commerce, ils faisaient parti de la même liste BDE. Bien qu’ils n’aient pas remporté la campagne, cette aventure a forgé entre eux une belle amitié. Cette défaite, à l’époque si difficile à diriger pour ces enfants prodigues, n’est plus qu’un mauvais souvenir pour Robert, aujourd’hui en vacances à Bali, là où l’on trouve les plus belles plages du monde, alors qu’il tient fermement à la main sa verge de bois Balinais.

 

“Il n’y a qu’une réponse à la défaite, et c’est la victoire.”

Winston Churchill

 

 

Des Robert, Catherine, Thomas et Martin, il y en a partout dans les rues d‘Ubud, quartier touristique et familial de Bali. Avec ma dégaine de vagabond, ma peau aucunement bronzée, mon t-shirt Décathlon trop petit, mon pantalon décoloré et ma barbe  mal taillée, je n’imagine pas ce que Robert pense de moi. Peut-être que je suis tout simplement invisible, comme les Indonésiens qui nettoient les rues, surveillent les singes, servent les bières, nettoient les piscines ou conduisent les taxis. C’est agréable d’être invisible une semaine, mais toute une vie, dans son pays ?

 

Bali

 

Les titulaires 

À Bali, je n’y suis pas allé seul. J’ai retrouvé 3 autres volontaires qui travaillent aux Philippines, dans la même ONG que moi nommé LP4Y. Nous accompagnons des jeunes des bidonvilles à gérer une activité économique (pour ma part, une entreprise qui produit de l’eau potable) ainsi qu’à décrocher un travail décent, pour sortir de l’exclusion.

 Sixtine et Théo forment un couple. Ils sont à peine plus âgés que moi (j’ai 23 ans). C’est leur première expérience de volontariat ainsi que de vie commune. Dynamiques, souriants, agréables à vivre, avides d’aventures et de découvertes, Théo préfèrera prendre un scooter plutôt qu’un taxi pour rentrer au gîte tard la nuit à travers la jungle. Sixtine est toujours partante pour une visite, une expédition, une balade même quand celle-ci pourrait paraître, en premier lieu, une erreur. C’est par exemple grâce à elle que nous nous sommes retrouvés en scooter sur un chemin de randonnée pédestre, direction une rizière, sous la pluie, et sans payer.

 Iris est célibataire, enfin il me semble. À Bali elle s’adonne à de simples plaisirs et sur ce point je la rejoins complètement. Il faut parfois ménager son corps et son esprit. « Qui veut voyager loin ménage sa monture », disait Jean Racine, un des grands cavaliers, si ce n’est le plus grand, du 17ème siècle. Manucures, boutiques, massages, Iris est arrivée avant nous à Bali et a pris le temps de souffler un peu. C’est certainement que du haut de ses 26 ans, elle est notre aînée et incarne, à sa manière, la sagesse des années. Notre quotidien de volontaire ne laisse pas beaucoup de temps au soin du corps et de l’âme. Iris fait des manucures, j’écris des bêtises, chacun son truc. Toujours est-il qu’elle nous a suivi dans nos péripéties avec l’énergie d’un astronome qui découvre une nouvelle planète.

 

Bali

 

La fièvre du samedi soir 

À Bali, j’ai été un peu malade. Iris vous dirait que je suis hypocondriaque. C’est quelqu’un de pragmatique. Moi, je fais confiance à mes sentiments. Et croyez-moi, mon corps m’envoyait des messages d’alertes. « Romain, la machine thermique s’échauffe, la température monte de façon incontrôlable, plan d’évacuation activé ». Foutaise, Romain Garry a passé 2 semaines avec la fièvre typhoïde en Afrique pour revenir d’entre les morts, je peux bien survivre deux jours à Bali. 

 Le matin, ça allait, mais plus la journée avançait, plus les vertiges rendaient inconfortables la conduite de ma mobylette et Iris, derrière moi, montrait parfois des signes d’impatience. Le soir, un hiver glacial s’abattait sur mon métabolisme. Bien que pour des raisons matérielles évidentes – Les Airbnb pour 4 personnes disposent de deux lits doubles -, je dormais parfois avec Iris, j’avais l’impression de passer mes nuits en Hiver dans une cabane sibérienne avec Sylvain Tesson. Pull sur les épaules, enroulé dans mes draps, ventilateur coupé, je faisais mes adieux tous les soirs à Iris au cas où la nuit se prologuerait à jamais. Je lui transmettais mes vœux pour ma famille, mes amis… c’est quand tout part en vrille qu’on se rend compte à quel point nos proches nous manquent. Philosophie de comptoir ?  Peut-être, mais osez me dire que je me trompe. Vous verrez, avec le paludisme, l’encéphalite japonaise, la dengue, la grippe espagnole, vos pensées divaguent vers ce que votre esprit juge essentiel.

 

Bali

 

La rage du vivre 

Pour ma défense, et il me semble avoir oublié de vous le dire, j’avais été griffé par un macaque 6 heures avant le début de la maladie. Je vous raconte : Sixtine se promenait dans la forêt des singes quand un spécimen, plus entreprenant que la moyenne, comme on en trouve dans toute société développée, se jeta sur le sac de Sixtine. J’entrepris donc de le déloger de son perchoir ce qui me valut un coup de griffe. C’est en constatant l’homicide que je pris conscience qu’il ne me restait que 24 heures à vivre. La rage, maladie impatiente transmise par les morsures de singes, est mortelle et je me suis donc dirigé vers le poste de soin le plus proche. La spécialiste m’a expliqué qu’il n’y avait aucun risque car les singes de la forêt étaient régulièrement contrôlés. Il fallait juste désinfecter la blessure. Sauvé, je repris rapidement goût à la vie, en regardant les arbres centenaires de cette forêt luxuriante, du haut desquels résonnaient les cris des oisillons qui attendent le retour de leur mère, le bec grand ouvert prêt à accueillir la nourriture, mais ce n’est pas le sujet.

 

Bali

 

3 conseils pour un séjour de rêve à Bali 

Trêve de blablas, en me relisant, j’ai bien peur que vous ne gardiez un avis négatif sur Bali, ce qui serait une erreur. Bien que sur cette île paradisiaque, il soit possible de cocher 7 péchés capitaux en une soirée, on trouve aussi autre chose à faire. La preuve ? J’y est passé un très bon moment sans commettre l’adultère. Mon conseil : fuyez les lieux touristiques, louez un scooter et partez découvrir les terres. Sur les routes, vous découvrirez la beauté des vallées creusées par les rizières, les temples colorés devant les maisons, la jungle, les volcans, le soleil, la pluie… Arrêtez-vous pour déguster des pancakes à la banane et un café Kopi luwak sur le bord de la route. Visitez un temple perdu dans la jungle, observez discrètement une célébration hindouiste, répondez aux Indonésiens qui vous interpellent avec un grand sourire dans les rues, puis dirigez-vous vers les plages. Pas les plages privées pour vacanciers en quête d’une cuite facile, mais les plages que vous découvrirez en vous éloignant des panneaux publicitaires et en longeant la côte. Aventurez-vous dans les petites ruelles, jusqu’au sable brun, chaud sous vos pieds, et admirez les surfeurs glisser sur les vagues. Découvrez Bali, pas le Bali qu’on trouve sur le papier glacé des magazines de compagnies aériennes low cost, mais le Bali des Indonésiens, la Terre des Dieux, son histoire et sa culture qui couvrent une période s’étendant du Paléolithique à nos jours. 

 

Bali

 

Un 31 décembre bien arrosé 

Je pourrai donc vous parler de cette escapade à Bali, mais je ne sais pas trop quoi vous dire d’intéressant. Romain, écris-leur plutôt ton volontariat en Indonésie, la vie des jeunes dans les bidonvilles, les défis de tous les jours, ta mission avec LP4Y, les inondations à Jakarta…

Allons-y. Le soir du 31 décembre, la nouvelle année donc, après avoir perdu ma carte bancaire, être tombé malade et avoir raté mon avion au départ de Bali (j’ai pu en trouver un autre pour rentrer à la date prévue), des inondations, comme il n’y en avait pas eu depuis deux décennies, ont frappé Jakarta, et plus particulièrement le bidonville dans lequel je vis à Cilincing.

 

À suivre …

 

Bali

 

 

 

5 février 2020 4 commentaires
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Carnet de voyageRomain Mailliu - 13 mois de volontariat en Indonésie

#10 LE GRAND BLEU

par Romain Mailliu 30 janvier 2020
écrit par Romain Mailliu
Bunaken

 

« Détends-toi, prends le temps, respire doucement, voilà, c’est mieux, chaque instant d’une nouvelle expérience mérite d’être dégusté ».

Palmes aux pieds, masque sur le nez et tuba dans la bouche, je nage vers le « mur », un gouffre à cent mètres de la plage, qui plonge vers les profondeurs de l’océan Indien. L’eau est si claire qu’on y voit à travers comme dans un aquarium. Des poissons verts, bleus, rouges, gris, noirs me regardent d’un oeil distrait. Mais après tout, qui regarde qui ? J’essaie d’en fixer un droit dans les yeux, avec mon regard le plus noir, le plus dur, comme pour lui dire “Mon garçon, on partage la même piscine maintenant, je pense que des présentations s’imposent”. Mais rien à faire, l’écaillé s’en va derrière un corail. 

« Bats des pieds, voilà, c’est bien, et si tu as de l’eau dans ton masque, tu peux souffler par le nez et l’eau s’échappera naturellement ! » m’explique Justin, mon collègue pour cette baignade de l’extrême. 

 

Bunaken

 

Une plongée avec le commandant Cousteau

Justin est australien. Il a 32 ans, des cheveux bruns, mi-longs, la peau bronzée, un coquillage au creux du cou, des rouflaquettes et un bouc à la Johnny Depp. Il loue une chambre dans le même hôtel que moi et on s’est retrouvé par hasard au bord de la plage avec la même idée : piquer une tête pour aller dire bonjour aux poissons. Justin est du genre généreux, pour ne pas dire bavard, il pense à voix haute et ne conçoit pas la solitude comme quelque chose qui peut parfois être agréable. Comme il me dira plusieurs fois pendant notre séjour : “ La solitude est une tempête de silence qui arrache toutes nos branches mortes”. J’aimerai bien lui dire que parfois, il faut couper les fleurs fanées pour qu’en éclosent de nouvelles. 

Justin nage vite, et quand il sort la tête de l’eau, je plonge ma tête dans l’eau. La technique de l’autruche, bien pratique quand on est dans l’océan et que l’on veut éviter la conversation. Allez faire l’autruche dans un bac à sable ou sur un parking, l’expérience n’aura pas la même saveur. Sauf que cette fois-ci, ça ne suffira pas. Justin me fait signe de remonter à la surface. Il doit avoir quelque chose de très important à me raconter.  

« Hier j’ai vu des tortues grandes comme ça » m’explique t-il les bras écartés comme le Christ rédempteur, « j’espère que tu pourras voir ça toi aussi, c’est un instant où tout s’arrête ! Suis-moi, je vais t’en trouver une ».

Je n’ose pas lui dire que j’en ai déjà vu des tortues, aux Galápagos, au Costa Rica, au zoo de Beauval, comme je n’ose pas non plus lui dire que j’ai déjà utilisé un tuba. Je ne sais pas trop pourquoi, peut-être que j’ai peur de sa réaction.  Imaginez qu’il me réponde : « Oh mais moi aussi ! Il faut que je te raconte : j’ai rencontré ma première tortue à 6 ans alors que je ne savais pas encore nager, dans une vitrine du Super Discount Mall de Sydney. La connexion fut immédiate et j’ai par la suite décidé de leur consacrer ma vie. Je viens d’ailleurs de terminer une thèse pour alerter sur la situation gravissime des tortues dans le monde que j’ai appelé : en 2025, les tortues auront disparu. J’explique, scientifiquement et spirituellement, le lien entre la baisse du niveau de l’eau des océans et le génocide des tortues en Océanie. Et toi, tu es déjà allé à Sydney ? ».  

« Roman, par ici, j’ai en trouvé une énoooooorme !

–        I’m coming » et je me mets à battre frénétiquement des pieds pour le rejoindre.

 

Bunaken

 

L’île de Bunaken

Je ne sais pas si je vous ai déjà dit que je suis sur l’île de Bunaken, à l’est de Jakarta, pour une semaine de vacances. C’est à l’est mais comme la Chine est à l’est de la France, pas à côté. Bunaken se trouve au large du nord de l’île de Sulawesi. Pour m’y rendre, j’ai dû jongler entre les avions (2), les voitures (4), les motos (2) et, cerise sur le gâteau, clou du spectacle, the last but not the least, le bateau public du port de Manado. 

 

Bunaken

 

Bunaken, c’est l’île de la tranquillité. Un caillou dans l’océan. Encore peu connu des touristes australiens – je suis obligé de l’admettre, cette fois-ci, Justin a un coup d’avance –, ce petit coin de paradis dispose de tous les vices nécessaires pour passer la semaine les pieds en éventail. Plages de sable blanc, eaux turquoises, nature luxuriante, faune et flore généreuses, le lieu m’inspire déjà des aventures de pêches miraculeuses et des fuites à la Bonnie and Clyde, Interpol aux fesses et pourtant libre, nu sous les cocotiers.  Il y a même un volcan qui crache quelques bouffées de fumées, pour ajouter une touche de dráma au tableau.

 

Bunaken

 

 Les langages de l’amour   

« Tu sais Roman, quand je suis dans cet océan, et quand je nage avec les poissons, avec toi, alors que le soleil se couche au loin, je me sens profondément libre et heureux. »

 Justin, que me fais-tu là ?

« Tu sais, Julie, ma copine, je l’aime profondément. C’est un amour constructeur, il puise dans les faiblesses de l’autre pour construire des qualités qui ne peuvent s’exprimer que lorsqu’on est ensemble. 1 + 1 = 3 ou 4 et même 5 tu vois ? Nous deux plus nos qualités ! Je ne me suis jamais senti autant libre que depuis que je suis avec Julie. Tu imagines ? L’amour qui m’apporte la liberté. »

J’ai du mal à imaginer. Justin et Julie vivent-ils une relation libre ? « Open » ? échangistes ? Je ne comprends pas très bien le message qu’il essaie de me faire passer là.

« Avec Paloma, tout était si compliqué, la passion n’était que le fruit de disputes incessantes, de mensonges, ruptures et de retrouvailles »

Cette fois j’ai compris, Justin parle tout seul. Je m’éloigne doucement, puis plus rapidement, et je plonge une dernière fois sous l’océan, avec les poissons, et tout me paraît soudain plus calme et plus intéressant.

 

“Le silence des bêtes est la double expression de leur dignité et de notre déshonneur. Nous autres, humains, faisons tant de vacarme …”

Sylvain Tesson

 

 

Bunaken

 

La cabane du pêcheur 

J’ai loué une cabane avec une terrasse qui surplombe l’océan. Un lit, un accès à l’eau, des toilettes et un hamac, ce n’est pas Byzance mais ça me va très bien. Je passe la plupart de mon temps à lire, à marcher sur la plage, à rêvasser… Je me promène dans les villages et je discute avec les enfants.

On fait de grands gestes pour se faire comprendre, on s’amuse, on rigole. C’est simple, vrai, des émotions à l’état pur. Justin devrait discuter avec les enfants.

 Romain, tu es en train de devenir misanthrope ou quoi ? Tu ne peux pas passer ton temps à parler avec les bambins et les poissons ! 

Va discuter avec les touristes, boire une bière avec cette jolie blonde et ces grands yeux bleus qui plairaient tant aux poissons du lagon. Poisson, poisson, poisson, tu n’as donc que ça dans la tête ?

 

Bunaken

 

Le grand bleu

C’est décidé, je me lance, je vais proposer à cette fille d’aller boire un verre ! Mais avant je prends une douche. « Salut moi c’est Romain, tu viens d’où ? Tu aimes la plongée ? Je connais un endroit avec des tortues qui nagent dans une eau aussi belle que tes yeux. » Ringard.

Esprit de la séduction, viens-moi en aide… Oh entend moi, vénérable esprit, sur la petite île de Bunaken, à l’est de Jakarta, bien à l’est, un jeune disciple t’invoque et t’acclame ! 

L’eau de la douche est fraîche. Elle vient calmer les ampoules qui jouent les guirlandes de Noël dans mon cerveau. Romain, discuter avec une jolie fille n’a jamais était un problème !  

Bien que les – jolies ? – filles soient le problème de ta vie ? N’exagérons pas. Prends un peu sur toi, fais un effort, ce n’est ni la première ni la dernière fois. J’enfile mon t-shirt, puis une chemise, et de nouveau mon t-shirt, je passe un coup de peigne dans mes cheveux et je descends une dernière fois sur la plage, juste 5 minutes Romain, tu ne vas pas te dégonfler.

Le coucher de soleil est à couper le souffle. Un soleil rouge braise se glisse derrière le volcan et projette sa lumière sur la fumée qui semble comme s’enflammer. Et la mère d’huile reflète cette caresse entre le feu et la roche.  

Un « Hellooooooo » résonne dans mon dos. Le ton sonne « féminin ».  Malédiction, faites que ce soit Justin, qu’il est attrapé une angine blanche, un cancer de la gorge, n’importe quoi, mais faites que ce soit lui.

« It’s beautifuuuullll, as a dream, as sweet a dream… » la voix est juste derrière moi, il va falloir faire face. Je me retourne, ni trop vite, ni trop lentement, et je tombe face à deux yeux bleus, curieux et rieurs, encadrés par de jolies boucles blondes.

« My name is Helène, I come from Norway, and you? 

– I’m Romain, and I like fishes” 

Je prie pour que le volcan explose, là, maintenant.

 

Bunaken

 

À suivre….

 

30 janvier 2020 0 commentaire
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Carnet de voyage

Titiller l’aventure

par un contributeur 20 janvier 2020
écrit par un contributeur
hitchhiker

 

Gaël est un explorateur des temps modernes. Chaque mésaventure, qui pourrait le faire passer pour un “étourdi” , Gaël les transforme en véritables épopées. Outsider,  je l’ai croisé un matin, en train de rallier  Paris 15ème – Lieusaint, 43 kilomètres, en courant. Un défi qu’il m’a dit. Ah, très bien. La différence entre Gaël et nous ? Il a une solide paire de jambe.  Découvrez sa dernière aventure et sa vision du bonheur dans cette tribune au goût épique. – Romain 

 

Je voudrais vous raconter l’aventure que j’ai vécu, le 25 novembre 2019, dernier jour d’un week-end prolongé avec des amis.

 

Sauf erreur, je ne me trompe jamais

Lundi matin, 10h, je pars prendre mon bus depuis Lille en direction de l’aéroport de Bruxelles. Arrivée prévue 1h avant la fermeture de la porte pour être large. Le bus passe par Bruxelles centre pour enfin arriver à l’aéroport, à l’heure. Victoire. 

C’est là que ça se corse.

Je rentre dans le terminal 1, serein, regarde le panneau d’affichage “avion en direction de Wien –  15h30”. Le mien étant prévu à 15h40, je me dis que la compagnie l’a peut-être avancé.

C’est à ce moment là précis, que j’ai compris quelque-chose. Je vérifie, et oui, je m’étais trompé d’aéroport, le mien se trouve à Charleroi. 45min en voiture.

Je commence à comprendre qu’il va falloir que je trouve une solution. Je regarde les Blablacars, aucun avant 1h, les bus : aucun, les trains … je n’en parle même pas. En même temps, qui fait des trajets d’un aéroport à un autre … à part moi … ? Personne !

 

Lost

 

Le pouce en l’air

Bon, sur Maps, c’est 45 minutes en voiture. Je me lance. Je cours direction la sortie des parkings et commence le stop. Au bout de 5 minutes, je trouve mon premier chauffeur qui m’amène à Waterloo. Pendant le trajet, je continue de chercher des Blablacars, des bus, ou des trains,  mais rien.

A Waterloo, je me fais déposer à un feu. J’attends encore 5 longues minutes. Toutes les voitures ne vont qu’au bout de la ville et je sais par expérience qu’un feu fonctionne mieux qu’un rond point. On peut demander à la fenêtre des voitures au lieu de lever le pouce, c’est plus facile. Finalement, j’accepte qu’on m’amène au prochain rond point.

Sur celui-ci, la troisième voiture à qui je demande accepte de me prendre. A ce moment là,  je suis à 35 min de l’aéroport et la porte ferme dans 40 minutes, j’ai encore 5 minutes de marge.

 

Stop

 

Monsieur Frederick 

Le monsieur, Frederick, directeur du chantier d’un hôpital de Bruxelles, va à 20 minutes de l’aéroport. Je discute beaucoup avec lui de son boulot qui ressemble au mien. Bien sûr, il connaît la situation dans laquelle je me trouve et double tout ce qu’il peut.

A un moment, j’ose demander “est-ce que vous accepteriez de m’offrir 20 min de votre temps en m’amenant à l’aéroport”. Il me répond “arffff ”, sans rien dire de plus. Au fond de lui, il se demande s’il est pressé. Je continue la conversation qu’on avait sur les chantiers publics, on parle, on parle, il double, il double. Puis, il me dit à 5 minutes de son arrêt: « bon allez, je t’amène sinon tu ne l’auras jamais ton avion ». Il est 14h50, la porte ferme à 15h10 et le GPS annonce toujours 15h05, mais Frederick m’explique qu’il ne pourra pas me déposer devant l’entrée du terminal, mais avant les parkings. Pas de souci, j’ai toujours été un bon coureur. 

Pendant le trajet, je lui demande comment je peux le remercier, il me dit: «cours et ne loupe pas ton avion». Je lui demande son numéro pour le tenir au courant de mon arrivée.

Il me dépose, je sprinte en direction du terminal T1 tout en essayant de vérifier que c’est bien le bon terminal. Je passe un premier panneau avec marqué: Terminal 10-15 minutes à pied, je trace, donne tout mon potentiel, je rentre dans le T1, passe la porte de vérification , enlève mon sac, le fait vérifier. « oula il est pressé celui-là ». Je continue ma course, je passe devant tous les magasins de l’aéroport, en essayant de bousculer le moins de personnes sur mon passage, en choisissant la meilleure trajectoire possible. Il est 15h11 et je vois la porte, mais aussi la queue derrière qui signifie que c’est bon, j’ai réussi.

 

Course

 

Le bonheur est une aventure 

Je m’assois, souris, et continue de me dire que c’est cette vie que je veux, celle où l’aventure est primordiale. Le bonheur que j’ai eu, l’aide de la part des auto-stoppeurs qui étaient de tout cœur avec moi et qui m’ont donné du courage, des sourires, du bonheur.

Parfois, dans la vie, il faut se donner les moyens d’y arriver, se bouger, et parler de nos soucis. Demander, car les êtres humains ont pour la plupart envie d’aider lorsqu’ils en ont la possibilité et aiment être remerciés.

C’est ce bonheur que j’aime partager au quotidien, mon sourire, le récit de mes aventures, mes projets, mes rêves.

Faites comme moi, osez, allez chercher ces moments qui sont si incroyables, titillez l’aventure. Si vous vivez votre vie au quotidien, qu’est ce que vous allez raconter à vos enfants ? vos amis pendant les dîners ? Votre conjointe ou votre conjoint quand vous le rencontrerez ?

Du courage, il en faut de temps en temps, osez et le bonheur que vous recevrez en échange vaudra 100 fois plus que le bonheur de celui qui n’a rien tenté.  

Merci de m’avoir lu et à bientôt pour de nouvelles aventures.

PS: lorsque tous les voyageurs sont entrés dans l’avion, nous avons dû attendre 30 minutes qu’un autre équipage de Ryanair arrive.

PS2: la plupart des gens ne se seraient pas trompé d’aéroport

 

Stop

20 janvier 2020 0 commentaire
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Carnet de voyage

Christmas est une fête

par un contributeur 13 janvier 2020
écrit par un contributeur

Me voilà Londonien depuis trois semaines. La toute première période de panique est passée. Je n’avais jamais ressenti un tel trouble. À mon arrivée, entre le week-end et la reprise du travail je me suis retrouvé hors de ma zone de confort. 

 

Une arrivée dans le brouillard

Ni en Inde, ni au Tibet je n’avais éprouvé une telle panique face à l’inconnu. Pourtant je ne suis qu’à 285 miles de Paris. Il faut dire que mon arrivée était chaotique. J’avais enchaîné un peu trop de pots de départ, verres d’adieu ou simples sorties samedicales. Si bien que la sortie de mon train à Saint Pancras était comparable à un bateau sortant du brouillard débouchant sur des récifs.

J’ai choisi de saisir une opportunité que je m’étais créée: partir à Londres travailler dans la construction en tant que conducteur de travaux. L’idée m’a paru bonne, améliorer ma maîtrise de la langue de Shakespeare auprès des ouvriers du bâtiment (on peut parler d’un oxymore). J’ai repoussé l’instant fatidique où je devrais orienter ma vie professionnelle en signant un “short contract”.    

Ma première journée au chantier fut laborieuse, voire désespérante. La barrière de la langue était trop importante, les accents trop acérés. Londres était trop grande, le soleil se couchait trop tôt à mon goût. L’underground était trop rempli. Mes amis étaient trop loin. Quelle idée de partir encore une fois apprendre un métier que je ne connais pas, dans une langue et une ville que je ne connais pas. 

 

Quartier Saint Pancras

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Quartier Saint Pancras

Quartier Saint Pancras

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Quartier Saint Pancras

 

Construire son quotidien 

Mais l’homme est un métazoaire remarquable, il apprend et s’adapte rapidement. On a tous recraché à un entretien d’embauche que nous étions doué d’une bonne capacité d’adaptation. Je suis pourtant réellement convaincu que cette capacité est inhérente à l’homme. Il suffit de forcer un peu le destin et de sortir de sa zone de confort pour déclencher son mécanisme interne.  

S’adapter c’est bien, mais qu’entendons nous par là ? Tout et rien à la fois. C’est réussir à créer une routine, à prendre ses marques. C’est apprendre et comprendre comment fonctionnent les gens. Quelle phrase doit jaillir quand on tient la porte à quelqu’un (cheers mate est pas mal en Angleterre). C’est avant tout et surtout découvrir les hommes et femmes de notre quotidien. 

 

 

Sortie samedicale au pub

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Sortie samedicale au pub

Sortie samedicale au pub

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Sortie samedicale au pub

 

 

La routine sociale rythme mes semaines. Elle se compose des activités récurrentes qui s’identifient au pays. En Angleterre l’archétype de la routine sociale est celui de la bière partagée dans un pub, avec vos amis, vos collègues ou vos “flatmates”. En Inde c’était la routine du teashop ou l’on pouvait fumer une clope achetée à l’unité en dégustant un chaï épicé. Toutes ces petites routines sont celles qui me manquent le plus au retour. 

Voyager c’est bien, mais voyager pour voyager peut s’avérer décevant est ennuyeux à long terme. Je préfère rester dans un milieu, le découvrir et m’y confondre plutôt que de courir derrière les temples et les pagodes recommandés par le saint guide. J’aime prendre le temps d’apprivoiser un nouveau quotidien. J’aime prendre mes marques, me créer une routine personnelle. Une routine sociale mais aussi une routine solitaire composée de promenades, de places favorites, de magasins fétiches, de jogging rituéliques. 

Une fois mon quotidien bien en chaire, il faut me débarrasser de l’inutile, du superflu, pour laisser place à l’aventure, à l’exploration, à l’inconnue. Il s’agit aussi de ne pas me laisser happer par mes occupations répétitives. Ne pas me sentir obligé là où je ne suis pas engagé. Tant que je ne dois rien à personne, courir les étoiles, vivre dehors, hors de mon confort…

 

Jogging le long du Regent’s canal

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Jogging le long du Regent’s canal

Jogging le long du Regent’s canal

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Jogging le long du Regent’s canal

Jogging le long du Regent’s canal

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Jogging le long du Regent’s canal

 

 

La difficulté Britannique

L’Angleterre est séparée de la France par 50 km de Manche, pourtant ces deux pays sont culturellement distants. A premier abord, le Royaume-Uni ressemble à une société plutôt fermée où l’on ne peut pas tricher. Il est très compliqué d’être ami avec un anglais de la haute. Les British qui ont côtoyé une boarding school ou un collège restent fidèles à leur cercle.  Pour les autres classes, le jardin n’est pas forcément plus accessible. Ma cousine qui habite depuis quinze ans à Londres n’a pas un seul ami anglais. Des collègues oui, des voisins aussi, voire des relations mais pas de véritables amis. Je compare ici mon ressenti (ou ceux de mes amis français) avec mes autres expériences à l’étranger.  J’ai ensuite rapidement songé aux étrangers qui tentent de s’intégrer sur le sol français. En vérité, nos hôtes en France doivent éprouver le même ressenti que le mien sur le sol britannique.

D’un autre côté, les anglais sont très ouverts. Ils ne jugent pas ceux qui ne leur ressemblent pas. Ils sont compréhensifs et accueillants. Il est facile d’engager la conversation avec eux. Passer une soirée dans un pub à brayer des chants, à boire des pintes et à se raconter des histoires en compagnies de british est très agréable. Mais ce n’est pas de cette manière que l’on se fait de véritables amis. Ces compagnons de boisson resteront dans l’oubli de votre gueule de bois.  

Je pense pourtant avoir trouvé un filon à exploiter pour me lier avec quelques habitants de ces deux grandes îles. Le premier : me trouver un sport bien anglais dans un club bien anglais. Un club de sport reste un club après tout. Le deuxième : me dégoter un pub d’expatriés irlandais pour sympathiser avec l’IRA. J’ai toujours eu une amitié voire une affinité avec le peuple irlandais qui s’avère vérifiée par quelques soirées publicardes. Le dernier filon : me dégoter une petite anglaise, un filon efficace si j’en crois mes collègues français…

L’avantage de Londres c’est que l’on n’y voit pas que des britanniques la ville forme un joli melting pot de toutes les nationalités. Je partage un appartement dans une tour avec un italien, une française et un couple bresilio-sud-africain. De quoi faire un joli repas de coloc’ aux diverses saveurs interculturelles. Les rues sont remplies de pubs arborant fièrement l’effigie d’une nation étrangère. Les restaurants et fastfood sont bien souvent dotés d’une thématique culturelle, ce qui permet de ne pas subir trop souvent la culture culinaire anglaise.

 

Londres

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Londres

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Londres est une fête

Arriver en Angleterre au mois de décembre c’est la voie royale pour profiter des joies du pays. Le monde anglais avant Noël tourne autour de la fête. Chaque entreprise organise des Christmas party ou cocktails de fin d’année. Normalement je ne suis pas fan de ces petits évènements d’entreprise où l‘on fait semblant de s’amuser et où l’on adopte des airs faussement intéressés. Mais à Londres la fête, même en entreprise, est plus naturelle, plus fluides, plus décontractée. 

Chaque occasion est bonne pour fêter Noël. Pour ceux qui ne profitent pas de l’évènementiel en entreprise, n’ayez aucun regret. Vous pourrez profiter de l’ambiance tamisée d’un pub chaleureux. Un pianiste endiablé saura vous interpréter des comptines de Noël et des classiques anglais sur un air de Beatles. Noël, de nos jours, c’est bien plus que fêter la Nativité. 

Il faut savoir se réjouir de toutes les petites occasions dans ce monde.

 

Lumières de Noël et smoking

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Lumières de Noël et smoking

Lumières de Noël et smoking

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Lumières de Noël et smoking

Lumières de Noël et smoking

Londres Vasco

Lumières de Noël et smoking

 

 

La chute

Romain me souffle qu’il manque une chute à mon article. Le problème c’est que je ne suis qu’au début. Rien n’est terminé, tout est à creuser. Mon boulot, ma routine et mon intégration dans la vie londonienne sont quelques sujets parmi d’autres que j’ai commencé à déblayer sans trouver de véritables directions à prendre. 

Alors la chute serait peut-être de me dicter des bonnes résolutions pour ne pas prendre un mauvais tournant : Être à l’écoute, aiguiser ma sensibilité, accepter les propositions tout en gardant du temps pour moi, ne pas regarder plus de trois films par semaine, lire, lire et écrire.

Vasco 

13 janvier 2020 1 commentaire
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Carnet de voyageRomain Mailliu - 13 mois de volontariat en Indonésie

#9 Un dimanche matin ordinaire

par Romain Mailliu 11 janvier 2020
écrit par Romain Mailliu
Bidonville Jakarta

Un chant résonne au loin, un appel, fort, dynamique, j’ai l’impression qu’un général réuni ses troupes pour la bataille finale ; type : « la bataille des Champs du Pelennor » du troisième volume du seigneur des anneaux. 

 

Premier réveil

Je n’ai jamais regardé le seigneur des anneaux. Cela demande de la détermination. C’est un peu comme jouer au rugby sans chaussure. Je m’étais promis, à 17 ans – quand je ne savais pas encore que l’amour impose naturellement assez de sacrifices sans qu’il soit besoin d’en inventer  de nouveaux – que je regarderai les adaptations cinématographiques de la trilogie “Le seigneur des anneaux” avec ma petite copine de l’époque. Elle était fan du seigneur des anneaux, et du japon aussi, allez savoir. 

 

“ Mais c’est une honte ! s’écrieront les puristes, Le Seigneur des Anneaux, avant d’être une production hollywoodienne à plusieurs centaines de millions de dollars, est un livre, une trilogie écrite pendant 12 ans par ce génie de J. R. R. Tolkien. Regardez les films sans lire les livres c’est comme manger du fromage sans pain ” Je n’irai pas dire le contraire. Pourtant, à cette époque surprenante, quand je découvrais la douceur des sentiments, je ne pouvais me permettre de dévorer les 1 344 pages des 3 tomes réunis. C’était une question de priorité, j’irai même jusqu’à parler de bon sens. Certains de mes camarades avaient fait le choix, de se plonger dans ces bouquins, pour suivre la quête du hobbit Frodo Bessac, qui doit détruire l’Anneau unique afin que celui-ci ne tombe pas entre les mains de Sauron, le Seigneur des ténèbres, avec Sam, le mage Gandalf ou encore l’humain Aragorn. A cette époque, nous n’avions certainement pas à faire les mêmes compromis. 

 

Mais l’amour a ses raisons que la raison ignore. Peu après avoir visionné le premier épisode de cette trilogie promettante, ma douce mit, avec un discours d’une maturité qui m’est encore aujourd’hui hors de portée, un terme à notre relation.

 

Je regarde ma montre, il est 5 heure, nous sommes dimanche. Je dois me rendormir, adieu Muezzine, Morphée tend moi tes bras. Avant de fermer les yeux, je regarde le ciel à travers le rideau qui couvre sans pudeur ma fenêtre. Le soleil se lève à l’horizon.

 

“Un soleil rouge se lève, beaucoup de sang a dû couler cette nuit…”

Le seigneur des anneaux : Les deux tours, Legolas

 

Mosquée Jakarta

 

Second réveil

 Une musique très proche, trop proche, me réveille. Le morceau m’est inconnu mais il sonne terriblement année 60. Le rif et les chœurs me font penser à Pictures Of Matchstick Men de Status Quo. Les yeux fermés, je laisse mon cerveau dessiner le décor.

 

Je me retrouve sur un scooter dans un marché à Jakarta. La foule est dense et des personnages souriants me tendent des fruits exotiques, des légumes de toutes les couleurs, des poissons gigantesques…. Et je fonce à travers cette multitude sans jamais ne toucher personne. Il fait nuit mais pourtant le soleil brille dans le ciel. Et celui-ci se rapproche encore et encore, tombe vers moi jusqu’à ressembler à une météorite qui n’a plus grand chose d’accueillante.

 

Je baisse les yeux et les stands luxuriants sont maintenant des cabanes grisonnantes. Les fruits exotiques et les légumes sont grouillants de verres et les poissons me regardent avec de grands yeux vides. Mon scooter ne veut plus démarrer et la foule autrefois souriante m’agrippe en chantant « I love it when you call me señorita, I wish I could pretend I didn’t need Ya ». Señorita de Camila Cabello et Shawn Mendes.

 

 Cette fois s’en est trop ! j’ouvre les yeux, je quitte mon lit et je plonge sous la douche. L’eau froide fini par chasser de ma tête les derniers « but every touch is ooh la la la ».  Il est 8h, le week end peut commencer.

marché jakarta

 

Réveil définitif

 Je m’installe avec un café soluble et deux tranches de pain de mie sur la terrasse. L’air est doux et malgré les 28 degrés, la chaleur ardente du soleil ne se fait pas encore sentir. Celui-ci poursuit sa monté dans le ciel gris de Jakarta. Il n’a plus grand chose d’une météorite. De mémoire, il ne me semble pas avoir souvent vu le soleil à Cilincing. Pourtant, sa chaleur est omniprésente. Il faut dire que la pollution forme un filtre imperturbable autour de Jakarta et de ses 10 millions d’habitants. Quand le soleil se couche ou se lève, un nuage grisâtre flotte autour de nous et nous cache l’horizon. Cette brume ressemble à celle que l’on aperçoit en Sologne quand la terre offre sa chaleur à la froideur matinale.

Brume sur Jakarta

 

Le petit déjeuner

 Mon smartphone vibre, un message apparaît dans la conversation « apéro ce soir » qui regroupe une dizaine d’amis parisiens. Après un rapide calcul – nous avons 5 heures de décalage avec la France –  Paris affiche 3 heures 30. Ce message ne m’est certainement pas destiné mais je suis d’un coup très curieux de découvrir l’intitulé de cette missive. Que se passe-t-il à l’autre bout du monde ? Je suis le spectateur secret d’une aventure insolite !

 

Je saisie mon téléphone et j’ouvre la conversation.

 

« Je vois la France en finale contre l’Angleterre, Triple de Guirado, on les plie !

–   Mec se serait tellement incroyable… évidemment, Dupont président !

–   Après avoir mis une branlé aux japonais en demie 👍

–   Le weekend pro va être magnifique.

–   C’est pour des weekend comme ça, que l’on mérite de vivre !! »

 

La coupe du monde de Rugby… je suis un peu déçu. Avec mes amis, nous n’avons maintenant plus beaucoup de moments de vie en commun. Pourtant, j’essaie de rester connecter, de garder le fil, de suivre leurs projets, de cœur, d’entreprise, de vacances, de summer body, de plan épargne logement… Après tout, pas besoin de partir à l’autre bout du monde pour construire un projet qui vous anime et vous bouscule !

 

Mettez dix personnes dans le désert et expliquez-leurs qu’une oasis se trouve à quelques kilomètres. Tout le monde ne partira pas dans la même direction et à la même vitesse. Il y a celui qui n’aura pas soif dans l’immédiat, celui qui constituera son équipe, celui qui criera au complot, celui qui s’assiéra par terre en pleurant, celui qui attendra la pluie, celui qui essayera de vendre la fin de sa bouteille d’eau 500 dollars…

 

Mais qui trouvera l’oasis en premier ?

levée du jour sur Cilincing

 

11 janvier 2020 0 commentaire
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Carnet de voyageRomain Mailliu - 13 mois de volontariat en Indonésie

#8 Une virée à Singapour

par Romain Mailliu 31 décembre 2019
écrit par Romain Mailliu
singapour

 Le contraste est saisissant. Difficile de trouver des points communs entre Cilincing et Singapour, même le ciel étoilé, repère universel pour tous les voyageurs du monde, semble ici différent. J’ai l’impression d’évoluer dans un décor de cinéma impeccablement préparé, nettoyé, poncé, frotté, arrosé, gominé.  Je m’élance le long des trottoirs que je peux arpenter sans risque, ils sont ici pour moi, piéton, que Jakarta semble si souvent avoir oublié.

 Pas un morceau de plastique ne traîne sur le sol, pas une feuille d’arbre, pas un mégot de cigarette, rien. À Singapour, le gouvernement a trouvé un moyen efficace pour lutter contre les incivilités : les amendes. 

 

TOP 5 des lois insolites à Singapour passibles d’amendes allant jusqu’à 5000 euros :

  • Souffler sa fumée de cigarette vers quelqu’un 
  • Jeter quoi que ce soit par terre  
  • Mâcher un chewing-gum
  • Transporter des billets de Monopoly
  • Sortir des toilettes publiques sans avoir tiré la chasse d’eau

 

Force est de constater qu’aucun obstacle au sol ne peut s’en prendre à moi, je lève les yeux et scrute la nuit à la recherche du sommet des buildings. Ils sont si hauts qu’ils pourraient chatouiller les étoiles.

 

singapour

 

La ville dans la forêt ou la forêt dans la ville ? 

 À Singapour, la végétation est omniprésente. Le long des routes, sur les terrasses des immeubles, dans les maisons. Il y a des jardins aériens, des murs végétaux, des restaurants végétariens… Seuls les SUV allemands font tâches dans cette Green City. En 2014 on recensait 1,4 million d’arbres dans la ville. Le paysage me rappelle les projets d’architectes que l’on trouve dans les revues branchées, sous un titre accrocheur : La ville du futur. Mais à Singapour, ces projets ont quitté le papier glacé pour sortir de la terre et prendre vie.

 À Singapour, les températures oscillent généralement entre 23 °C, le matin, et 32 °C, l’après-midi. Le climat est donc plutôt chaud et pourtant, l’herbe est toujours verte et les arbres en parfaite santé. Quelque part, dans mon cerveau d’ingénieur, une petite lumière s’allume. Combien de litres d’eau faut-il pour arroser cette ville parc ? Et si la végétation abondante n’était qu’une vitrine pour cacher l’air climatisé permanent, les lumières à tous les étages des buildings la nuit, l’absence de panneau solaire sur les toits ? Et si Singapour était un parfait exemple de greenwashing ? 

 Mais mon bus arrive et mon cerveau doit gérer une nouvelle problématique, plus terre à terre mais tout aussi fâcheuse : je n’ai ni ticket ni monnaie. Sauf qu’à Singapour, l’embarras n’existe pas, tout semble avoir été anticipé, réfléchi, résolu. Pas besoin de ticket, il suffit de poser sa carte bancaire sur la borne de validation et le tour est joué ! Je m’assois, et dans une circulation toujours fluide, je me laisse porter vers ma maison d’accueil.

 

singapour

 

Ma maison d’accueil

 Je suis à Singapour pour récupérer mon VISA indonésien à l’ambassade d’Indonésie. Pourquoi ne pas récupérer mon visa directement en Indonésie ? Je ne sais pas, c’est comme cela. Un couple d’expatriés belges m’héberge le temps des démarches administratives. Ce sont des amis de mon ONG LP4Y.

 Leur maison est magnifique, remplie d’objets d’art provenant des pays dans lesquels ils ont vécu et voyagé. Une vie de route, j’ai des étoiles pleins les yeux. Je me prends à rêver à ma future vie d’expatrié, des buildings de Manhattan aux pyramides d’Égypte, de la muraille de Chine jusqu’aux bords du Mékong, partir travailler en Tok-Tok en Inde, construire avec mes enfants des igloos dans les forêts de Sibérie…

 

“Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve une réalité”

Antoine de Saint-Exupéry – Cahiers de Saint-Exupéry (1900-1944)

 

 

 Mais les rêves ne remplissent pas l’estomac. Retour à la réalité et j’ai faim. Je sors direction le quartier Indien à la recherche d’un thé chai traditionnel et d’un poulet tikka masala. À Singapour, le mélange culturel fonctionne à merveille. Ici, le melting-pot prend tout son sens. Au-delà des quatre langues officielles de l’île – que sont l’anglais, le chinois, le malaisien et l’indien -, Singapour est un carrefour de cultures, puisque 40% de ses habitants sont étrangers. Il suffit de s’aventurer dans la ville pour entendre parler toutes les langues du monde. La tolérance est donc de rigueur.

 

singapour

 

Une rencontre intrigante 

 Sur mon chemin, je croise un magnifique canidé. La fourrure pimpante, le poil léger, l’œil vif, il promène sa maîtresse d’un pas nonchalant. J’hésite entre un lévrier afghan et un Basenji. Il n’y a rien à dire : C’est une belle bête. L’animal, fier comme un prince s’approche d’un arbuste, s’accroupit, et libère d’un jet puissant les vices indignent de rester trop longtemps dans un si noble animal. Sa maîtresse ne semble pas à l’aise. Elle regarde à gauche, à droite, puis se met à tirer sur la laisse et son chien, peu habitué à se faire trainer de la sorte, pousse des petits gémissements.

 C’est là qu’elle l’aperçoit, perchée en haut d’un lampadaire. Blanche, ronde, posée sur un pivot qui lui permet de tourner sur 360 degrés. Un de ces modèles qui peut même voir dans le noir.

 Elle s’arrête, brusquement, et fait lentement demi-tour. Elle sort de son sac Saint-Laurent un plastique, ramasse la crotte, et avec la pudeur d’une grande dame, laisse tomber son paquet dans la poubelle adéquate. Elle me regarde, je la regarde, une tension est palpable. C’est dans la détresse que née la complicité. Son chien tire la laisse, c’est un rappel à l’ordre. Elle se retourne, et poursuit la promenade.

 Chers lecteurs, les caméras sont omniprésentes dans la cité État de Singapour. Dans les passages publics, les métros et même les habitations… Toutes les résidences construites par l’État, où vit 80% de la population, sont dotées de tels équipements.  Les vidéos qu’elles enregistrent sont des preuves irréfutables pour tous les délits et vous l’aurez compris, à Singapour, on ne plaisante pas avec les lois. La tolérance n’exclut pas le contrôle.

 

singapour

 

Le quartier Musulman

 Je finis par atterrir dans le quartier musulman, qui n’est pas le quartier indien mais les perspectives culinaires y sont toutes aussi intéressantes. C’est un agglomérat de petites maisons collées les unes aux autres, ornées de tapis d’orient, de lampes en or, de miroirs et d’énormes théières posées sur les tables des terrasses.

 Le quartier s’anime peu à peu mais c’est la nuit qu’il est conseillé d’y aller. C’est LE quartier pour boire un verre à Singapour. On y trouve les meilleurs « happy hours » de la ville ainsi que les alcools les plus exotiques. Au centre de ce lieu festif siège la Mosquée, grande dame raffinée, avec ses murs blancs et ses coupoles dorées. Quelques ornements viennent apporter à l’édifice une élégance sobre, ce qui aurait certainement plu à Léonard de Vinci qui disait : « la simplicité est la sophistication suprême ». Une mosquée au milieu des bars, Singapour est décidément un endroit surprenant.

 

singapour

 

Parkview Square

 Mais je ne suis pas au bout de mes surprises. Assise entre deux buildings de verre vêtus, apparaît la Reine des Reines. Oh, ce n’est pas la plus grande, mais c’est de loin la plus élégante. Oh, ce n’est pas la plus souriante, mais s’en dégage la sagesse des lions d’Afrique. Je l’observe régner sur son royaume de tours, calme, intrépide. Le sang qui coule dans ses veines ne peut être fait que de glace et de roche. Comme un Iceberg, elle brille au soleil mais ne fond jamais. Que tu dois être seule dans cette ville où nul ne te mérite. Dame solitaire, j’aimerais t’emmener voir Chambord, Versailles, Chenonceau, pour briser ta solitude de marbre et de granite.

 La pluie se met à tomber. Oserais-je franchir les remparts art-déco de Parkview Square ? Il le faut.

 En pénétrant dans ce royaume, j’ai envisagé l’idée qu’en effet, c’est peut-être la beauté intérieure qui compte vraiment. Je me retrouve dans un bar, ou plutôt, devant le réceptionniste d’un bar. N’allez pas vous imaginer un pub anglais miteux qui sent le Fish and Chips, pensez plutôt à une bibliothèque boisée, abritée par de hauts plafonds peints, avec des fauteuils en cuir, en feutre et des lustres aussi gros que des soucoupes volantes. Maintenant, transformez les livres des étagères qui grimpent vers le ciel en bouteilles de Gin. Oh, reine de Singapour, que tu as bon goût. Dans ce bar, on trouve la plus grande collection de Gin du monde. Plus de 1 000 gins sont disponibles à la carte.

 « Il faut réserver monsieur, et respecter le dress code » m’explique le réceptionniste d’un air dédaigneux au possible dans son costume trois-pièces, alors que je m’approche du comptoir. Oh toi, Cyrano à quatre pattes, oui toi, amiral de bateau-lavoir, tu ne feras plus le fier quand je reviendrai, dans mon smoking en laine mérinos taillé sur mesure par les Napolitains. 

 Comme toutes les grandes dames, on ne peut donc pas t’offrir un verre si facilement. Tant mieux, je me rendrai digne de te mériter.

 

singapour

 

La quête  

 Je me dirige donc vers les ascenseurs. Il y en a 9, en marbre blanc, et je me glisse discrètement dans le premier. J’appuie au hasard sur un numéro parmi une ribambelle de boutons, qu’on dirait en ivoire ou quelque chose comme cela. Décollage. La porte s’ouvre, je m’avance dans une grande salle aux murs blancs, au sol blanc et au plafond blanc.  

 Un homme est assis à un bureau blanc, et ne se préoccupe pas de moi. Où suis-je ? Je fais quelques pas, et je me rends compte que derrière cette salle, se cache une seconde salle, puis une autre, et une autre.

 Sur les murs blancs apparaissent maintenant des tableaux, des fresques, des sculptures. J’y observe des compositions photographiques insolites : des chaussures à talon prises d’assaut par des jouets pour enfants aux muscles saillants et à la peau rouge, verte ou blanche. Je tombe nez à nez avec une statue en silicone, un homme chauve avec trois bras, il fait ma taille, et porte un polo noir.  Il y a aussi un tableau d’une femme nue à qui l’on a collé un autre visage, un cheval sans tête qui apparaît dans le clair – obscure d’une peinture à l’huile… Je suis émerveillé, et un peu terrifié.

 

singapour

 

Stupeur et tremblement

 Je change de salle. Cette fois-ci, les murs sont noirs et un compte à rebours m’indique qu’une expérience, je cite : il s’agit d’une œuvre orientée vers l’avenir, dont le moyen d’expression n’a pas encore été totalement compris, va commencer dans 10 secondes. Des sculptures d’hommes en plâtre sont positionnées un peu partout. Les lumières s’éteignent et apparaissent des néons rouges. Des enceintes diffusent de la techno minimaliste. Les ombres des sculptures se mettent à danser sur le mur et, dans le feu, dans les flammes, s’en suivent 3 minutes d’agression visuelle et sonore. J’ai l’impression d’être téléporté dans le film Climax de Gaspard Noé. Les lumières se rallument, plus un bruit, je change de salle.

 

singapour

 

Ma reine me met à l’épreuve. Comme Lancelot, j’arpente tous les dangers pour espérer graver mon nom dans son cœur. La nouvelle salle est de nouveau blanche, et silencieuse : je vais pouvoir souffler un peu.

 Mais mon repos est de courte durée, J’entends maintenant des gémissements, des soupirs, parfois longs, parfois étouffés, qui viennent du fond de la pièce, d’une petite salle, fermée par des rideaux de satin noir.  Mais que vais-je donc trouver là ? L’imaginaire fonctionne à merveille mais je pense à Saint Thomas, éternel pragmatique, et je passe donc ma tête par les rideaux pour voir de mes yeux ce que tout le monde pense tout bas.

 Une petite télévision est posée à même le sol. Je m’approche, avec pudeur, et je découvre une scène cocasse qui, à vrai dire, et je ne vous cache pas en avoir un peu honte, ne ressemble pas à ce que j’avais imaginé. Un homme, s’électrocute, puis gémit, la lumière s’éteint, la lumière se rallume, un homme gémit, puis s’électrocute, la lumière s’étend, la lumière se rallume… vous avez compris.  

 J’aime le cinéma, les films d’auteur, enfin en parler, car devant le petit écran, il m’arrive parfois de ressentir l’ennuie, surtout devant les dialogues des films de la nouvelle vague aussi longs qu’un porte de Saint-Cloud – porte d’Orléans au retour des vacances. Mais ce n’est pas le sujet.

 

“Aujourd’hui, les festivals de cinéma sont comme les congrès de dentistes. C’est tellement folklorique que c’en est déprimant”

Jean-Luc Godard

  

 

Singapour

 

Je décide de ne plus jouer les héros, au diable ma belle dame, et je quitte cet endroit obscène et machiavélique. Je descends l’ascenseur, lance un doigt d’honneur furtif au réceptionniste et me retrouve dehors, à l’air libre. La pluie a cessé et le soleil chauffe la rosée sur les feuilles de palmiers, perles de lumière qui bordent Rochor road. 

 À une terrasse, un groupe de jazz entame les premières notes de Take Five de Dave Brubeck, des filles, lunettes de soleil sur le front et robes légères, s’en vont sur les berges de Marina Bay. L’une d’elles me fait un clin d’œil puis se retourne en riant. Un ange passe…

 La beauté de la vie s’exprime dans ses nuances.

 

singapour

31 décembre 2019 4 commentaires
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Carnet de voyageRomain Mailliu - 13 mois de volontariat en Indonésie

#7 Un mariage “Dangdutan”

par Romain Mailliu 11 décembre 2019
écrit par Romain Mailliu
Mariage Indonésie

Fiqih est en retard. Le rendez-vous que nous avions fixé était à 18h30. Il est 19h et notre guide n’est toujours pas là. 4 youths (les jeunes que nous accompagnons avec LP4Y) et Sarah (volontaire) m’ont rejoint et nous attendons ensemble accroupis au bord de la route. C’est la position de “repos” universellement adoptée en Indonésie. Il faut dire qu’elle ne nécessite ni chaise, ni banc, aucune structure à part une paire de jambes et une paire de fesses. 

 Un cuisinier ambulant pousse sa “cuisine” à roulette et 2 youths s’achètent des meatballs (boulettes de viande pour mes amis polyglottes). Fiqih n’a pas de portable donc impossible de savoir s’il est déjà sur la route, s’il a oublié notre rendez-vous ou s’il a été kidnappé par les Américains afin d’incarner le prochain super héros Marvel. 

 J’ai ma petite idée et elle n’a rien à voir avec les Américains. 

 

Cilincing

 

Mais qu’est-ce que le temps après tout ?

 Mais qu’est-ce que le temps après tout ? Je vous propose deux solutions pour réunir modestement quelques clés vers cette réponse tant convoitée. 

 

 La solution académique : 

 À la recherche du temps perdu, couramment évoqué plus simplement sous le titre La Recherche, est un roman de Marcel Proust, écrit de 1906 à 1922 en sept tomes, dont les trois derniers parurent après la mort de l’auteur. Plutôt que le récit d’une séquence déterminée d’événements, cette œuvre s’intéresse non pas aux souvenirs du narrateur mais à une réflexion psychologique sur la littérature, sur la mémoire et sur le temps. 

 Cependant […], tous ces éléments épars se découvrent reliés les uns aux autres quand, à travers toutes ses expériences négatives ou positives, le narrateur (qui est aussi le héros du roman) découvre le sens de la vie dans l’art et la littérature au dernier tome. (Source : Wikipedia) 

 

“Une heure n’est pas qu’une heure, c’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats“

Marcel Proust

 

 

La solution expérimentale : 

 Le Volontariat de Solidarité internationale (VSI) […] a pour objet « l’accomplissement d’une mission d’intérêt général à l’étranger dans les domaines de la coopération au développement et de l’action humanitaire ». 

 Le VSI participe à l’apprentissage du volontaire, il lui permet d’exercer des responsabilités et d’affirmer ses compétences, ses aptitudes dans un contexte interculturel. En ce sens, il permet de se réaliser au plan tant humain que professionnel. (Source : France Volontaire) 

 

“Avant mon volontariat, chaque seconde de retard était pour moi une aiguille qu’on me plantait dans la plante du pied. Aujourd’hui, le retard est une formidable occasion que m’offre la vie afin d’ouvrir mes yeux et prendre conscience de la beauté du monde. “ 

Romain Mailliu – Volontaire en Indonésie avec la DCC et LP4Y

 

 Et je vois au loin, à 7h15, Fiqih arriver avec un sourire joyeux : 

 “Sorry Coach Romain, I’m late!

– Be careful Fiqih, life won’t be waiting for you!” 

 

Le chapiteau d’or

 Nous prenons un Grab (Uber Asiatique) et nous partons vers Jalan Lagoa, à une dizaine de kilomètres de Cilincing. Notre pilote s’aventure dans des ruelles de plus en plus étroites et faute de ne pouvoir aller plus loin, il finit par nous faire descendre. Nous suivons Fiqih dans ce dédale ruelles et peu à peu, une énergie commence à se faire ressentir. Des enfants nous poursuivent en riant, les scooters nous évitent en klaxonnant, et nous débouchons dans un grand boulevard comme le sang rejoint une artère. 

 Mais à une centaine de mètres plus loin, voici le boulevard est bloqué par un immense chapiteau tissé de fils d’or. Devant cette étrange bâtisse, Dandel, un youth fraîchement recruté, nous accueille et nous entraîne sans attendre à l’intérieur. Ce soir a lieu le mariage de son grand frère et j’imagine qu’une rapide présentation est de coutume. Et bien pas seulement. Tout s’accélère, la foule du chapiteau se précipite vers ces étranges invités et là commence l’acclamation.

 

Mariage Indonésie

 

J’ai l’impression de descendre les Champs-Elysées avec Mbappé et Griezmann, la coupe du monde dans les bras. Je ne saurais estimer le nombre de personne qui se précipite à nos côtés pour nous saluer et prendre des photos mais assez pour que cela soit hors du commun et un peu anxiogène. “Lâcher prise” m’a-t-on répété pendant mes formations au volontariat, alors je lâche prise et je profite de ce moment particulier. 

 Avec Sarah, nous suivons donc le mouvement de la file qui nous entraîne, dans l’ordre, saluer les mariés et leur famille, nous servir généreusement au buffet, nous asseoir pour manger en première ligne de la célébration et, clou du spectacle, nous sommes invités sur la scène avec les musiciens et les chanteurs Dangdut. 

 

Mariage Indonésie

 

Laissez-moi mourir sur scène 

 Les musiciens arrêtent de jouer, la chanteuse sort son smartphone pour un selfie, la foule s’installe face à nous et les mariés nous regardent avec un désagréable sentiment de : ”et maintenant ?”  Je trouve Sarah du regard, elle me fait de grands yeux, ceux qu’on utilise généralement quand on est dans une situation délicate. 

 Intelligence émotionnelle, aide-moi ! Qu’attendent-ils de nous ? La foule est toujours aussi silencieuse, je croise le regard d’un youth, qui m’aperçoit, et qui rigole discrètement…  Prendre la fuite ?  Il n’y a qu’un micro qu’une chanteuse dans une robe moulante à paillette ne semble pas vouloir lâcher, tant mieux. 

 Les doigts d’un musicien viennent frapper d’un coup sec le bord de la peau d’un tambour, je crois reconnaître le début de “Entre Dos Aguas” de Paco de Lucia. Une guitare s’élance, suivie d’un synthé, d’une flûte et notre chanteuse entame les paroles d’un véritable hit indonésien : Zapin Melayu. 

 J’oublie la foule, les mariés, les lumières, les musiciens et la chanteuse et ne pensant qu’à la musique, je la laisse habiter mon corps, s’exprimer, et je me mets à danser. 

 

La passion est une maladie terriblement contagieuse 

Le succès ne se fait pas attendre, la foule qui était pourtant si paisible il y a 5 secondes, semble comme entrer en résonance et se met à chanter et à danser. Des dizaines de smartphones sont braqués sur nous et immortalisent le moment. Les plus téméraires nous rejoignent sur scènes et, entraînés par le rythme endiablé des tambours, nous ondulons tous ensemble. 

  Je n’ai pas la prétention d’être un grand danseur mais j’entreprends cet exercice avec passion. Comme disait Madeleine Chapsal, “La passion est une maladie terriblement contagieuse.” Et ce soir, les sourires sont sur tous les visages. Allez faire sourire 300 personnes dans un mariage à Jakarta, vous verrez, ce n’est pas si simple.  

 

Mariage Indonésie

 

Dans le Grab du retour, je me demande si cette situation a vraiment eu lieu ou si ce n’est que le fruit de mon imagination. Pourtant les photos sur mon téléphone sont des preuves accablantes. Avons-nous bien fait de nous laisser entraîner comme cela ? Ne devions-nous pas faire figure basse, dans un mariage où nous ne connaissions personne et où personne ne nous connaissait ? 

 

“L’homme doit agir ; à la longue, l’inaction devient monotone.”

John Fante

 

 

Il n’a pas tort John Fante. Ça ira pour cette fois. 

 

Mariage Indonésie

11 décembre 2019 0 commentaire
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Carnet de voyageRomain Mailliu - 13 mois de volontariat en Indonésie

#6 Balade nocturne

par Romain Mailliu 15 octobre 2019
écrit par Romain Mailliu
Cilincing la nuit

Nous marchions sous un ciel sans étoile. Inspiré par la vitalité que dégage le chaos organisé de Jakarta, je me disais, comme l’avait certainement fait Alain Souchon en 2002, que la vie ne vaut rien.

 

La vie ne vaut rien 

J’aimerais cela dit, sans vouloir pour autant m’attirer les foudres des mélomanes si nombreux parmi mes lecteurs, rectifier les lyrics de ce fameux morceau de l’album J’veux du live, enregistré au casino de Paris le 29 et 30 avril 2002 et certifié disque d’or.

La vie ne vaut rien, si vous ne savez pas vous émerveiller au moins une fois par jour. Accroché à ce paysage dans lequel les hommes se mélangent aux lumières de la nuit, j’essaie d’imaginer les moments de vie qu’ils traversent. Le marchant de noix de coco qui plante sa machette dans la chair du fruit avec la fierté du travail accompli, la mère de famille qui porte dans ses bras un nourrisson et sur son scooter de la nourriture pour toute une fratrie, les enfants qui courent autour de nous les yeux pétillants de joie, si heureux de rencontrer un étranger à la peau claire. Une odeur de gingembre flotte dans l’atmosphère, un voiture se faufile dans les petites rues du bidonville et 4 jeunes assis par terre jouent de la guitare en chantant.

L’observateur pragmatique, pessimiste ou – dans le meilleur des cas – satirique pourrait dire qu’il a sous ses yeux un marchant qui travaille 14h par jour pour un salaire de misère, une mère et son bébé sans casque sur un scooter surchargé et des enfants qui trainent le soir dans les rues au lieu de faire leurs devoirs. Certains verront également, devant un tableau de Picasso, le dessin d’un enfant en dernière année de maternelle qui n’a pas bien compris la consigne. Certaines situations, quand nous voulons vraiment les comprendre, méritent d’être analysées avec les yeux mais aussi avec le cœur et la tête.  Sans la vue, il est possible de continuer de vivre, alors que sans tête et sans cœur, on ne va généralement pas bien loin.

 

Cilincing la nuit

 

Le pitch elevator

Mes compagnons de route sont des jeunes  du programme dont je suis responsable. Ce programme s’appelle SOL, Source of Life, nous produisons et vendons de l’eau potable pour les bidonvilles environnants. La gestion de ce travail représente 50% de notre activité. Le reste du temps est réservé aux trainings et au développement des projets de vie des jeunes. Je pense vous avoir déjà raconté tout cela mais n’aillez crainte je serais bref ,  vous trouverez toutes les informations relatives à la pédagogie LP4Y juste ICI.

Il est 19 heures et nous partons en session de recrutement dans les bidonvilles voisins. Comme une entreprise, nous recrutons des jeunes tout au long de l’année et ils rejoignent le programme de formation avec les plus anciens. Ce sont les youths (les jeunes déjà dans un programme LP4Y) qui sont chargés de convaincre les potentielles nouvelles recrues rencontrées dans les rues, de présenter LP4Y, le contenu des programmes, les débouchés, le modèle économique…. C’est une sorte de pitch elevator, mais sans ascenseur.

 

“There is no elevator to success… You have to take the stairs.“

Zig Ziglar

 

Nos cibles sont les jeunes entre 17 et 24 ans, déscolarisés ou avec un travail non décent (pas de contrat, pas d’horaire fixe, pas de congé, un salaire non fixe et en dessous du minimum légal…). Le seul facteur qui compte pour intégrer le programme est la motivation.

Cilincing la nuit

 

La Bérézina

Les rues brillent sous les néons des spots publicitaires et bien qu’il fasse nuit, tous les magasins sont ouverts. À Cilincing, quartier pauvre de Jakarta dans lequel nous vivons, les magasins, qui ressemblent à de petites échoppes, font aussi office de maisons pour leurs propriétaires. C’est simple, tant qu’il y a encore quelqu’un d’éveillé dans la famille, le magasin reste ouvert. Je suis même certain que je pourrai frapper à la porte en pleine  nuit pour acheter un soda. Il n’y a pas de petits profits dans une ville ou la grande majorité des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté (1,5 euro par jour).

Nous stoppons notre avancée victorieuse, qui aurait fait pâlir Napoléon pendant la retraite de Russie, pour interpeller un groupe de jeunes et leurs parents. Les youths se lancent dans les présentations puis dans les négociations, en bahasa, avec une rhétorique qui m’échappe un peu mais qui semble, d’après leur gestuelle et les expressions de leurs visages, digne des plus grands orateurs. Encore une fois, les youths m’impressionnent. Pas une seconde d’hésitation ne s’est fait ressentir. Face à des jeunes de leurs âges, leurs parents, parfois même leurs grands-parents, ils encouragent de nouveaux jeunes à les suivre afin de reprendre les études et de trouver un travail décent mais difficile à obtenir. Ils sont de véritables moteurs pour leurs communautés. Pourtant, ils étaient dans la même situation il y à peine quelques mois…

 

Cilincing la nuit

 

Nous continuons notre escapade avec 10 nouveaux contacts de jeunes motivés pour rejoindre LP4Y. Ces temps de recrutement sont de très bons moments pour les youths car ils s’exercent à la communication professionnelle mais nous nous n’oublions pas nos objectifs. LP4Y a pour objet l’insertion professionnelle et sociale de Jeunes en situation de grande précarité et frappés d’exclusion dans le MONDE. Alors 10 jeunes en plus, c’est un petit pas, mais chaque pas compte !

 

“Le grand orateur du monde, c’est le succès.”

Napoléon

15 octobre 2019 2 commentaires
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Diam Welly est un village où régnaient la paix et l'harmonie. La communauté des Peulhs vivait avec celle des Mandingues sans distinction. La joie de vivre y avait élu domicile ; les hommes et femmes étant en communion. Karamokho, un homme de valeur et bien respecté au village, y vivait avec son épouse Coumba, une femme vertueuse que tous les hommes auraient aimé avoir dans leur concession. La tradition avait réussi à construire une société juste, faite de solidarité, d'amour et d'entraide.
Cependant, la modernité — ou selon les mots de l'auteur, le Nouveau Monde — ne laissera pas Diam Welly indemne puisqu'elle le fera résolument s'engager dans une nouvelle ère de mutations affectant les moeurs, la moralité, les codes et conduites favorisant, ipso facto, l'émergence d'individus — comme Sellou, faisant la cour à l'épouse de Karamokho alors absent — gouvernés par la satisfaction de leur plaisir et de leurs intérêts personnels.
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Montréal, Canada, 2020. 
Selon la perception de leur corps, ces femmes abordent des comportements distincts influençant leur utilisation de l'espace, leur posture, mais également leur toucher. Durant les séances photos, elles se surprennent de la tendresse qu’elles s’accordent. Ce travail ne rend pas nécessairement compte “d’imperfections physiques”, il tend surtout à questionner le rapport qu’elles entretiennent avec elles-mêmes dans un espace qui leur est donné
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Persepolis • Iran • 2016
Meisam livre ses inquiétudes concernant son service militaire qui commence dans quelques jours. Il ne sait pas comment apporter de l'argent au foyer, ni qui s'occupera de sa femme malade, alors âgée de 18 ans à cette époque
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Que serait le travail collectif et l’entraide sans ce moteur essentiel : le sourire ? Réponse concrète avec @romain_mailliu , volontaire chez @lp4yglobal 💥

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Persepolis • Iran • 2016
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Persepolis • Iran • 2016
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Persepolis • Iran • 2016
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Kol Ukok, Kirghizistan, 2015.
Traditionnellement, la yourte est ouverte vers le sud par une entrée unique. A l'intérieure, l’espace est quadrillé selon un usage précis. Le sud et l’est de la yourte sont l’espace de la femme où se trouvent le foyer et la place de travail. L’espace de l’ouest est réservé à l’homme et aux invités. Cette photo est révélatrice : dirigée vers le sud, c’est la femme qui se dévoile, à sa place comme l’admet la tradition
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Le comédien ET metteur en scène Michaël Benoit Delfini
 t’aide à te lancer avec ce texte burlesque digne d'un @borisvian_officiel !
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[CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit j [CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit jobs ? On doit l’expression à feu David Graeber 🔥
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Anthropologue ayant réhabilité l’anarchie ♾ Figure du mouvement Occupy Wall Street ♾ Ecrivain multi-récidiviste ♾ Les Sex Pistols n’ont qu’à bien se tenir ! 
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Dessin + article par l’audacieux @tibovski ✏️
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