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Voir, juger, agir.

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Tribune

Le grand Saut

par un contributeur 15 octobre 2020
écrit par un contributeur
Sun in the sky during night time

Après une formation théâtrale au Cours Florent, Michaël Benoit Delfini a fondé la compagnie Artichaut pour laquelle il écrit des pièces, met en scène et joue des spectacles. Il anime également de nombreux ateliers de stimulation imaginaire, d’écriture et de créations théâtrales auprès d’enfants et d’adolescents.


 

J’ai un cousin très intelligent qui habite à Sceaux. Dans les Hauts-de-Seine. C’est véridique. Il y a une concentration de gros QI à Sceaux parce qu’ils ont monté un centre de recherche en physique quantique.

Mon cousin est chercheur là-bas. Il brille dans l’étude des trous noirs.

Il m’a toujours pris pour un idiot, mais, quand l’autre jour, en me levant, je me suis aperçu que j’avais un trou noir dans mon salon, je n’ai pas pu m’empêcher de l’appeler.

 

Je lui dis : “Allo Charles, c’est Daniel, ton cousin.”

Il me dit : “J’ai un trou de mémoire, là.”

Je lui dis : “Si, le dépressif.”

“Ah !”, il me dit, “Ça me revient ! Qu’est ce que tu deviens ?”

Je lui dis : “Je touche le fond. J’ai un trou noir dans mon salon et il a aspiré ma télé.”

(Parce que tout mon mobilier avait été aspiré dans le trou noir.)

Il me dit : “Tu es bien sûr que c’est un trou noir ?”

Je lui dis : “Oui. J’ai justement regardé hier à la télé ton émission sur les trous noirs domestiques. Il n’y a pas de doute possible.”

Il me dit : “Alors, là, tu m’intéresses.”

C’était bien la première fois.

Il me dit : “Tu habites toujours dans ton trou paumé ?”

Je lui dis : “Non : j’ai déménagé. J’habite Issy.”

Il me dit : “T’habites Sceaux.”

Je lui dis : “Non : Issy-les-Moulineaux”. (Issy c’est aussi dans les Hauts-de-Seine. Si vous voulez, pour ceux qui ne connaissent pas la région parisienne, si Sceaux est ici, Issy est là. C’est un saut de bus.)

Il me dit : “Ça tombe bien, j’ai un trou dans mon agenda,  je saute dans le bus. Je suis  chez toi dans 20 minutes.”

Je lui dis : “Et ma télé ?!”

Il avait déjà raccroché.

 

20 minutes plus tard, il débarque chez moi en trombe.

Il me dit : “Quel temps de crétin ! Il pleut des seaux, ici. Heureusement que j’avais mon paraseau en titane. Y a qu’ça qui tient le coup.”

Je lui dis : “Je suis content de te voir, j’étais au bord du désespoir.”

Il me dit : “Où est le trou noir ?”

Je le conduis au salon.

Son visage s’est illuminé : “Quel trou magnifique ! Tu as du… pot. J’appelle une équipe, ça te dérange pas ? C’est pour les bienfaits de la science.”

Il me dit : “Je file récupérer mes élastiques à Sceaux pour faire un saut d’exploration dans ton trou.”

(C’est une technique qu’il a mise au point pour sonder les trous noirs).

Je lui dis : “Et ma télé ?!”

Je lui dis : “Je voudrais savoir si tu pourrais la récupérer, parce qu’avec les intérêts qui courent, j’ai aussi un trou noir sur mon compte en banque.”

Il me dit : “Ta télé, tu la reverras jamais. Elle s’est désintégrée en anti-matière. Tu n’as pas suivi l’émission ? Désolé, mon vieux.”

Il a claqué la porte. Je suis resté sans voix. J’ai plongé la tête la première dans le trou noir.

 

J’ai fait le saut de l’ange quantique.

Y a des anges qui m’ont chanté des cantiques. Eurêka, Eurêka !

Et mon corps s’est désintégré en particules d’anti-matière. Mes particules d’anti-matière ont tournoyé dans le trou, jusqu’à retrouver les particules d’anti-matière de mon salon. Elles se sont assises sur les particules d’anti-matière de mon canapé et ont regardé les particules d’anti-matière de ma télé qui diffusait une émission intitulée Traverser l’écran.

Je l’ai traversé. Mes particules ont traversé une à une les particules d’écran. Puis mon corps s’est reconstitué totalement neuf derrière l’écran et j’ai été propulsé vers la sortie du trou noir, jusqu’à mon salon.

Je ne pensais plus ni à ma télé ni à mes intérêts.

Mon cousin était au bord du trou en train d’attacher ses élastiques.

 

Je lui dis : “J’ai fait le grand saut !”

Il me dit : “Ça m’étonne pas de toi. Si tu veux bien te pousser pour laisser passer mon équipe faire son travail.”

Je lui dis : “Tu sais avec tes élastiques, tu trouveras jamais rien.”

Il me dit : “En matière de saut, t’en connais un rayon dis donc !”

Je l’ai regardé avec un air d’imbécile heureux. Je lui dis : “Pas autant que toi…”

… et je me suis effacé devant l’équipe de Sceaux (dans les Hauts-de-Seine) qui prenaient déjà Charles d’assaut.

 

 Michaël Benoit Delfini
Site : www.compagnieartichaut.com

Fenêtre lumineuse entourée d'obscurité

15 octobre 2020 0 commentaire
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Carnet de voyageTribune

La Norvège en auto-stop 

par un contributeur 12 juillet 2020
écrit par un contributeur

 

Vendredi 31 Avril. Il est 7:30. Autour de moi on dort encore. Je me souviens d’hier soir où je suis arrivée dans cette immense salle vitrée. Il était tard. Les gens dormaient déjà. Il m’avait fallu du temps avant de trouver un banc libre. Rendre mon 9m2 et finir sur un banc métallique, un peu froid, pas très confortable, mais pourtant je m’y sens bien. Aujourd’hui est un grand jour. Oslo n’est qu’une étape, je dois me rendre à Kirkenes, mais pourquoi ? Pourquoi aller si loin ? Le Finnmark, région la plus au Nord de la Norvège est, dans l’esprit des gens, associée à une terre sans vie, froide, voire glaciale, remplie de moustiques. « Au Nord il n’y a rien à voir. C’est désertique et il pleut », « Que se passera-t-il si tu te retrouves blessée, au milieu de nulle part à 200 kilomètres d’une ville ? », « Reste dans le sud, il y a plus de choses à voir ». 

 

 

Pays des Samis, des pêcheurs, des élans, des saumons et des rennes, le comté de Finnmark est situé à l’extrême Nord du pays. Son étendue est plus grande que le Danemark. Il fait partie de la Laponie, qui s’étend sur les trois pays voisins : la Finlande, la Suède et la Russie. 

Kirkenes est la dernière ville avant la frontière russe. C’est aussi la ville la plus haute de la cartographie Norvégienne. Voilà pourquoi je m’y rends. Arriver au bout du bout de la Norvège et pouvoir la visiter de haut en bas. Kirkenes est aussi une ville portuaire, elle est le terminus de L’express côtier/Hurtigruten, un bateau de croisière qui assure la liaison entre 34 ports de la côte norvégienne depuis les années 90, allant de Kirkenes à Bergen. C’est d’ailleurs pourquoi dans le vol Oslo-Kirkenes, les quelques passagers sont en majorité des personnes âgées, des touristes, qui profitent de leur temps libre, pour partir se reposer sur ce spacieux navire et admirer les beaux paysages côtiers. 

 

 

Rappelons que la Norvège est un pays où les communications à terre sont peu commodes. L’Hurtigruten, avant d’être une ligne touristique, servait à livrer nourritures, nouvelles et matériels, ce train était un lien vital entre le nord et le sud du pays. 

Les hivers sont durs, longs et froids. Le Finnmark est au-delà du cercle polaire. Cela veut dire qu’en hiver, les habitants n’ont que quelques minutes de jour contrairement à l’été où la nuit n’existe pas. On appelle ça le soleil de Minuit. Dans son roman Pan, publié en 1894, Knut Hamsun décrit ce phénomène. En voici un extrait: « Il commençait à ne plus y avoir de nuit, le soleil plongeait à peine son disque dans l’océan et remontait, rouge, rénové, comme s’il était descendu pour boire. » 

Une autre particularité du Finnmark, c’est que l’été commence environ début juillet et fini mi-août. Nous sommes début juin, le printemps fait timidement son apparition: les quelques arbres que l’on peut trouver n’ont pas tous des bourgeons. Du haut de mon hublot, j’aperçois des sommets glacés, beaucoup de nuages, mais surtout beaucoup de neige.

Je repense au podcast de Les Baladeurs : « Face à face polaire avec Jérémie Villet » (https://shows.acast.com/les-baladeurs/episodes/rencontre-dans-le-grand-nord) et je croise fort les doigts pour qu’il n’y ait pas de tempête de neige à mon arrivée. Dans l’avion, il règne une atmosphère légèrement austère, ça sent les galettes de riz et j’ai déjà froid. 

Atterrissage en douceur. J’observe un paysage désertique, brut, rocheux, brume horizontale. Il y a une pluie fine qui s’ajoute au crachin normand ; au moins il ne neige pas. Au milieu du tapis roulant où l’on récupère nos sacs, il y a un ours brun sculpté. Atmosphère abrupte. 

 

 

Pour me rendre en ville, je dois prendre un bus. Panneaux en langue inconnue, il m’est difficile de les décrypter. Je me lie d’amitié avec un groupe de touristes. C’est alors qu’ils me prennent sous leur aile, et j’embarque clandestinement avec eux. 

Il a arrêté de pleuvoir et de grêler. Pancarte et pouce levé, j’attends sur le bord de la route. Je dois avouer que j’ai un peu la boule au ventre. Première voiture, deuxième voiture. J’observe le paysage rocheux, de différentes nuances de marron, de gris et de bleu; une rivière glisse près de la route ; je ne vois aucune habitation. A la troisième voiture, c’est Silja qui me prend à ses côtés, à bord de son bolide gris cailloux, se fondant parfaitement dans le paysage. On longe un lac, il correspond aux images que j’ai regardées avant mon départ mais avec le sifflement du vent en abondance, le clapotis de l’eau et le grésillement du sable fin. Silja habite à Neiden, à seulement quelques kilomètres de Kirkenes. C’est une ville un peu particulière car elle se compose en fait de deux villages, séparés par une frontière entre la Norvège et La Finlande. D’un côté il y a la municipalité d’Inari, en Finlande et de l’autre, il s’agit de la municipalité de Sør-Varanger, dans le comté de Troms og Finnmark, en Norvège. 

Amoureuse de sa région et de sa ville, elle me fait visiter. Nous passons au dessus d’une rivière agitée et poissonneuse, plusieurs voitures y sont garées, des pêcheurs. Ils viennent pour le saumon, le début de la saison de la pêche démarre ce soir à minuit. Il est 20h15. 

Le littoral de la Norvège mesure plus de 101 388 kilomètres, ce qui, selon le National Géographic, correspond à faire deux fois et demi le tour du monde en ligne droite. La mer et la pêche ont toujours accompagné le quotidien des Norvégiens. Il existe d’ailleurs « le championnat du monde de pêche au cabillaud » qui se déroule tous les ans dans les Lofoten dans le courant de Mars. Dans les terres, le pays est recouvert de milliers de lacs, de rivières et de cours d’eau. Il existe un grand nombre de techniques pour pêcher. Pour Silja, sa technique préférée est la pêche à la ligne. 

Je marche maintenant à ses côtés. Sa grande tante nous fait signe de la main ; au fond du jardin un chien aboie. Elle m’invite à rentrer ; ce soir c’est saumon de la rivière et pommes de terre.

 

 

Elina Boisson aka Jaidupaindansmonsac 

12 juillet 2020 1 commentaire
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Tribune

Cap ou pas cap ? !

par un contributeur 8 juillet 2020
écrit par un contributeur

 

“Un texte vit grâce à ses lecteurs”. C’est à la faveur de cette petite phrase des plus innocentes que je me retrouve face à vous, en cette soirée orageuse, avec la chaleur tropicale et écrasante d’un mois de mai dans le Delta du Mékong au Vietnam, à écrire. Enfin grâce … parfois je me dis à cause ! Tout ça parce que, pour une fois, j’ai osé dire ce que je pensais sincèrement, j’ai osé dépasser cette petite voix au fond de moi qui me disait habituellement : “Es-tu vraiment sûre de vouloir exprimer ou faire ça ? Es-tu sûre que ce n’est pas stupide ? Es-tu sûre que ça en vaut la peine ? Es-tu sûre que ça va les intéresser ? Es-tu sûre que”. Je pourrais vous faire une liste longue comme le Code Civil qui hantait mes nuits étudiantes ! Mais bon, je ne voudrais pas vous donner l’impression que je vous prends de haut, je suis sûre que vous avez compris. 

 

 

Vous allez vous dire que j’ai été audacieuse, que je me suis engagée dans une cause considérable, un combat emblématique ! Même pas… J’ai tout banalement complimenté l’auteur d’un article. Un commentaire pour un grand journaliste ? Une analyse poussée d’un écrivain de renom ? Non, un simple retour de lecture, un simple besoin de partager mon ressenti, ce que ses mots avaient pu provoquer en moi. Mon but ? L’excitation d’écrire à un quasi inconnu ? Peut être. L’encourager à continuer à ’écrire ? Qui sait. L’envie de connaître un peu plus qui se cachait derrière ce texte ? Sans doute. Pour être franche, je n’en avait pas la moindre idée ! Pour tout vous dire: je ne regrette pas d’être sortie des sentiers battus. Jeune milléniale que je suis, de ne pas avoir cédé à la tentation de double cliquer sur mon smartphone 2.0 pour mettre un simple jaime. D’avoir tout bonnement partagé son article dans ma enième story Instagram. Où même pire, d’avoir remis à plus tard – comme ma génération Y et moi même savons si bien le faire – ce partage de lecture. 

Non, cette fois j’ai fais le grand saut, enfin plutôt le petit, car le grand saut c’est là, maintenant, tout de suite, que je le réalise en écrivant ces quelques lignes. Pardon, je m’éparpille. Pour ma défense, ce n’est pas dans mes habitudes d’écrire. Enfin, plutôt d’écrire pour publier. Revenons à nos moutons ou plus exactement à nos sauts ! Retournons à ce petit saut, ce petit pas pour l’humanité et ce grand pas pour moi même. 

 

 

Recommençons du début. C’est vous dire à quel point je me suis éparpillée ! “Un texte vit grâce à ses lecteurs”. Cette phrase m’a fait un petit électrochoc. Elle était pourtant sortie un peu de nul part. Mais pas de n’importe qui. De l’auteur même que j’avais complimenté en amont sur son article. Nous étions en plein débat sur la question de l’écriture. Suite à ma critique positive sur son texte, il m’avait piégé en me demandant si j’écrivais. Vaste question, vaste réponse. 

Amoureuse de lecture que je suis, je ne pouvais me définir comme quelqu’un qui écrit. J’ai bien couché sur le papier quelques pensées, tenté quelques carnets de bord lors de mes différents séjours à l’étranger. Mon côté romantique m’a également fait écrire quelques lettres d’amour. Mais ai-je vraiment écrit ? Après quelques échanges sur cette question infinie de l’écriture, après quelques tournures de phrases plutôt bien faites pour essayer de lui prouver que l’écriture selon moi perdrait toute sa pureté dès lors qu’elle est conçue dans le but d’être publiée, en tâchant de lui faire croire que l’auteur pouvait être lui même le lecteur, j’étais moi même à court d’arguments.  

Ma petite voix était de retour. Sa phrase me revenait sans cesse à l’esprit : “Un texte vit grâce à ses lecteurs”. Elle sonnait dans ma tête comme un “Cap ou pas cap”. Vous savez cette fourberie popularisée par le film Jeux d’enfants avec Marion Cotillard et Guillaume Canet. De leur plus tendre enfance jusqu’à leur mort, ils se lancent des défis à l’aide d’une boîte en métal. Celui qui détient la boîte est le maître du jeu et peut lancer n’importe quel défi, conclu par le fameux “Cap ou pas cap”. Une fois le défi relevé, la boîte était transmise à l’autre et les rôles inversés. 

Alors sa phrase, pour moi, c’était un peu ma boîte en métal. Vous allez me dire “et le Cap ou pas cap, il est où dans ta jolie métaphore ?” Le “Cap ou pas cap” c’était ma petite voix, avec toutes mes questions, mes peurs, mes interrogations… Vous savez, mon Code Civil du début ! L’auteur de l’article m’avait transmis la boite en métal, et je m’étais donnée le “Cap ou pas cap” moi-même. 

 

 

Et voilà, cher lecteur, nous nous rencontrons. Nous voilà aujourd’hui, vous et moi, à faire vivre ce texte. Parce que n’oublions pas qu’”un texte vit grâce à ses lecteurs.”

 Mon prochain saut ? Il est déjà en préparation. Recommencer cet exercice d’écriture, mais avec un sujet donné, avec un cadre peut-être ? Allez, vous pouvez le dire, j’ai été un peu brouillon ! Mais j’ai fais le grand saut. On a fait le grand saut. Auteur et lecteur, ensemble. Alors, on recommence ? “Cap ou pas cap” !

Daphné Fradin 

8 juillet 2020 4 commentaires
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Tribune

Voyage en Questionnie

par un contributeur 28 juin 2020
écrit par un contributeur

 

A l’occasion du confinement lié au Covid 19, j’ai pu me rendre en Questionnie, le pays des Questions qui ne se posent pas.

Je n’avais jamais eu l’opportunité de visiter ce pays. Il est réservé aux esprits confinés qui veulent s’évader.

Je suis plutôt le genre de mec à poser les questions qu’on pose, par exemple « comment vas-tu ? » ou juste « ça va ? ». Tous les jours, je pose les mêmes questions : celles qu’on m’a apprises à l’école. J’ai bien appris et je les pose très bien. I can even ask them in english : « how are you ? ».

Un jour que je me baladais dans ma ville confinée, attestation remplie dans ma poche, je me suis arrêté devant la vitrine d’un voyagiste. Parmis les livres qu’il proposait, une destination nouvelle attira mon attention : « Vivre sans… » de Frédéric Lordon publié par La Fabrique. Le billet valait une blinde, mais le départ était immédiat.

Le billet acheté, une belle hôtesse brune masquée de papier, me précisa : « .ien..enue à .ord .e  .et. a.ion ». Voyant que je n’avais rien compris, elle me répéta son propos démasquée : « Bienvenue à bord de cet avion de la Lordon Airways. Veuillez-vous installer, nous allons décoller ». Elle me prévint que : « le premier tiers du voyage est turbulent, on y croise de grands mots savants, organisés d’une manière étrange. Ne vous inquiétez, ils sont là pour dissuader certains esprits, n’hésitez pas à utiliser l’avance rapide. Les mots que vous rencontrerez pendant le reste du voyage sont plus facile d’accès.»

 

30 Prairial an -1

La première question que je ne m’étais jamais posé m’est tombée dessus comme ça :

Va-t-il rester quelque chose de l’État français à la fin du repas financier ?

Je ne connais pas de financier. Mais si j’avais été éduqué en financier, dressé à dénicher le moindre profit, je n’aurais pas arrêté mon travail avant d’avoir retourné le dernier bout d’État pour me saisir de chaque miette de bénéfice. Si j’étais un financier, j’aurais mangé l’État en entier.

Heureusement, je ne suis qu’un fabricant de produits de papier et de mots.

L’État français dévoré par la Finance, que deviendrait la Nation française ? Serait-il possible de la considérer comme une Nation libérée de son État ? Une Nation Libre d’État?

Je me suis souvenu d’un voyage lexical que j’avais fait il y a quelques années. J’avais rencontré un petit bonhomme amérindien du nom de Ishi. Il était un membre de la tribu Yana, en Amérique du Nord. C’est dans ce livre que j’avais la première fois découvert l’idée de Nation libre. La perspective de voir la Nation française s’éteindre de la même manière que la Yana Nation n’était pas assez plaisante pour faire partie de mes possibles. Il devait forcément y avoir une réponse à la hauteur de la Nation française.

Dans son Dictionnaire Manuel de Diplomatie et de droit international Public et Privé, Carlos Calvo, parle d’une « association politique » comme élément essentiel de l’État. Je ne sais pas vous, mais je suis gavé de la cuisine politicienne.

Est-ce qu’une « association démocratique » pourrait se substituer à « l’association politique » de l’État ?

Quelle serait la différence entre l’une et l’autre ? Je n’ai pas trouvé de réponse sur Google, alors j’ai dû en imaginer une.

La différence entre la politique et la démocratie pourrait être le mode de désignation des représentants. Les politiciens sont élus (élection), tandis que les démocraticiens sont tirés au sort (sortition).

Aussi rassurante que cette réponse puisse être, je me suis retrouvé devant une autre question.

 

 

1er floréal an -1.

Pourquoi les mots démocraticiens et sortition n’existent pas ?

Le mot sortition existe en anglais depuis longtemps déjà, mais pas en français.

 

 

Quant au mot démocraticien, il n’existe ni en français, ni en Anglais (democratician).

« Pourquoi le mot démocraticien n’existe pas ? » me suis-je demandé. Et comme je n’avais pas de réponse, je me suis adressé à l’administration en charge des mots : l’Académie française.

L’Académie française est l’administration en charge de la naturalisation des mots « sans-papier ». Je me suis saisi du formulaire B45EF789, qui correspond à la demande d’asile réglementaire pour un mot réfugié.

La bureaucratie lexicale m’a répondu : « Comme vous l’indiquez, de ces locutions dérive naturellement la locution nominale pour désigner des personnes : “les tirés au sort” ou “les personnes tirées au sort”, “tiré au sort” comptant une syllabe de moins que votre proposition “démocraticien”. A-t-on besoin de nouveaux mots ? C’est la question que devra se poser le groupe d’experts avant de commencer tout travail terminologique. À bientôt sur FranceTerme. »

Je saurais la prochaine fois que c’est le nombre de syllabe qui détermine la capacité à obtenir un certificat de naturalisation lexical.

Cette aventure administrative m’a permis de prendre connaissance d’un métier que je ne connaissais pas : terminologue. Rien à voir avec Terminator. Un terminologue vient du passé et donne la capacité à des mots d’exister, ou pas.

Combien de mots attendent patiemment un permis de circuler dans les têtes françaises ? Qu’est-ce que deviendrait ces têtes si elles disposaient de ces mots ?

J’en suis là. Je n’ai pas encore de réponses à ces questions, le voyage en Questionnie continue.

 Julien Biri

 

Découvrez

  • le dernier livre de l’auteur  : https://www.amazon.fr/dp/1677989343
  • Son site internet : https://www.petite-fabrique.fr/

 

28 juin 2020 3 commentaires
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ArtTribune

La fin justifie les moyens

par un contributeur 17 juin 2020
écrit par un contributeur

 

Avant de commencer mon récit, j’ai fait quelques recherches. En effet, je voulais retrouver une citation de Bob Marley comparant son plaisir de fumer aux voyages. Cela devrait donner quelque chose comme : « Je fume car je n’ai pas assez d’argent pour voyager. Fumer me permet alors d’explorer mon imaginaire ». N’ayant jamais retrouvé cette citation et ne sachant ni quand ni où je l’ai découverte, je vous propose de ne pas vous y fier. J’ai écrit ici cette citation comme je l’imaginais et il est fort probable, d’une part, qu’elle ne soit pas de Bob Marley et d’autre part, qu’elle n’existe pas du tout. C’est une hypothèse. 

Vous devez vous demander : “mais pourquoi parler d’une vraie fausse citation inexacte qui n’est probablement pas de Bob Marley ?” Ne voyageant pas, je dois créer ma propre aventure et à travers cette fameuse citation, on comprend que Bob Marley voyage grâce aux effets du cannabis.

Moi, je voyage grâce à la musique. C’est un voyage philosophique et peut-être un peu spirituel aussi… 

Maintenant que mon introduction est faite, laissez-moi vous présenter ma dernière production musicale. Dans le jargon des Disques Jockeys, on parle d’une “sortie”. Cette phrase peut paraître très prétentieuse mais elle ne représente finalement pas grand chose dans ce récit.

 

Comme un lundi 

Ce lundi 20 janvier 2020 marque la finalité d’un projet commencé il y a un an : Carla. En effet,  Carla  a vu le jour début 2019, inspiré de Boasty, une oeuvre populaire de Wiley avec Sean Paul, Idris Elba et Stefflon Don. Un son reggaeton summer 2019 avec une piscine à débordement et du monde au balcon. Avec le recul, je constate que mon inspiration a un dérivé car Carla est aujourd’hui une oeuvre de House Music, bien loin du “coupé – décalé”. C’est signé chez Unusual Records, un label Lyonnais, avec sept autres versions de sept compositeurs différents.

 “Carla” n’est pas seulement un nom donné à une musique, c’est une longue réflexion sur la signification de l’oeuvre. Carla Moreau ? Carla Bruni ? Pourquoi Clara ?  Et bien c’est un joli prénom, teinté de plusieurs nuances et sonorités. C’est un mélange de douceur à l’écoute comme à la lecture. Carla est une ode à la sensualité. C’est d’ailleurs ce que j’ai voulu représenter. De beaux accords progressifs repris sur plusieurs sonorités différentes. Un rythme ni trop lent, ni trop rapide, à 120 BPM (battements par minute). Il était important de commencer par un accord dans l’introduction. Il fallait bien qu’il y en ai un ou deux. Cet accord est la base de tout le morceau, il démarre seul, accompagné d’un rythme, avant de s’éteindre au bout d’une minute trente pour laisser place à d’autres sonorités qui expriment quelque chose de plus dansant.

 

The Kln est dans le club

On peut imaginer que cette minute trente représente une personne prête à entrer dans un lieu chaleureux. A la suite, il y verrait une foule, heureuse, libre et parmi cette foule se dégagerait une certaine légèreté collective teintée d’un brin d’excitation. En effet, cet individu n’est pas ici par hasard, il recherche quelque chose ou quelqu’un. Son bonheur est dans cette pièce et il le sait. Alors il cherche, danse sur ce qu’il ressent et non ce qu’il entend. Les basses et le rythme incessants de cette musique, pourtant très calme, l’empêchent de s’arrêter. Il n’y a pas fait attention mais il croit entendre une voix. 

Cette voix, notre personnage ne sait pas depuis combien de temps il l’entend mais il en est sûr, cette voix lui parle. Seulement il n’arrive pas à comprendre ce qu’elle lui dit. L’énergie positive de la foule autour de lui l’empêche de réellement capter le son de la voix jusqu’à ce que, vers quatre minutes quarante, les harmonies des différentes sonorités s’amplifient et deviennent de plus en plus grandes, de plus en plus puissantes. Il le sait, c’est le moment. Une minute plus tard, la tension arrive à son apogée quand le rythme est relancé. A cet instant, il aperçoit parmi les spectres rouges et bleus des lumières de la piste une ombre, une ombre fine, délicate. Cette ombre danse au ralenti sur la musique. Son coeur s’accélère, prêt à exploser, il retient son souffle. « La voix que j’ai entendu pourrait-elle venir de cette silhouette ? ». Alors il s’élance et fend la foule qui danse sans répit. Il lui reste très peu de temps pour l’atteindre, la musique est bientôt terminée et il faut en profiter tant que son esprit est envouté par l’ensemble de l’environnement qui l’entoure. Plus il se rapproche et plus les battements de son coeur s’accélèrent. La tension est insoutenable. Que va-t-il découvrir ? Ou plutôt qui va-t-il découvrir ?

 

 

Volontairement, je ne raconterai pas la fin de cette histoire, et cela pour deux raisons :

Premièrement, il vous faudra écouter la musique pour imaginer la fin. Vous savez, pour un artiste comme moi, encore trop peu connu, il est difficile de se faire un public. Ce texte non terminé me permettra donc – ma logique est imparable – d’avoir des streams voir des likes en plus. Je vous en remercie d’avance. 

Deuxièmement, parce que je préfère vous voir imaginer un million de fins différentes à cette histoire, car aucune ne sera semblable à l’autre. C’est plutôt intéressant comme concept, non ?

 

Au fait, Bob Marley disait – et pour le coup cette citation est vraie – « La musique peut rendre les hommes libres ».

 

Philippe Klein 

Et pour en découvrir plus sur l’artiste : 

  • son Instagram     
  • Son Spotify :  Carla (Original Mix)                          

17 juin 2020 1 commentaire
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ArtTribune

Mot d’une peintre en dilettante

par un contributeur 3 juin 2020
écrit par un contributeur

 

L’homme est détenteur d’un moyen de communication très pointu : le langage. Exprimer ses pensées, ses émotions et ses désirs avec des mots, quoi de plus complet ? Pourtant, je vous invite ici à vous essayer à une technique d’expression tout aussi parlante. Une porte de l’âme qui vous aidera peut-être à mieux vous connaître ou vous aidera au moins à vous vider la tête ne serait-ce qu’un instant. 

 

Peindre avec les yeux

Si vous souhaitez vous mettre à la peinture, j’espère que ces quelques mots vous inspireront.

Peindre à partir d’un modèle est à la portée de tous. Prenez une toile ou une feuille et de la peinture ─la première marque d’acrylique trouvée au supermarché suffit─ et peignez ce que vous voyez.

Tracez sur la toile les contours au crayon à papier, ou de couleur pour que cela se voit moins. Pour que vos proportions correspondent à celles du modèle, utilisez des formes géométriques pour tracer le contour de la forme générale, puis prenez un premier repère et construisez votre croquis autour de celui-ci (Je commence par l’oreille et je regarde où sont placés les yeux par rapport à cette oreille, puis où est la bouche par rapport aux yeux, etc…). Il y a également une technique qui consiste à tracer un quadrillage sur le modèle, puis à reproduire cette grille sur votre toile et vous y retrouver à partir de ce repère. Pour éviter des erreurs de proportions, il est bon de peintre sur un chevalet plutôt que sur une surface à plat devant vous, car selon l’endroit où se situe vos yeux par rapport à votre toile, vos proportions peuvent s’avérer erronées une fois vues d’un autre angle. Le système D de la toile scotchée au mur est une bonne alternative au chevalet si vous n’avez pas peur de tâcher ledit mur.

Passez ensuite la première couche. Il faut commencer par les teintes les moins foncées. Si vous peignez un humain de peau claire, la couleur chair s’obtient à partir de rouge magenta, jaune primaire, blanc et un tout petit peu de bleu. Jouez avec ces couleurs jusqu’à atteindre la teinte voulue. Bien sûr, n’importe quelle autre couleur peut être appliquée aux différentes parties de la peinture, l’important sont les proportions, la forme dessinée et les contrastes entre clair et foncé. Remplissez les contours tracés au crayon avec cette couleur.

Ajoutez ensuite les ombres, une par une, des plus légères aux plus marquées. Lorsqu’on peint à l’acrylique, pour rendre une teinte plus claire, il faut y ajouter du blanc, pour la rendre plus foncée, il faut rajouter les couleurs primaires avec lesquelles vous avez obtenu cette teinte ou acheter une couleur primaire plus foncée. Attention, ne pas utiliser de noir. Ajoutez ensuite plus de détails toujours en fonction de ce que vous voyez. Prenez du recul à chaque étape pour vous assurer que les mailles de votre peinture sont à peu près au bon endroit.

Gardez en tête que l’important n’est pas que le résultat final soit identique au modèle. Comme son nom l’indique, ce n’est qu’une inspiration. Maintenant, puisque c’est à présent votre œuvre, vous pouvez y ajouter ce que vous souhaitez. Une baleine flottant dans le ciel, des cheveux bleus, un bijou, un château… ou rien.

Je ne suis pas élève en art, je n’ai même jamais pris de cours, donc je ne saurais vraiment vous conseiller sur le matériel idéal. Mais d’expérience, il est bon d’avoir au moins quatre pinceaux : un large, rond ou carré pour le fond, un moyen pour les aplats de couleur, un un peu plus fin et un encore plus fin pour les détails précis. Le bout carré est agréable car il peut être utilisé pour des traits de deux tailles différentes. Des brosses bon marché se trouvent facilement, pas besoin de haute qualité, l’important c’est d’en prendre soin, c’est-à-dire les rincer après chaque utilisation et les faire sécher soit à plat, soit debout dans un pot, la tête en haut. Pareil pour la peinture, essayez-en plusieurs pour trouver votre texture préférée. Je recommande d’acheter d’abords les couleurs primaires : bleu, jaune, rouge, noir et beaucoup de blanc.

Pour ce qui est du type de peinture, j’utilise principalement l’acrylique car j’aime les couleurs vives, c’est une des plus simple à utiliser. L’aquarelle est un bon outil pour obtenir des dégradés plus élaborés et divers, la gouache couvre bien et peut être utilisée sur beaucoup de surfaces et la peinture à l’huile donne un côté 3D à votre oeuvre, pour autant que vous soyez patient, car elle sèche très lentement.

 

Peindre avec l’esprit

Peindre quelque chose de réaliste sans modèle visuel, en revanche, est bien plus compliqué et cela requiert de la technique et une certaine connaissance des proportions, un travail en fait très mathématique. Souvent, même les œuvres des plus grands peintres ne sont que des patchworks de références. Si vous souhaitez vous lancer dans le dessin sans modèle, je vous conseille soit de faire fi du réalisme, soit d’acheter un livre de dessin ou de trouver des cours sur internet qui expliquent la logique des proportions. Ou, si vous avez du temps et souhaitez imiter les grands maîtres, observez votre entourage et tentez de trouver ces règles du dessin par vous-même. 

 

L’âme d’artiste, un sixième sens

Je préciserai ici que  tout artiste a des références même non-visuelles, l’imagination ne naît que de l’expérience, de choses déjà vues, de concepts déjà imaginés, juste détachés de leur contexte d’origine et rattachés à un autre. Les activités artistiques font travailler l’imagination et en les pratiquant vous vous rendrez vite compte que personne ne peut faire le travail de Dieu, personne ne peut comme lui, créer à partir du néant. Que ce soit dans la peinture, la littérature ou la musique, les œuvres ne sont que des chimères de la réalité. Les sirènes ne sont qu’un des produits de ce que l’imagination construit à partir d’un humain et d’un poisson. Un pégase naît de cette obsession qu’ont les hommes à ajouter des ailes à tout ce qui bouge. Certains expérimentent et découvrent des couleurs, mais personne n’en invente. Tous les scénarios finissent inévitablement par se répéter dans d’autres oeuvres, tout comme les mélodies. L’imagination repousse les limites de la réalité, certes, mais ne les fait pas disparaître.

Sur cette note je vous pousse donc à explorer la réalité, ainsi, c’est les limites de votre imagination que vous repousserez. 

Marie, what about you?

En ce qui me concerne, je ne peins pour l’instant que des visages à partir de modèles photo. Des visages que je connais bien ou ceux d’inconnus. J’ai essayé, mais peindre autre chose m’ennuie. Si je dois passer une demi-heure ou même plusieurs heures sur une œuvre, je veux ressentir quelque chose en la voyant, je veux que ce qui en ressorte m’appartienne. Et lorsque je peins des visages, même à partir de photos, l’œuvre qui en résulte est toujours une toute autre personne de celle prise pour modèle. Alors que je ne fais que peindre ce que je vois, détail par détail, mes mains n’arrivent jamais à saisir ce qui fait la spécificité de ces visages. Même si elles sont —je suis fière de le dire— proches de leur modèle, mes peintures ne dégagent jamais le même sentiment que celui souhaité. Mais en fin de compte, j’aime ce pouvoir magique qui me réserve toujours de belles surprises.

Je ne vis pas de mes peintures, je ne m’impose donc pas de peindre régulièrement, ce qui ne veut pas dire que je ne prévoit pas mes séances. L’envie de peindre survient généralement sans prévenir ─le modèle n’est choisit qu’une fois devant mon canevas vierge─. Une petite peinture, inférieure aux dimensions d’une feuille A4 peut ne me prendre qu’un quart-d’heure, mais une A3 peut prendre jusqu’à deux heures voire trois. Connaissant mes habitudes, je dois alors me réserver au moins une demi-journée ou une soirée pour peindre, étant donné que je ne reviens jamais sur une toile commencée et que je dois donc finir ma peinture en une fois, ou elle ne sera jamais achevée. Cela implique donc que je ne peins pas sur plusieurs jours. Je ne vous conseille pas d’imiter cette façon de faire, il peut être bon d’étaler une séance de peinture dans le temps, car la vision qu’on a de sa toile peut alors évoluer et la peinture peut en ressortir encore meilleure et plus élaborée. 

Je peins généralement par terre ─ ce qui contredit les conseils donnés plus haut et fait plutôt mal au dos ─, c’est le plus rapide à installer et j’accède plus facilement à mes outils. La lumière naturelle est ma préférée, mais si la peinture s’éternise et que la luminosité diminue, je me contente d’une lampe, quitte à voir mes couleurs changer complètement une fois de retour à la lumière du jour. Peindre est un moment spécial pour moi. Je choisis généralement un fond sonore (musique ou film) et il n’y a plus alors que ma peinture et moi. Toujours les même étapes : le moment stressant face au vide du support vierge, la satisfaction des premiers coups de pinceaux, les contours du visage qui apparaissent, la concentration intense lors des derniers détails et enfin, les dernières ombres appliquées sans réfléchir sous l’oeil ou au bout du nez et la conclusion —si le résultat final me plaît ou pas—. Je vais ensuite fièrement la montrer à mon entourage et la fierté ainsi absorbée, je vais la ranger avec mes autres oeuvres dans un placard. Pour moi, plus que l’oeuvre, le sentiment découlant de ce petit exercice est tout ce qui compte. 

 

Marie-Elisa Biays 

3 juin 2020 0 commentaire
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Tribune

Les disparus du RER A

par un contributeur 9 mai 2020
écrit par un contributeur

 

Préambule

Le texte que vous avez sous les yeux est un extrait de l’ouvrage intitulé : La fabuleuse histoire des Flyings Dolphins, livre de rétro-anticipation paru en 2052, dans lequel on pouvait lire en quatrième de couverture la phrase du rétro-archéologue Paul Eluard : « Le poète se souvient de l’avenir. »

La fabuleuse histoire des Flyings Dolphins raconte, comme son nom l’indique, l’histoire fabuleuse des Flyings Dolphins. Voici une brève description des Flyings Dolphins telle qu’elle parut en 2041 sur la page Wikipédia du même nom : “or les flyings Dolphins avaient la particularité de pouvoir se métamorphoser. lls pouvaient adopter une apparence humaine, à peu de chose près telle que nous la connaissons aujourd’hui en 2020 ou adopter l’apparence d’un être hybride, une sorte de dauphin avec des ailes et à longues pattes très fines, ainsi qu’une gouverne de direction arrière. Sous cette forme, ils pouvaient aussi bien voler sur terre que nager dans l’air ou marcher dans l’eau et réciproquement, ce qui était éminemment pratique et évidemment très amusant. Sous leur forme humaine, ils portaient tous des vêtements singulièrement différents, très bien ajustés, dans des tissus de grande qualité et de couleurs très vives qui sautaient littéralement aux yeux. Les Flyings Dolphins étaient particulièrement drôles et avaient pour mission d’insinuer la joie et la liberté dans les replis interstitiels de la réalité.”

 

Eléments de linguistique préparatoires et complémentaires

Cérémonie de fin d’études

 

Les rangs des flying Dolphins, (qui n’en étaient pas ; car il n’y avait pas à proprement parlé de rang chez les Flying Dolphins. Pas de rangs d’oignons, ni de rangs de chaises bien ordonnées, pas de rang ni de ranking, de classements internationaux des meilleurs business schools ; ces notions avaient été balayées d’un grand rire libérateur. On préférait à la notion de rang, celle du placement juste, le rakoon, l’art de se trouver à la bonne place au bon moment. Si les chaises devaient pour cela être alignées, on les alignait mais on ne parlait pas de rang. Il n’y avait pas à se mettre dans le rang. Il y avait à veiller à son rakoon.). Notez combien notre langage structure notre pensée et combien il est important de modifier le langage à mesure que la réalité évolue. Ou peut-être même le langage précède-il la transformation du réel. Ou plus exactement : peut-être  le langage est-il un élément précurseur de la transformation du réel. 

 

Scène 1 – La défense, 134ème étage, bureau 47B. 

La Défense

 

Je recommence. Le nombre de Flying Dolphins connut une recrudescence soudaine et significative  durant l’épisode présenté sous le nom des “disparus du RER A”. Le 16 février 2017 fut enregistré dans les registres informatiques de l’ensemble des tours de la Défense un taux d’absentéisme record et spontané : 

– Isabelle n’est pas là ce matin ? 

– Non.

– Elle a prévenu.

– Je crois pas.

 – Ca ne lui ressemble pas. Vous avez essayé de la joindre sur son portable.

– Pas encore.

(Elle compose son numéro)

– Appelez-là.

– Messagerie. 

– Laissez un message. 

– Allo Isabelle, c’est Christine. Je t’appelle parce que… tu n’es pas au bureau. Je voulais savoir si tout allait bien. Merci de nous tenir au courant. Voilà. Je lui ai laissé un message.

– Merci. Bon tenez moi au courant. 

Où  était Isabelle ? Et où étaient ces 3652 salariés qui ne s’étaient pas présentés au bureau ce matin ? Car ils étaient 3652. L’histoire va nous le dire.

 

We don’t all live in a yellow RER

Ce matin du 16 février, comme à son habitude, le quai du RER A était archi-bondé. La voix délicate d’une prestataire de service à bout de nerf susurrait dans les hauts parleurs saturés le doux refrain des usagers : « veuillez ne pas gêner la fermeture des portes, veuillez ne pas gêner la fermeture des portes s’il vous plaît. Merci de vous avancer dans les wagons. »

Isabelle, cadre dynamique dans une entreprise de matériel de nettoyage BtoB, qui n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, tenait bon. Lorsque le train ZAKU fit irruption à la station Les Halles, elle était fermement résolue à y trouver une place bon gré mal gré. Elle se plaça à l’endroit stratégiquement stratégique – elle avait eu le temps de l’étudier depuis 10 ans qu’elle empruntait quotidiennement ce trajet – devant lequel la porte du train devait normalement s’ouvrir. Elle tenait son livre électronique en main pour ne pas perdre de temps sur la lecture quotidienne de son roman de management appliqué, et  son sac à mains placé de manière aérodynamique le long de son corps pour éviter tout accrochage à la montée. Le train approchait. Tout était en ordre. Il ne devait pas y avoir de surprise. Ce Zaku, elle l’aurait. Rien ne pourrait l’en empêcher. 

Le train s’arrêta. Le clignotant s’alluma. Le  flot d’usagers du train se déversa sur le quai. Dans 5 secondes, ce serait à elle. Elle était en première position sur le quai. Elle aurait  ses trente centimètres carré d’espace vital pour rejoindre la Défense, et peut-être même une place assise à l’étage avec un peu de chance car elle se faufilerait vite dans l’escalier ; c’était SON plaisir du matin de monter à l’étage, ca avait un côté exceptionnel, peut être un côté un peu bus anglais à deux étages, une sorte d’exotisme, enfin quelque chose… et elle aurait peut être sa place ce matin à l’étage du Rer Zaku… 3, 2, 1. Faux départ. Isabelle vacilla. Son pied glissa sur la bande de sécurité en braille. Sa cheville dévissa. Elle eut mal. Elle contient un petit cri. Elle était déjà prête à remonter sur la piste malgré une entorse naissante. Mais il était déjà trop tard. Ses concurrents ne lui donneraient pas une deuxième chance. Ca y est, elle était en train de se faire passer devant par une meute de cadres enragés. 

 

FAILLE SISMIQUE

DANS LE SYSTÈME NEURONAL

FAILLITE DES MÉCANISMES DE 

CONTRÔLE

 

Faille

 

FAILLITE FAILLITE FAILLITE DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL.

Let it be, ô let it be

Partition des beatles

 

Et soudain l’envie de lutter l’abandonna. En un instant, l’idée de se battre pour entrer dans ce Rer lui parut absurde. Grotesque. Et la métaphore fila et l’absurdité se répandit comme une traînée de poudre en elle.  L’idée d’aller travailler ce matin lui parut absurde. L’idée de retourner au bureau le lendemain lui parut absurde et il ne fallut pas plus de 10 millisecondes pour que l’idée même d’aller retravailler un jour dans sa tour à la Défense lui paraisse désormais absurde. 

– Pourquoi est ce que je fais ce que je fais  ? La question fusa depuis la zone reptilienne de son cerveau et vint mitrailler les parois du cortex et du néo-cortex.  Alerte maximale : cette idée ne devait jamais remonter la surface du conscient.  Jamais. 

– C’est trop dangereux Général ! Elle est en train de péter un plomb !
Nom d’une pipe en bambou recyclé,  faites quelque chose bande d’incapables. Arrêtez l’hémorragie ou elle va nous claquer entre les doigts. »

Bip Bip Bip

– Qu’est ce qui se passe ? 

– On a perdu son signalement sur le radar. Nous sommes foutus Général… 

Le train Zaku s’éloigna. La fournée d’usagers suivante s’amassait déjà sur le quai. Isabelle rassembla les quelques forces qui lui restaient pour s’écarter de la bordure du quai et se replia sur les bancs de la station. Elle s’assit un instant. Prit une respiration. Jeta un œil sur son livre électronique. Elle lut le titre du chapitre 12 : les métiers du chiffre 2.0. De plus en plus experts, de moins en moins comptables, et résolument numériques ! Elle eut un haut le cœur et vomit.  

 

I am free, like a river…

 

Jusqu’à présent, le vomi était pour elle  l’expression même de la crasse humaine. De la souillure émotionnelle. A bien y réfléchir, si elle s’était lancée dans cette carrière dans les produits de nettoyage pour collectivités, c’était sans nul doute à cause de l’expérience terrestre du vomi. La dernière fois qu’elle avait vomi, elle avait 11 ans, et elle s’était promis de ne jamais se souvenir de ce jour, et surtout de ne jamais plus vomir pour ne plus jamais se souvenir de ce jour. Tout devait être nickel et elle vendrait tous les produits de nettoyage nécessaires pour que ça le soit ; et maintenant elle se trouvait nez à nez avec sa bile étalée au grand jour. Qu’allait il se passer ? 

Etonnamment elle n’eut pas de réaction de rejet. Au contraire même, Isabelle s’abandonna à la curiosité et plongea dans une profonde méditation au dessus de la mare d’acides gastriques. L’odeur ne la gênait pas. Elle lui était plutôt agréable. Elle ne ressentit aucun sentiment de honte non plus. Elle était en apesanteur et quand finalement elle releva la tête, personne n’avait encore pris cas de son malaise, elle se retourna vers son voisin, la bouche toute cernée de bile et s’écria dans un grand sourire :

JE SUIS LIBRE.

L’homme fit une moue dégoûtée. S’écarta un peu, ce qui n’eut pas l’effet de décourager Isabelle au contraire. Elle se leva et reprit d’une voix toujours plus forte : Je suis libre. Je suis libre. Je suis libre…

Car elle se sentait profondément libre. L’allégresse d’Isabelle était telle qu’elle aimanta une troupe de Flying Dolphins qui ,franchirent la paroi d’un écran vidéo  publicitaire. Bien qu’elle n’en eût jamais vu de manière consciente, Isabelle reconnut les Flying Dolphins immédiatement – car la plupart des humains connaissent les FLying Dolphins de toute éternité et quand ils croient les rencontrer pour la première fois, en réalité, ils ne font que se souvenir de leur existence. 

– Je suis libre, leur dit-elle en laissant éclater sa joie.

– Félicitations, répondirent en chœur les Flying Dolphins. Ils étaient une dizaine. Chantons.

– Isabelle entonna une chanson de circonstance : I am free, like a river…de Stevie Wonder.

– Et les Flying Dolphins reprirent de plus belle.

Les usagers commencèrent à prêter attention à Isabelle. Ils ne voyaient pas encore les FLying Dolphins, mais ils furent bientôt subjugués par la joie qui émanait de cette femme. Un champ de sourires éclot sur les visages des femmes et des hommes qui croisaient son passage. 

Isabelle se mit en marche, remonta les escaliers roulants en chantant I am free, et un cortège de femmes et d’hommes s’agrégea derrière elle. Ils n’iraient pas au travail ce matin. Ni les jours d’après. Ils pouvaient à présent détecter la présence des Flying Dolphins. Ils étaient 3652 et la Défense n’eut plus jamais de nouvelle d’eux. Ils étaient les disparus du RER A.

 

La défense, 134ème étage, bureau 47B

– Vous croyez qu’elle va revenir Isabelle.

– Mais oui…

– Ca fait combien de temps qu’elle est partie ?

– 2 ans, 245 jours, 13 heures et 16 minutes.

– Ah quand même.

(Une autre femme entre, c’est Jeanne)

– Christine, y a une carte d’Isabelle au courrier.

– Donnez-moi ça. Chères toutes et tous, je suis heureuse et libre. Je vis à l’ère des rêves en compagnie des Flying Dolphins, je vous aime. Prenez soin de vous. Soyez libres.

– Je crois qu’elle reviendra pas…

– Ne dites pas ça Virginie. Voyons. Un jour on lui manquera et elle…reviendra.

 – Christine Je vais y Aller.

– Oui vous avez raison reprenons le travail. 

– Non, non mais je… je vais rejoindre Isabelle.

– Comment…

 – Je suis libre.

– Non Jeanne non pas vous.

– Moi aussi Christine, j’y vais.

(Elles partent en explosant de rire)

– Vous le regretterez… Amèrement… Très certainement.

 

Michaël Benoit Delfini

 

Plus d’informations rétro-futuristes sur :

  • Facebook : Flying Dolphin Experience ; Clisson à l’échelle du cœur ; Clisson Fruitball Club
  • Website : www.compagnieartichaut.com

 

 

 

 

 

 

9 mai 2020 0 commentaire
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Tribune

Les poèmes de la quarantaine

par un contributeur 2 mai 2020
écrit par un contributeur
Crédit photo © Monique Voz

 

L’Hexagone s’apprête à entrer dans sa huitième semaine de confinement. Le temps, pour certains, semble se faire de plus en plus long. Comment s’évader lorsque l’on est sommé de rester chez soi ? La plus grande aventure à laquelle nous invite cette immobilité, c’est peut-être le voyage introspectif. Pour vous guider dans cette quête de votre trésor intérieur, BSFmagazine a sollicité pour vous trois éclaireurs. Leur poésie vous accompagnera sur les chemins du retour à soi… et du plus vaste.

 

Confiné, je meurs à moi-même

Thierry Lemoine ouvre le bal de ces instants de poésie. L’auteur du blog Lettre ouverte signe un texte en prose libérateur.

 

Je suis un nom écrit sur la trame d’une page, bien appuyé sur une ligne de conduite, encadré par les interlignes des lois humaines et héritées. Je suis un nom posé par le grand poète sur le cahier du monde et j’offre quelques mots de plus à l’histoire des Hommes. Et voilà que mon cahier d’écolier m’ôte l’enfantine protection de ces carreaux bien tracés. Confiné, il n’est plus aisé de me tenir droit quand viennent à manquer ces repères…

 

Le quadrillage est subtil quand on est écrit dessus. Grossier, quand on n’y est plus. Le quadrillage, c’est celui du monde : ses lois, ses sociétés, ses principes de gouvernance, ses conventions pour entrer en relation, marcher, dire bonjour, saluer, se respecter, faire ses courses ou faire société. Les grosses lignes de ma page dictaient l’épaisseur de mes lettres, modelaient la courbe de chacune d’elle, structuraient l’espace, les formes et les distances. Elles définissent par avance comment trouver un sens ou un non-sens à son travail et à sa vie, comment gagner de l’argent, quelle place avoir dans la société.

 

Dans la trame du monde, ma pensée, ma vision et mes croyances se sont forgées, et le stylo de ma vie écrivait mon nom, coincé dans ces interlignes. Malgré moi. Et maintenant que je suis confiné, que s’estompent les carreaux d’écolier, me voilà à écrire dans une marge nue et sans bords et comprendre enfin que la vie est plus large que tout ce que j’avais cru alors. Le corset d’une vie structurée s’est relâché et je découvre, confiné, ce que veut dire respirer.

 

Tant de liberté que j’en suis d’abord désemparé. Je respire à l’ancienne, croyant sentir la gaine d’antan. Puis je m’aventure à respirer plus large et plus profond, jusqu’à m’enivrer à pleins poumons. Là je consens à tout perdre de ce qui me structurait. A tout lâcher et me relâcher. Je veux oublier l’heure et les secondes, quel jour de la semaine, quel mois nous sommes et jusqu’aux saisons, pour redécouvrir la danse nue et subtile des astres. Je veux oublier les séquencements du temps, l’agenda des Hommes et le mien, le rythme des pauses et des repas, tout redécouvrir pour n’être que dans la justesse du présent. Je veux oublier ma langue et mon pays, son histoire et ses gloires, ses points de vue et ses points aveugles. Je veux oublier la grammaire de nos discours, le vocabulaire de nos récits, la syntaxe qui taxe le réel d’une couleur de partiel, la conjugaison de nos actions, pour n’être que réceptacle de ce qui est. Je veux oublier mon corps, ses gestes et ses lourdeurs, ses candeurs aussi ; je veux oublier jusqu’à mes os, pour me revêtir de mouvements, de flux et de reflux, d’impermanence. Je veux me fondre dans l’universel.

C’est sans doute cela mourir…

 

Oui, confiné, je meurs à moi-même, et m’ouvre à plus vaste.

 

cahier

Crédit photo @ Pixabay

 

Pandémie d’Amour

L’actuelle pandémie du Covid-19 est à l’honneur dans ce poème d’éveil à la conscience, pour en faire une pandémie d’Amour. Poème en alexandrin écrit par Jean-Christophe Gisbert, à retrouver également sur son site Jardin poétique.

 

À l’océan des peurs, vagues d’incertitudes

Aux rives inondées de l’humaine quiétude,

Enfermé avec soi, l’horizon devient flou,

L’espoir est suspendu à tous ces rêves fous,

Qu’il faille en revenir pour en sortir vainqueurs.

Fragile est l’existence, il faudra le penser,

Et le temps est béni à y voir en son cœur,

Urgence à lui donner un sens plus élevé…

Il est là une chance à ne plus pouvoir faire.

Ainsi est-il permis d’enfin seulement être.

Au silence de soi ouvrir cette fenêtre,

Sur une vérité qui mène à la Lumière…

 

Waves

Crédit photo @ Pixabay

 

Le souffle

Monique Voz, qui a longtemps écrit sa poésie sous le pseudonyme “Hay VIV”, écrit ses textes mot après mot mais sans respect de la ponctuation et du retour à la ligne. Afin de court-circuiter les cerveaux qui ont de la suite dans les idées, d’embrouiller les esprits, de désorganiser les neurones, de garder vivantes les connections, et surtout, d’en ajouter, de les multiplier. Et de remettre à l’heure les pendules de la lenteur. Le poème fonctionne si l’on veut bien se laisser guider, si l’on veut bien se permettre une lecture hésitante, hachée, comme celle du petit enfant qui apprend à lire. 

On peut aussi le lire à haute voix à une personne aux goûts poétiques très très classiques.

 

Le souffle

planait au

dessus des

eaux. Puis

le

souffle

enfanta. Le

souffle

était la

lumière. Le

berceau du

souffle

était cette

bleuté à

couper

le

souffle.

La chair

Était

Née

du

souffle

Fragile

Éphémère

Joie

Fleur

herbe

feuille

Le souffle

devenu

joie

Transfusons

le

transfusons

la

Joie

Par tous

les

respirateurs

Naturels

Ou

Artificiels

Enluminons

les poumons

Les murs

Les grilles

Les masques

Portons-la

En manteaux

en écharpe

en bannière

Soyons

Explosion

De joie.

Soyons

Joie

Faite

Chair

Soyons

Fleur

Herbe

Feuille

 

Crédit photo © Monique Voz

Crédit photo © Monique Voz

  

Monique-Marie VOZ, Rue du Maitrank 100, Quatre Vents 6700 BONNERT

  • Écrivaine
  • Runologue et tarologue
  • Créatrice
  • (Dé)Formatrice, enseignante en arts connectés, mathématique, informatique 
  • Enthousiasmeuse
  • Art plastique 
  • Bijoux et leurs boîtes animées 

Pour en savoir plus sur le travail de Monique VOZ, deux interviews :

  •  “Monique Voz”, BeCraft.
  •  “LES GODEFROID CULTURE Monique VOZ”, Monique Voz.
2 mai 2020 2 commentaires
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ActualitéCarnet de voyageTribune

Azerbaïdjan : à l’assaut du Caucase !

par Guillaume Godest 24 avril 2020
écrit par Guillaume Godest
Les champs de pétrole de Neft Daşları : première exploitation offshore de l’histoire (photo Wikimedia)

 

Il y a fort à parier que vous n’avez pas la moindre idée de ce que c’est que l’Azerbaïdjan, que de toute façon vous n’y mettrez jamais les pieds, et que personne ne vous en parlera. Pourtant le Caucase, composé d’une mosaïque d’ethnies qui se sont entre-égorgées pendant des millénaires, et ancien Eldorado du pétrole, a tout pour nourrir vos rêveries.

Logé aux confins des Empires perse, romain, byzantin, ottoman et russe, envahi par les Scythes, les Cimmériens, les Arabes et les Mongols, l’Azerbaïdjan s’est toujours retrouvé pris en étaux entre les puissants, tantôt conquis, puis dégorgé, soumis, révolutionnaire, nationaliste enfin. Aujourd’hui, ce sont les États-Unis, la Russie et la Chine qui se disputent l’Asie centrale, et font du Caucase et de la Caspienne “l’échiquier sur lequel se joue un jeu pour l’hégémonie mondiale“ (Lord Curzon). 

Je voulais poser le pied sur cette terre de toutes les convoitises, humer les odeurs de naphte, sentir qu’ici l’histoire continuait de s’écrire, fuir Paris, ses Lime, sa post-Histoire. Je me suis installé à Bakou pour six mois.

 

Vue de Baku

Vue de Baku

 

Une ville sur le trottoir

 J’en avais assez d’être enfermé, alors je suis sorti de chez moi pour aller voir la mer. Dix minutes à peine et je suis sur le « Boulevard », sorte de promenade des Anglais où le petit peuple de Bakou vient parader les fins de semaine. Je passe plusieurs heures par jour à éplucher la presse nationale, docilement tenue sous la férule du gouvernement. C’est quotidiennement la même rengaine : culte rendu au président Aliyev, démonstration que l’Arménien est fait avec la pire fange de l’humanité, cours du Brent. L’Azerbaïdjan d’aujourd’hui se trouve tout entier dans ce triptyque. L’essence de la capitale, elle, sur le Boulevard.

 Un échiquier en plastique géant, et vingt vieillards autour qui s’écharpent sur le coup à jouer pour faire mat. Bras dessus, bras dessous, à la turque, les hommes discutent de vétilles. Les femmes surmaquillées viennent éprouver le fond de teint bon marché qui leur coule sur les joues. Assis sur les bancs, les adolescents timides regardent les filles passer, et des fossettes aux cheveux, celles-ci rougissent, terriblement gênées, quand elles s’aperçoivent que je les observe. Un chien errant hésite à s’aventurer sur les pavés. À quelques mètres, une bande de bimbos adossées à la balustrade montrent leurs jambes au soleil et aux passants. Vous auriez tort de leur prêter des pensées impures : le pays fut le premier État laïque du monde musulman et les cheveux des femmes volent libres dans les bises de la « cité des vents », mais les vieilles traditions archaïques et paternalistes n’en règlent pas moins la vie de la jeunesse : une fille qui ne se marie pas vierge est un déshonneur pour sa famille.

 Les voiles et les qamis signalent les touristes arabes ou iraniens. On parle russe, aussi. Longtemps république soviétique, l’Azerbaïdjan l’utilise encore suffisamment pour que le doute s’installe : Russe ou Bakinois ?

 Toute la ville vient transpirer son insouciance sur quatre kilomètres à peine. Le cuir noir de leurs chaussures est impeccablement ciré, et sous leurs casquettes de fourrure, s’assurant que l’air de liberté qui circule ne donne pas de mauvaises idées à la foule, les officiers de police semblent des bergers dont les bâtons sont des matraques. J’en croise par groupe de trois ou quatre ; d’autres veillent en voiturette. On les oublie, leur présence ne pèse pas, pourtant je sais qu’ils sont rôdés à l’art d’écraser leur arme sur les têtes un peu trop insoumises : Ilham Aliyev, fils d’Heydar Aliyev, son prédécesseur qui fit ses classes au KGB et qui lui a légué la présidence du pays, dirige un État policier aux prisons pleines d’opposants politiques.

 

Ilham Aliyev fête sa “réélection” en 2018 avec 86% des voix  (photo Wikimedia)

Ilham Aliyev fête sa “réélection” en 2018 avec 86% des voix  (photo Wikimedia)

 

De l’or au fond de la mer

 L’air du large est chargé d’effluves de pétrole. Là-bas, les plateformes offshore tirent des profondeurs de la Caspienne la précieuse huile noire qui alimente l’Europe et la Turquie. À la surface de l’eau, un reflet m’attire l’œil ; une longue écharpe visqueuse et foncée chatoie : ce sera quelque fuite d’une exploitation. Au milieu des mégots, les bouteilles en plastique que le calme flot balance à peine achèvent de me décourager de me baigner dans cette mer qu’on semble avoir pris pour une déchetterie. La tête ailleurs, je fixe les eaux en pensant aux temps romantiques où le cosaque Stenka Razine pillait les côtes des environs. Fini aussi la pêche à l’esturgeon ! les pollutions de l’ère soviétique puis le braconnage ont eu raison du poisson et de ses œufs qui faisaient la richesse de la région. Un autre or noir a pris la place du caviar : plus de pêcheurs, ici les seuls navires que l’on distingue sur la ligne d’horizon sont des tankers géants. Cette mer a l’allure d’un lac immobile ; on la croirait déprimée, sans doute d’avoir bu trop de sang et de mazout.

 Son abattement me gagne. J’arrive sur Azneft Meydani, place Socar, du nom du groupe pétrolier national. Les hydrocarbures sont l’alpha et l’oméga du pays et tout vous le rappelle. Je fais souvent ce cauchemar : seul au milieu d’un champ de derricks qui s’étend à l’infini, je patauge dans un épais liquide visqueux, quand se lève devant moi un immense monstre noir qui grandit en buvant tout ce qui l’entoure, et m’aspire à lui. Pour respirer, je décide d’aller me perdre dans les ruelles de la Vieille ville, enfermée dans son enceinte crénelée construite avant l’ère du pétrole.

 

Les champs de pétrole de Neft Daşları : première exploitation offshore de l’histoire (photo Wikimedia)

Les champs de pétrole de Neft Daşları : première exploitation offshore de l’histoire (photo Wikimedia)

 

Peut-on fuir le pétrole ?

 Impossible d’y couper, car d’autres monstres gardent la ville. Les Flame Towers, ces trois tours de verre figurant des flammes de 200 mètres, sont recouvertes de milliers de LED qui enflamment leurs façades ou les animent aux couleurs du drapeau national. Peu après l’indépendance succédant à l’effondrement de l’Union soviétique, Heydar Aliyev accorda l’exploitation des champs pétroliers azéris à onze compagnies internationales ; le pays se réserva 80% des bénéfices : c’est le « contrat du siècle ». Dans les années 2000, l’euphorie est totale : le pays croule sous des dollars qu’il n’arrive plus à dépenser. Ces tours, comme tous les gratte-ciel qui sortirent alors de terre, sont les témoins de cette époque où Bakou redevenait l’Eldorado pétrolier qu’elle était un siècle plus tôt.

 M’abrutir dans un bar est la dernière option qu’il me reste. Dans celui où j’échoue, une poignée de gros Anglais discutent avec des Azerbaïdjanaises dont les yeux brillent quand elles songent aux portefeuilles des ingénieurs de BP. Celles qui parlent anglais peuvent se faire quelques manats. L’ambiance est coloniale. Je me terre dans un coin et fait mine de griffonner dans mon carnet pour qu’on m’oublie. Une jeune Azérie passe sans cesse devant moi, ondoyant des hanches avec la lascivité d’une petite prostituée rompue à l’exercice. Lentement, muette, sans même me regarder, elle vient par deux fois remplir mon verre en glissant son bras au-dessus de mon épaule, me frôlant presque avec le mouvement coulé d’une couleuvre. De guerre lasse, elle finit par tenter une manœuvre de front : « Do you want to play billiard ? » Je décline. Elle s’en retourne au comptoir sans cacher son agacement : bredouille.

 

 Statue du poète Mirza Alakbar Sabir devant les remparts de la Vieille ville

Statue du poète Mirza Alakbar Sabir devant les remparts de la Vieille ville

 

« C’est ça l’Azerbaïdjan ! »

Je rentre par le quartier Kubinka, dont les taudis devraient être rasés pour faire la place à un complexe résidentiel flambant neuf. J’aime ces minuscules maisons à un ou deux étages qui tiennent encore debout grâce aux prodiges d’ingéniosité des habitants. Devant, de vieilles Lada Jigouli de la période soviétique, de petits vieillards décrépits qui jouent inlassablement aux dés en sirotant du thé noir. Le linge sèche sur des fils tendus au-dessus de la tête. Dans certaines ruelles, des dizaines de jeunes hommes nettoient les voitures des beaux quartiers pour une poignée de manats. Un peu plus loin, une grosse Mercedes se gare à côté d’une Chevrolet dernier cri. Sanglé dans son costume cintré, l’homme qui en sort s’engouffre dans une bicoque qui n’a même plus de fenêtre. Bien qu’ils se soient enrichis, certains habitants demeurent encore ici : ils espèrent que les autorités les délogeront bientôt pour leur offrir un bel appartement dans les futurs immeubles. Ils ont la patience du pays.

 Pour ouvrir la porte de mon studio je suis forcé de me faufiler entre le mur et la machine à laver que le plombier doit m’installer. Il vient plusieurs fois par semaine ; il se frotte le menton et réfléchit longuement en considérant le gros carton. « Je reviendrai plutôt demain… ou après-demain ». Cela fait près de deux mois que ça dure, et je lave toujours mes caleçons dans l’évier. Comme dit un expatrié français que je fréquente, il ne faut pas chercher à comprendre, car « c’est ça l’Azerbaïdjan ! »

 

Rue de Kubinka, vidée par le coronavirus

Rue de Kubinka, vidée par le coronavirus

 

Guillaume Godest 

 

Photo de couverture : Les champs de pétrole de Neft Daşları : première exploitation offshore de l’histoire (photo Wikimedia)

24 avril 2020 2 commentaires
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Tribune

5 façons de s’immerger dans la culture d’un pays

par un contributeur 16 mars 2020
écrit par un contributeur

 

“Je lis, j’observe, j’admire, je découvre, je partage, je discute, je goûte, je sens, je ressens, j’écoute, mais surtout j’écris.” Pepper Dwyer aime parler d’art, de littérature, du bon et du Beau. Dans sa tribune, elle nous dévoile ses 5 conseils  pour s’immerger dans la culture d’un pays… 

 

Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus amenés à bouger. Les échanges et les flux sont facilités et nous permettent d’assouvir notre soif de découverte. L’idée de partir vivre quelques mois ou quelques années dans un autre pays nous séduit. Nous sommes mobiles, inarrêtables, en quête d’inédit.

On sous-estime parfois le pouvoir de la culture. Cependant, elle est un allié de taille pour prendre ses marques là où rien ne nous semble familier. Pour vous faire une idée, je suis partie vivre à Londres il y a un an pour y travailler. Vivre seule à l’étranger était une toute nouvelle aventure pour moi et je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Au fil du temps, j’ai cumulé des petites astuces pour devenir une vraie locale et c’est avec plaisir que je les partage avec vous !

 

Ecouter des podcasts locaux

Mon premier réflexe en arrivant à Londres a été de dénicher les meilleurs podcasts en anglais pour me familiariser avec la langue, les échanges, les sujets d’actualité ou de styles de vie typiquement britanniques. De manière générale, je vous recommande vivement de lire la presse du pays dans lequel vous vous trouvez pour bien vous ancrer dans le présent et vous y sentir inclu(e). Cela vous permet aussi de partager ce que vous avez entendu avec des locaux qui sauront de quoi vous parlez !

 

Photo by Juja Han on Unsplash

 

Ce que j’aime avec les podcasts, c’est de pouvoir choisir ce que j’écoute tout en les considérant comme un vrai moment de loisir et d’enrichissement personnel. Si c’est amusant pour vous d’en écouter et que vous y prenez un véritable plaisir, alors vous commencerez à mettre un bon pied dans la culture locale.

 

Se perdre

Une règle d’or pour moi lorsque je voyage, c’est de dédier de vrais moments à l’exploration pure et dure. Je me rappellerai toujours de mon premier week-end londonien, où j’ai décidé sur un coup de tête d’enfiler mes baskets et de partir là où mes pas allaient me guider… pour finalement atterrir au musée d’Histoire Naturelle, sous une pluie torrentielle ! Un de mes meilleurs souvenirs et surtout un moment où j’ai réellement ressenti que je créais un lien particulier, plus intime, avec la ville. 

 

Photo by Tomas Anton Escobar on Unsplash

 

Par ailleurs, vous perdre, c’est aussi l’occasion de découvrir un café caché dans une ruelle, un restaurant typique, un parc secret, un marché ou encore de savourer simplement l’architecture d’un quartier dont vous n’aviez jamais entendu parler. Encore une fois, sortir des sentiers qui sont prémachés pour les touristes, c’est se construire sa propre histoire. 

 

Aller à des évènements culturels locaux (théâtre, concert, fête locale)

Avant de partir dans un pays, pensez également à regarder la programmation culturelle qui se déroulera dans votre ville. Il y a peut-être un spectacle inédit à réserver 4 mois à l’avance, une fête, un nouvel an, un concert du groupe mythique local… et quoi de mieux que de vous y rendre pour être baigné d’une culture qui s’exprime totalement et dans son grand art ! 

 

Photo by San Fermin Pamplona – Navarra on Unsplash

 

Contrairement au métro que vous prenez tous les matins pour aller au boulot, où il est difficile de tailler une bavette parce que chacun regarde ses orteils et se noie dans son café à emporter, ce sera l’occasion d’être dans un environnement où chacun est là pour échanger, s’ouvrir à l’autre et vivre un bon moment. 

 

Découvrir les oeuvres artistiques majeures

Dans le même esprit mais davantage dans l’intimité où pour les moins extravertis qui ne se sentirais pas d’aller danser la rumba avec le premier venu sous prétexte que c’est d’obligation nationale, s’ouvrir à la culture d’un pays, c’est aussi découvrir les oeuvres artistiques majeures. Quels sont les livres les plus lus ? Les films locaux à succès ? Les toiles les plus célèbres ? Chacune de ces oeuvres raconte une histoire qui contribue à celle de son pays, et de son patrimoine. Apprendre à les connaître et à connaître leurs auteurs, c’est un excellent moyen de se familiariser avec les codes.

 

Photo by Paolo Chiabrando on Unsplash

 

Autre petit tips que j’aime beaucoup recommander, c’est d’essayer de dénicher les zones où le street art est florissant. Découvrir les street artists de sa ville ou de son nouveau pays, c’est plonger au coeur d’une parole et d’une part de la culture très forte. Je suis personnellement fan de street art et partout dans le monde, j’ai toujours énormément apprécié leur discours, si particulier.

 

Être en contact direct avec des locaux

Je me rappelle que quand je suis arrivée à Londres, tout le monde me disait “Alors, tu es inscrite sur des groupes de français ? Tu vas à des soirées avec des français de ton âge ?” et franchement, non. Ca ne m’intéressait pas du tout, pour tout vous avouer. Alors certes, même si j’ai été amenée à côtoyer quelques proches français lors de mon séjour, je vivais la plupart du temps et travaillais avec des anglais.

Je pense vraiment que, outre le fait que mon niveau d’anglais a carrément explosé, ça a contribué à me sentir vraiment impliquée dans mon expérience et de la vivre à fond. J’ai adoré cet aspect de mon voyage parce que cela me permettait de me laisser porter par les autres, de les laisser me faire découvrir leur ville et leur quotidien avec leur oeil à eux. Quel bonheur !

 

Photo by rawkkim on Unsplash

 

J’ai conscience que si le choc culturel et la mauvaise réputation qu’on peut parfois lui attribuer (parce qu’il nous file le mal du pays) ne sont pas hyper sexy, ils font partie des étapes que l’on doit traverser pour grandir et s’ouvrir davantage au monde qui nous entoure.

 

Et vous, quelle est votre expérience à l’étranger ? Vous êtes déjà parti vivre seul dans un pays ? Et la culture, qu’en avez vous pensé ? N’hésitez pas à me partager votre vécu en commentaires ou sur mon blog Pepper Dwyer. De plus, je serai ravie de répondre à toutes vos questions.

Bon voyage !

Pepper Dwyer

16 mars 2020 3 commentaires
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Diam Welly est un village où régnaient la paix et l'harmonie. La communauté des Peulhs vivait avec celle des Mandingues sans distinction. La joie de vivre y avait élu domicile ; les hommes et femmes étant en communion. Karamokho, un homme de valeur et bien respecté au village, y vivait avec son épouse Coumba, une femme vertueuse que tous les hommes auraient aimé avoir dans leur concession. La tradition avait réussi à construire une société juste, faite de solidarité, d'amour et d'entraide.
Cependant, la modernité — ou selon les mots de l'auteur, le Nouveau Monde — ne laissera pas Diam Welly indemne puisqu'elle le fera résolument s'engager dans une nouvelle ère de mutations affectant les moeurs, la moralité, les codes et conduites favorisant, ipso facto, l'émergence d'individus — comme Sellou, faisant la cour à l'épouse de Karamokho alors absent — gouvernés par la satisfaction de leur plaisir et de leurs intérêts personnels.
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Montréal, Canada, 2020. 
Selon la perception de leur corps, ces femmes abordent des comportements distincts influençant leur utilisation de l'espace, leur posture, mais également leur toucher. Durant les séances photos, elles se surprennent de la tendresse qu’elles s’accordent. Ce travail ne rend pas nécessairement compte “d’imperfections physiques”, il tend surtout à questionner le rapport qu’elles entretiennent avec elles-mêmes dans un espace qui leur est donné
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Kol Ukok, Kirghizistan, 2015.
Traditionnellement, la yourte est ouverte vers le sud par une entrée unique. A l'intérieure, l’espace est quadrillé selon un usage précis. Le sud et l’est de la yourte sont l’espace de la femme où se trouvent le foyer et la place de travail. L’espace de l’ouest est réservé à l’homme et aux invités. Cette photo est révélatrice : dirigée vers le sud, c’est la femme qui se dévoile, à sa place comme l’admet la tradition
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Le comédien ET metteur en scène Michaël Benoit Delfini
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[CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit j [CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit jobs ? On doit l’expression à feu David Graeber 🔥
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Anthropologue ayant réhabilité l’anarchie ♾ Figure du mouvement Occupy Wall Street ♾ Ecrivain multi-récidiviste ♾ Les Sex Pistols n’ont qu’à bien se tenir ! 
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Dessin + article par l’audacieux @tibovski ✏️
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