BSF
  • ARTICLES
  • Manifesto
    • Manifesto
    • Romain – 13 mois de volontariat en Indonésie
    • Baudouin Duchange – Chroniques
    • Tibovski – Dessin de la quinzaine
  • Devenir contributeur
  • ARTICLES
  • Manifesto
    • Manifesto
    • Romain – 13 mois de volontariat en Indonésie
    • Baudouin Duchange – Chroniques
    • Tibovski – Dessin de la quinzaine
  • Devenir contributeur
BSF

Voir, juger, agir.

Tag:

Ecriture

Voir, juger, agir. Aventures et mésaventures à travers le monde... 🌦
Tribune

Cap ou pas cap ? !

par un contributeur 8 juillet 2020
écrit par un contributeur

 

“Un texte vit grâce à ses lecteurs”. C’est à la faveur de cette petite phrase des plus innocentes que je me retrouve face à vous, en cette soirée orageuse, avec la chaleur tropicale et écrasante d’un mois de mai dans le Delta du Mékong au Vietnam, à écrire. Enfin grâce … parfois je me dis à cause ! Tout ça parce que, pour une fois, j’ai osé dire ce que je pensais sincèrement, j’ai osé dépasser cette petite voix au fond de moi qui me disait habituellement : “Es-tu vraiment sûre de vouloir exprimer ou faire ça ? Es-tu sûre que ce n’est pas stupide ? Es-tu sûre que ça en vaut la peine ? Es-tu sûre que ça va les intéresser ? Es-tu sûre que”. Je pourrais vous faire une liste longue comme le Code Civil qui hantait mes nuits étudiantes ! Mais bon, je ne voudrais pas vous donner l’impression que je vous prends de haut, je suis sûre que vous avez compris. 

 

 

Vous allez vous dire que j’ai été audacieuse, que je me suis engagée dans une cause considérable, un combat emblématique ! Même pas… J’ai tout banalement complimenté l’auteur d’un article. Un commentaire pour un grand journaliste ? Une analyse poussée d’un écrivain de renom ? Non, un simple retour de lecture, un simple besoin de partager mon ressenti, ce que ses mots avaient pu provoquer en moi. Mon but ? L’excitation d’écrire à un quasi inconnu ? Peut être. L’encourager à continuer à ’écrire ? Qui sait. L’envie de connaître un peu plus qui se cachait derrière ce texte ? Sans doute. Pour être franche, je n’en avait pas la moindre idée ! Pour tout vous dire: je ne regrette pas d’être sortie des sentiers battus. Jeune milléniale que je suis, de ne pas avoir cédé à la tentation de double cliquer sur mon smartphone 2.0 pour mettre un simple jaime. D’avoir tout bonnement partagé son article dans ma enième story Instagram. Où même pire, d’avoir remis à plus tard – comme ma génération Y et moi même savons si bien le faire – ce partage de lecture. 

Non, cette fois j’ai fais le grand saut, enfin plutôt le petit, car le grand saut c’est là, maintenant, tout de suite, que je le réalise en écrivant ces quelques lignes. Pardon, je m’éparpille. Pour ma défense, ce n’est pas dans mes habitudes d’écrire. Enfin, plutôt d’écrire pour publier. Revenons à nos moutons ou plus exactement à nos sauts ! Retournons à ce petit saut, ce petit pas pour l’humanité et ce grand pas pour moi même. 

 

 

Recommençons du début. C’est vous dire à quel point je me suis éparpillée ! “Un texte vit grâce à ses lecteurs”. Cette phrase m’a fait un petit électrochoc. Elle était pourtant sortie un peu de nul part. Mais pas de n’importe qui. De l’auteur même que j’avais complimenté en amont sur son article. Nous étions en plein débat sur la question de l’écriture. Suite à ma critique positive sur son texte, il m’avait piégé en me demandant si j’écrivais. Vaste question, vaste réponse. 

Amoureuse de lecture que je suis, je ne pouvais me définir comme quelqu’un qui écrit. J’ai bien couché sur le papier quelques pensées, tenté quelques carnets de bord lors de mes différents séjours à l’étranger. Mon côté romantique m’a également fait écrire quelques lettres d’amour. Mais ai-je vraiment écrit ? Après quelques échanges sur cette question infinie de l’écriture, après quelques tournures de phrases plutôt bien faites pour essayer de lui prouver que l’écriture selon moi perdrait toute sa pureté dès lors qu’elle est conçue dans le but d’être publiée, en tâchant de lui faire croire que l’auteur pouvait être lui même le lecteur, j’étais moi même à court d’arguments.  

Ma petite voix était de retour. Sa phrase me revenait sans cesse à l’esprit : “Un texte vit grâce à ses lecteurs”. Elle sonnait dans ma tête comme un “Cap ou pas cap”. Vous savez cette fourberie popularisée par le film Jeux d’enfants avec Marion Cotillard et Guillaume Canet. De leur plus tendre enfance jusqu’à leur mort, ils se lancent des défis à l’aide d’une boîte en métal. Celui qui détient la boîte est le maître du jeu et peut lancer n’importe quel défi, conclu par le fameux “Cap ou pas cap”. Une fois le défi relevé, la boîte était transmise à l’autre et les rôles inversés. 

Alors sa phrase, pour moi, c’était un peu ma boîte en métal. Vous allez me dire “et le Cap ou pas cap, il est où dans ta jolie métaphore ?” Le “Cap ou pas cap” c’était ma petite voix, avec toutes mes questions, mes peurs, mes interrogations… Vous savez, mon Code Civil du début ! L’auteur de l’article m’avait transmis la boite en métal, et je m’étais donnée le “Cap ou pas cap” moi-même. 

 

 

Et voilà, cher lecteur, nous nous rencontrons. Nous voilà aujourd’hui, vous et moi, à faire vivre ce texte. Parce que n’oublions pas qu’”un texte vit grâce à ses lecteurs.”

 Mon prochain saut ? Il est déjà en préparation. Recommencer cet exercice d’écriture, mais avec un sujet donné, avec un cadre peut-être ? Allez, vous pouvez le dire, j’ai été un peu brouillon ! Mais j’ai fais le grand saut. On a fait le grand saut. Auteur et lecteur, ensemble. Alors, on recommence ? “Cap ou pas cap” !

Daphné Fradin 

8 juillet 2020 4 commentaires
0 FacebookTwitterPinterestMail
ArtBaudouin Duchange - Chroniques

Avis de décès : la peinture a-t-elle rendu l’âme ?

par Baudouin Duchange 3 avril 2020
écrit par Baudouin Duchange
Rimbaud en jean, par Ernest Pignon Ernest

 

Rares sont les sujets qui mettent tout le monde d’accord. Il en existe pourtant un ces dernières semaines qui réunit aussi bien le spécialiste en histoire de l’art, l’imbécile docile, l’amateur averti et les ratés d’Instagram : Pierre Soulages. 

Peintre de l’abstrait, il nous offre ce dont nous rêvons tous : des tableaux impeccables, des concepts  artistiques séduisants et un objet de travail fascinant appelé « l’outrenoir ». Résultat : une exposition au Louvre. L’apothéose pour un peintre ! Ou pour une momie. En effet, qu’on apprécie ou non son travail, on se demande l’intérêt pour notre millénaire de créer une gigantesque exposition sur un artiste centenaire né à l’époque du dadaïsme et de l’art nouveau. La peinture du XXIème siècle n’a-t-elle plus rien à dire ? Est-elle morte ?

 

Soulages

Pierre Soulages en 2019 par NVP3D (sous licence CC BY-SA 3.0 )

 

La nécessité d’exprimer l’existence contemporaine 

Sur Instagram, le hashtag Pierre Soulages est partagé dans 22,8 millions de publications. Ahurissant. Je suis d’autant plus surpris que sa peinture est, pour moi, hors propos au XXIème.

Je m’explique. 

Dans différentes chroniques d’art, Joris-Karl Huysmans (Écrit sur l’art, Editions Flammarion) développe une certaine vision de la peinture. Pour lui, l’art doit « s’attaquer à l’existence contemporaine » afin d’aider les âmes en « quête de vérité et de vie ». Huysmans insiste sur la nécessité de réaliser des oeuvres modernes. Traduction : un artiste doit exprimer le quotidien dans des toiles réelles et personnelles. Le terme « réel » ne doit pas être compris comme une reproduction exacte de la réalité. Autrement c’est une photo insipide et sans originalité sortie tout droit d’un photomaton, ce qui est l’opposé de l’art. Non, peindre le réel c’est s’inspirer de ce qui crée la vie. On ne peint pas de la même manière un arbre sec et isolé du jardin du Luxembourg et un chêne flamboyant de campagne. La lumière n’est pas la même, et la vie qui s’en dégage ne peut pas être exprimée de façon similaire. L’idée de Huysmans est donc d’utiliser l’art comme témoin de son époque pour la rendre vivante à travers le souffle de la peinture.

Pour cela, l’artiste ne peut se contenter de copier les techniques passées pour faire semblant de peindre le présent. « A quoi bon, en effet, ramasser ces milliers d’enseignes qui continuent avec persistance tous les ressassages, toutes les routines, ancrés dans les pauvres cervelles de nos praticiens, de pères en fils et d’élèves en élèves, depuis des siècles ? » peut-on lire dans sa Chronique d’exposition Le Salon officiel en 1880 (à retrouver intégralement ici). Avec lui, les « mauvais » artistes sont des ouvriers maniant habillement la truelle mais incapables d’élever l’âme vers les questionnements auxquels elle aspire. Incapables d’être des artistes, en somme.

 

Huysmans peint par J-L Forain

Huysmans peint par J-L Forain

 

Qu’aurait pensé Huysmans de Soulages ? A mon avis, il regretterait l’inadéquation du peintre de l’outrenoir au XXIème. Peindre le noir, c’est peindre l’âme humaine telle qu’elle est : ni bonne ni mauvaise, mais un balancement hésitant entre les deux. C’est tout le résumé du XXème siècle déchiré entre la paix puis la guerre, le manque (deux guerres mondiales) puis les périodes de profusion (belle époque, 30 glorieuses), l’Est et l’Ouest… Les peintures de Soulages sont autant bipolaires que l’a été la fin du deuxième millénaire. Seulement, le dualisme existentiel a disparu  au XXIème siècle. Aujourd’hui, tout est flou et mélangé. Les frontières sont abolies tandis que les genres et identités sexuelles se confondent toujours plus. Même la politique et la musique subissent les conséquences de cette fusion du yin et du yang ! Internet a porté en étendard ce flou multi-culturel.

Quoiqu’il en soit, aucun peintre ne me vient à l’esprit lorsque je pense au XXIème siècle. Quelques grossiers installateurs tentent bien de revendiquer ce statut, mais le sens qu’ils souhaitent donner à leurs projets ne suffit que rarement à procurer l’émotion nécessaire pour les qualifier d’oeuvres. 

 

Lily Aldrin, la “peintre” d’How I Met Your Mother..!

Lily Aldrin, la “peintre” d’How I Met Your Mother..!

 

Parler à son époque 

Pour survivre, l’art doit s’adapter et parler à son temps. A l’image des amants qui cherchent à se comprendre pour mieux communiquer, l’artiste ne peut ignorer les évolution contemporaines. C’est tout le problème de la poésie, par exemple.

Depuis Rimbaud, Apollinaire et Baudelaire, combien de poètes ont révolutionné le monde ? Aucun. Dans Le temps des assassins, Henry Miller déplore l’inattention portée aux résidents des tours d’ivoire et, à ce titre, pronostique la fin de l’humanité. Le coronavirus est-il une réponse à notre insensibilité à la poésie ?

Car, oui la poésie est morte ! Elle n’a plus de public puisque nous ne sommes plus éduqués à l’apprécier et, surtout, elle a trouvé son apogée à la fin du XIXème siècle. Exactement comme l’opéra qui a vécu à la fois l’extase et la mort avec Wagner. Déjà au sommet, la poésie “traditionnelle” ne peut aller plus loin. 

Mais l’essence de l’art est de s’adapter. De mon point de vue, la poésie a évolué dans le cinéma. C’est en tout cas dans les films que je retrouve le goût de la liberté rageuse (par exemple la scène finale des Quatre Cents Coups de Truffaut), l’importance des rêves (Si tu tends l’oreille de Yoshifumi Kondo du Studio Ghibli) ou encore la finesse des sentiments insinués (In the Mood for Love de Wong Kar-wai). Poète n’est pas un métier, c’est une manière de percevoir la vie. Faire de la poésie n’est pas écrire, c’est s’exprimer par n’importe quel moyen. La poésie est une langue morte redevenue vivante grâce au cinéma. C’est tout l’enjeu aujourd’hui de la peinture : s’adapter ou bien être remplacée.

 

Rimbaud en jean par Ernest Pignon Ernest

Rimbaud en jean par Ernest Pignon Ernest

 

Conclusion 

J’ai bien plus de plaisir à découvrir une pochette d’album de JUL qu’un tableau de Soulages. Non pas pour les talents esthétiques de la communication de l’O.V.N.I  marseillais, mais parce qu’elles me parlent en tant qu’enfant du XXIème siècle. Aussi kitsch soient-elles, je peux y identifier les symboles de ce qui constitue aujourd’hui un jeune français vivant au troisième millénaire. 

Alors à se demander si la peinture est morte, oui je le pense. Mais pas l’art. Vivement qu’un artiste sache se l’approprier. Et, à l’image de Soulages pour le siècle dernier, qu’il comprenne aussi bien notre époque et la représente à travers le moyen qu’il jugera opportun pour l’exprimer. 

 

Et toi ami lecteur, qu’en penses-tu ? N’hésite pas à mettre ton avis en commentaire ou sur les réseaux sociaux ! C’est toujours un plaisir d’échanger 🙂 

 

Pochette de Rien100Rien du sang

Pochette de Rien100Rien du sang

 

Photo de couverture : Rimbaud en jean, par Ernest Pignon Ernest

3 avril 2020 4 commentaires
3 FacebookTwitterPinterestMail
Baudouin Duchange - Chroniques

5 reportages pour t’évader sans attestation

par Baudouin Duchange 22 mars 2020
écrit par Baudouin Duchange
5 reportages pour t’évader sans attestation

 

Voici une liste résolument subjective qui, j’espère, vous fera voyager durant cette période particulière de confinement. J’attends vos retours en commentaire ou bien sur nos réseaux sociaux ! 

 

1 – L’outsider : La chaîne YouTube Till Tomorrow 

Cinq reportages courts sont à retrouver sur cette chaîne. Le sujet de prédilection ? S’intéresser à la place de la nature au sein de la population éco-dépendante de l’hémisphère nord. Au programme, les autochtones d’Alaska, les Aïnous, les nomades Mongols et les Tsaatans. Fascinant et audacieux.

Le petit plus BSFmagazine ? Une collaboration Carte Blanche est prévue avec eux bientôt sur notre page instagram ! 

Pour en découvrir plus sur leur projet : https://www.youtube.com/channel/UCeXt3tgWCkfrZRKMjGLk4Kw

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

 

2 – L’impressionnant : David Reichert, Orques de Crozet, ces gigantesques éléphants de mer

Faîtes-moi confiance, j’en ai vu passer devant mon écran des reportages animaliers. Que se soit en gueule de bois, au retour du travail ou même dans le métro, l’intense poésie qu’ils dégagent est souvent bien plus intéressante que n’importe quel film mal écrit.

La preuve avec cet incroyable reportage du cameraman David Reichert parti 4 mois seul sur l’île de Crozet étudier la faune animalière locale. Je n’ai pas de mot supplémentaire pour décrire mon admiration. 

Lien vers le reportage : https://youtu.be/ZEpUDIN8TwE

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

3 – Le classique : Secret d’histoire, Prince Charles, aux marches du trône.

Enfonçons dès maintenant une porte déjà grande ouverte : l’émission de Stéphane Bern est vraiment de qualité. Depuis 2007, ce programme de vulgarisation historique permet à chacun de saisir les enjeux d’une époque via les portraits qu’elle dresse.

Mon préféré ? L’épisode sur le Prince Charles. Précepteur sur l’importance de la question écologique et véritable acteur dans ce domaine depuis les année 70, cet épisode vous emmène de manière inédite à travers son histoire si particulière grâce aux lieux qui l’ont construit.

En filigrane, vous découvrirez son style vestimentaire intemporel et un humour toujours savoureux. Les images et le traitement narratif, qui font parfois défaut dans cette série, sont ici impeccables. 

Je ne peux que vous encourager à cliquer sur ce lien : https://youtu.be/UErltEtjppw

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

 

4 – L’indispensable : Arte, Le sucre, le doux Mensonge

Je rêve parfois d’une télévision à chaîne unique avec comme seuls programmes ceux d’Arte. Intelligents, bien réalisés et toujours respectueux, c’est, de mon point de vue, la seule chaîne qui vaut le coup d’être financée par le service public.

Quoiqu’il en soit, voici le dernier documentaire découvert sur le replay qui m’a autant intéressé que bouleversé. Le sucre est le plus gros meurtrier de notre époque moderne. Seuls les communistes (Staline et Mao en tête) peuvent peut-être revendiquer un meilleur score en rassemblant leurs certifications “disque de platine”. Entre remise en question de vos habitudes culinaires et réelle envie de changer notre industrie française, ce reportage ne pourra pas vous laisser indifférent. 

Lien : https://youtu.be/6f3NvV05k28

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

 

5 – Le plus déjanté : Oasis, Supersonic

Je m’excuse d’avance envers mes proches pour l’énième bourrage de crâne que je vais faire avec ce reportage ! Mais il y a pour cela une raison : ce documentaire, centré sur les prémices du meilleur groupe anglais de tous les temps, est tout simplement incroyable !

A travers des enregistrements d’époque, des images d’archives saisissantes et des témoignages hilarants (big up à la madrina de la fraté Gallagher !), nous suivons les frères Caïn (Noel) et Abel (Liam) dans leur course à la gloire, à l’argent, à la drogue et l’amour de la musique. La rage de l’aventure, Oasis et BSFmagazine, même combat ? 

Où chercher ce documentaire ?  A vous de le retrouver sur votre site de streaming illégal habituel !

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

 

Et vous, quelles sont vos meilleures trouvailles sur le net pendant ce confinement ? Qu’avez-vous pensé de ces idées de reportages ?

22 mars 2020 2 commentaires
6 FacebookTwitterPinterestMail
Baudouin Duchange - Chroniques

Bien-vivre : 5 conseils pour une promenade réussie

par Baudouin Duchange 7 mars 2020
écrit par Baudouin Duchange
La balade

 

Souvent considérée comme la cousine rondelette et insipide de l’aventure, ou bien comme le vilain petit canard de la famille de la marche à pied, la promenade a connu des hauts et des bas dans l’histoire de notre belle humanité. Archétype d’une non-aventure, nous pourrions être tentés de la dévaloriser au profit de la randonnée. A la faveur d’un débat constructif et rigoureux sur la notion de promenade, nous pourrons pourtant dégager de cette routine un acte de contestation fort. Sa disparition coïncidant avec l’apparition de salle de sport à chaque coin de rue, un article de BSFmagazine devenait nécessaire.

Nota bene : En effectuant mes recherches, j’ai appris l’existence des promeneurs du net. Notions utilisées par l’administration publique girondines, ces aventuriers 2.0 sont des professionnels présents dans la « rue numérique d’internet et les réseaux sociaux » afin de poursuivre sur le web la démarche éducative assurée par les intervenants “jeunesse des territoires”. Ce corps de métier ne sera pas abordé dans le cadre de cet article. 

 

La balade

 

Se positionner idéologiquement face à la promenade 

Tout oppose en principe la promenade et l’aventure. Là où une aventure est enrichie par l’imprévu rencontré sur la route, le promeneur trouve son réconfort dans la routine. Le même petit chemin sans embûche ni problème ; la même petite route sans surprise ni déconvenue. Une bonne promenade est un mélange savant de maîtrise de son environnement proche et de respect des habitudes. 

Son tracé reflète souvent le caractère de son emprunteur ! Un promeneur à l’oeil affuté savourera victorieusement le même détail, la même particularité architecturale ou un joli coin d’herbe. Un promeneur malicieux préparera un cocktail d’anecdotes à réciter devant ses invités abasourdis devant un tel puit de culture. Un promeneur vieillissant pourra se satisfaire de trouver à chacune de ses promenades un banc où souffler afin de prolonger sereinement son chemin. La promenade s’adapte, mais ne doit pas être confondue avec son faux jumeau : la ballade. 

Une ballade est bien plus frivole qu’une promenade. Elle laisse libre court à l’inspiration du moment du « baladeur ». La ballade nous emmène loin derrière les collines découvrir les corps des fermes d’une comté voisine. Avec elle, tel l’effet produit par la poudre de la fée clochette, enfants et adultes s’envolent joyeusement dénicher les curiosités d’une ville aimée ou bien les pâturages  verdoyants d’une campagne chérie. La charmante inconscience d’une ballade ne correspond en rien à l’organisation rigoureuse que nécessite une bonne promenade ! Au risque de me répéter : la promenade se forge lentement à travers la construction de son promeneur. Elle peut s’adapter, mais jamais être volontairement bouleverser. 

 

La balade

Joaquin Phoenix dans Two Lovers, James Gray, 2008

 

Etudes des moeurs balzaciennes  

Il ne faut pas pour autant juger la promenade. Elle a bien entendu ses défauts mais je ne souhaite pas participer au #PromenadeBashing nauséabond qui, malgré ses nombreux détracteurs, reste pour moi infondé. Car la bonne petite promenade a également ses qualités. Elle est généralement l’issue heureuse d’un repas convivial. Elle est sollicitée par les ventres rebondis et rendue nécessaire pour prolonger la cohésion sociale créée par le repas. Ce qui fait que le promeneur est souvent un bon vivant sympathique, à la bedaine arrondie et aux joues rosies par les joies des terroirs de notre belle planète.

Souriante et généreuse, la promeneuse accompagne son compagnon avec délicatesse et une sensualité toute bourgeoise. Main dans la main, promeneur et promeneuse sèment cohésion et joie dans un monde tronqué par la corruption et la barbarie. Bien plus qu’un rôle de digestion, la promenade joue également son rôle contre les tensions du quotidien.

 

La balade

En promenade près d’Argenteuil, Claude Monet, 1875.

 

Punk is not dead 

La promenade est, en apparence, calme, neutre et ennuyante. Mais de même qu’il ne faut pas réveiller l’eau qui dort, il ne faut pas la sous-estimer. Celle-ci peut apparaître comme un argument contestataire dans notre société aseptisée, kombinisée et basic-fitée. 

Jim Harrison, ce flamboyant écrivain-mangeur, disait volontiers que pour continuer à s’enfiler des quartiers de boeuf au goûter, il se promenait deux heures par jour. A l’image de Big Jim, la promenade révèle au monde l’existence de ces bandes éparses de mangeurs en exhibant dans nos rues ces bambocheurs du dimanche. Le journaliste et présentateur François Busnel soulignait d’ailleurs à son propos que « notre époque tolère mal l’art de jouir, elle vit comme une insolence tout défi aux exigences diététiques ». Les promeneurs exultent leur jouissance en pratiquant régulièrement leur promenade. 

Loin d’une société libérale à la concurrence débridée réduisant les temps de repos au minimum, les promeneurs affirment leur singularité en choisissant un mode de vie radicalement tranquille. C’est d’ailleurs comme une adolescente gothique aux cheveux rouges qui revendique ses idées en portant des Dr. Martens que les promeneurs assument leurs convictions personnelles en enfilant une paire de Paraboot. On ne fait pas d’un buveur d’eau un poète, ni d’un requin de la finance un promeneur. La promenade à définitivement son rôle à jouer. Une piste à suivre pour sauver notre monde ?

 

La balade

Couverture d’un Sacré Gueuleton, Jim Harrison

 

Photo principale : Submarine. Directed by Richard Ayoade. London: Film4 Productions, 2010.

 

 

 

7 mars 2020 0 commentaire
5 FacebookTwitterPinterestMail
Voir, juger, agir. Aventures et mésaventures à travers le monde... 🌦

DERNIERS ARTICLES

  • TOP 4 des Sous-Marins qui vont changer votre vie.

    13 janvier 2021
  • [DEBAT] – Pourquoi jardiner à l’heure de la 5G ?

    13 novembre 2020
  • [Rencontre] – La communauté du bidonville de Kampung Sawah

    6 novembre 2020

Catégories

  • Actualité (21)
  • Art (8)
  • Baudouin Duchange – Chroniques (14)
  • Capsule is coming (1)
  • Carnet de voyage (25)
  • Marine (1)
  • Romain Mailliu – 13 mois de volontariat en Indonésie (18)
  • Tibovski – Dessin de la quinzaine (15)
  • Tribune (12)

Pour + de fun

Facebook Instagram Spotify

BSF, c’est quoi ?

BSF, c’est quoi ?

Une communauté de photographes, auteurs, rêveurs, explorateurs qui sortent des sentiers battus le temps d’un weekend, de quelques mois ou de plusieurs années, avides de rencontres, de solitude, de découvertes et de remises en question.

Catégories

  • Actualité (21)
  • Art (8)
  • Baudouin Duchange – Chroniques (14)
  • Capsule is coming (1)
  • Carnet de voyage (25)
  • Marine (1)
  • Romain Mailliu – 13 mois de volontariat en Indonésie (18)
  • Tibovski – Dessin de la quinzaine (15)
  • Tribune (12)

TOP Articles

  • 1

    [Playlist] – Le Rap Sentimental 🍑

    17 septembre 2020
  • 2

    [Rencontre] – La communauté du bidonville de Kampung Sawah

    6 novembre 2020
  • 3

    TOP 4 des Sous-Marins qui vont changer votre vie.

    13 janvier 2021

Instagram

bsfmagazine

Mode Sous-Marin activé ✅ . 1 an que notre magaz Mode Sous-Marin activé ✅
.
1 an que notre magazine existe. 1 an d’efforts patients et de tentatives passionnées ont abouti à plus d'une quarantaine de collaborations avec des écrivains, poètes, journalistes, aventuriers, photographes, reporters, amoureux de lettres et d'images, à retrouver sur notre site web et notre Instagram. ✍️ 📸
.
Cette joyeuse dynamique nous incite à évoluer. Nous voulons creuser de nouvelles idées, en termes d’édition et d’offres créatives. 💭
.
BSFmagazine passe donc en mode sous-marin ! Qué significa ? Arrêt des publications pendant quelques semaines. Plus de nouvelles sur les réseaux. Nous allons nous immerger pour mieux travailler et ressurgir, bientôt, avec un nouveau format ! ⚓
.
Envie de participer (identité graphique, la conception, informatique…) ? Envoie-nous un message ! 🤝
[DEBAT] - Jardiniers de tous les pays, unissez-vou [DEBAT] - Jardiniers de tous les pays, unissez-vous !
.
Quelques jours avant l’arrivée de la #5G en France, Baudøuin Duchange nous présente le nouveau visage de la révolution : le jardinage. ✊ 🌻
.
Retrouvez des citations de Simone Well, @boobaofficial, @dalida_officielle, Michel Foucault, Stefan Zweig, @juldetp, Bernanos, Antoine de Saint-Exupéry dans ce nouvel article  à découvrir (GRATUITEMENT) sur notre site internet. 

#5G #jardin #bandeorganisée #jardinage #jardins #jardindesplantes #5g #digital #technologies #humour #debat #magazine #ecrire #lirecestlavie #rose #roses🌹 #defunes #cultiver #jardinagepassion #passionjardin #garden
🥁 Gagne le dernier succès de Ibrahima Ba intit 🥁 Gagne le dernier succès de Ibrahima Ba intitulé Diam Welly. (Découvrez le résumé ci-dessous) 
.
😮  Comment jouer ? Facile !
1. Like la page insta de BSFmagazine
2. Identifie 2 de tes amis en commentaire de cette publication
3. Partage ce post dans ta story 🚀
.
Diam Welly est un village où régnaient la paix et l'harmonie. La communauté des Peulhs vivait avec celle des Mandingues sans distinction. La joie de vivre y avait élu domicile ; les hommes et femmes étant en communion. Karamokho, un homme de valeur et bien respecté au village, y vivait avec son épouse Coumba, une femme vertueuse que tous les hommes auraient aimé avoir dans leur concession. La tradition avait réussi à construire une société juste, faite de solidarité, d'amour et d'entraide.
Cependant, la modernité — ou selon les mots de l'auteur, le Nouveau Monde — ne laissera pas Diam Welly indemne puisqu'elle le fera résolument s'engager dans une nouvelle ère de mutations affectant les moeurs, la moralité, les codes et conduites favorisant, ipso facto, l'émergence d'individus — comme Sellou, faisant la cour à l'épouse de Karamokho alors absent — gouvernés par la satisfaction de leur plaisir et de leurs intérêts personnels.
- Beautés plurielles - [HISTOIRE A LIRE👇] . La - Beautés plurielles - [HISTOIRE A LIRE👇]
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸 de l'agence @studiohanslucas 
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Montréal, Canada, 2020. 
Selon la perception de leur corps, ces femmes abordent des comportements distincts influençant leur utilisation de l'espace, leur posture, mais également leur toucher. Durant les séances photos, elles se surprennent de la tendresse qu’elles s’accordent. Ce travail ne rend pas nécessairement compte “d’imperfections physiques”, il tend surtout à questionner le rapport qu’elles entretiennent avec elles-mêmes dans un espace qui leur est donné
.
#women #proud #woman #body #canada #work #artphoto #humanphotography #human #humanphoto #humanphotography📷 #portrait #intime #portraitinspiration #portraitphotography #portraitmood #portraitphotographer #portraits #bsfattitude
- Visage d'une jeunesse iranienne - [HISTOIRE À L - Visage d'une jeunesse iranienne - [HISTOIRE À LIRE👇]
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Persepolis • Iran • 2016
Meisam livre ses inquiétudes concernant son service militaire qui commence dans quelques jours. Il ne sait pas comment apporter de l'argent au foyer, ni qui s'occupera de sa femme malade, alors âgée de 18 ans à cette époque
.
#iran #sun #sunshine #toit #immeuble #man #homme #assis #ciel #findejournée #debutdejournee #matinee #soleil #soleilcouchant #soleillevant #sunlight #artphoto #journalisteindépendant #independant #bsfmagazine
[Rencontre] - Partagez un quart d’heure de compl [Rencontre] - Partagez un quart d’heure de complicité avec les joyeux habitants du principal bidonville du nord de la capital indonésienne, Jakarta 🌏
.
Que serait le travail collectif et l’entraide sans ce moteur essentiel : le sourire ? Réponse concrète avec @romain_mailliu , volontaire chez @lp4yglobal 💥

ARTICLE DISPONIBLE GRATUITEMENT SUR LE SITE DE BSFMAGAZINE - LIEN EN BIO
.
.
.
#children #benevole #smile #bidonville #street #child #smilechild #young #youngisblessed #jeune #enfant #enfance #futur #couleurs #colors #indonesiachildren #helpchildren #bsfattitude
- Visage d'une jeunesse iranienne - . La Carte Bla - Visage d'une jeunesse iranienne -
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Persepolis • Iran • 2016
.
#iran #iranian #iran🇮🇷 #perspolis #montagne #ruine #femme #teenage #selfie #lieuculturel #montagnes #mountains #roc #roche #geologie #ciel #vestige #pierre #contraste #artphoto #travelphotographie #bsfattitude
- Visage d'une jeunesse iranienne - . La Carte Bla - Visage d'une jeunesse iranienne -
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Persepolis • Iran • 2016
.
#iran #iranian #iran🇮🇷 #perspolis #married #couplegoals #couple #lunch #food #rest #cantine #tableau #accroche #photocouple #photocouples #marriedlife💍 #frite #diner #dejeuner #breackfast
- Visage d'une jeunesse iranienne - . La Carte Bla - Visage d'une jeunesse iranienne -
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Persepolis • Iran • 2016
.
#iran #iranian #iran🇮🇷 #perspolis #marjanesatrapi #ruine #femme #woman #selfie #lieuculturel #monumentshistoriques #vestige #pierre #contraste #artphoto #travelphotographie #bsfattitude
- Vie de nomades - [HISTOIRE À LIRE 👇] . La Ca - Vie de nomades - [HISTOIRE À LIRE 👇]
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Kol Ukok, Kirghizistan, 2015.
Traditionnellement, la yourte est ouverte vers le sud par une entrée unique. A l'intérieure, l’espace est quadrillé selon un usage précis. Le sud et l’est de la yourte sont l’espace de la femme où se trouvent le foyer et la place de travail. L’espace de l’ouest est réservé à l’homme et aux invités. Cette photo est révélatrice : dirigée vers le sud, c’est la femme qui se dévoile, à sa place comme l’admet la tradition
.
#kirghizistan #kirghizistan🇰🇬 #yourte #tente #woman #dog #chien #phototravel #photojournalisme #photojournalism #porte #door #encadrement #montagne #nature #montagnes #asie #travel #bsfattitude
[ARTICLE] - Es-tu prêt pour le grand saut ? 🍭 [ARTICLE] - Es-tu prêt pour le grand saut ? 🍭
.
Le comédien ET metteur en scène Michaël Benoit Delfini
 t’aide à te lancer avec ce texte burlesque digne d'un @borisvian_officiel !
.
ARTICLE À DÉCOUVRIR SUR NOTRE SITE (LIEN EN BIO)
.
.
.
#trounoir #blackhole #soleil #coucherdesoleil #espace #univers #etoile #maptothestars #photoart #artphoto #photouniverse
[CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit j [CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit jobs ? On doit l’expression à feu David Graeber 🔥
.
Anthropologue ayant réhabilité l’anarchie ♾ Figure du mouvement Occupy Wall Street ♾ Ecrivain multi-récidiviste ♾ Les Sex Pistols n’ont qu’à bien se tenir ! 
.
Dessin + article par l’audacieux @tibovski ✏️
.
ARTICLE A RETROUVER (GRATUITEMENT) SUR NOTRE SITE (lien en bio)
.
#davidgraeber #bullshitjobs #anarchie #dessin #art #inktober #inktober2020 #draw #drawyourday #man #smoke #cigarette #yellow #jaune #sourire #regard #look #bsfattitude
Afficher plus... Suivez-nous sur Instagram
  • Facebook
  • Instagram
  • Spotify

@2017 - PenciDesign. All Right Reserved. Designed and Developed by PenciDesign