BSF
  • ARTICLES
  • Manifesto
    • Manifesto
    • Romain – 13 mois de volontariat en Indonésie
    • Baudouin Duchange – Chroniques
    • Tibovski – Dessin de la quinzaine
  • Devenir contributeur
  • ARTICLES
  • Manifesto
    • Manifesto
    • Romain – 13 mois de volontariat en Indonésie
    • Baudouin Duchange – Chroniques
    • Tibovski – Dessin de la quinzaine
  • Devenir contributeur
BSF

Voir, juger, agir.

Tag:

Humour

Voir, juger, agir. Aventures et mésaventures à travers le monde... 🌦
Baudouin Duchange - Chroniques

“Voyage, voyage” : Il est temps de (bien) partir

par Baudouin Duchange 1 juillet 2020
écrit par Baudouin Duchange

 

Paris – Juillet 2020. Il m’aura fallu une centaine d’écoutes de la musique « tié la famille ! » du camarade Bengous pour enfin intégrer la question qu’il soumet à ses auditeurs : Oueskon va et Keskon fait ? 

Les dialectiques épistémologiques à la Tibovski n’ayant encore jamais foulé le sol vierge de mon savoir, je conserve un avantage argumentaire grâce à une science invérifiable : la philosophie de comptoir. Et nous en aurons bien besoin pour déterminer le sens d’un voyage !

 

Description : 'Family Holiday', Black and white photograph mounted on card, by John Heywood, 1979.

Description : ‘Family Holiday’, Black and white photograph mounted on card, by John Heywood, 1979.

 

Keskon fait ?

Ce qui est certain, c’est qu’une aventure implique un départ. Je décapsule ma première canette et marche en direction de Saint-Michel. J’ai toujours été séduit par le fait que le kilomètre zéro, en France, était le parvis de Notre-Dame de Paris. Chaque pas avancé à partir de cette place devient une aventure, même si elle termine dans les bars du quartier latin ! Certains critiqueront une vision  administrative et parisienne auto-centrée sur elle-même et ils auront probablement raison. Mais quel beau symbole ! Une fois au point de départ, il faut pourtant bien partir.

Comment partir ? Aujourd’hui, nous pouvons aller de plus en plus loin grâce aux compagnies aériennes low-cost. De nombreux boycotts dans un but écologique se sont ainsi manifestés et ont trouvé une résonance avec la crise du covid-19. La plus grande critique formée à l’encontre du commerce aérien est celle de la pollution dégagée par ces incessants monstres volants. A l’inverse, ses défenseurs insistent sur le faible impact environnemental de l’avion en comparaison à d’autres secteurs économiques, ainsi qu’à l’effet contre-productif des boycotts sur l’industrie et les métiers. 

J’ouvre une deuxième canette. Je me souviens du dernier film animé de Miyazaki « Le vent se lève », des dessins magnifiques pour tenter de créer des avions toujours plus beaux et purs. Le personnage principal, un architecte, s’inspire du vol des oiseaux et de la courbe de leurs ailes. Et comme dans le film, j’ai envie de crier : « le vent se lève, il faut tenter de vivre » ! Et pour cela il faut changer notre manière de voir le voyage. Le problème n’est pas, de mon point de vue, l’avion, la pollution et tout le reste. C’est, comme d’habitude, ce que l’être humain fait des machines qu’il conçoit. Il va voyager à l’autre bout du monde pour aller dans des hôtels aseptisés au confort similaire à un EHPAD sans se rendre compte réellement de la distance parcouru. Et il aura suffisamment payé pour se dire qu’on est ici « comme à la maison » ! Prendre conscience progressivement des territoires que l’on traverse, des paysages qui changent et des cultures qui se transforment me semble tellement plus intéressant que se prendre une simple claque en descendant d’un avion face aux nouveautés dans le duty-free et le changement de température.

 

“le vent se lève” de Miyazaki

“le vent se lève” de Miyazaki

 

Oueskon va ? 

C’est LA question que pose Ron Weasley à son poto Harry dans Harry Potter et les Reliques de la Mort. Extrait : « Chaque fois que le manque de nourriture coïncidait avec le moment où son tour était venu de porter l’Horcrux, il se révélait franchement désagréable. “Où va-t-on, maintenant” était devenu son refrain habituel […] On croyait que tu savais ce que tu faisais ! s’exclama Ron en se levant. On croyait que Dumbledore t’avait expliqué comment t’y prendre, on croyait que tu avais un véritable plan ». Comme le rouquin le plus connu de la littérature, nous pouvons nous sentir parfois déboussolé face à l’absence de carte directionnelle dans ce monde obscure. Tout le monde n’a pas la chance, comme Booba, de connaître d’avance son destin et de pouvoir chanter : « J’ai jamais su c’qu’étais mon rôle dans la vie / A part être riche, avoir une piaule à Miami beach. ». Le sens de nos misérables existences n’étant pas abordé dans cet article, je re-centrerai ma réflexion sur l’intérêt d’une destination de voyage. C’est d’ailleurs un sujet de crampe nerveuse dans la partie de mon cerveau où se situe la haine social contre la stupidité ambiante. Je me sabre une kro à coup de briquet pour me calmer.  

En effet, la plupart de mes connaissances vont chercher des paysages toujours plus éloignés alors que la France offre une terre si contrastée et méconnue, des vallées si mystérieuses et des kilomètres de côtes accessibles en TER ou en vélo. En fait, pour résumer, inutile de faire 5000 kilomètres pour voir un canyon américain : le Sentier des Ocres en Provence en offre de superbes aussi. Oui, l’herbe est toujours plus verte ailleurs, mais il suffit de faire une heure de vélo dans le Vexin pour s’en rendre compte. Je pense donc que l’enjeu du boycott des avions ne doit pas être un refus systématique de cracher sur l’avancée de la technique humaine, mais une invitation à reconsidérer notre approche du temps et de la distance. 

 

 

Konklusion : 

« On se régale » chantait Bengous d’entrain avec Jul sur l’album gratuit vol. 5. J’espère que c’est l’impression que vous aurez en terminant cette chronique mensuelle. De mon côté, je vais pouvoir rejoindre ma soirée et m’atteler à ma prochaine question Bengousienne : « Où tié bébé ? ». 

(Tu as aimé cet article ? Un autre article sur les “vacances fatiguante” a été écrit par l’auteur : A fond la forme : les vacances Quechua. Plaisir de lecture garanti !)

 

Il bacio

Il bacio

 

1 juillet 2020 3 commentaires
2 FacebookTwitterPinterestMail
Tribune

Les disparus du RER A

par un contributeur 9 mai 2020
écrit par un contributeur

 

Préambule

Le texte que vous avez sous les yeux est un extrait de l’ouvrage intitulé : La fabuleuse histoire des Flyings Dolphins, livre de rétro-anticipation paru en 2052, dans lequel on pouvait lire en quatrième de couverture la phrase du rétro-archéologue Paul Eluard : « Le poète se souvient de l’avenir. »

La fabuleuse histoire des Flyings Dolphins raconte, comme son nom l’indique, l’histoire fabuleuse des Flyings Dolphins. Voici une brève description des Flyings Dolphins telle qu’elle parut en 2041 sur la page Wikipédia du même nom : “or les flyings Dolphins avaient la particularité de pouvoir se métamorphoser. lls pouvaient adopter une apparence humaine, à peu de chose près telle que nous la connaissons aujourd’hui en 2020 ou adopter l’apparence d’un être hybride, une sorte de dauphin avec des ailes et à longues pattes très fines, ainsi qu’une gouverne de direction arrière. Sous cette forme, ils pouvaient aussi bien voler sur terre que nager dans l’air ou marcher dans l’eau et réciproquement, ce qui était éminemment pratique et évidemment très amusant. Sous leur forme humaine, ils portaient tous des vêtements singulièrement différents, très bien ajustés, dans des tissus de grande qualité et de couleurs très vives qui sautaient littéralement aux yeux. Les Flyings Dolphins étaient particulièrement drôles et avaient pour mission d’insinuer la joie et la liberté dans les replis interstitiels de la réalité.”

 

Eléments de linguistique préparatoires et complémentaires

Cérémonie de fin d’études

 

Les rangs des flying Dolphins, (qui n’en étaient pas ; car il n’y avait pas à proprement parlé de rang chez les Flying Dolphins. Pas de rangs d’oignons, ni de rangs de chaises bien ordonnées, pas de rang ni de ranking, de classements internationaux des meilleurs business schools ; ces notions avaient été balayées d’un grand rire libérateur. On préférait à la notion de rang, celle du placement juste, le rakoon, l’art de se trouver à la bonne place au bon moment. Si les chaises devaient pour cela être alignées, on les alignait mais on ne parlait pas de rang. Il n’y avait pas à se mettre dans le rang. Il y avait à veiller à son rakoon.). Notez combien notre langage structure notre pensée et combien il est important de modifier le langage à mesure que la réalité évolue. Ou peut-être même le langage précède-il la transformation du réel. Ou plus exactement : peut-être  le langage est-il un élément précurseur de la transformation du réel. 

 

Scène 1 – La défense, 134ème étage, bureau 47B. 

La Défense

 

Je recommence. Le nombre de Flying Dolphins connut une recrudescence soudaine et significative  durant l’épisode présenté sous le nom des “disparus du RER A”. Le 16 février 2017 fut enregistré dans les registres informatiques de l’ensemble des tours de la Défense un taux d’absentéisme record et spontané : 

– Isabelle n’est pas là ce matin ? 

– Non.

– Elle a prévenu.

– Je crois pas.

 – Ca ne lui ressemble pas. Vous avez essayé de la joindre sur son portable.

– Pas encore.

(Elle compose son numéro)

– Appelez-là.

– Messagerie. 

– Laissez un message. 

– Allo Isabelle, c’est Christine. Je t’appelle parce que… tu n’es pas au bureau. Je voulais savoir si tout allait bien. Merci de nous tenir au courant. Voilà. Je lui ai laissé un message.

– Merci. Bon tenez moi au courant. 

Où  était Isabelle ? Et où étaient ces 3652 salariés qui ne s’étaient pas présentés au bureau ce matin ? Car ils étaient 3652. L’histoire va nous le dire.

 

We don’t all live in a yellow RER

Ce matin du 16 février, comme à son habitude, le quai du RER A était archi-bondé. La voix délicate d’une prestataire de service à bout de nerf susurrait dans les hauts parleurs saturés le doux refrain des usagers : « veuillez ne pas gêner la fermeture des portes, veuillez ne pas gêner la fermeture des portes s’il vous plaît. Merci de vous avancer dans les wagons. »

Isabelle, cadre dynamique dans une entreprise de matériel de nettoyage BtoB, qui n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, tenait bon. Lorsque le train ZAKU fit irruption à la station Les Halles, elle était fermement résolue à y trouver une place bon gré mal gré. Elle se plaça à l’endroit stratégiquement stratégique – elle avait eu le temps de l’étudier depuis 10 ans qu’elle empruntait quotidiennement ce trajet – devant lequel la porte du train devait normalement s’ouvrir. Elle tenait son livre électronique en main pour ne pas perdre de temps sur la lecture quotidienne de son roman de management appliqué, et  son sac à mains placé de manière aérodynamique le long de son corps pour éviter tout accrochage à la montée. Le train approchait. Tout était en ordre. Il ne devait pas y avoir de surprise. Ce Zaku, elle l’aurait. Rien ne pourrait l’en empêcher. 

Le train s’arrêta. Le clignotant s’alluma. Le  flot d’usagers du train se déversa sur le quai. Dans 5 secondes, ce serait à elle. Elle était en première position sur le quai. Elle aurait  ses trente centimètres carré d’espace vital pour rejoindre la Défense, et peut-être même une place assise à l’étage avec un peu de chance car elle se faufilerait vite dans l’escalier ; c’était SON plaisir du matin de monter à l’étage, ca avait un côté exceptionnel, peut être un côté un peu bus anglais à deux étages, une sorte d’exotisme, enfin quelque chose… et elle aurait peut être sa place ce matin à l’étage du Rer Zaku… 3, 2, 1. Faux départ. Isabelle vacilla. Son pied glissa sur la bande de sécurité en braille. Sa cheville dévissa. Elle eut mal. Elle contient un petit cri. Elle était déjà prête à remonter sur la piste malgré une entorse naissante. Mais il était déjà trop tard. Ses concurrents ne lui donneraient pas une deuxième chance. Ca y est, elle était en train de se faire passer devant par une meute de cadres enragés. 

 

FAILLE SISMIQUE

DANS LE SYSTÈME NEURONAL

FAILLITE DES MÉCANISMES DE 

CONTRÔLE

 

Faille

 

FAILLITE FAILLITE FAILLITE DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL.

Let it be, ô let it be

Partition des beatles

 

Et soudain l’envie de lutter l’abandonna. En un instant, l’idée de se battre pour entrer dans ce Rer lui parut absurde. Grotesque. Et la métaphore fila et l’absurdité se répandit comme une traînée de poudre en elle.  L’idée d’aller travailler ce matin lui parut absurde. L’idée de retourner au bureau le lendemain lui parut absurde et il ne fallut pas plus de 10 millisecondes pour que l’idée même d’aller retravailler un jour dans sa tour à la Défense lui paraisse désormais absurde. 

– Pourquoi est ce que je fais ce que je fais  ? La question fusa depuis la zone reptilienne de son cerveau et vint mitrailler les parois du cortex et du néo-cortex.  Alerte maximale : cette idée ne devait jamais remonter la surface du conscient.  Jamais. 

– C’est trop dangereux Général ! Elle est en train de péter un plomb !
Nom d’une pipe en bambou recyclé,  faites quelque chose bande d’incapables. Arrêtez l’hémorragie ou elle va nous claquer entre les doigts. »

Bip Bip Bip

– Qu’est ce qui se passe ? 

– On a perdu son signalement sur le radar. Nous sommes foutus Général… 

Le train Zaku s’éloigna. La fournée d’usagers suivante s’amassait déjà sur le quai. Isabelle rassembla les quelques forces qui lui restaient pour s’écarter de la bordure du quai et se replia sur les bancs de la station. Elle s’assit un instant. Prit une respiration. Jeta un œil sur son livre électronique. Elle lut le titre du chapitre 12 : les métiers du chiffre 2.0. De plus en plus experts, de moins en moins comptables, et résolument numériques ! Elle eut un haut le cœur et vomit.  

 

I am free, like a river…

 

Jusqu’à présent, le vomi était pour elle  l’expression même de la crasse humaine. De la souillure émotionnelle. A bien y réfléchir, si elle s’était lancée dans cette carrière dans les produits de nettoyage pour collectivités, c’était sans nul doute à cause de l’expérience terrestre du vomi. La dernière fois qu’elle avait vomi, elle avait 11 ans, et elle s’était promis de ne jamais se souvenir de ce jour, et surtout de ne jamais plus vomir pour ne plus jamais se souvenir de ce jour. Tout devait être nickel et elle vendrait tous les produits de nettoyage nécessaires pour que ça le soit ; et maintenant elle se trouvait nez à nez avec sa bile étalée au grand jour. Qu’allait il se passer ? 

Etonnamment elle n’eut pas de réaction de rejet. Au contraire même, Isabelle s’abandonna à la curiosité et plongea dans une profonde méditation au dessus de la mare d’acides gastriques. L’odeur ne la gênait pas. Elle lui était plutôt agréable. Elle ne ressentit aucun sentiment de honte non plus. Elle était en apesanteur et quand finalement elle releva la tête, personne n’avait encore pris cas de son malaise, elle se retourna vers son voisin, la bouche toute cernée de bile et s’écria dans un grand sourire :

JE SUIS LIBRE.

L’homme fit une moue dégoûtée. S’écarta un peu, ce qui n’eut pas l’effet de décourager Isabelle au contraire. Elle se leva et reprit d’une voix toujours plus forte : Je suis libre. Je suis libre. Je suis libre…

Car elle se sentait profondément libre. L’allégresse d’Isabelle était telle qu’elle aimanta une troupe de Flying Dolphins qui ,franchirent la paroi d’un écran vidéo  publicitaire. Bien qu’elle n’en eût jamais vu de manière consciente, Isabelle reconnut les Flying Dolphins immédiatement – car la plupart des humains connaissent les FLying Dolphins de toute éternité et quand ils croient les rencontrer pour la première fois, en réalité, ils ne font que se souvenir de leur existence. 

– Je suis libre, leur dit-elle en laissant éclater sa joie.

– Félicitations, répondirent en chœur les Flying Dolphins. Ils étaient une dizaine. Chantons.

– Isabelle entonna une chanson de circonstance : I am free, like a river…de Stevie Wonder.

– Et les Flying Dolphins reprirent de plus belle.

Les usagers commencèrent à prêter attention à Isabelle. Ils ne voyaient pas encore les FLying Dolphins, mais ils furent bientôt subjugués par la joie qui émanait de cette femme. Un champ de sourires éclot sur les visages des femmes et des hommes qui croisaient son passage. 

Isabelle se mit en marche, remonta les escaliers roulants en chantant I am free, et un cortège de femmes et d’hommes s’agrégea derrière elle. Ils n’iraient pas au travail ce matin. Ni les jours d’après. Ils pouvaient à présent détecter la présence des Flying Dolphins. Ils étaient 3652 et la Défense n’eut plus jamais de nouvelle d’eux. Ils étaient les disparus du RER A.

 

La défense, 134ème étage, bureau 47B

– Vous croyez qu’elle va revenir Isabelle.

– Mais oui…

– Ca fait combien de temps qu’elle est partie ?

– 2 ans, 245 jours, 13 heures et 16 minutes.

– Ah quand même.

(Une autre femme entre, c’est Jeanne)

– Christine, y a une carte d’Isabelle au courrier.

– Donnez-moi ça. Chères toutes et tous, je suis heureuse et libre. Je vis à l’ère des rêves en compagnie des Flying Dolphins, je vous aime. Prenez soin de vous. Soyez libres.

– Je crois qu’elle reviendra pas…

– Ne dites pas ça Virginie. Voyons. Un jour on lui manquera et elle…reviendra.

 – Christine Je vais y Aller.

– Oui vous avez raison reprenons le travail. 

– Non, non mais je… je vais rejoindre Isabelle.

– Comment…

 – Je suis libre.

– Non Jeanne non pas vous.

– Moi aussi Christine, j’y vais.

(Elles partent en explosant de rire)

– Vous le regretterez… Amèrement… Très certainement.

 

Michaël Benoit Delfini

 

Plus d’informations rétro-futuristes sur :

  • Facebook : Flying Dolphin Experience ; Clisson à l’échelle du cœur ; Clisson Fruitball Club
  • Website : www.compagnieartichaut.com

 

 

 

 

 

 

9 mai 2020 0 commentaire
3 FacebookTwitterPinterestMail
Carnet de voyage

EN CANOË SUR L’ALLIER – #4 Le dernier bivouac

par un contributeur 28 mars 2020
écrit par un contributeur

Découvrez la suite des aventures de Gonzague et Erwan à la conquête de l’Allier, le fleuve le plus sauvage d’Europe. 

 

Dormir en pleine campagne ou dormir sur des berges sont deux choses différentes.  Il y a des tas de critères à prendre en compte. Quand on marche, le choix de bivouac reste assez étendu (quoique, ça peut dépendre du terrain, mais je n’en sais rien je n’ai jamais fait de roadtrip à pied).

Voyons un peu pourquoi l’avant dernier bivouac était un lieu presque parfait. Une petite île bien tranquille ! Un peu d’espace vert, une plage et des arbres pour l’ombrage et les hamacs, bref un vrai nid douillé de confinement. Avec Gonzi (il faut le dire ici, c’est son surnom), on a même baptisé ce lieu, mais on ne le dira pas ici. Le prochain voyageur pourra lire sur place, une gravure où est inscrit le nom de l’endroit.

Mais qu’est-ce qu’est-ce qu’un bon bivouac ? C’est un bivouac avec assez d’arbres pour monter les hamacs (au moins deux si ces derniers sont assez gros et branchus pour y fixer plusieurs lits. ) C’est aussi un lieu qui reproduit la maison, le coin cuisine, le coin dodo et le coin le plus important : la terrasse. Ce genre d’endroit ensoleillé avec une belle vue sur la rivière.  Ici on boit des bières quoi (je crois que le confinement me rend nostalgique là)… Le moment sur la « terrasse », c’est l’heure la plus précieuse de la journée. 

 

Etendue d'eau

 

L’installation du bivouac ou comment agencer son appartement

On a monté les hamacs, allumé le feu, décapsulé les bières avec le briquet qui commence à s’effriter. Après tout cela, il ne reste plus qu’à s’asseoir en regardant le soleil se coucher sur la rivière. C’est presque des vacances au bord de la mer. Je me souviens de notre dernier bivouac, le soir du quatrième jour. Là, c’était la galère pour trouver. Notre plus grand souhait était de découvrir un endroit conforme à nos rêves. Chercher une berge pour dormir, c’est comme visiter un appartement pour un couple de jeunes pros. Demandez à Gonzague, il sait de quoi je parle.

Premier arrêt, première visite, on aperçoit l’endroit du bivouac de loin : “chéri j’ai vu cette annonce sur seloger.com, au pire on y va ça coûte rien.” Le lieu n’est pas génial mais notre subconscient fait office d’agent immobilier et essaie de nous vendre un misérable taudis, sans double vitrage, avec le carrelage de la douche fait avec de la pâte à modeler d’enfant. Le voici qui nous bazarde son bien, le malhonnête : “de belles surfaces, avec la possibilité de maximiser l’espace; appréciez la profondeur de cette pièce ! L’idéal pour s’installer.” Pour le premier possible bivouac, c’était la même chose : une rive insalubre, des courants d’air fluviaux insupportables et l’odeur de la vase qui remonte des canalisations…. bref, la prochaine annonce, on saute sur l’occasion ! Rebelote… 

Une troisième visite ? Cette fois-ci il n’y pas assez d’arbres..l’annonce indiquait un T3 pourtant…. Mais la quatrième visite est la bonne. On trouve un lieu ouvert, avec un petit bosquet de trois grands arbres. Notre T3 parfait. Accompagné d’un joli pré descendant jusqu’à l’Allier : notre terrasse. Il nous suffit donc d’aller récupérer les choses du quotidien dans le frigo. 

 

Pêche miraculeuse

 

Un frigo disais-je ? Oui ! mais pas n’importe lequel. Tout le monde connait la technique de faire rafraîchir ses bières et son rosé dans l’eau. Nous arrivons, on débarque, on pose les divines bouteilles dans le lit de la rivière et ensuite, c’est la pêche miraculeuse. A défaut de poisson, on va à pêcher le rosé. Une belle prise néanmoins ! (voir la vidéo : on explique, on commente, on analyse). Le tire-bouchon remplace l’hameçon. Bref, une bien belle journée qui se termine. 

 

 

Suite et fin

Le lendemain, dernier jour. L’Allier commence véritablement à changer d’aspect. Les berges s’affinent, le lit de la rivière s’agrandit. Le calme bruissement d’une eau calme remplace les crachats houleux d’une onde tumultueuse. Ce dernier jour, c’est un peu le retour d’Ulysse à Ithaque.

 

Voir notre itinéraire ICI.

 

La dernière partie de ce trajet se passe comme tous les derniers jours. Nous sommes heureux d’être parti mais heureux de rentrer. Je crois que nous avons été complètement convaincu par ce genre de voyage. Même le trou dans la coque n’a pas entamé notre enthousiasme : la preuve : il y a une suite à cette histoire.

Le prochain récit racontera comment nous avons parcouru près de 300 kilomètres entre Moulins (Bessay-sur-Allier, plus précisément) et Orléans. Nous dirons au revoir à l’Allier et bonjour à la Loire. On fera des rencontres sympas avec d’autres kayakistes de notre acabit et la suite je ne vous la raconte pas, elle sera à retrouver dans un mois, ici sur BSFmagazine.

 

Bivouac

 

Fin de la saison 1 

Découvrez la descente des rapides en Formule 1 juste ICI. 

28 mars 2020 0 commentaire
2 FacebookTwitterPinterestMail
Baudouin Duchange - Chroniques

5 reportages pour t’évader sans attestation

par Baudouin Duchange 22 mars 2020
écrit par Baudouin Duchange
5 reportages pour t’évader sans attestation

 

Voici une liste résolument subjective qui, j’espère, vous fera voyager durant cette période particulière de confinement. J’attends vos retours en commentaire ou bien sur nos réseaux sociaux ! 

 

1 – L’outsider : La chaîne YouTube Till Tomorrow 

Cinq reportages courts sont à retrouver sur cette chaîne. Le sujet de prédilection ? S’intéresser à la place de la nature au sein de la population éco-dépendante de l’hémisphère nord. Au programme, les autochtones d’Alaska, les Aïnous, les nomades Mongols et les Tsaatans. Fascinant et audacieux.

Le petit plus BSFmagazine ? Une collaboration Carte Blanche est prévue avec eux bientôt sur notre page instagram ! 

Pour en découvrir plus sur leur projet : https://www.youtube.com/channel/UCeXt3tgWCkfrZRKMjGLk4Kw

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

 

2 – L’impressionnant : David Reichert, Orques de Crozet, ces gigantesques éléphants de mer

Faîtes-moi confiance, j’en ai vu passer devant mon écran des reportages animaliers. Que se soit en gueule de bois, au retour du travail ou même dans le métro, l’intense poésie qu’ils dégagent est souvent bien plus intéressante que n’importe quel film mal écrit.

La preuve avec cet incroyable reportage du cameraman David Reichert parti 4 mois seul sur l’île de Crozet étudier la faune animalière locale. Je n’ai pas de mot supplémentaire pour décrire mon admiration. 

Lien vers le reportage : https://youtu.be/ZEpUDIN8TwE

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

3 – Le classique : Secret d’histoire, Prince Charles, aux marches du trône.

Enfonçons dès maintenant une porte déjà grande ouverte : l’émission de Stéphane Bern est vraiment de qualité. Depuis 2007, ce programme de vulgarisation historique permet à chacun de saisir les enjeux d’une époque via les portraits qu’elle dresse.

Mon préféré ? L’épisode sur le Prince Charles. Précepteur sur l’importance de la question écologique et véritable acteur dans ce domaine depuis les année 70, cet épisode vous emmène de manière inédite à travers son histoire si particulière grâce aux lieux qui l’ont construit.

En filigrane, vous découvrirez son style vestimentaire intemporel et un humour toujours savoureux. Les images et le traitement narratif, qui font parfois défaut dans cette série, sont ici impeccables. 

Je ne peux que vous encourager à cliquer sur ce lien : https://youtu.be/UErltEtjppw

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

 

4 – L’indispensable : Arte, Le sucre, le doux Mensonge

Je rêve parfois d’une télévision à chaîne unique avec comme seuls programmes ceux d’Arte. Intelligents, bien réalisés et toujours respectueux, c’est, de mon point de vue, la seule chaîne qui vaut le coup d’être financée par le service public.

Quoiqu’il en soit, voici le dernier documentaire découvert sur le replay qui m’a autant intéressé que bouleversé. Le sucre est le plus gros meurtrier de notre époque moderne. Seuls les communistes (Staline et Mao en tête) peuvent peut-être revendiquer un meilleur score en rassemblant leurs certifications “disque de platine”. Entre remise en question de vos habitudes culinaires et réelle envie de changer notre industrie française, ce reportage ne pourra pas vous laisser indifférent. 

Lien : https://youtu.be/6f3NvV05k28

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

 

5 – Le plus déjanté : Oasis, Supersonic

Je m’excuse d’avance envers mes proches pour l’énième bourrage de crâne que je vais faire avec ce reportage ! Mais il y a pour cela une raison : ce documentaire, centré sur les prémices du meilleur groupe anglais de tous les temps, est tout simplement incroyable !

A travers des enregistrements d’époque, des images d’archives saisissantes et des témoignages hilarants (big up à la madrina de la fraté Gallagher !), nous suivons les frères Caïn (Noel) et Abel (Liam) dans leur course à la gloire, à l’argent, à la drogue et l’amour de la musique. La rage de l’aventure, Oasis et BSFmagazine, même combat ? 

Où chercher ce documentaire ?  A vous de le retrouver sur votre site de streaming illégal habituel !

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

 

Et vous, quelles sont vos meilleures trouvailles sur le net pendant ce confinement ? Qu’avez-vous pensé de ces idées de reportages ?

22 mars 2020 2 commentaires
6 FacebookTwitterPinterestMail
Carnet de voyage

En canoë sur l’Allier – #3 Du rallye à la Formule 1

par un contributeur 13 mars 2020
écrit par un contributeur
En canoë sur l'Allier

Découvrez la suite des aventures de Gonzague et Erwan à la conquête de l’Allier, le fleuve le plus sauvage d’Europe. 

 

On aurait pu comparer la première journée de navigation de nos deux camarades à une manche de slalom de Tony Estanguet aux Jeux Olympiques de Londres. On se représente bien l’athlète dévaler les vagues tout en visant juste pour passer les portes dans le bon sens, lisant le courant et les tourbillons afin d’optimiser sa trajectoire et sa vitesse. Mais à ce moment là Erwan et Gonzague se représentaient plus dans la peau d’un pilote de rallye automobile, tel Sébastien Ogier ou Sébastien Loeb, tentant d’aller chercher une 7ème couronne mondiale. À l’image d’une course de rallye WRC, la première journée ne fit pas de cadeaux à nos deux pilotes et, à force de déraper sur les rochers dans les rapides ou de se laisser entraîner sur les bas-côtés de la rivière, ils durent bien, la nuit venue, se rendre à l’évidence que leur véhicule était définitivement endommagé. La carrosserie était sérieusement enfoncée, leurs ailerons étaient partis en fumée, l’aéro était à revoir : plus rien n’allait.

Les mécanos passent donc une partie de leur soirée à retaper le véhicule endommagé (comprendre par là qu’on passe un bon moment à vider le canoë de l’eau qui s’y était clandestinement embarqué en soute). Mais la nuit porte conseil et c’est lors du brief d’avant course, le deuxième jour, qu’on prend une grande décision. Désormais on avait dépassé la partie la plus sinueuse de l’Allier et il nous faut maintenant passer la vitesse supérieure. On décide donc, tels Kubica ou Alonso, de troquer notre baquet de rallye pour un volant de Formule 1.

 

8h30 : La grille de départ

 

En canoë sur l'Allier

 

C’est notre premier Grand Prix de F1. Jeunes pilotes que nous sommes, nous nous faisons un peu surprendre par l’horaire. Il est déjà 8h30, nous ne sommes pas encore partis mais les vaches de leur pré sont là pour nous rappeler l’heure telles les “grid girls” sur la grille du départ. Juste le temps d’un passage aux stands. On jette un dernier coup d’oeil à la carte, on prend une dernière gorgée de café. Nos équipements sont prêts, ici pas besoin de casque, un gilet de sauvetage suffit. Nos mamans en seront moins inquiètes et vu nos péripéties de la veille (voir le précédent article), une nouvelle sortie de piste n’est pas à exclure. Nous voilà enfin sur la grille de départ saisissant notre pagaie tel un pilote tenant son volant. Les “grid girls” s’écartent, le départ va être donné d’un moment à l’autre. C’est parti ! Il est 9h30 et on s’élance à l’assaut de la rivière, contre la carte et la montre.

 

11h00 : 1er pit-stop

Le début de course se passe bien mais cela fait déjà plus d’une heure que nous roulons, enfin pagayons, et la piste use notre embarcation. Il est temps de changer de pneumatiques. Dans notre cas cela signifie écoper l’eau du canoë, remplacer les rustines appliqués sur les blessures du canoë, en profiter pour descendre un thermos de Nespresso, y tremper un ou deux boudoirs et hop nous voilà déjà repartis. En réalité, de concurrents il n’y en a pas autour de nous. Il n’y a pas de temps de référence non plus sur notre parcours. Nous sommes donc les seuls juges et commissaires de notre course. Et c’est pour ça que, pour garder notre rythme, on use de toutes nos techniques pour tromper l’ennui et continuer d’avancer. Entre deux passages techniques les discussions vont bon train. Une fois les ragots épuisés, on parle de la prochaine étape, puis on les entend chanter. Ce sont d’abord des chants scouts pour se donner de l’entrain, puis des chants paillards en guise de pause avant d’enfin entonner tout notre répertoire militaire qui accompagne notre rythme de pagayage. Et puis, quand le temps se fait long, comme un pilote appellerait son box à la radio, on appelle nos potes pour partager notre avancée et prévoir les prochaines vacances. Mais ça y est, à force de chanter et de parler, il est déjà 13h et l’heure du déjeuner approche.

 

En canoë sur l'Allier

 

13h30 : L’arrêt au stand

Nos deux pilotes ont déjà parcouru 35 km à bord de leur Formule 1 d’eau douce et en un temps de record de 4h00. On arrive à Pont du Château (voir la carte interactive ICI) et on s’apprête à effectuer notre deuxième pit-stop. Les mécanos s’affairent, tentent de changer leurs pneumatiques mais cette fois-ci les dégâts sont trop importants. Il va falloir rentrer le bolide au stand et penser à une réparation plus sérieuse. On hisse donc le canoë sur la berge. On achète un mastic, qui une fois réchauffé dans le creux de la main, permet de colmater les brèches. Mais là c’est la double peine : en plus du temps de réparation, il va falloir prévoir deux heures de séchage… 

Notre moyenne au kilomètre est flinguée mais pas de soucis, on a plus d’un tour dans notre sac. Le temps est mis à profit. On sort le saucisson, on met le rosé au frais, on tend même une ligne au cas où une truite passerait par là. Et comme la récupération est primordiale dans ce genre de périple, on prolonge l’arrêt au stand par 20 minutes de sieste technique. Ça y est le mastic est sec, la truite n’a pas daigné croquer mon bout de saucisson mais la bouteille de rosé est vide. Il est l’heure de repartir.

 

16h00 : Deuxième tour de piste

Il est déjà 16h, la pause a duré plus longtemps que prévu. D’après les cartes, il nous reste un peu plus de 10 km. Si le courant continue à bien nous pousser c’est l’histoire d’une grosse heure. Mais le parcours en a décidé autrement, on mettra finalement plus de deux heures pour arriver au terme de l’étape du jour. Plusieurs obstacles vont se présenter à nous. Sur les 10 prochains kilomètres, la rivière descend de presque 50 mètres de dénivelé. On peut donc dire sans mauvais jeu de mots qu’il y a anguille sous roche.

 

En canoë sur l'Allier

 

Ce midi la truite n’avait pas mordue à l’appât mais à peine repartis, alors qu’on navigue maintenant sur une sorte de plateau de calcaire, le fond n’est plus fait de sable, mais l’eau transparente glisse sur la roche. La rivière révèle enfin ses secrets et le soleil aidant, on voit miroiter à chaque coup de pagaie un banc entier de truites ou de perches. Le spectacle est magnifique si bien qu’on se laissent distraire et on ne voit pas les dangers approcher. On nous avait pourtant bien dit de se méfier des courants qui peuvent se révéler puissants et des tourbillons que provoque par endroit la rivière.

 

Maman ne le sait pas

Comme un symbole au moment où un bruit sourd commence à se faire entendre en aval de la rivière, la playlist chante les paroles de cette chanson de Ninho :

 

“Ils veulent nous ralentir, stopper el tráfico. On est cramés dans les bails chico, on est cramés dans les bails chico.“

Ninho feat. Niska

 

En canoë sur l'Allier

 

On aurait dit que la chanson faisait écho aux barrages que la rivière avait dressés sur leur chemin. En effet subitement, alors qu’on navigue depuis un bon moment sur ce plateau de calcaire, la rivière change radicalement de physionomie. C’est comme si le plateau s’était affaissé sous le poids de l’eau. En moins de 100 mètres, la rivière perd plus de 20 mètres de dénivelé. Au fil des ans, le fleuve avait donc creusé comme des marches dans son lit. Il nous faut donc descendre de notre bolide pour s’aventurer dans cette succession de micro-cascades et leurs courants bouillonnants, mais ça heureusement maman ne le sait pas.

 

18h30 : Passage de la ligne d’arrivée, veillée et bivouac

La suite ne fut pas meilleure puisqu’il nous faut passer deux ponts. On parle ici de traversée car il s’agit souvent de traverser une zone impraticable en canoë comme obstruée par des rochers placés dans le lit au moment de l’édification du pont. Ces deux derniers obstacles passés, on cherche à s’éloigner de l’A89 et de son bruyant trafic autoroutier et on fait enfin halte sur une île en face du village de Joze.

 

Voir sur la carte interactive ICI.

 

En canoë sur l'Allier

 

La ligne d’arrivée passée, pas de cryothérapie pour nos deux champions mais un bon bain, pour le moins vivifiant, directement dans la rivière. Le bivouac se monte, les hamacs sont tendus, le feu est allumé et la soiré peut commencer. Après quelques bonnes bières et une plâtrée de riz, nous voilà autour du feu pour célébrer la journée écoulée, débriefer la course et se préparer déjà à la journée de demain qui devrait déjà nous emmener jusqu’à la ville de Vichy.

 

A suivre…

 

Découvrez l’embarquement tumultueux juste ICI. 

13 mars 2020 0 commentaire
0 FacebookTwitterPinterestMail
Baudouin Duchange - Chroniques

Bien-vivre : 5 conseils pour une promenade réussie

par Baudouin Duchange 7 mars 2020
écrit par Baudouin Duchange
La balade

 

Souvent considérée comme la cousine rondelette et insipide de l’aventure, ou bien comme le vilain petit canard de la famille de la marche à pied, la promenade a connu des hauts et des bas dans l’histoire de notre belle humanité. Archétype d’une non-aventure, nous pourrions être tentés de la dévaloriser au profit de la randonnée. A la faveur d’un débat constructif et rigoureux sur la notion de promenade, nous pourrons pourtant dégager de cette routine un acte de contestation fort. Sa disparition coïncidant avec l’apparition de salle de sport à chaque coin de rue, un article de BSFmagazine devenait nécessaire.

Nota bene : En effectuant mes recherches, j’ai appris l’existence des promeneurs du net. Notions utilisées par l’administration publique girondines, ces aventuriers 2.0 sont des professionnels présents dans la « rue numérique d’internet et les réseaux sociaux » afin de poursuivre sur le web la démarche éducative assurée par les intervenants “jeunesse des territoires”. Ce corps de métier ne sera pas abordé dans le cadre de cet article. 

 

La balade

 

Se positionner idéologiquement face à la promenade 

Tout oppose en principe la promenade et l’aventure. Là où une aventure est enrichie par l’imprévu rencontré sur la route, le promeneur trouve son réconfort dans la routine. Le même petit chemin sans embûche ni problème ; la même petite route sans surprise ni déconvenue. Une bonne promenade est un mélange savant de maîtrise de son environnement proche et de respect des habitudes. 

Son tracé reflète souvent le caractère de son emprunteur ! Un promeneur à l’oeil affuté savourera victorieusement le même détail, la même particularité architecturale ou un joli coin d’herbe. Un promeneur malicieux préparera un cocktail d’anecdotes à réciter devant ses invités abasourdis devant un tel puit de culture. Un promeneur vieillissant pourra se satisfaire de trouver à chacune de ses promenades un banc où souffler afin de prolonger sereinement son chemin. La promenade s’adapte, mais ne doit pas être confondue avec son faux jumeau : la ballade. 

Une ballade est bien plus frivole qu’une promenade. Elle laisse libre court à l’inspiration du moment du « baladeur ». La ballade nous emmène loin derrière les collines découvrir les corps des fermes d’une comté voisine. Avec elle, tel l’effet produit par la poudre de la fée clochette, enfants et adultes s’envolent joyeusement dénicher les curiosités d’une ville aimée ou bien les pâturages  verdoyants d’une campagne chérie. La charmante inconscience d’une ballade ne correspond en rien à l’organisation rigoureuse que nécessite une bonne promenade ! Au risque de me répéter : la promenade se forge lentement à travers la construction de son promeneur. Elle peut s’adapter, mais jamais être volontairement bouleverser. 

 

La balade

Joaquin Phoenix dans Two Lovers, James Gray, 2008

 

Etudes des moeurs balzaciennes  

Il ne faut pas pour autant juger la promenade. Elle a bien entendu ses défauts mais je ne souhaite pas participer au #PromenadeBashing nauséabond qui, malgré ses nombreux détracteurs, reste pour moi infondé. Car la bonne petite promenade a également ses qualités. Elle est généralement l’issue heureuse d’un repas convivial. Elle est sollicitée par les ventres rebondis et rendue nécessaire pour prolonger la cohésion sociale créée par le repas. Ce qui fait que le promeneur est souvent un bon vivant sympathique, à la bedaine arrondie et aux joues rosies par les joies des terroirs de notre belle planète.

Souriante et généreuse, la promeneuse accompagne son compagnon avec délicatesse et une sensualité toute bourgeoise. Main dans la main, promeneur et promeneuse sèment cohésion et joie dans un monde tronqué par la corruption et la barbarie. Bien plus qu’un rôle de digestion, la promenade joue également son rôle contre les tensions du quotidien.

 

La balade

En promenade près d’Argenteuil, Claude Monet, 1875.

 

Punk is not dead 

La promenade est, en apparence, calme, neutre et ennuyante. Mais de même qu’il ne faut pas réveiller l’eau qui dort, il ne faut pas la sous-estimer. Celle-ci peut apparaître comme un argument contestataire dans notre société aseptisée, kombinisée et basic-fitée. 

Jim Harrison, ce flamboyant écrivain-mangeur, disait volontiers que pour continuer à s’enfiler des quartiers de boeuf au goûter, il se promenait deux heures par jour. A l’image de Big Jim, la promenade révèle au monde l’existence de ces bandes éparses de mangeurs en exhibant dans nos rues ces bambocheurs du dimanche. Le journaliste et présentateur François Busnel soulignait d’ailleurs à son propos que « notre époque tolère mal l’art de jouir, elle vit comme une insolence tout défi aux exigences diététiques ». Les promeneurs exultent leur jouissance en pratiquant régulièrement leur promenade. 

Loin d’une société libérale à la concurrence débridée réduisant les temps de repos au minimum, les promeneurs affirment leur singularité en choisissant un mode de vie radicalement tranquille. C’est d’ailleurs comme une adolescente gothique aux cheveux rouges qui revendique ses idées en portant des Dr. Martens que les promeneurs assument leurs convictions personnelles en enfilant une paire de Paraboot. On ne fait pas d’un buveur d’eau un poète, ni d’un requin de la finance un promeneur. La promenade à définitivement son rôle à jouer. Une piste à suivre pour sauver notre monde ?

 

La balade

Couverture d’un Sacré Gueuleton, Jim Harrison

 

Photo principale : Submarine. Directed by Richard Ayoade. London: Film4 Productions, 2010.

 

 

 

7 mars 2020 0 commentaire
5 FacebookTwitterPinterestMail
Carnet de voyage

En canoë sur l’Allier – #2 Embarquement tumultueux

par un contributeur 29 février 2020
écrit par un contributeur
L'allier

Découvrez la suite des aventures de Gonzague et Erwan à la conquête de l’Allier, le fleuve le plus sauvage d’Europe. 

Le départ, enfin ! C’est pour nous un moment de grande joie, d’espoir et d’exhalation. Je crois que nous étions vraiment heureux. Il faut dire que nous avions pensé ce voyage depuis déjà pas mal de temps. Au départ ce n’était qu’une idée amusante, un rêve de voyage mais ce jour d’août était enfin arrivé. « Cette fois-ci, c’est la bonne ». Les grands voyages sont souvent le fruit de petits rêves. Je me souviens que mes parents et mon frère nous avaient accompagnés pour ce départ. Nous étions fiers. 

Tous ces moments de préparatifs nous donnaient tellement envie de partir pour de bon. Nous contemplions le canoë, cette embarcation sera notre amie pour longtemps. Nous nous étions procurés un gros sac étanche, pour les quelques frusques emportées avec nous et un petit, pour tout le matériel scientifique et sensible… non… pour les téléphones, le mp4 et une petite enceinte. J’avais trouvé un vieux mp4 que j’utilisais au lycée. Ce compagnon sonore ne fonctionnait plus tellement. Nous ne pouvions ni enlever, ni ajouter de musique. Nous nous contentions alors de ma playlist de lycéen : les années 80 et de la techno des années 2000 ; indémodable. C’était notre façon de nous souvenir de nos moments à l’école.

 

L'allier

 

En plus de ces deux sacs étanches, nous avons pris un vieux sac militaire qui prenait l’eau à la moindre éclaboussure. Nous avons stocké à l’intérieur les denrées non sensibles : boites de conserves, ficelles et autre objets qui ne craignaient pas la rivière. Cette musette, comme l’appellent les militaires, nous l’avons placée à l’avant du bateau. Je dis « placé » parce que, fort de notre inexpérience, nous n’avons pas jugé utile de l’attacher. Bien mal nous en a pris comme vous allez l’apprendre bientôt.

Dans la liste de notre matériel, certaines choses sont indispensables pour un tel périple : une corde. Elle va servir pour amarrer l’embarcation mais aussi pour le bivouac : pour accrocher la bâche s’il pleut. Nous l’avons utilisé comme rallonge pour installer les hamacs. On ne trouve pas forcément d’endroit avec des arbres offrant une configuration propice à la mise en place de notre campement. La grosse corde mais aussi de la ficelle (style drisse) peut remplir cette fonction. Nous avons pris avec nous des tendeurs. Ces grosses ficelles élastiques ont une utilisation quasi-universelle. Mais ils étaient surtout bien pratiques pour fixer les sacs sur notre batelet. Enfin, il ne faut pas oublier la hache, ou la machette. Ces outils sont indispensables pour couper du bois pour le feu, construire un abri et bien souvent pour déblayer le lieu du bivouac. 

 

Pour suivre le périple, découvrez la carte interactive => Ici

 

Et patatrac…. !!

Tout ce matériel se trouvait sur le canoë mais comme je le précisais plus haut, tout n’était pas bien ficelé. Comme dans Mort à crédit, Céline aurait dit de nous :  « Ah! Il était harnaché!…Il en avait lourd sur les os… Tout un attirail de trouffion, un paquetage complet… avec deux musettes! deux bidons! trois gamelles! » Bref.. tout cela était bien bancal. On a versé pas loin de la ligne départ. Hop ! une gamelle et une gourde (la seule que nous possédions) de perdues. Le sac coule à pic et se coince par chance dans les pieds de Gonzague qui le retient malgré le courant. L’Allier est assez vive à cet endroit (entre Jumeaux et Nonnette… à vos cartes !).

Sachez, ami lecteur, qu’une musette militaire ne flotte pas. Cette première brimade nous sert de leçon. Quelle idée de n’avoir attaché que les sacs étanches. Il est fréquent de se renverser dans les rapides. Notre canoë destiné à la balade en mer fait des siennes dans de telles situations. Ce petit événement est bien anodin pour le navigateur prévenu mais nous, pauvre marin d’eau douce, partions comme un soldat en 14, sans tout savoir de l’issue de notre périple. Nous n’avons plus jamais refait cette erreur. À partir de ce moment-là, l’harnachement du paquetage fut une espèce de rituel accompli à chaque levée d’ancre. Au bout de quelque temps, nous avions le coup de main, le geste précis et le mouvement rapide. 

 

L'allier

 

La casse

On retrouve nos deux amis quelques heures plus tard. Cela fait déjà un bon moment qu’ils pagaient et malgré quelques manœuvres qui ont engendré quelques chutes, ils apprennent vite. Il faut dire que l’époque, l’eau est encore froide et le courant est fort à certains passages ce qui suffit à faire passer l’envie à nos deux compagnons de faire trempette. Ne pas tomber est une chose mais il leur faut aussi apprendre à « lire » le cours d’eau, c’est-à-dire déceler là où se trouve le courant le plus fort, là où il y a de la profondeur ou, au contraire, là où peuvent se cacher des pièges. Cet apprentissage est long et ils vont l’apprendre à leur dépens.

Par la suite, ils sauront bien des mètres à l’avance sonder de leurs yeux les profondeurs de la rivière, anticiper les obstacles en estimant leur emplacement et leur profondeur en fonction du courant et des remous créés en aval. Ils sauront différencier un rocher ou une branche enfouie dans le sable d’une simple algue végétant entre deux eaux. A mesure ils sauront même différencier certains poissons par le sillage qu’ils laissent. La surface de l’eau se fait en quelque sorte le témoin de tout le milieu subaquatique qui n’aura bientôt plus de secret pour ces deux-là.

 

L'allier

 

 En route vers Vichy, la belle vie

Mais revenons à la navigation et rappelons que lors du dernier épisode nous avons quitté Erwan et Gonzague juste après leur départ de Jumeaux. Ils ont maintenant dépassé la ville d’Issoire et s’approchent à grands coups de pagaies du village de Coudes rendu populaire par les magnifiques méandres que forme l’Allier autour de la cité.

Mais voilà que depuis quelques kilomètres, ils se trouvent lourds. Erwan pense d’abord que c’est à Gonzague de passer à l’arrière pour équilibrer le poids du canoë, puis à l’avant. Rien n’y fait, pour cette fois Gonzague et son poids son quittes, qu’il soit à l’avant ou à l’arrière, l’embarcation perd de sa maniabilité. On pense alors que ce sont les affaires qui, à force de tomber à la flotte, s’imprègnent d’eau et pèsent de plus en plus lourd. Mais, après une énième manœuvre rendue délicate par le poids du bateau, il faut bien se rendre à l’évidence : c’est le canoë qui a un pépin.

Il faut dire que l’apprentissage fut rude pour lui aussi. Ses passagers ont fait leurs gammes sur les premiers rapides et il a plus d’une fois heurté violemment des rochers cachés. Le constat est sévère : on a perdu un morceau de plus de 10 cm à l’avant qui servait de protection pour la coque. Sans cet élément, c’est tout notre périple qui était remis en cause et dès notre premier jour. Nous n’avions plus le droit à l’erreur. En se décrochant, ce morceau nous avait fait perdre en aérodynamique et donc en vitesse mais il avait aussi fait céder la coque à deux endroits ce qui expliquait la voie d’eau et le poids du canoë.

 

L'allier

 

En s’arrêtant à Coudes nous avions vu juste puisque c’était une arrivée de randonnée nautique. Nous nous sommes donc enquis auprès des différentes bases nautiques de la manière de procéder pour réparer notre embarcation blessée. Il existe en effet une méthode consistant à faire fondre un plastique particulier avec un fer sur la plaie pour la refermer. Malheureusement, ils n’avaient pas ici de ce plastique en question, et, l’opération devant se faire au sec et nécessitant un temps de séchage, nous aurions dû attendre jusqu’au lendemain. Bon gré mal gré, nous sommes donc repartis en ayant au préalable partiellement colmaté les voies d’eau à l’aide de pansement. C’était plutôt efficace !

On a donc continué ainsi pendant un jour, faisant fréquemment des pauses afin de vider notre embarcation de son eau, avant d’enfin trouver un mastic qui nous a permis de définitivement colmater les brèches. Cette épreuve surmontée, nous pouvions reprendre notre rythme de croisière et déjà viser notre prochaine étape, Vichy !

 

Beaux pays et paysages

Nous avons versé pour la première fois près du petit village de Nonnette. C’est le nom du lieu et du petit pic sur lequel se trouve ce bourg. En effet, Nonnette est située sur une formation volcanique qui donne l’aspect d’un promontoire assez fin et assez haut poussant au beau milieu d’une plaine où d’un côté la pente est très rude et de l’autre très douce. Ce phénomène est dû à la coulée de lave qui ne s’étend que d’un côté de la cheminé pour former un petit plateau de faible inclinaison.

La présence des coulées volcaniques est encore plus visible à quelques kilomètres de là : sur la colline d’Usson. Il s’agit de la même configuration géologique que Nonnette, cependant l’on peut y voir des orgues basaltiques. Ayant l’aspect de prisme verticaux, les orgues basaltiques se forment quand la lave se refroidit. 

 

L'allier

 

Au moment où nous admirons ces petites cheminées volcanique, se tenaient devant nous de belles Salers. La rivière abreuvait ces vaches auvergnates de son eau fraîche. Elles arboraient fièrement leur jolie robe rouge bordeaux. Cette vache laitière très rustique est originaire du Cantal. Un fromage AOP éponyme est produit dans la région (l’appellation s’étend du Cantal au Puy-de-dôme) : le Salers. 

 

L'Allier

Une salers en premier plan et Nonnette en arrière plan

 

Les paysages d’Auvergne que nous avons découvert et redécouvert nous ont émerveillés tout au long de notre descente. J’espère que la lecture de ce papier donnera envie aux curieux d’aller rendre visite à la terre Arvernes. Ces montages et ses plaines (petite et grande Limagne) seront bientôt derrière nous. Notre chemin, nous menant vers Vichy, commence à nous montrer des berges de plus en plus larges, sablonneuses et une rivière plus calme. Nous doublons massifs, volcans et puys, traversant la Limagne pour rejoindre Vichy au porte du Bourbonnais. 

A suivre…

 

Découvrez les préparatifs de l’aventure juste ICI. 

 

29 février 2020 0 commentaire
1 FacebookTwitterPinterestMail
Baudouin Duchange - ChroniquesCarnet de voyage

A fond la forme : les vacances Quechua

par Baudouin Duchange 21 février 2020
écrit par Baudouin Duchange
Vacances Quechua

 

Mon sac à dos fait 15,7 kilos : c’est beaucoup trop. Il me reste 12 kilomètres de chemins boueux de montagne à parcourir sous la pluie et la pente ressemble à un mur infranchissable. C’est également beaucoup trop ! Le ruissellement de la pluie contre le poncho me donne un tempo à suivre pour la journée et, par un effort de volonté hors norme, je m’interdis formellement de regarder ma montre. J’applique une technique de survie : minimiser la distance qu’il me reste à parcourir et enjoliver celle déjà réalisée !

Un des quatre compagnons avec qui je grimpe cet espèce de Mordor grogne et souffre le martyre avec sa paire de Quechua neuve. C‘est la deuxième fois qu’il cohabite avec la montagne; la première en itinérance pendant une semaine en quasi autonomie dans les Alpes. J’oscille entre le rire et la pitié, mais de toute façon aucun des deux ne nous aidera à terminer cette maudite journée. Il faudra puiser dans nos réserves physiques et mentales. Il faudra nous fatiguer.

En mâchant lentement une barre Grany, il me demande quel sens y a-t-il à s’épuiser pendant des vacances. Les semaines parisiennes éreintantes ne devraient-elles pas justifier une semaine entière à se dorer la graisse sur la plage plutôt que de briser nos pieds contre la pierre montagneuse ? Ce type de réflexions ne nous aidera pas non plus à gravir le sommet. Mais elles permettent de donner matière à bouffer à un cerveau fatigué, et c’est bien plus efficace que toutes les barres énergétiques du monde.

 

Le coût de l’inertie

Il est vrai qu’à première vue, les vacances – ou plutôt les congés payés pour les récents nouveaux salariés du marché du travail – sont assimilées au sable fin caressé par le bruit doux et régulier de la mer ; ou bien à du tourisme exotique dans une ville pleine de mystères ; ou encore à des rêveries le long de grands lacs rafraîchissants. En résumé, à une forme d’inertie. Et pourtant, une masse d’hurluberlus continue de s’imposer des défis insensés.

Au lieu d’éplucher les sites de voyage à la recherche d’une bonne affaire, ces imbéciles scrutent sur des cartes IGN démodées les meilleurs chemins, lieux de ravitaillement et fontaines d’eau publique. Au lieu de comparer les hôtels les plus avantageux à l’autre bout du monde, ils cherchent un moyen astucieux pour optimiser le poids de leurs sacs à dos. Au lieu de réserver en ligne des « activités » de loisir, ils attaquent les forums d’explorateurs anonymes en quête d’enseignements. Ces gens-là sont bien stupides de refuser un repos si mérité ! En gardant un esprit ouvert et lucide, comment justifier leur comportement ?

En me relisant, j’ai l’impression qu’une des raisons pourrait être le désir de s’écarter des routes commerciales, du business que le capitalisme arrive à créer partout. Il existe, bien sûr, un marché pécuniaire pour faire raquer les aventuriers, mais, de fait, cela vous coûtera moins cher de camper en montagne plutôt que de dormir dans un hôtel à Dubaï. En effet, la logique est la suivante : pour ne rien faire, il faut que des personnes le fassent à notre place, et donc en payer le prix.

 

Vacances Quechua

 

La pratique du tourisme

Ce sont les thématiques qu’abordent Michel Houellebecq dans Plateforme. En s’immisçant dans la peau d’un quadragénaire dépressif souhaitant faire un break, il pose la question de la survie dans un monde où l’argent et le plaisir sexuel sont vus comme les seules possibilités de bonheur. Sa critique se concentre sur le tourisme sexuel, apogée d’un voyage de consommation tourné vers l’argent, le plaisir individualiste et le non-effort.

Mais son regard d’écrivain se tourne, de manière générale, vers toutes les agences de « voyage ». Extrait :

 

« Mes rêves sont médiocres. Comme tous les habitants d’Europe occidentale, je souhaite voyager. Enfin il y a les difficultés, la barrière de la langue, la mauvaise organisation des transports en commun, les risques de vol ou d’arnaque : pour dire les choses crûment, ce que je souhaite au fond, c’est pratiquer le tourisme. On a les rêves qu’on peut; et moi mon rêve à moi c’est d’enchaîner à l’infini les « Circuits passion », les « Séjours couleur » et les « Plaisirs à la carte » ».

 

Comment ne plus pratiquer le tourisme mais vivre un voyage ? Le personnage de Houellebecq s’en sort (partiellement) grâce à l’amour. De notre côté, si l’Amour est inaccessible, lointain ou trop farouche, on peut toujours partir à l’aventure ! S’écarter des chemins en les choisissant nous même ! Troquer le programme d’une croisière-paquebot contre une carte Michelin. Ne pas avoir peur de se fatiguer en vacance et les considérer au contraire comme méritantes. La récompense à cet effort : l’imprévu.

 

Sauvé par l’imprévu

L’Imprévu est un bar lillois dans lequel je trainais, parfois, en début de soirée. Ici ou ailleurs, le même rituel s’impose chaque semaine, comme depuis plusieurs années : prévenir ses amis, prévoir un repas consistant, s’habiller pour l’occasion et acheter un paquet de clopes, commander une bière puis une deuxième, avant de ne plus les compter, faire la fermeture, trouver un autre troquet, rentrer seul ou accompagné. Ce programme reste inchangé depuis des générations. La raison pour laquelle il perdure se trouve caché derrière chacune de ses lignes : l’ivresse ! l’abandon ! la surprise ! l’imprévu ! Autrement ça ne sert à rien. C’est la même idée pour les vacances méritantes.

Programmer un voyage n’est qu’un prétexte pour choper un peu d’imprévu, capter une sensation incontrôlable ou un instant providentiel. Et pour cela, il est indispensable de sortir des sentiers battus, de nous forcer à brutalement s’arracher à notre quotidien dangereux de sédentaire languissant. Dans Terre des hommes, Antoine de Saint-Exupéry s’affole devant cette inertie moribonde vidant l’être humain de sa conscience :

 

« Vieux bureaucrate, mon camarade ici présent, nul jamais ne t’a fait évader et tu n’en es point responsable. Tu as construit ta paix à force d’aveugler de ciment, comme le font les termites, toutes les échappées vers la lumière. Tu t’es roulé en boule dans ta sécurité bourgeoise, tes routines, tes rites étouffants de ta vie provinciales, tu as élevé cet humble rempart contre les vents et les marées et étoiles. Tu ne veux point t’inquiéter des grands problèmes, tu as eu bien assez de mal à oublier ta condition d’homme. Tu n’es point l’habitant d’une planète errante, tu ne te poses point de questions sans réponse : tu es un petit bourgeois de Toulouse. Nul ne t’a saisi par les épaules quand il était temps encore. Maintenant, la glaise dont tu es formé a séché, et s’est durcie, et nul en toi ne saurait désormais réveiller le musicien endormi, ou le poète, ou l’astronome qui peut-être t’habitait d’abord. ».

 

Etre éveillé par l’imprévu afin de rester vivant, pour paraphraser Thoreau, voilà ce que cherche le vacancier adepte de la fatigue ! Et qu’il trouve dans l’évasion offerte par le voyage.

 

Vacances Quechua

 

Conclusion

Notre sommet des Alpes a été dompté. La récompense : l’inestimable leçon impossible à réciter enseignée par la montagne. Mais Fernando Pessoa disait que « agir c’est connaître le repos ». Mes amis randonneurs et moi sommes maintenant, au chaud et au sec, le ventre plein et les yeux fatigués, dans le train nous ramenant à la capitale. On ne sait jamais pourquoi on continue. En tout cas, moi pas. Surtout après tant de moments à se dire que c’est la dernière fois. Mais pourtant, chaque fois, après nous être émerveillés, surpassés, s’être rendus fier, un petit quelque chose imperceptible nous donne envie d’y retourner. La preuve en arrivant à Paris où notre ami aux pieds quechua fiévreux s’écria : « Ah la montagne c’était quelque chose… l’année prochaine je fais les Vosges ! »

 

Vacances Quechua

 

Crédit photo : B.Duchange + Guillaume Hummel

21 février 2020 1 commentaire
1 FacebookTwitterPinterestMail
Tribune

Le Bwining : Nouvel art de vivre ?  

par un contributeur 17 février 2020
écrit par un contributeur
Le Bwining

Vers une nouvelle relation au Temps

Le Bwining ou Bouining en français est une activité apparue à la défense dans les Hauts-de-Seine au printemps 2017 pour adoucir la chute du capitalisme. Inventé par Gérard Talman, un ancien haut cadre bancaire, après une expérience de mort imminente suite à un burn out en plein vol, cette activité vise à ralentir l’activité neuronale des cadres supérieurs. (source wikipédia) 

 

Le bwining

 

Historique 

Le premier club de bwinning ouvre le 22 avril 2017 et compte une centaine de membres seulement quelques semaines après sa création. Gérard Talman assure seul le pilotage des opérations, en veillant à limiter son temps de travail à 15 heures par semaine pour éviter toute rechute. Il s’associe très vite à d’ex-collègues démissionnaires pour faire face au succès de son club. 

La première activité du club de Bwining de la Défense est connue sous le nom de ramassage de fagots. Les participants devaient ramasser des fagots dans un jardin partagé en étant les moins efficaces possibles. Cette activité visait à affranchir les cadres de leur addiction à l’optimisation. Au début, les participants font face à des difficultés majeures. L’intégralité des morceaux de bois du jardin est ramassée en 1 heure et certains participants ne peuvent s’empêcher de concevoir des logiciels d’optimisation du ramassage pour leur prochaine activité. Gérard Talman est intransigeant. Il exige aux participants de défaire le tas de bois et de recommencer en essayant de mettre au minimum 2 heures pour la même opération. Echec, les participants s’engrainent. Au bout de quelques minutes, ils se mettent à courir et à chercher les morceaux de bois frénétiquement. 1h07, les tas de fagot sont bien rangés et ordonnés. 

 

La Bwin d’or, trophée éphémère

Gérard Talman ne lâche rien. Il insiste. 1h30 sera son dernier mot pour cette première séance de bwining. Enfin, un participant comprend la logique du Bwinning. Il se met à défaire le tas de bois que ses camarades construisent à la vitesse grand v. Il cache des morceaux. Il flâne. Se met en travers du chemin. Entame la conversation. Grâce à lui l’objectif est atteint. 1H31. Les autres participants menacent de le fouetter à coups de bâtons ou de l’exclure du club et ils ont du mal à comprendre quand Gérard Talman en dresse un portrait élogieux et lui remet la bwin d’or. (Gérard Talman abandonnera peu à peu cette remise de prix qui avait le tort de maintenir l’esprit de compétition quoique ce fût pour décerner un prix au plus lent.) Le bwining doit marquer l’affranchissement de l’homme de l’esprit de compétition. 

Hymne du bwining : « un petit chemin qui sent la noisette » de Jean Nohain. La chanson a été retenue par Serge Dassault, créateur du deuxième club de Bwining à Corbeil Essonne. 

 

Serge Dassault un ambassadeur méconnu du Bwining

Serge Dassault expérimenta une rémission fulgurante. L’ancien patron de Dassault Aviation, fut frappé par l’intervention archangélique de Sandalphon, alors qu’il accomplissait son golf hebdomadaire sur son green privé à Dourdan (Essonne). Un club de méditation chamanique s’était réuni sur le terrain de golf la nuit passée et avait ouvert un portail de lumière. Le lendemain quand Serge Dassault se présenta, à 8h30 précise, il était bien décidé à faire ses 18 trous à la vitesse du rafale. Mais sa première balle se perdit dans le petit bois. Il tint à aller la ramasser lui-même car il avait beau être milliardaire, il détestait gâcher les balles. 

Il traversa les bosquets et fut soudainement souffler par une immense vague d’énergie d’amour qui le terrassa. Son serviteur Philippe Gilgamouche vint à son secours, tenta de le réanimer. Serge, Serge, réveille toi, où le chasseur te tuera, c’était une chanson que Serge aimait beaucoup, mais rien n’y fit. Serge Dassault était hs. 

 

Le bwining

 

Le grand réveil

Il ne reprit ses esprits qu’une semaine plus tard dans sa clinique privée ultrasecrète de La Roche-sur-Yon en Lozère. A son réveil, tous ses héritiers étaient à son chevet. Ils ne s’attendaient plus à ce qu’il ouvrît les yeux et attendait, non sans impatience, qu’il expirât son dernier souffle. Mais il n’en fut rien. Serge se dressa sur son céans comme un elfe acrobate et éclata de rire. Ca ne lui était pas arrivé depuis le 7 novembre 1981, Philippe Gilgamouche l’avait consigné sur le carnet à émotions que Serge lui avait demandé de tenir depuis qu’il travaillait à son service. Il prononça des mots que ses proches ne comprirent pas. « Vous allez liquider l’entreprise et nous allons demander pardon pour les immenses dommages que nous avons causés à la terre et à l’humanité. L’heure est venue d’œuvrer pour la paix. Cessons immédiatement le carnage. Nous avons déjà suffisamment fait de mal comme ça. Nous allons repartir à Zéro. Je vais détruire l’ensemble de nos actifs et faire fuir toutes nos liquidités vers la mer. Chacun d’entre vous aura 100 000€ pour repartir dans la vie, c’est déjà largement assez. Et moi je monte un club de bwining et je vivrai de ça ».

 

– Mais Serge, pourquoi ? Emmanuel Macron va être élu. Tous nos soucis vont s’envoler.

– J’ai dit et ainsi il sera fait. Je suis le pain, la vérité et la vie. 

 

Ce fut la stupeur. Ce fut la tempête. Ses petits fils voulurent l’interner en hôpital psychiatrique pour démence sénile. Mais Philippe Gilgamouche qui était un homme fidèle et ex champion d’Ille-et-Vilaine de Kung fu kara kwendo scrabble ascensionnel (art martial qui mariait l’art du kung fu, du karaté du tai Kwen do, du scrabble et du parachute ascensionnel) les dissuada de toute velléité d’un simple coup de pied sauté retourné à triple percussion qui faillit bien éborgner par erreur la nouvelle femme de Serge, Cynthia Gouin, qui hurla de frayeur et de joie, car sous son apparence ultra matérialiste, se cachait une femme au grand cœur qui venait par ses mots de retrouver sa liberté d’antan. 

 

Vers un nouvel ordre mondial

Ainsi démarra le deuxième club de Bwining. Serge d’Assault se spécialisa dans l’art du bwining culinaire. Il s’agissait de préparer des repas dans un temps exceptionnellement long. Il proposait notamment le riz blanc nature qui connut un grand succès. Les participants devaient mettre le riz grain par grain dans la casserole et le faire cuire à ultra basse température (22°c). Un homme mis 72h pour parvenir à faire cuire son riz. Il détint le record qui n’en était pas car la notion de record avait été abolie. 

 

riz

 

Une fois qu’ils excellaient dans l’art du bwining, les femmes et les hommes pouvaient reprendre une activité. On les invitait alors à inventer leur voie personnelle et singulière de mener à bien leurs activités, leur juste rapport au temps, respectueux de leur corps, de leur rythme interne, des autres et de la nature. Et bien sûr cela donna lieu à une reconfiguration totale du paysage économique mondial. La majorité des humains choisirent de changer d’activité, de privilégier la multi activité, Les humains travaillaient moins, plus doucement, mais beaucoup mieux. Comme une rivière qui coule paisiblement, ils faisaient corps avec leur travail, chaque geste comptait, chaque geste pesait, chaque geste générait sa puissance et son plaisir. 

Michaël Benoit Delfini

 

Plus d’informations rétro-futuristes sur :

  • Facebook : Flying Dolphin Experience ; Clisson à l’échelle du cœur ; Clisson Fruitball Club
  • Website : www.compagnieartichaut.com

 

 

 

 

 

 

17 février 2020 2 commentaires
1 FacebookTwitterPinterestMail
Carnet de voyage

En canoë sur l’Allier – #1 Larguons les amarres !

par un contributeur 14 février 2020
écrit par un contributeur
En canoë sur l’Allier

 

Gonzague et Erwan sont de ceux qui vivent d’aventures. Tout quitter ne leur fait pas peur . Habillés de courage et d’audace, la tête haute et le regard fier, ils tracent leur chemin sans faire machine arrière. Vous appelez ça une difficulté, ils appellent ça un challenge. Dans ce premier article, nos aventuriers nous comptent les débuts d’une aventure périlleuse : dompter le fleuve le plus sauvage d’Europe. 

 

La genèse du projet

Tout commence d’un rêve fou formulé dans une cour de récré pendant les années du lycée. Je ne sais plus s’ils venaient de lire En canot sur les chemins d’eau du Roi de Jean Raspail ou bien s’ils avaient trop traîné sur Youtube pour regarder des vidéos d’aventures, mais nos deux amis se sont mis en tête de relier leur deux domiciles par voie fluviale. Par manque de moyen et de temps, l’euphorie est redescendu au fil des ans mais le rêve resta là, dans un coin de leurs têtes.

Cinq années passèrent durant lesquelles leur projet fut transplanté, bouturé, taillé, arrosé, bichonné telle une plante dont on a hâte de voir le premier bourgeon et le rêve prit racine. Car…

 

“S’il existe une réalité qui dépasse le rêve, c’est celle-ci : Vivre”

Victor Hugo, Les Misérables

 

 

… et cette maxime, nos deux amis l’ont bien comprise. C’est ainsi qu’ils se lancent dans l’étude de leur futur environnement, l’Allier, car la préparation est essentielle dans ce genre d’aventure. Ils sautent donc d’un satellite à l’autre pour avoir le meilleur angle de vue sur ses moindres méandres, ses barrages et ses dangers. Les voilà griffonnant sur des cartes IGN, qui élaborent des itinéraires, envisagent des étapes, parlent topographie et météo. L’Allier les a conquis et à leur tour ils rêvent d’en faire la conquête.

 

En canoë sur l’Allier

 

L’allier, dernière rivière sauvage d’Europe

Prenant sa source en Margeride dans le département de la Lozère, au Moure de la Gardille à 1485 mètres, l’Allier parcourt 420 kilomètres avant de rejoindre la Loire au Bec d’Allier dans la Nièvre. C’est une rivière encore sauvage dans laquelle certaines institutions continuent d’oeuvrer au maintien des saumons. Les barrages, et en particulier ceux de la Loire, ont contribués à la disparition de ces poissons.

Le lit de l’Allier change régulièrement et crée des méandres et bras mort, ce qui permet à la faune et la flore de se développer. Les zones humides créées par les changements que produit cette rivière font que l’on peut dire qu’elle est “sauvage”. De nombreuses espèces de poissons prospèrent dans ces eaux (truite, tanche, sandre, perche, ombre). Cette abondance, et l’attrait pour ce que certains ont appelé un sport : la pêche, nous a poussé à tenter l’activité des premiers hommes. A chaque fois bredouille, nous aurions mieux fait de nous limiter à la cueillette. 

 

Quand ça ne mord pas, pas de remords

Apparemment, il existe plusieurs techniques pour réussir ces touches en eaux agités. Il est bien plus difficile de pêcher dans une rivière même si celle-ci est poissonneuse à la différence des eaux calmes (étang, lac, port) où, souvent, le poisson mord sans trop se faire attendre. Dans une rivière, il est possible de pêcher à la mouche. C’est une technique très connue mais il faut tout de même avoir le coup de main pour la mettre en place. En ce qui nous concerne, c’est une autre technique que nous avons utilisée.

Les eaux vives sont réservées à la pêche à la mouche, il faut donc trouver des eaux plus calmes pour ne pas s’encombrer avec cette technique douteuse. Il nous faut dénicher des endroits où la rivière laisse sur ses rives un espace d’eau presque stagnante. Il s’agit d’une zone protégée par un amoncellement de troncs, de branches, d’arbres tombés ou bien le début d’un bras mort.. On peut parfois parler de zone lentique, autrement dit d’une zone où le courant est très faible voire inexistant. Il se traduit sous la forme d’une mare, d’un petit étang voire même d’un lac. Il faut dire que nous n’avons pas rencontré de nombreux lieux de la sorte au début de notre voyage.

 

En canoë sur l’Allier

 

Départ en ordre de bataille… 

Nous sommes donc partis de Jumeaux, dans le département du Puy de Dôme. À cet endroit, l’Allier est encore vive. Ses gorges ne sont qu’à quelques kilomètres en amont. Malgré que nous n’ayons pas débuté notre voyage dans les gorges de l’Allier, il faut noter que c’est un endroit remarquable, situé entre la Haute-Loire et la Lozère. La rivière traverse Sainte-Ilpize ou Lavoûte-Chilhac, deux charmants villages qui méritent qu’on s’y arrête pique-niquer. D’ailleurs, la ligne de train Clermont-Ferrand-Nîmes (rien que cela), en oubliant les cinq bonnes heures de trajet, fait découvrir au passager curieux un paysage sauvage et grandiose d’une rivière qui demande tant à être vue. 

Mais revenons à notre voyage et à son départ : Jumeaux. À l’inverse de Sainte-Ilpize, je ne crois pas qu’il soit de bon goût de s’y arrêter pour étaler la nappe et déguster du saucisson.. Que peut-on bien y faire ? Prendre un café place de la Virade ? Je doute que quelqu’un m’ait un jour assuré qu’on y fasse bon office. Se recueillir dans l’église ? Je crois que le dernier qui l’a vu un jour ouverte, a dû mourir il y a bien longtemps. Mais à Jumeaux, s’il y a bien une chose à faire, c’est partir en canoë et c’est justement ce que nous nous apprêtons à faire.

 

En canoë sur l’Allier

 

Qu’est-ce qui nous a poussé à entreprendre un tel voyage ? L’histoire nous a t-elle proposée de partir de Jumeaux ? En effet, au XIXe siècle, l’Allier et sa descente avait tout son sens. Des bateliers transportaient du bois de construction, jusqu’à Nantes, avec des barques à fond plat comme moyen de transport.

 

Focus sur notre compagnon d’aventure

Nos deux amis ont soifs d’aventure et de liberté. Il leur est donc impensable de louer une embarcation ou d’acheter une structure gonflable. À vrai dire ils se sont quand même renseignés sur les possibilités de location mais personne ne proposait leur itinéraire : c’était trop long, trop coûteux et surtout trop risqué. Non, ils voulaient investir dans moyen de transport embarcation qui soit pérenne et qui ne soit pas un frein à leur liberté. Une embarcation qu’ils puissent réparer aussi (ils ne croyaient pas si bien dire… Ep 2 : les ennuis arrivent). 

Arrive alors l’éternel débat : canoë ou kayak ? Rame ou pagaie ? Chacun a ses spécificités. Eux ont finalement opté pour un magnifique kayak TOBAGO 2 places. Tout est dit ci-dessous mais en quelques mots, c’est surtout le choix d’une monture polyvalente, ayant une bonne assise et une contenance permettant plusieurs jours d’autonomie.

 

Kayak

 

Ce kayak a aussi un avantage, c’est qu’il nous rappelle à chaque coup de pagaie quelle est notre destination. Car  notre barque à fond plat n’est qu’un kayak qui n’a pas de fond plat, un kayak de mer en plus. Mais quelle joyeuse embarcation qui en plus a été achetée le jour du débarquement, un 6 juin ! Bien entendu, il fallait rester dans le thème. Cependant, au lieu de venir de la mer, elle sera notre destination…

 

Et tout est fin prêt

Notre voyage compte plusieurs parties. La première, nous l’avons effectuée en à peine cinq jours : Jumeaux-Moulins. Ensuite, l’envie de mener l’aventure plus loin, nous a poussé à continuer jusqu’à Orléans : onze jours. D’ailleurs (attention spoiler !) notre aventure ne s’arrêtera pas à Orléans. Nous quitterons la ville de Jeanne d’Arc pour croiser ce prisonnier de Nantes qui s’est jeté dans la Loire. Vous allez me dire “mensonge, imposteur !”. Peut-être, mais chaque chose en son temps. Cette aventure, si elle a lieu d’être, n’arrivera pas avant la troisième saison. On entend même dire que les réalisateurs ont en prévu une quatrième.

C’est donc à Jumeaux que commence le récit d’un voyage sur l’Allier et son affluent la Loire. Qu’importe le discours des géographes, dans nos esprit chauvins l’Allier s’est faite aussi grosse que le fleuve. La Loire, ce piètre affluent, termine sa course au Bec d’Allier.

 

En canoë sur l’Allier

 

Gonzague tire à lui la dernière amarre les liant à la terre ferme, Erwan prend un dernier élan. Ça y est l’embarcation s’éloigne, les corps s’équilibrent, les pagaies se synchronisent. Nos deux amis sont partis pour une belle aventure.

À suivre…

14 février 2020 1 commentaire
3 FacebookTwitterPinterestMail
Nouveaux Articles
Anciens Articles
Voir, juger, agir. Aventures et mésaventures à travers le monde... 🌦

DERNIERS ARTICLES

  • TOP 4 des Sous-Marins qui vont changer votre vie.

    13 janvier 2021
  • [DEBAT] – Pourquoi jardiner à l’heure de la 5G ?

    13 novembre 2020
  • [Rencontre] – La communauté du bidonville de Kampung Sawah

    6 novembre 2020

Catégories

  • Actualité (21)
  • Art (8)
  • Baudouin Duchange – Chroniques (14)
  • Capsule is coming (1)
  • Carnet de voyage (25)
  • Marine (1)
  • Romain Mailliu – 13 mois de volontariat en Indonésie (18)
  • Tibovski – Dessin de la quinzaine (15)
  • Tribune (12)

Pour + de fun

Facebook Instagram Spotify

BSF, c’est quoi ?

BSF, c’est quoi ?

Une communauté de photographes, auteurs, rêveurs, explorateurs qui sortent des sentiers battus le temps d’un weekend, de quelques mois ou de plusieurs années, avides de rencontres, de solitude, de découvertes et de remises en question.

Catégories

  • Actualité (21)
  • Art (8)
  • Baudouin Duchange – Chroniques (14)
  • Capsule is coming (1)
  • Carnet de voyage (25)
  • Marine (1)
  • Romain Mailliu – 13 mois de volontariat en Indonésie (18)
  • Tibovski – Dessin de la quinzaine (15)
  • Tribune (12)

TOP Articles

  • 1

    [Playlist] – Le Rap Sentimental 🍑

    17 septembre 2020
  • 2

    [DEBAT] – Pourquoi jardiner à l’heure de la 5G ?

    13 novembre 2020
  • 3

    TOP 4 des Sous-Marins qui vont changer votre vie.

    13 janvier 2021

Instagram

bsfmagazine

Mode Sous-Marin activé ✅ . 1 an que notre magaz Mode Sous-Marin activé ✅
.
1 an que notre magazine existe. 1 an d’efforts patients et de tentatives passionnées ont abouti à plus d'une quarantaine de collaborations avec des écrivains, poètes, journalistes, aventuriers, photographes, reporters, amoureux de lettres et d'images, à retrouver sur notre site web et notre Instagram. ✍️ 📸
.
Cette joyeuse dynamique nous incite à évoluer. Nous voulons creuser de nouvelles idées, en termes d’édition et d’offres créatives. 💭
.
BSFmagazine passe donc en mode sous-marin ! Qué significa ? Arrêt des publications pendant quelques semaines. Plus de nouvelles sur les réseaux. Nous allons nous immerger pour mieux travailler et ressurgir, bientôt, avec un nouveau format ! ⚓
.
Envie de participer (identité graphique, la conception, informatique…) ? Envoie-nous un message ! 🤝
[DEBAT] - Jardiniers de tous les pays, unissez-vou [DEBAT] - Jardiniers de tous les pays, unissez-vous !
.
Quelques jours avant l’arrivée de la #5G en France, Baudøuin Duchange nous présente le nouveau visage de la révolution : le jardinage. ✊ 🌻
.
Retrouvez des citations de Simone Well, @boobaofficial, @dalida_officielle, Michel Foucault, Stefan Zweig, @juldetp, Bernanos, Antoine de Saint-Exupéry dans ce nouvel article  à découvrir (GRATUITEMENT) sur notre site internet. 

#5G #jardin #bandeorganisée #jardinage #jardins #jardindesplantes #5g #digital #technologies #humour #debat #magazine #ecrire #lirecestlavie #rose #roses🌹 #defunes #cultiver #jardinagepassion #passionjardin #garden
🥁 Gagne le dernier succès de Ibrahima Ba intit 🥁 Gagne le dernier succès de Ibrahima Ba intitulé Diam Welly. (Découvrez le résumé ci-dessous) 
.
😮  Comment jouer ? Facile !
1. Like la page insta de BSFmagazine
2. Identifie 2 de tes amis en commentaire de cette publication
3. Partage ce post dans ta story 🚀
.
Diam Welly est un village où régnaient la paix et l'harmonie. La communauté des Peulhs vivait avec celle des Mandingues sans distinction. La joie de vivre y avait élu domicile ; les hommes et femmes étant en communion. Karamokho, un homme de valeur et bien respecté au village, y vivait avec son épouse Coumba, une femme vertueuse que tous les hommes auraient aimé avoir dans leur concession. La tradition avait réussi à construire une société juste, faite de solidarité, d'amour et d'entraide.
Cependant, la modernité — ou selon les mots de l'auteur, le Nouveau Monde — ne laissera pas Diam Welly indemne puisqu'elle le fera résolument s'engager dans une nouvelle ère de mutations affectant les moeurs, la moralité, les codes et conduites favorisant, ipso facto, l'émergence d'individus — comme Sellou, faisant la cour à l'épouse de Karamokho alors absent — gouvernés par la satisfaction de leur plaisir et de leurs intérêts personnels.
- Beautés plurielles - [HISTOIRE A LIRE👇] . La - Beautés plurielles - [HISTOIRE A LIRE👇]
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸 de l'agence @studiohanslucas 
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Montréal, Canada, 2020. 
Selon la perception de leur corps, ces femmes abordent des comportements distincts influençant leur utilisation de l'espace, leur posture, mais également leur toucher. Durant les séances photos, elles se surprennent de la tendresse qu’elles s’accordent. Ce travail ne rend pas nécessairement compte “d’imperfections physiques”, il tend surtout à questionner le rapport qu’elles entretiennent avec elles-mêmes dans un espace qui leur est donné
.
#women #proud #woman #body #canada #work #artphoto #humanphotography #human #humanphoto #humanphotography📷 #portrait #intime #portraitinspiration #portraitphotography #portraitmood #portraitphotographer #portraits #bsfattitude
- Visage d'une jeunesse iranienne - [HISTOIRE À L - Visage d'une jeunesse iranienne - [HISTOIRE À LIRE👇]
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Persepolis • Iran • 2016
Meisam livre ses inquiétudes concernant son service militaire qui commence dans quelques jours. Il ne sait pas comment apporter de l'argent au foyer, ni qui s'occupera de sa femme malade, alors âgée de 18 ans à cette époque
.
#iran #sun #sunshine #toit #immeuble #man #homme #assis #ciel #findejournée #debutdejournee #matinee #soleil #soleilcouchant #soleillevant #sunlight #artphoto #journalisteindépendant #independant #bsfmagazine
[Rencontre] - Partagez un quart d’heure de compl [Rencontre] - Partagez un quart d’heure de complicité avec les joyeux habitants du principal bidonville du nord de la capital indonésienne, Jakarta 🌏
.
Que serait le travail collectif et l’entraide sans ce moteur essentiel : le sourire ? Réponse concrète avec @romain_mailliu , volontaire chez @lp4yglobal 💥

ARTICLE DISPONIBLE GRATUITEMENT SUR LE SITE DE BSFMAGAZINE - LIEN EN BIO
.
.
.
#children #benevole #smile #bidonville #street #child #smilechild #young #youngisblessed #jeune #enfant #enfance #futur #couleurs #colors #indonesiachildren #helpchildren #bsfattitude
- Visage d'une jeunesse iranienne - . La Carte Bla - Visage d'une jeunesse iranienne -
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Persepolis • Iran • 2016
.
#iran #iranian #iran🇮🇷 #perspolis #montagne #ruine #femme #teenage #selfie #lieuculturel #montagnes #mountains #roc #roche #geologie #ciel #vestige #pierre #contraste #artphoto #travelphotographie #bsfattitude
- Visage d'une jeunesse iranienne - . La Carte Bla - Visage d'une jeunesse iranienne -
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Persepolis • Iran • 2016
.
#iran #iranian #iran🇮🇷 #perspolis #married #couplegoals #couple #lunch #food #rest #cantine #tableau #accroche #photocouple #photocouples #marriedlife💍 #frite #diner #dejeuner #breackfast
- Visage d'une jeunesse iranienne - . La Carte Bla - Visage d'une jeunesse iranienne -
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Persepolis • Iran • 2016
.
#iran #iranian #iran🇮🇷 #perspolis #marjanesatrapi #ruine #femme #woman #selfie #lieuculturel #monumentshistoriques #vestige #pierre #contraste #artphoto #travelphotographie #bsfattitude
- Vie de nomades - [HISTOIRE À LIRE 👇] . La Ca - Vie de nomades - [HISTOIRE À LIRE 👇]
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Kol Ukok, Kirghizistan, 2015.
Traditionnellement, la yourte est ouverte vers le sud par une entrée unique. A l'intérieure, l’espace est quadrillé selon un usage précis. Le sud et l’est de la yourte sont l’espace de la femme où se trouvent le foyer et la place de travail. L’espace de l’ouest est réservé à l’homme et aux invités. Cette photo est révélatrice : dirigée vers le sud, c’est la femme qui se dévoile, à sa place comme l’admet la tradition
.
#kirghizistan #kirghizistan🇰🇬 #yourte #tente #woman #dog #chien #phototravel #photojournalisme #photojournalism #porte #door #encadrement #montagne #nature #montagnes #asie #travel #bsfattitude
[ARTICLE] - Es-tu prêt pour le grand saut ? 🍭 [ARTICLE] - Es-tu prêt pour le grand saut ? 🍭
.
Le comédien ET metteur en scène Michaël Benoit Delfini
 t’aide à te lancer avec ce texte burlesque digne d'un @borisvian_officiel !
.
ARTICLE À DÉCOUVRIR SUR NOTRE SITE (LIEN EN BIO)
.
.
.
#trounoir #blackhole #soleil #coucherdesoleil #espace #univers #etoile #maptothestars #photoart #artphoto #photouniverse
[CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit j [CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit jobs ? On doit l’expression à feu David Graeber 🔥
.
Anthropologue ayant réhabilité l’anarchie ♾ Figure du mouvement Occupy Wall Street ♾ Ecrivain multi-récidiviste ♾ Les Sex Pistols n’ont qu’à bien se tenir ! 
.
Dessin + article par l’audacieux @tibovski ✏️
.
ARTICLE A RETROUVER (GRATUITEMENT) SUR NOTRE SITE (lien en bio)
.
#davidgraeber #bullshitjobs #anarchie #dessin #art #inktober #inktober2020 #draw #drawyourday #man #smoke #cigarette #yellow #jaune #sourire #regard #look #bsfattitude
Afficher plus... Suivez-nous sur Instagram
  • Facebook
  • Instagram
  • Spotify

@2017 - PenciDesign. All Right Reserved. Designed and Developed by PenciDesign