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Voir, juger, agir.

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Jul

Voir, juger, agir. Aventures et mésaventures à travers le monde... 🌦
Baudouin Duchange - Chroniques

[DEBAT] – Pourquoi jardiner à l’heure de la 5G ?

par Baudouin Duchange 13 novembre 2020
écrit par Baudouin Duchange

 

Chers lecteurs, commençons par désamorcer le piège caché dans le titre. Voulez-vous – oui ou non – ressembler aux personnages du monde de Wall-E ? Un monde Mcdoisé et esclave de la consommation des désirs par la technologie. Des tas de graisse motorisés ayant une seule fonction : acheter.


J’espère que tu n’es pas encore parti ! Cette introduction était bien entendu une provocation pour aguicher ta curiosité. « On rafale quand on ne sait pas viser » conseille Jul. Rafalons donc !

 

Wall-E

 

Jardiner contre la bétonnite 

Entre les deux guerres mondiales, les jeunes français partaient faire leur service militaire dans la ligne Maginot (immense mur construit à la frontière allemande pour éviter une nouvelle invasion des boches). A l’intérieur, la vie quotidienne se rapprochait de celle des navires de guerre. Ou plutôt d’un sous-marin puisque les troupes y étaient enfermées des jours durant sous la grande muraille française de béton. L’absence de lumière naturelle a brisé le cycle jour/nuit et a développé chez eux une étrange maladie, la bétonnite. Symptômes : Claustrophobie, sentiment d’étouffement, perte de raison, peur irrationnelle du réel.  

Ce mal nous le connaissons aujourd’hui tous. C’est celui qui nous attaque après une journée à nous hébéter devant les écrans. Lumière artificielle et cerveaux passifs, notifications et perte de concentration. Nos GSM sont partout : au travail, à la maison, dans nos poches. Et maintenant dans nos têtes, en permanence. « C’est nous qui la vendons, c’est toi qui la sniffes. Et tu kiffes ouais tu kiffes, tu tu tu kiffes » dénonce Booba. Et nous en voudrions encore plus ?

Askip l’enjeu de la 5G est économique. Les opposants, François Ruffin en tête de charge, brandissent des dangers sanitaires et écologiques inconnus. En tout état de cause, les écrans tuent notre désir d’agir, et donc notre créativité. Et la 5G accentuerait cela en augmentant le débit du réseau. Et quel est le but évident derrière tout cela : consommer du digital, acheter en ligne, mater du porno HD, se faire livrer chez soi. En d’autres termes : satisfaire des désirs le plus vite possible, sans entraves, sans bouger. « Les plaisirs faciles et violents sont une compensation ; c’est le rêve au lieu de l’ambition » écrivait la philosophe Simone Well dans Condition première d’un travail non servile. Voilà l’ambition humaniste du 21ème siècle : bouffer un kebab décongelé livré en 5 minutes sans interrompre sa série. Certains le nomment progrès, d’autres l’apogée de l’individualisme. Netflix, Uber-eats, Amazon, cette tendance à l’isolement social existe depuis maintenant plusieurs années. Mais elle a pris une toute autre mesure avec la crise sanitaire. 

 

Un monde connecté sans relations sociales ?

 

La dictature des sciences 

« Aujourd’hui j’ai le cœur presque en état d’urgence ». Et nous donc ! Si seulement Dalida était encore là pour chanter nos mélancolies du soir en période de confinement… Mais pas d’abattement ! Le couvre-feu est en effet intéressant à analyser. Seuls quatre ont été instaurés dans l’Histoire française récente pour des raisons militaires et utilisés localement. Pour la première fois, ce ne sont donc pas des considérations guerrières qui imposent l’usage de cette mesure d’état d’urgence, mais une contrainte nationale sanitaire ainsi qu’une volonté hygiéniste. Les dictatures auraient-elles changées de visages ? 

C’est la question que nous propose Michel Foucauld avec son concept de biopouvoir.

Pour lui, avant l’ère industrielle, le pouvoir des souverains s’exerçait juridiquement par un droit de « faire mourir ou de laisser vivre ». L’exercice du pouvoir politique s’est ensuite modifié pour passer d’un « droit de mort » à un pouvoir qui « gère la vie », un pouvoir sur la vie, un biopouvoir. L’on passe ainsi d’un gouvernement politique qui organise un territoire à une administration qui gère la vie d’une population. A ce jeu là, le soviétisme est probablement l’exemple le plus effrayant que je puisse trouver : personne n’est allé aussi loin et longtemps dans le dressage de sa population. 

L’objectif ? Gestion globale d’un peuple pour dresser les individus selon le modèle d’organisation de la société choisie. Comment ? En organisant chaque étape de la vie biologique d’un être humain (naissance, maladie, travail, famille, décès) pour mieux administrer la vie collective d’une nation. Le risque aujourd’hui : La dictature des scientifiques post-covid. La science et la médecine donnent aujourd’hui la norme, ce qu’on qualifierait de “technocratie”, c’est-à-dire un pouvoir d’experts. Elles définissent donc ce qui est bon. Les autres sont des parias (coucou les odieux anarchistes refusant le port du masque). Cette norme est un instrument de pouvoir pour contrôler les populations à des fins politiques, et dans le pire des cas à des fins dictatoriales. 

Pourtant, comme le rappelle Stefan Zweig « Plus l’Etat serre contre lui ses citoyens, moins ils l’aiment. (…) Toute force ne vient, en dernier ressort, que de la volonté libre; c’est pourquoi l’Etat doit considérer que, parmi toutes ses lois, celle de la liberté, de la liberté de mouvement, du libre choix et de la libre détermination de sa vie est l’essentiel pour chaque individu” (article paru dans la Neue Frei Press de Vienne le 6 mars 1919). Alors, comment sortir de l’étreinte étatique étouffante et malaisante ? En partant jardiner ! 

 

 

La révolte des jardiniers

Aujourd’hui, la révolution plébiscitée par la population porte un nom : écologie. Derrière ce terme, beaucoup de bonnes choses (coucou les conversions de fermes pétrochimiques en fermes naturelles), mais aussi bien des néfastes (coucou les EELV). Puisque chacun y met ce qu’il veut, moi, j’y place, avant toute chose, le jardinage ! Une bonne paire de gants, un vieux pantalon, c’est tout ce dont on a besoin pour jardiner loin des DATAs, des GAFAs, CORONA, et autres monstres en A. 

Alors pourquoi le jardinage ? Pour la gratuité parfaite de cette vocation. Bernanos s’écriait, à travers son personnage du curé d’Ambricourt, sur le ministère religieux, “ Ô doux miracle de nos mains vides ! ”. C’est exactement la définition du jardinage ! Donner une âme à un jardin en travaillant son corps terreux. Admirer, à force de patience, la puissante mélodie de la nature composant chaque jour une partition différente de la veille. Libérer un arbre d’une prison de lierres, le protéger d’une couronne de ronces. Le jardin est une joie tremblante, et nous, jardiniers de tous les pays, conscients de notre infinie inutilité, sommes de simples veilleurs de cette flamme vacillante à l’aube du 21ème siècle. Le temps presse, le béton gagne du terrain, et la 5G envahit le ciel. Peut-être même qu’un jour, comme St Exupéry dans sa dernière lettre, j’écrirais un ultime article avec ses mots : “Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m’épouvante. Et je hais leur vertu de robots. Moi j’étais fait pour être jardinier”. En attendant, j’ai encore une plate-bande à bêcher !

 

Et toi, quelles relations entretiens-tu avec la nature ? N’hésite pas à nous le dire en commentaire 🙂

Baudouin Duchange

(Remerciements à la prof de philo Marie-Lou pour sa relecture sur le biopouvoir !)

13 novembre 2020 3 commentaires
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Art

[Playlist] – Le Rap Sentimental 🍑

par Romain Mailliu 17 septembre 2020
écrit par Romain Mailliu
Vald

 

Le rap est la nouvelle chanson française. Adieu Brassens, Brel, Gainsbourg et Johnny Hallyday. Bonjour Booba, PNL, Jul et Damso. 

“Scandale, menteur, catho de gauche, racaille !!” : j’entends déjà mes lecteurs s’indigner. Un argument d’autorité ? Même Télérama titrait en 2019 – les intellectuels ont toujours une longueur d’avance – “Avec PNL, Jul, Gims… le rap est devenu la variété française des années 2010“. Et si vous n’êtes toujours pas d’accord, avouez sans mauvaise foi que, du rap, vous n’en n’écoutez pas.

 

Jugeons les préjugés

Il faut dire que les préjugés sur les missives de nos poètes modernes sont nombreux et quelques uns justifiés. Oui, le rap est une musique avec son franc parlé qui tourne généralement autour de 3 thèmes : L’argent, la drogue et le se.. l’amour. N’étant pas un grand consommateur des deux premiers – et bien qu’après relecture je dois vous avouer que je n’abuse pas non plus du dernier – j’ai pourtant, éternel romantique, décidé de vous faire découvrir le rap à travers son côté sentimental. 

Nota : Ici peut s’arrêter la lecture pour les plus occupés d’entre vous. Comme disait Jean le Rond d’Alembert : “Trop de lecture peut étouffer le génie.” Ironie du sort, il nous léguera avec Diderot l’Encyclopédie, une oeuvre éclatante de 7 volumes de textes, 11 volumes de planches et 71 818 articles. 

Par ici la playlist Rap Fr Sentimental 🍑 (Spotify)

 

Photo tirée du clip de SCH - Haut Standing

Photo tirée du clip de SCH – Haut Standing

Photo tirée du clip de SCH – Haut Standing

 

La plume du poète

 

“Tu laisses tomber ta robe par terre, 

Tu es nue je reconnais mes torts.”

SCH – Je la connais

 

“Des mots rayonnants, des mots de lumière, avec un rythme et une musique, voilà ce qu’est la poésie.” disait Théophile Gautier. Ce poète français est né à Tarbes, ce qui n’a rien de romanesque. Mes grands parents y vivent et c’est une ville plus déprimante qu’une profession de foi un dimanche matin de gueule de bois. Pourtant, Théophile avait trouvé les mots juste pour décrire la magie du rap. A travers des extraits des morceaux de la playlist, étudions sans pudeur ce phénomène international qui trône dans tous les Top Charts. 

 

JosmanPhoto tirée du clip de Josman – XS

 

“Et ma bella aille aille aille aille, 

Mon coeur va chéla pour toi aille aille aille aille”

MHD – Bella (feat. WizKid)

 

Chanteur, rappeur, slameur : qu’est ce qui les différencie ? Le rap jongle entre les deux autres étiquettes. Un coup chanté, un coup parlé, la voix devient un véritable synthétiseur. Elle est désacralisé, on ose la travailler, la modifier, l’amplifier, et quel plaisir ! Personne n’a dit à Jimmy Hendrix  : attend c’est de la triche tu as mis une pédale de distortion sur ta guitare ! Apparaît donc l’autotune avec laquelle travaille Jul, les changements d’octaves qu’utilise Koba LaD et les superpositions vocales de PNL qui feraient passer les Beach Boys pour des gentils petits garçons. S’ajoutent à ces révolutions artistiques l’utilisation des onomatopés. Vous me direz : Gainsbourg l’avait fait avec Comic Strip. Mais que n’a pas fait Gainsbarre ? Bref : le rap c’est un vent de fraîcheur dans les rouages de l’industrie musicale, aille aille aille aille. 

 

“Je tombe amoureux si t’es mignone et que tu chantes des trucs tristes, 

J’me sens utile avec toi.” 

Spider ZED – Figurine

 

Les rappeurs sont des personnages sensibles comme vous et moi. Les écouter parler d’amour, c’est accepter de se confronter à ses propres névroses. Nos fantasmes et guilty pleasures, le rapport qu’on entretient avec nous-même, nos doutes, nos rêves… 

 

Alkapote

Pochette de l’album Monument de Alkpote

 

“Parfois je rêve de ta fouffe, 

Comme l’équipe de france de la coupe.” 

Vald – Je t’aime

 

Le rap, fidèle à son aînée la poésie, adopte un style imagé. Je vous invite à fermer les yeux et à vous laissez porter dans l’univers de nos magiciens. Les comparaisons, plus ou moins subtiles, sauront vous surprendre. 

 

“Cachemir ou Louis-V quand ça tire au premier rendez-vous,

J’crois pas que t’es d’ici Mademoiselle qui êtes vous?

J’crois plus en ma musique que j’crois en l’amour,

Cache bien tes sentiments sois pas doux (hey).”

Smeels – Cachemire

 

“Mais Romain c’est bien gentil tout cela, le rap c’est donc un style musical accessible, créatif et qui ne mâche pas ses mots. Mais j’ai regardé ta playlist et je crois que tu as oublié de nous préciser un détail : le rap est-il un style musical exclusivement masculin ?” 

 

Booba and Christine and de Queen Photo tirée du clip de Christine and the Queens – Here (feat. Booba)

 

Le rap : féministe ou misogyne ? 

 

“Elle veut maison, enfants, mais j’suis là que pour faire du sale,

Mais je n’ose pas lui dire, je n’veux pas faire de peine,

Et si j’lui disais tout c’que je ressens sur l’instrumentale,

Avec de l’autotune ça passera p’t-être mieux.”

Damso – Autotune 

 

Loin de moi l’idée de créer la polémique. Je constate pourtant que parmi les 100 morceaux de la playlist de rap français que je vous partage aujourd’hui, la grande majorité des artistes sont des hommes. Et nos versificateurs expriment souvent des sentiments ambiguës envers les femmes. En effet, Eve tient un rôle contradictoire dans l’univers du rap français. Elle est à la fois omniprésente – rares sont les artistes qui ne parlent pas des femmes – mais également réduite à des considérations parfois calamiteuses. 

On pourrait reconnaître une certaine spontanéité chez les rappeurs. Des textes écrits à chaud, à fleur de peau. Après tout, il arrive à l’homme d’haïr la femme et vice-versa : pas de doute là-dessus. Mais il manque un contrepoids dans cet univers encore très masculin pour ne pas faire de l’émotion et des sentiments d’un artiste des paroles d’évangile. 

 

Damso

Photo tirée du clip de Damso – Macarena

 

« Si les hommes peuvent l’ouvrir et dire ce qu’ils veulent, même des atrocités sur les femmes quand il leur arrive une peine de cœur, les femmes devraient aussi pouvoir dire ce qu’elles veulent sur les hommes. De même qu’affirmer que le monde du rap peut parfois être sexiste. 

Ça ne veut pas dire que les rappeurs sont de gros sexistes et que Damso est un gros misogyne, ça veut juste dire que leurs paroles le sont, ce qui n’est pas forcément une bonne chose. »

Angèle 

 

Que faire ? Crier au sexisme et dénoncer à coup de hashtag les rappeurs misogynes ? J’imagine déjà une vidéo Konbini : Le rap est-il sexiste ? Le débat virulent entre un rappeur et une féministe. Peu probable que celle-ci entraîne un débat d’idées mais certainement un fort engagement dans les commentaires et une rémunération lucrative en publicité pour votre media pop culture préféré. Chacun son travail. 

Du côté légal, des associations féministes ont essayé de condamner en justice Orelsan pour Provocation à la violence envers les femmes en 2009. En cause, les textes de certaines ses chansons : “J’te quitterai dès que j’trouve une chienne avec un meilleur pédigrée”, “J’respecte les schnecks avec un QI en déficit, celles qui encaissent jusqu’à finir handicapées physiques”. Il a finalement été relaxé en appel en 2016 sous prétexte  que “sanctionner” les chansons incriminées “reviendrait à censurer toute forme de création artistique inspirée du mal-être, du désarroi et du sentiment d’abandon d’une génération, en violation du principe de la liberté d’expression”. 

 

Odezenne

Photo tirée du clip de Odezenne – Bouche à lèvres 

 

Il me semble que le rap est parfois misogyne car il est surtout masculin. Pour contrebalancer cet univers testostéroné, rien ne serait plus nécessaire qu’un vent de rap féminin qui porterait également ses messages sur le devant de la scène. 

On apprenait début août que la rappeuse Aya Nakamura était l’artiste française la plus écoutée sur Spotify. Qui n’a pas entendu parler de Marwa Loud ? Ou encore de Wejdene qui à 16 ans comptabilise avec son morceau Anissa plus de 52 millions de vues sur Youtube en moins d’un mois. Le vent se lève. 

 

“J’te parlerai comme jamais tu n’parles à ta mère

Tu m’seras redevable si je te paie un verre,

J’t’harcèles avec dix potes juste pour avoir ton numéro,

Il faudra que tu sois gentille si je t’emmène au restau.”

Chilla – Si j’étais un homme 

 

Shay

Shay, son second album Antidote (mai 2019) est vendu à plus de 45 000 exemplaires

 

Le rap, témoin d’une époque

 

“Lors d’une journée où tout va mal,

Elle me dit qu’elle ne m’aimait plus,

Ces mots pour moi étaient fatals,

J’me d’mande comment j’ai survécu.”

Odezenne – Plus beau cul du monde

 

Il m’arrive parfois de regarder des vidéos de coach de séduction sur Youtube. Dans l’étude de nos contemporains, c’est plus court que les livres de Bernard Henri Lévy et tout aussi intéressant. J’ai donc découvert qu’en 2020, pour draguer une femme, faites-lui ressentir votre esprit guerrier. Avec des conseils pareils, on comprend que les rappeurs soient parfois un peu perdus, et ce ne sont pas les seuls. Nous sommes les produits d’une histoire et d’une culture qui a fait de l’homme un intrépide combattant sans pitié prêt à tout pour protéger sa famille et agrandir son royaume. Alors on pourrait s’indigner, dénoncer, en avoir honte et casser des statues. C’est prendre le risque de faire disparaître les témoins du passé et avec eux les leçons que nous devons en tirer.

Aujourd’hui, le rap est le témoin d’une nouvelle époque : la nôtre. Avec ses zones d’ombres mais aussi ses combats, ses messages, ses lumières. C’est la théorie que je vous ai développé. Et comme disait Einstein : “si les faits ne correspondent pas à la théorie, changez les faits.” Alors il est grand temps de vous y mettre ! 

 

Découvrez la playlist Rap Fr Sentimental 🍑 (Spotify)

Avec la présence des artistes Alpha Wann, Shay, Odezenne, Lala &ce, Luidji, Aloïse Sauvage, Josman, Jazzy Bazz, Damso, Sopico, Milk Coffee & Sugar, A2h, Lasco, Jok’air, Tsew The Kid, Booba, Gros Mo, Yuzmv, etc.

 

Alpha WannAlpha Wann en chef des armées du 18ème par © KyèsOne

 

Photo de couverture tirée du clip de Vald – Kid Cudi.

17 septembre 2020 0 commentaire
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ArtBaudouin Duchange - Chroniques

L’aventure de la boustifaille #1 – Culture Vs Purée

par Baudouin Duchange 16 mai 2020
écrit par Baudouin Duchange
Description : Se perdre dans la purée.



Je vous arrête dès maintenant : oui, la purée de pommes de terre est un sujet dont on peut discuter. Ce n’est pas une question de société taboue. Ni être indélicat que de débattre sur sa qualité. Certains me diront avec raison “C’est politiquement tendu, tu auras des comptes à rendre”. Mais BSFmagazine, c’est l’aventure ! La digression ! La digestion des idées mise en couvert par une réflexion intraitable ! Je traiterai donc de la purée de pommes de terre, n’en déplaise aux plus bornés. 

D’autant plus que c’est ce féculent que j’ai choisi pour m’occuper, en perspective, du sujet de la culture. Pour vous la faire simple : purée maison ou purée Mousline ? Culture élitiste ou kulture Kardashian ? Éternel débat qui trouve probablement sa réponse dans un juste dosage.

 

Description : La meilleure amie des français vient à l’origine du Pérou. Ses anciens habitants, les Incas, l’appelaient “papa” <3 

Description : La meilleure amie des français vient à l’origine du Pérou. Ses anciens habitants, les Incas, l’appelaient “papa” <3

 

Patate trop cuite (ou pourquoi il ne faut pas rendre la culture trop élitiste)

“La bourgeoisie a transformé l’art en culture” critique Pascal Jardin dans La bête à bon Dieu. Cette idée d’une culture institutionnalisée est souvent déglacée dans les discussions mondaines. En la rendant intouchable, en la laissant reposer quelques années dans la poussière intellectuelle, en la plaçant sur un piédestal qu’elle ne mérite pas toujours, le “bourgeois” rend la culture insaisissable. Laurence w. Levine ajouterait probablement : insaisissable pour la “culture d’en bas”. Pour ces deux auteurs, la culture “d’en haut” représente, inconsciemment ou non, un complot créé par l’élite pour conserver la mainmise sur les centres de pouvoir.

Je comprends ces analyses, mais ne les aime pas. Pour mon palais simple d’amateur de purée de pommes de terre, je les trouve trop politisées, trop sociologiques, trop souvent répétées. Comme une sauce industrielle aux arômes chimiques prononcés, ces réflexions masquent l’essentiel : la culture a rendu l’art chiant. Ni plus, ni moins. 

Le danger de momifier l’art via la culture, c’est d’arrêter de le remettre en question, et donc de cesser “d’insérer dans le monde d’aujourd’hui ce qui sera le monde demain” pour reprendre les mots d’Ormesson issus d’ Au revoir et merci. C’est d’ailleurs ce qui inquiète certains spécialistes de l’histoire de l’art qui observent, depuis les année 2010, la fin d’une ère de “transgression permanente” entamée dans les années 70. Symboliquement, celle-ci s’arrête brutalement avec les attentats de Charlie Hebdo. De manière plus diffuse, on remarque que la censure vient désormais des milieux progressistes via des opérations d’intimidation (à lire ici : entretien avec Thomas Schlesser ; le 1 hebdo du 4 mars 2020). La censure se cache toujours derrière un masque d’intérêt général ou pour une cause juste. Un masque est fait pour être enlevé, et pour être brûlé. J’ai beaucoup cité Huysmans dans mon article sur la mort de la peinture. Je me permets de nouveau d’emprunter ses mots : “Ah ! C’est que Dieu merci, nous commençons à désapprendre le respect des gloires convenues”. Continuons à désapprendre en permanence ! 

Désapprendre c’est essayer de nouvelles choses. Par exemple, préparer une purée Mousline par habitude, et puis, un jour, tenter la purée maison.

 

 

Description : Se perdre dans la purée.

Description : Se perdre dans la purée.

 

Patate pas assez cuite  (ou pourquoi la culture ne doit pas s’abaisser au niveau d’une purée Mousline)

Le passage du kitch dans L’Insoutenable Légèreté de l’être de Kundera m’a coupé la faim. Vraiment incroyable. Je vous le dis car c’est l’auteur que nous allons savourer pour accepter que la culture ne peut pas ressembler à Konbini, et qu’une Mousline ne peut pas être considérée comme une purée.

Définition du concept du kitsch par Kundera lui même lors d’une remise de prix : “le mot kitsch désigne l’attitude de celui qui veut plaire à tout prix et au plus grand nombre. Pour plaire, il faut confirmer ce que tout le monde veut entendre, être au service des idées reçues. Le kitsch, c’est la traduction de la bêtise des idées reçues dans le langage de la beauté et de l’émotion… Vu la nécessité impérative de plaire et de gagner ainsi l’attention du plus grand nombre, l’esthétique des mass media est inévitablement celle du kitsch, et au fur et à mesure que les mass media embrassent et infiltrent toute notre vie, le kitsch devient notre esthétique et notre morale quotidienne.”

Pour nous, kitsch = purée Mousline. 

Le kitsch, c’est exactement ce qu’utilise comme modèle économique une entreprise comme Konbini, et maintenant tous les autres médias sur les réseaux. Comment ? En partageant des contenus qui créent, chez les “clients”, un sentiment d’intégration à une communauté grâce à des références communes. Vegan ou carniste ? Ville ou campagne ? Tout le monde est au moins un des deux. En obligeant à se positionner autours d’un sujet “culturel” simple, Konbini crée en plus une forme de morale nauséabonde fondée sur une émotion (“il faut être un monstre pour tuer un bébé mouton” / “les vegans sont des hippies dégénérés”). La conséquence : la création d’une dictature de l’émotion qui impose un point de vue, une morale. Mais ne vous trompez pas, il n’y a pas de complot pour imposer une vision du monde. Il y a seulement l’argent. Car c’est en appliquant le kitsch que Konbini se crée de la visibilité = meilleure monétisation de la pub = plus d’argent. Eh merce la culture !

Jusqu’à un certain point, c’est aussi la manière dont fonctionnaient, par exemple, la propagande des régimes nazis et communistes. Etape 1 : vendre du bonheur en conserve en imposant des références communes et en rassurant grâce à des valeurs fortes. Etape 2 : La morale d’Etat devient la norme, elle est imposée par une propagande. Etape 3 : Tous ceux ne respectant pas cette morale sont des parias. L’objectif, cette fois, n’est pas de gagner de l’argent mais d’imposer une idéologie pour soumettre un peuple. Eh merce la culture !! 

“La fraternité de tous les Hommes ne pourra être fondée sur le kitsch” ajoute Kundera, toujours dans son roman le plus célèbre. Elle ne pourra pas non plus être fondée sur une purée Mousline. 

 

 Une honnête travailleuse soviétique qui promet une récolte de 18 à 20 tonnes de patates par hectare

Une honnête travailleuse soviétique qui promet une récolte de 18 à 20 tonnes de patates par hectare


Conclusion  

J’ai conscience que mes propos peuvent choquer. On ne s’attaque pas impunément à la purée Mousline qui est, pour beaucoup d’entre nous, un souvenir d’enfance joyeux et facétieux.

Purée ou culture, impossible de rester impartial face à ces questions. D’autant plus que, comme le rappel la Reine Elizabeth dans The Crown, “être impartial n’est pas naturel, n’est pas humain”. Elle en sait bien plus que nous, donc restons-en là sur ce sujet ! 

En revanche, je peux vous donner ma recette de purée de pommes de terre maison. Je la trouve parfaite et je la cuisine souvent. L’essentiel est d’avoir un bon fouet, par exemple un électrique, c’est le plus pratique pour atteindre une texture onctueuse.

  • 1 kilo de pommes de terre spéciales purée à cuire dans 400 grammes de lait (poivre et sel à convenance, je n’en mets pas personnellement). 
  • Après 25 minutes de cuisson, mettre une dose généreuse de beurre (au moins 50 grammes pour ma part) et 30 grammes de parmesan. Battre le tout avec un fouet. Ne pas mettre à réchauffer au four, la purée risque de perdre sa texture onctueuse.
  • Une fois la purée ayant une bonne consistance, la manger ! Par exemple, avec du boudin noir cuit au four, ou encore des bonnes côtelettes d’agneaux cuisinés à l’ail.

Et toi ami lecteur, as-tu une recette de purée maison à partager ? Ou bien un avis différent sur la culture ? N’hésites pas à mettre un message en commentaire ou sur les réseaux sociaux ! C’est toujours un plaisir d’échanger !

 

16 mai 2020 0 commentaire
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ActualitéArtBaudouin Duchange - Chroniques

Johnny, reviens nous sauver !

par Baudouin Duchange 17 avril 2020
écrit par Baudouin Duchange
Johnny Ha

 

« Ça n’était pas dans mes habitudes

De supporter cette solitude

Mais on se fait à tout

Il faut bien, sinon on devient fou »

 

Comme toujours dans les moments difficiles, je reviens au fondement de mon identité : Johnny. Chanson : C’est pas facile. Album : Pas facile. Date de sortie : 1981. Un ensemble de titres sombres en réponse à sa séparation avec Sylvie Vartan l’année précédente. En France, Johnny chante la solitude mieux que personne. Le remède parfait pour supporter ce confinement ?

Pas tout à fait. Car, en tant que lecteur de BSFmagazine et très certainement adepte de la BSFattitude, comment accepter cet immobilisme forcé ? Comment vivre une aventure enfermé avec notre solitude ?

 

 

Confinement n’est pas solitude

L’ennuyeux janséniste Pascal a eu la chouette idée d’avoir une pensée aujourd’hui bien connue : « tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre ». Le XVIIème siècle du philosophe avait sûrement son lot de distractions pour détourner l’humain des sujets existentiels. Que dire du XXIème siècle ? Internet multiplie les amusements même au plus profond de notre confinement. Y a-t-il réelle solitude lorsque que les propositions d’apéro-Skype se multiplient ? Non. C’est un sentiment de solitude, ce qui n’est pas pareil. Du fin fond de leurs cabanes, coupés du monde, le misanthrope Salinger ou le transcendantaliste individualiste Thoreau auraient bien ri de notre confinement connecté. Pour nous, simples citadins mortels, vient pourtant un temps où il faut éteindre son portable, se préparer à dormir et se retrouver, réellement, seul. 

« La nuit, chacun doit soutenir la réalité sans aucune aide ».  Cette belle phrase de l’anthropologue américain Loren Eiseley, citée par Jim Harrison dans La route du retour, est celle à laquelle je pense, souvent, avant d’éteindre la lumière. Certainement pas la promesse de rêves fleuris, mais une proposition : affronter ce que nous fuyons au quotidien. 

Les propositions sociales sont infinies dans une ville comme Paris. Comme beaucoup, je les considère comme nécessaires pour me construire ; pour me confronter au réel. Quelle hypocrisie ! Ce que je cherche, au fond, c’est la nouveauté, le divertissement et la surprise. Et les trois ont comme point commun d’être bien futiles en général, et inutiles en ces temps d’isolement… La réalité, ce sont les questions que nous laissons en suspens et qui reprennent l’assaut lorsque l’on se retrouve définitivement seul. Ces interrogations existentielles reviennent inlassablement chaque soir. Ce n’est pas un hasard si l’alcoolique bambocheur Hemingway écrivait dans L’adieu aux armes que ses sentiments religieux ne survenaient que la nuit.
La nouveauté qu’on cherche à provoquer dans le tumulte de nos relations sociales est aujourd’hui mise à l’arrêt avec le confinement. Il est l’heure de se confronter à la réalité !

 

« Si aujourd’hui, je ne crie plus

C’est qu’une autre a pris le dessus

Elle parle peu, elle parle bas

La solitude brise ma voix

L’écho de ma vie me fait peur »

Quelques cris, Johnny Hallyday

 

 

Seul sur terre 

Thoreau disait dans Walden ou la vie dans les bois qu’un « homme est riche de tout ce dont il peut se passer ». Si la citation est facile, l’appliquer l’est beaucoup moins ! Pourquoi supprimer l’inutile du quotidien ? Jul vous répondrait « Moins de problèmes égale moins d’anxiété ». Je ne lui donne pas tord !

Qu’est-ce qui est inutile ? Tout ce qui ne nous permet pas de nous accomplir. Tout ce qui nous rend mentalement léthargique, humainement sédentaire. Extrait d’Au revoir et Merci de Jean d’Omersson : « Il n’y avait qu’une chose solide et certaine : c’était cette vie. Tout le reste était brouillard. J’aimais beaucoup la vie. Elle ne m’avait pas seulement été facile et douce, il me semblait aussi, parfois, qu’elle m’avait fait des promesses. Quand je me promenais dans les layons de forêt, plus tard, après avoir passé la nuit à faire semblant de m’amuser, la même impatience inquiète me frappait brutalement. Je m’arrêtais. Ce qui faisait battre le coeur, c’étaient les grandes espérances ». La vraie aventure offerte par ce confinement n’est pas dans les forêts boisées, les rivières chantantes ou les sommets invaincus. Ce n’est pas non plus braver les interdictions sanitaires, ni diffuser les messages « stay home » sur Instagram ou encore d’insulter le gouvernement. La vraie aventure est solitaire. Elle se fait seul dans nos chambres aujourd’hui, mais se poursuivra jusqu’à notre dernier souffle. Elle est cette quête de liberté vers laquelle nous tendons tous, d’une manière ou d’une autre. Elle est nos grandes espérances, c’est à dire le chemin que nous choisissons pour nous accomplir. Seule une solitude acceptée peut nous montrer la vocation que nous cherchons.

Pourquoi ? Philosophie de bistrot, aide moi ! Socrate et Gaspard, le gars qui se gratte le coude au comptoir du café en bas de chez moi, vous diront la même chose : la conscience est ce qui sépare l’Homme et le chien. Elle est également ce qui nous fait réaliser de notre solitude. Quand survient-elle ? Lorsque nous nous ennuyons ! Laurent Lafitte considérait récemment dans un podcast que « l’ennui est l’ennemi ultime ». C’est exactement l’inverse ! Ennuyez-vous chers lecteurs de BSFmagazine, c’est peut-être encore la seule chose gratuite aujourd’hui. C’est une ressource précieuse qui permet d’embrayer l’imagination, de faire tourner les rêves et d’avancer les projets de vie. L’ennui et la solitude sont les conditions sinequanone à l’accomplissement de soi. « Ma vie est usée. Allons ! Feignons, fainéantons, ô pitié ! Et nous existerons en nous amusant, en rêvant amours monstres et univers fantastiques » (L’éclair, Une saison en enfer). Résolution post-coronavirus : suivre Rimbaud. 

 

 

Conclusion 

Pour survivre à la crise sanitaire actuelle, le président biélorusse Alexandre Loukachenko préconise, entre autre, d’utiliser la vodka pour se désinfecter la gorge et les mains. C’est une possibilité !

L’autre voie que nous avons étudié ensemble aujourd’hui est celle de l’ennui et de la solitude pour faire le tri dans notre quotidien. Chose que Johnny préconisait déjà le siècle dernier lorsqu’il s’écriait :  « Qu’on m’enlève ce qui est vain et secondaire / que je retrouve le prix de la vie enfin » !

 

Photo de couverture : Johnny Hallyday, capture d’écran du clip Que je t’aime (Johnny Hallyday Officiel) 

17 avril 2020 3 commentaires
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ArtBaudouin Duchange - Chroniques

Avis de décès : la peinture a-t-elle rendu l’âme ?

par Baudouin Duchange 3 avril 2020
écrit par Baudouin Duchange
Rimbaud en jean, par Ernest Pignon Ernest

 

Rares sont les sujets qui mettent tout le monde d’accord. Il en existe pourtant un ces dernières semaines qui réunit aussi bien le spécialiste en histoire de l’art, l’imbécile docile, l’amateur averti et les ratés d’Instagram : Pierre Soulages. 

Peintre de l’abstrait, il nous offre ce dont nous rêvons tous : des tableaux impeccables, des concepts  artistiques séduisants et un objet de travail fascinant appelé « l’outrenoir ». Résultat : une exposition au Louvre. L’apothéose pour un peintre ! Ou pour une momie. En effet, qu’on apprécie ou non son travail, on se demande l’intérêt pour notre millénaire de créer une gigantesque exposition sur un artiste centenaire né à l’époque du dadaïsme et de l’art nouveau. La peinture du XXIème siècle n’a-t-elle plus rien à dire ? Est-elle morte ?

 

Soulages

Pierre Soulages en 2019 par NVP3D (sous licence CC BY-SA 3.0 )

 

La nécessité d’exprimer l’existence contemporaine 

Sur Instagram, le hashtag Pierre Soulages est partagé dans 22,8 millions de publications. Ahurissant. Je suis d’autant plus surpris que sa peinture est, pour moi, hors propos au XXIème.

Je m’explique. 

Dans différentes chroniques d’art, Joris-Karl Huysmans (Écrit sur l’art, Editions Flammarion) développe une certaine vision de la peinture. Pour lui, l’art doit « s’attaquer à l’existence contemporaine » afin d’aider les âmes en « quête de vérité et de vie ». Huysmans insiste sur la nécessité de réaliser des oeuvres modernes. Traduction : un artiste doit exprimer le quotidien dans des toiles réelles et personnelles. Le terme « réel » ne doit pas être compris comme une reproduction exacte de la réalité. Autrement c’est une photo insipide et sans originalité sortie tout droit d’un photomaton, ce qui est l’opposé de l’art. Non, peindre le réel c’est s’inspirer de ce qui crée la vie. On ne peint pas de la même manière un arbre sec et isolé du jardin du Luxembourg et un chêne flamboyant de campagne. La lumière n’est pas la même, et la vie qui s’en dégage ne peut pas être exprimée de façon similaire. L’idée de Huysmans est donc d’utiliser l’art comme témoin de son époque pour la rendre vivante à travers le souffle de la peinture.

Pour cela, l’artiste ne peut se contenter de copier les techniques passées pour faire semblant de peindre le présent. « A quoi bon, en effet, ramasser ces milliers d’enseignes qui continuent avec persistance tous les ressassages, toutes les routines, ancrés dans les pauvres cervelles de nos praticiens, de pères en fils et d’élèves en élèves, depuis des siècles ? » peut-on lire dans sa Chronique d’exposition Le Salon officiel en 1880 (à retrouver intégralement ici). Avec lui, les « mauvais » artistes sont des ouvriers maniant habillement la truelle mais incapables d’élever l’âme vers les questionnements auxquels elle aspire. Incapables d’être des artistes, en somme.

 

Huysmans peint par J-L Forain

Huysmans peint par J-L Forain

 

Qu’aurait pensé Huysmans de Soulages ? A mon avis, il regretterait l’inadéquation du peintre de l’outrenoir au XXIème. Peindre le noir, c’est peindre l’âme humaine telle qu’elle est : ni bonne ni mauvaise, mais un balancement hésitant entre les deux. C’est tout le résumé du XXème siècle déchiré entre la paix puis la guerre, le manque (deux guerres mondiales) puis les périodes de profusion (belle époque, 30 glorieuses), l’Est et l’Ouest… Les peintures de Soulages sont autant bipolaires que l’a été la fin du deuxième millénaire. Seulement, le dualisme existentiel a disparu  au XXIème siècle. Aujourd’hui, tout est flou et mélangé. Les frontières sont abolies tandis que les genres et identités sexuelles se confondent toujours plus. Même la politique et la musique subissent les conséquences de cette fusion du yin et du yang ! Internet a porté en étendard ce flou multi-culturel.

Quoiqu’il en soit, aucun peintre ne me vient à l’esprit lorsque je pense au XXIème siècle. Quelques grossiers installateurs tentent bien de revendiquer ce statut, mais le sens qu’ils souhaitent donner à leurs projets ne suffit que rarement à procurer l’émotion nécessaire pour les qualifier d’oeuvres. 

 

Lily Aldrin, la “peintre” d’How I Met Your Mother..!

Lily Aldrin, la “peintre” d’How I Met Your Mother..!

 

Parler à son époque 

Pour survivre, l’art doit s’adapter et parler à son temps. A l’image des amants qui cherchent à se comprendre pour mieux communiquer, l’artiste ne peut ignorer les évolution contemporaines. C’est tout le problème de la poésie, par exemple.

Depuis Rimbaud, Apollinaire et Baudelaire, combien de poètes ont révolutionné le monde ? Aucun. Dans Le temps des assassins, Henry Miller déplore l’inattention portée aux résidents des tours d’ivoire et, à ce titre, pronostique la fin de l’humanité. Le coronavirus est-il une réponse à notre insensibilité à la poésie ?

Car, oui la poésie est morte ! Elle n’a plus de public puisque nous ne sommes plus éduqués à l’apprécier et, surtout, elle a trouvé son apogée à la fin du XIXème siècle. Exactement comme l’opéra qui a vécu à la fois l’extase et la mort avec Wagner. Déjà au sommet, la poésie “traditionnelle” ne peut aller plus loin. 

Mais l’essence de l’art est de s’adapter. De mon point de vue, la poésie a évolué dans le cinéma. C’est en tout cas dans les films que je retrouve le goût de la liberté rageuse (par exemple la scène finale des Quatre Cents Coups de Truffaut), l’importance des rêves (Si tu tends l’oreille de Yoshifumi Kondo du Studio Ghibli) ou encore la finesse des sentiments insinués (In the Mood for Love de Wong Kar-wai). Poète n’est pas un métier, c’est une manière de percevoir la vie. Faire de la poésie n’est pas écrire, c’est s’exprimer par n’importe quel moyen. La poésie est une langue morte redevenue vivante grâce au cinéma. C’est tout l’enjeu aujourd’hui de la peinture : s’adapter ou bien être remplacée.

 

Rimbaud en jean par Ernest Pignon Ernest

Rimbaud en jean par Ernest Pignon Ernest

 

Conclusion 

J’ai bien plus de plaisir à découvrir une pochette d’album de JUL qu’un tableau de Soulages. Non pas pour les talents esthétiques de la communication de l’O.V.N.I  marseillais, mais parce qu’elles me parlent en tant qu’enfant du XXIème siècle. Aussi kitsch soient-elles, je peux y identifier les symboles de ce qui constitue aujourd’hui un jeune français vivant au troisième millénaire. 

Alors à se demander si la peinture est morte, oui je le pense. Mais pas l’art. Vivement qu’un artiste sache se l’approprier. Et, à l’image de Soulages pour le siècle dernier, qu’il comprenne aussi bien notre époque et la représente à travers le moyen qu’il jugera opportun pour l’exprimer. 

 

Et toi ami lecteur, qu’en penses-tu ? N’hésite pas à mettre ton avis en commentaire ou sur les réseaux sociaux ! C’est toujours un plaisir d’échanger 🙂 

 

Pochette de Rien100Rien du sang

Pochette de Rien100Rien du sang

 

Photo de couverture : Rimbaud en jean, par Ernest Pignon Ernest

3 avril 2020 4 commentaires
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Diam Welly est un village où régnaient la paix et l'harmonie. La communauté des Peulhs vivait avec celle des Mandingues sans distinction. La joie de vivre y avait élu domicile ; les hommes et femmes étant en communion. Karamokho, un homme de valeur et bien respecté au village, y vivait avec son épouse Coumba, une femme vertueuse que tous les hommes auraient aimé avoir dans leur concession. La tradition avait réussi à construire une société juste, faite de solidarité, d'amour et d'entraide.
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Kol Ukok, Kirghizistan, 2015.
Traditionnellement, la yourte est ouverte vers le sud par une entrée unique. A l'intérieure, l’espace est quadrillé selon un usage précis. Le sud et l’est de la yourte sont l’espace de la femme où se trouvent le foyer et la place de travail. L’espace de l’ouest est réservé à l’homme et aux invités. Cette photo est révélatrice : dirigée vers le sud, c’est la femme qui se dévoile, à sa place comme l’admet la tradition
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Anthropologue ayant réhabilité l’anarchie ♾ Figure du mouvement Occupy Wall Street ♾ Ecrivain multi-récidiviste ♾ Les Sex Pistols n’ont qu’à bien se tenir ! 
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Dessin + article par l’audacieux @tibovski ✏️
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