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Voir, juger, agir.

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Voir, juger, agir. Aventures et mésaventures à travers le monde... 🌦
Art

The Light Side of Soulages

par Marine 1 avril 2020
écrit par Marine
Soulage

 

 

Victoire !

« Vous prenez d’abord par ici. » Le grand sourire derrière le comptoir s’accompagne d’un bras tendu avec assurance. « Puis ce sera dans l’aile Denon, au Salon Carré, juste après La Victoire de Samothrace. » Je fixe mon interlocutrice d’un air manifestement ignorant. « Vous ne pourrez pas la louper. »

Le Musée du Louvre un jour d’épidémie de Coronavirus, c’est la musicalité des talkie-walkies des agents de sécurité. Leur répons à l’espace d’entrée couvre les voix des petits groupes de visiteurs essaimés qui respectent malgré eux sept ou huit fois le fameux périmètre de sécurité.

Les salles d’expositions, privées de milliers de visiteurs, paraissent interminables. Emprunter l’escalator à l’arrêt. Faire quelques pas. Monter les marches qui mènent aux contrôles des billets. S’avancer. S’arrêter devant différentes volées d’escaliers. Vers lesquelles se diriger ? Trouver. Les arpenter. Ne pas savoir où l’on est. Se laisser guider vers son objectif. En face : une verrière. À droite ou à gauche ?

Sur la droite, une imposante statue domine à elle seule trois immenses pièces. « Vous ne pourrez pas la louper. » La Victoire de Samothrace ! La lumière s’écoule en cascade sur ce corps qui embrasse l’espace. Nikê (déesse de la victoire) amputée brave le vent sur la poupe d’un navire avec distinction et détermination. Si puissamment enracinée, elle semble pourtant sur le point d’effleurer une dernière fois son socle pour s’envoler. C’est le pas de la confiance et de la victoire assurée.

 

La victoire de Samothrace

La victoire de Samothrace / © Wikimedia Commons

 

Pas de bras, pas de chocolat

L’existence de Pierre Soulages rejoint la mienne pour la première fois à travers l’écriture inclassable de Christian Bobin.

 

« Ce noir charpente mon cerveau, y tend ses poutres maîtresses dont le deuil n’est qu’apparent : le noir est l’éclair d’un sabre de cérémonie, une décapitation qui ouvre le bal des lumières. Ces œuvres appellent le grand air, leurs falaises réclament un vent furieux. Je ne suis pas devant l’œuvre d’un contemporain mais devant le plus archaïque des peintres. Ses peintures sont des maisons zen, les trois quarts d’une maison zen dont le spectateur fait le quart restant. » — Christian Bobin, L’homme-joie, « Soulages », L’Iconoclaste, Paris, 2012, p. 33. 

 

Et puis, il y a quelques mois — début décembre — les articles ont commencé à foisonner. Entretien exclusif avec Pierre Soulages. Les cent ans de Pierre Soulages. Retour sur la vie et l’œuvre de Pierre Soulages. Les vitraux de Pierre Soulages à Conques. Pierre Soulages au Louvre.

Ma curiosité, nourrie par les colonnes des quotidiens : un veau gras tout près d’être tué. L’idée n’était pourtant pas venue à mes doigts de pianoter « Soulages peintures » ou « Pierre Soulages toiles » sur mon Smartphone avant de me retrouver devant la pyramide de verre. Si je m’étais tenue à la seule expérience de la Toile, peut-être aurais-je investi mon temps autrement.

Me voilà tout en haut de l’escalier, salle 703. Je vois l’affiche — où étais-ce un kakemono ? — de l’exposition et aussitôt La Victoire de Samothrace s’évanouit. Mon pas ralentit. Je me fige. Comme dans ces films où le héros s’apprête à prendre la décision. La caméra est braquée sur ma face grave, dans l’attente du geste.

Je m’élance dans la salle d’exposition et me plante en plein milieu pour en saisir les contours, en prendre le pouls. Une petite pièce ; moins d’une vingtaine de toiles. Noires. Toutes noires. Ma crainte, pensais-je alors, était fondé : Soulages, « le peintre du noir », « le peintre de l’outrenoir ». Peintre archaïque : vraiment ? Peintre tout ce qu’il y a de plus contemporain ! me dis-je vulgairement, un brin déçue.

Puisque je suis ici, autant jouer le jeu : rester campée devant une toile pendant plusieurs minutes, croiser les bras et froncer les sourcils d’un air expert, en attendant l’illumination, à la manière de ce monsieur à ma gauche.

Toutes noires ? Ah ! Non : sur certaines, le blanc tranche avec un noir rehaussé de tons foncés. Commençons par là. Larges bandes noires, pâtés, dégoulis. Une référence à propos s’impose à moi. Je me crois un instant dans la peau de Driss, le personnage joué par Omar Sy dans le film Intouchable.  

 

« C’est touchant, des tâches rouges sur un fond blanc ? (…) Vous allez pas acheter cette croûte-là 30.000 euros ? (…) Le mec, il a saigné du nez sur un fond blanc, il le vend 30.000 euros ! Moi, pour 50 euros, je vais chez Casto’ et je vous la fais, la trace de mon passage sur Terre. » —  ‎Olivier Nakache‎, ‎Éric Toledano, Intouchables, France, 2011, 113 min. 

 

Tiens donc…? Le sourire suffisant et goguenard qui s’était emparé de mes lèvres s’efface. Un élément, loin d’être un détail, retient mon attention. Focus sclérotique — mon cristallin se rétracte , ma pupille se dilate : je suis sincèrement intéressée !

 

Noir, c’est noir : plus d’espoir ?

Distance approximative d’une des premières toiles : un peu moins de deux mètres. Je hausse les sourcils ; mes yeux s’écarquillent. Un reflet ! Résultat d’un manque d’attention pendant l’installation des œuvres ?

Je pars à la rencontre d’un autre tableau, de facture similaire. Plus je m’en approche, plus une partie de la toile peinte en noir blanchit sous l’effet de la lumière.

 

Soulage

PEINTURE 300 x 236 cm, 10 janvier 1964, huile sur toile / © photo de l’auteur

 

Sur la droite, un haut polyptique alternant divers noirs… luit !

 

Soulages

PEINTURE 290 x 654 cm, février-mars 1992, huile sur toile, polyptique / @ photo de l’auteur

 

J’entreprends d’immortaliser ces variations. En poste devant un polyptique de plus de six mètres de long. Trois coups de déclencheur après un jet d’essai. Tilip-tchac, tilip-tchac, tilip… tchac. Je vérifie mes prises en les passant rapidement en revue. Aucune d’entre elle n’est identique !

 

Soulage

PEINTURE 290 x 654 cm, février-mars 1992, huile sur toile, polyptique / @ photo de l’auteur

 

Ne pas photographier au trépied, c’est prendre le risque, par-delà celui d’un léger flou, du changement de perspective, d’un ou deux millimètres à peine. Cette prise de risque commune aux photographes itinérants renforce l’intuition que j’avais eue en découvrant la série de tableaux à l’entrée de la salle d’exposition : Soulages ne serait-il pas davantage le peintre de la lumière que celui de l’obscurité ? La distance qui sépare mes clichés est dérisoire. Cela a néanmoins suffi pour relever la palette de lumière avec laquelle Soulage joue en négatif. 

Je me penche sur la notice qui accompagne le détail du polyptyque que je viens de photographier.

 

« Ces peintures ont d’abord été appelées Noir-Lumière, désignant ainsi une lumière inséparable du noir qui la reflète. Pour ne pas les limiter à un phénomène optique, j’ai inventé le mot outrenoir, au-delà du noir, une lumière transmuée par le noir et, comme outre-Rhin et outre-Manche désignent un autre pays, outrenoir désigne aussi un autre pays, un autre champ mental que celui du simple noir. »  — Pierre Soulages. Ecriteau de Peinture 290 x 654 cm, février-mars 1992, huile sur toile, polyptyque

 

Soulages, le plus archaïque des peintres. Arkê, grec : commencement, principe. Au commencement étaient les ténèbres ou la lumière ? L’un ou l’autre ? L’un et l’autre ? Qui sait ? Je me représente les temps ‘’archaïques’’ comme tout noirs. Nos aïeuls, formes primaires d’hommes et de femmes, dans leurs cavernes plongées dans l’obscurité. À chercher la lumière. À la provoquer : étincelles, feu, bougies, ampoules, lampadaires. Nous qui la cherchons tant, serions-nous fait pour la lumière ?

 

“Et l’on ne pouvait chasser la lumière de mon visage.” (Job 29,24b)

Deux expressions de l’écriteau m’interpellent : « ne pas les limiter à un phénomène optique » et « un autre champ mental que celui du simple noir ». On pourrait y ajouter : « au-delà du noir ». C’est la lumière — et non ces étendues sombres sur lesquelles elle inter-vient — qui m’évoque ces moments de détresse qu’il nous arrive de traverser. La lumière qui inter-vient par surprise, au moment où peut-être nous nous y attendions le moins. Elle finit par intercéder. Pour d’autres, elle se fait encore attendre. Et pourtant, elle est là, prête à recouvrir d’argent ce noir qui nous charbonne le cœur. Persévérer dans cette attente active de l’« au-delà du noir », c’est en ça que peuvent nous éclairer les tableaux de Soulages.

Peindre la nuit. La nuit que dans chaque vie d’homme on traverse une fois. Au moins. La nuit noire, dense, épaisse, dure. Qui dure. La nuit dont on ne sort pas. Le jour ne compte pas : il pèse. Du bleu au-dessus de la tête ; du noir quand même. La nuit sans Lune et sans étoiles. La Lune et les étoiles sont bien là. Bien, là. C’est toi qui n’y es pas. Tu es loin, trop loin pour les voir, pour voir qu’elles brillent, pour ne voir que ça. Pas elles : ça, que ça brille. La lumière.Tu es encore loin quand tu vois un polyptique de Soulages. Son noir sort de toi. Il se fait miroir de ton ciel. Ce noir reflète mieux : pas d’étoiles sur la peinture. La peinture est aussi morne que toi ; morte que toi.Tu t’approches. Pas si morte : pleine des entailles et des crevasses laissées par le pinceau de la vie ; de ta vie. Ça grouille dans les nervures de la peinture, dans tes veines. De bien trop loin, tu n’y voyais rien.Regarde. Noir : monolithe. Il s’impose. Laisse place. Accueille. Approche. Viens et tu verras. Vois : cette lumière qui n’attendait que toi pour être vue de toi. Elle se propose. Ne plus voir qu’elle. Qu’elle inonde le noir au-dessous.

Dans le monde il n’est pas de noir absolu. Dans le tien il ne l’est plus. Tu vois toutes les étoiles dans la nuit ; le tableau te paraît gris. Tu fermes les yeux sur le bleu. Tu vois le soleil.

 

« Chaque homme dans sa nuit s’en va vers sa lumière. » — Victor Hugo, Contemplations, Livre cinquième : « En marche », Écrit en 1846.

 

Pour découvrir l’œuvre de Pierre Soulages et l’artiste :

  • Découvrir Pierre Soulages en express – « Pierre Soulages – 28 minutes – ARTE » sur YouTube
  • Une sortie – Les vitraux de Pierre Soulages dans l’Église de Conques
  • Un livre – Pierre, Christian Bobin, Gallimard, Paris, 2019, 104 p.
  • Un podcast – « Pierre Soulages : “Celui qui regarde ma peinture est dans ma peinture” », entretien par Arnaud Laporte pour France Culture

 

Pour ceux qui ont envie d’approfondir davantage le sujet :

  • « Conférence de Frédéric Caillard – L’oeuvre de Pierre Soulages » sur la chaîne YouTube de l’ENSA Strasbourg 
  • « Restauration des peintures de Pierre Soulages » sur la chaîne YouTube des Amis du Musée Soulages

 

Photo de couverture : PEINTURE 324 x 362 cm, 1985, huile sur toile, Polyptyque C /  © photo de l’auteur

1 avril 2020 5 commentaires
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Carnet de voyage

EN CANOË SUR L’ALLIER – #4 Le dernier bivouac

par un contributeur 28 mars 2020
écrit par un contributeur

Découvrez la suite des aventures de Gonzague et Erwan à la conquête de l’Allier, le fleuve le plus sauvage d’Europe. 

 

Dormir en pleine campagne ou dormir sur des berges sont deux choses différentes.  Il y a des tas de critères à prendre en compte. Quand on marche, le choix de bivouac reste assez étendu (quoique, ça peut dépendre du terrain, mais je n’en sais rien je n’ai jamais fait de roadtrip à pied).

Voyons un peu pourquoi l’avant dernier bivouac était un lieu presque parfait. Une petite île bien tranquille ! Un peu d’espace vert, une plage et des arbres pour l’ombrage et les hamacs, bref un vrai nid douillé de confinement. Avec Gonzi (il faut le dire ici, c’est son surnom), on a même baptisé ce lieu, mais on ne le dira pas ici. Le prochain voyageur pourra lire sur place, une gravure où est inscrit le nom de l’endroit.

Mais qu’est-ce qu’est-ce qu’un bon bivouac ? C’est un bivouac avec assez d’arbres pour monter les hamacs (au moins deux si ces derniers sont assez gros et branchus pour y fixer plusieurs lits. ) C’est aussi un lieu qui reproduit la maison, le coin cuisine, le coin dodo et le coin le plus important : la terrasse. Ce genre d’endroit ensoleillé avec une belle vue sur la rivière.  Ici on boit des bières quoi (je crois que le confinement me rend nostalgique là)… Le moment sur la « terrasse », c’est l’heure la plus précieuse de la journée. 

 

Etendue d'eau

 

L’installation du bivouac ou comment agencer son appartement

On a monté les hamacs, allumé le feu, décapsulé les bières avec le briquet qui commence à s’effriter. Après tout cela, il ne reste plus qu’à s’asseoir en regardant le soleil se coucher sur la rivière. C’est presque des vacances au bord de la mer. Je me souviens de notre dernier bivouac, le soir du quatrième jour. Là, c’était la galère pour trouver. Notre plus grand souhait était de découvrir un endroit conforme à nos rêves. Chercher une berge pour dormir, c’est comme visiter un appartement pour un couple de jeunes pros. Demandez à Gonzague, il sait de quoi je parle.

Premier arrêt, première visite, on aperçoit l’endroit du bivouac de loin : “chéri j’ai vu cette annonce sur seloger.com, au pire on y va ça coûte rien.” Le lieu n’est pas génial mais notre subconscient fait office d’agent immobilier et essaie de nous vendre un misérable taudis, sans double vitrage, avec le carrelage de la douche fait avec de la pâte à modeler d’enfant. Le voici qui nous bazarde son bien, le malhonnête : “de belles surfaces, avec la possibilité de maximiser l’espace; appréciez la profondeur de cette pièce ! L’idéal pour s’installer.” Pour le premier possible bivouac, c’était la même chose : une rive insalubre, des courants d’air fluviaux insupportables et l’odeur de la vase qui remonte des canalisations…. bref, la prochaine annonce, on saute sur l’occasion ! Rebelote… 

Une troisième visite ? Cette fois-ci il n’y pas assez d’arbres..l’annonce indiquait un T3 pourtant…. Mais la quatrième visite est la bonne. On trouve un lieu ouvert, avec un petit bosquet de trois grands arbres. Notre T3 parfait. Accompagné d’un joli pré descendant jusqu’à l’Allier : notre terrasse. Il nous suffit donc d’aller récupérer les choses du quotidien dans le frigo. 

 

Pêche miraculeuse

 

Un frigo disais-je ? Oui ! mais pas n’importe lequel. Tout le monde connait la technique de faire rafraîchir ses bières et son rosé dans l’eau. Nous arrivons, on débarque, on pose les divines bouteilles dans le lit de la rivière et ensuite, c’est la pêche miraculeuse. A défaut de poisson, on va à pêcher le rosé. Une belle prise néanmoins ! (voir la vidéo : on explique, on commente, on analyse). Le tire-bouchon remplace l’hameçon. Bref, une bien belle journée qui se termine. 

 

 

Suite et fin

Le lendemain, dernier jour. L’Allier commence véritablement à changer d’aspect. Les berges s’affinent, le lit de la rivière s’agrandit. Le calme bruissement d’une eau calme remplace les crachats houleux d’une onde tumultueuse. Ce dernier jour, c’est un peu le retour d’Ulysse à Ithaque.

 

Voir notre itinéraire ICI.

 

La dernière partie de ce trajet se passe comme tous les derniers jours. Nous sommes heureux d’être parti mais heureux de rentrer. Je crois que nous avons été complètement convaincu par ce genre de voyage. Même le trou dans la coque n’a pas entamé notre enthousiasme : la preuve : il y a une suite à cette histoire.

Le prochain récit racontera comment nous avons parcouru près de 300 kilomètres entre Moulins (Bessay-sur-Allier, plus précisément) et Orléans. Nous dirons au revoir à l’Allier et bonjour à la Loire. On fera des rencontres sympas avec d’autres kayakistes de notre acabit et la suite je ne vous la raconte pas, elle sera à retrouver dans un mois, ici sur BSFmagazine.

 

Bivouac

 

Fin de la saison 1 

Découvrez la descente des rapides en Formule 1 juste ICI. 

28 mars 2020 0 commentaire
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ActualitéTibovski - Dessin de la quinzaine

Le dessin de la quarantaine !

par Tibovski 25 mars 2020
écrit par Tibovski
criquets

La situation que nous vivons est plus que particulière. Il y aurait beaucoup à dire. Sur le confinement, sur les lourdes conséquences d’un système hospitalier exsangue, sur l’hypocrisie de la classe dirigeante et ses mesures contradictoires. À la fois je pense qu’il est important de traiter certains de ces sujets, car notre quotidien est rythmé par cette seule affaire de pandémie et que beaucoup est en jeu. De l’autre, c’est justement parce que nous en sommes submergé qu’il importe de dépasser cela, d’évoquer d’autres sujets. 

Pourquoi ? Pour des raisons psychologiques : éviter l’obsession, l’angoisse. Pour des raisons intellectuelles : avoir un tableau plus large de la situation, comprendre que d’autres choses animent le monde en ce moment. Pour des raisons morales : se soucier d’autres crises qui frappent ailleurs. Je pense aussi que BSF s’est depuis le début proposé d’explorer l’Ailleurs, au travers du voyage, des questions humanitaires et sociétales. N’est-ce donc pas cohérent dans un cas d’enfermement partiel, de porter le regard sur autre chose. Je n’ai pourtant pas de solution, ni d’idée brillante pour répondre à cette intuition. 

criquets

Ce que je vous propose, brièvement, c’est de nous intéresser quelques instants au problème que subit l’Afrique de l’Est, une partie de la péninsule arabique et de l’Asie du Sud depuis plusieurs mois. Certes, cela n’apporte ni joie ni espoir, mais c’est grave. Des milliards de criquets envahissent et prolifèrent dans ses régions dans des proportions inédites depuis un quart de siècle. Les essaims dévorent les cultures. La quantité d’insectes est problématique pour les récoltes et annonce une grave crise alimentaire dans des régions déjà fortement touchées par la pauvreté, la guerre et les catastrophes naturelles.

criquets

 Le petit dessin pseudo-humoristique que je vous livre laisse penser qu’il y a un monde touché par le coronavirus et un autre touché par les criquets. Mais en réalité, l’Afrique subsaharienne commence à être touché par l’épidémie, et inquiète l’OMS. Car la plupart de ces pays n’ont pas les moyens techniques et humains pour répondre à cette crise sanitaire. La pandémie risque de se surajouter à la famine et d’accroître les pertes. 

Maintenant, je souhaiterais poursuivre cet élan, en proposant plus fréquemment des illustrations, des réflexions à la fois sur la pandémie, mais aussi et surtout sur d’autres thématiques. Rien de certain. C’est encore en maturation. Cela pourrait être des formats plus brefs, plus spontanés. Quelque chose comme “Le dessin de la quarantaine” à la place du “dessin de la quinzaine”. 

25 mars 2020 3 commentaires
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Baudouin Duchange - Chroniques

5 reportages pour t’évader sans attestation

par Baudouin Duchange 22 mars 2020
écrit par Baudouin Duchange
5 reportages pour t’évader sans attestation

 

Voici une liste résolument subjective qui, j’espère, vous fera voyager durant cette période particulière de confinement. J’attends vos retours en commentaire ou bien sur nos réseaux sociaux ! 

 

1 – L’outsider : La chaîne YouTube Till Tomorrow 

Cinq reportages courts sont à retrouver sur cette chaîne. Le sujet de prédilection ? S’intéresser à la place de la nature au sein de la population éco-dépendante de l’hémisphère nord. Au programme, les autochtones d’Alaska, les Aïnous, les nomades Mongols et les Tsaatans. Fascinant et audacieux.

Le petit plus BSFmagazine ? Une collaboration Carte Blanche est prévue avec eux bientôt sur notre page instagram ! 

Pour en découvrir plus sur leur projet : https://www.youtube.com/channel/UCeXt3tgWCkfrZRKMjGLk4Kw

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

 

2 – L’impressionnant : David Reichert, Orques de Crozet, ces gigantesques éléphants de mer

Faîtes-moi confiance, j’en ai vu passer devant mon écran des reportages animaliers. Que se soit en gueule de bois, au retour du travail ou même dans le métro, l’intense poésie qu’ils dégagent est souvent bien plus intéressante que n’importe quel film mal écrit.

La preuve avec cet incroyable reportage du cameraman David Reichert parti 4 mois seul sur l’île de Crozet étudier la faune animalière locale. Je n’ai pas de mot supplémentaire pour décrire mon admiration. 

Lien vers le reportage : https://youtu.be/ZEpUDIN8TwE

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

3 – Le classique : Secret d’histoire, Prince Charles, aux marches du trône.

Enfonçons dès maintenant une porte déjà grande ouverte : l’émission de Stéphane Bern est vraiment de qualité. Depuis 2007, ce programme de vulgarisation historique permet à chacun de saisir les enjeux d’une époque via les portraits qu’elle dresse.

Mon préféré ? L’épisode sur le Prince Charles. Précepteur sur l’importance de la question écologique et véritable acteur dans ce domaine depuis les année 70, cet épisode vous emmène de manière inédite à travers son histoire si particulière grâce aux lieux qui l’ont construit.

En filigrane, vous découvrirez son style vestimentaire intemporel et un humour toujours savoureux. Les images et le traitement narratif, qui font parfois défaut dans cette série, sont ici impeccables. 

Je ne peux que vous encourager à cliquer sur ce lien : https://youtu.be/UErltEtjppw

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

 

4 – L’indispensable : Arte, Le sucre, le doux Mensonge

Je rêve parfois d’une télévision à chaîne unique avec comme seuls programmes ceux d’Arte. Intelligents, bien réalisés et toujours respectueux, c’est, de mon point de vue, la seule chaîne qui vaut le coup d’être financée par le service public.

Quoiqu’il en soit, voici le dernier documentaire découvert sur le replay qui m’a autant intéressé que bouleversé. Le sucre est le plus gros meurtrier de notre époque moderne. Seuls les communistes (Staline et Mao en tête) peuvent peut-être revendiquer un meilleur score en rassemblant leurs certifications “disque de platine”. Entre remise en question de vos habitudes culinaires et réelle envie de changer notre industrie française, ce reportage ne pourra pas vous laisser indifférent. 

Lien : https://youtu.be/6f3NvV05k28

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

 

5 – Le plus déjanté : Oasis, Supersonic

Je m’excuse d’avance envers mes proches pour l’énième bourrage de crâne que je vais faire avec ce reportage ! Mais il y a pour cela une raison : ce documentaire, centré sur les prémices du meilleur groupe anglais de tous les temps, est tout simplement incroyable !

A travers des enregistrements d’époque, des images d’archives saisissantes et des témoignages hilarants (big up à la madrina de la fraté Gallagher !), nous suivons les frères Caïn (Noel) et Abel (Liam) dans leur course à la gloire, à l’argent, à la drogue et l’amour de la musique. La rage de l’aventure, Oasis et BSFmagazine, même combat ? 

Où chercher ce documentaire ?  A vous de le retrouver sur votre site de streaming illégal habituel !

 

5 reportages pour t’évader sans attestation

 

Et vous, quelles sont vos meilleures trouvailles sur le net pendant ce confinement ? Qu’avez-vous pensé de ces idées de reportages ?

22 mars 2020 2 commentaires
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ActualitéCarnet de voyageRomain Mailliu - 13 mois de volontariat en Indonésie

#12 Inondations de Jakarta : La misère est si belle

par Romain Mailliu 18 mars 2020
écrit par Romain Mailliu

 

Cela fait maintenant 1 mois que je n’ai rien couché sur le papier. Pourtant, il arrive que les mots courent dans ma tête et le soir, le visage dans mon oreiller, j’essaie de les saisir pour en faire des phrases. Parfois, quand celles-ci me plaisent, je les écris sur mon portable. Puis les effaces le matin, pour les laisser à la nuit.

 

Mon bidonville : Kampung Sawah

Notre centre, un bateau au milieu des épaves. Les inondations ont frappé fort à Jakarta, et seules les maisons avec un étage, comme la nôtre, peuvent encore abriter un semblant de vie. Depuis 2 jours, l’eau et l’électricité ont été coupées dans Kampung Sawah : notre quartier, notre bidonville, notre communauté, appelez ça comme vous voulez. Vous n’aimez pas les compromis ? Pas d’inquiétude, le gouvernement indonésien a déjà choisi pour vous : Kampung Sawah n’existe pas. Il n’y a aucun droit de propriété sur ce terrain inondable qui s’étend entre une forteresse de containers et une autoroute à 6 voies. Pourtant, plus de 10 000 habitants y ont construit leur « maison ».

Le niveau de vie y est pauvre, très pauvre. Le chômage fait rage si bien que pour gagner leur pain, les habitants acceptent n’importe quelle besogne. La plupart travaillent au port, et guident les camions, les grues, les bateaux et les containers. Ils sont comme des fourmis au milieu d’un défilé militaire.

 

 

Les misérables

Avec le temps, Kampung Sawah a pourtant su créer de la richesse, s’organiser et s’agrandir. Certains disent même que le quartier s’embourgeoise. Les murs de béton remplacent le carton, les balcons fleurissent aux étages des maisons… N’allez pas vous imaginez une banlieue à la Beverly Hill, avec les gazons entretenus au peigne fin et les barbecues webers devant les vérandas. Mais Kampung Sawah est mon quartier et même de l’eau jusqu’au nombril, je remuerai ciel et terre pour vous convaincre de venir y passer quelque temps.

Vivre dans un bidonville, c’est faire l’expérience de la simplicité. La misère n’a rien d’artificielle. Elle ne se déguise et ne se maquille pas, ou alors pas longtemps. Quand je marche dans les rues de mon quartier, le mascara ne cache pas les nuits blanches, allongées à même le sol. Les faux maillots de foot ne cachent pas les corps de petite taille, maigrichons, victimes de malnutrition. Les grands sourires ne cachent pas les dents abîmées par l’insuffisance sanitaire.

Vivre dans un bidonville, c’est découvrir une réalité vécue par des millions de personnes dans le monde. Nous pensons parfois que nous avons une vie ordinaire, banale, classique, détrompons-nous. Si normaliser c’est généraliser, la réalité des bidonvilles est certainement plus normale que la nôtre. En effet, près de la moitié des habitants de la planète – soit 3,4 milliards d’individus – sont confrontés à de grandes difficultés pour satisfaire leurs besoins élémentaires.

La Banque mondiale a proposé, en 2018, deux seuils de pauvreté : le premier, à 3,2 dollars par jour, qui conduit à compter 25 % de pauvres sur la planète, et le second à 5,5 dollars, qui implique près de 50 % de pauvres. Difficile de se plaindre devant cette réalité, nous qui avons parfois l’habitude, d’exprimer notre mécontentement pour un rien. En 2020, toujours pas de réseau dans le tunnel de la Défense : c’est un cauchemar. Il faut travailler plus pour payer la retraite de nos anciens plus nombreux que par le passé : c’est malheureux.

Vous allez me dire « Romain, attention, méprise, tu sais que l’argent ne fait pas le bonheur ». Peut-être, mais comme le dit Booba, le bonheur ne remplit pas l’assiette.

Vivre dans un bidonville, c’est faire l’expérience de la joie, dans ce qu’elle a de plus authentique et véritable. Pour survivre, l’entraide est de mise, et nous découvrons que la joie est plus intense quand elle est le fruit de la générosité. Quand on est démuni, on apprend à se satisfaire d’un rien. Chaque moment de vie est propice à l’émerveillement. Une inondation devient une piscine géante et gratuite. La misère est si belle.

 

 

La vie aquatique

Nous sommes le 25 janvier et depuis le 31 décembre, les inondations nous frappent au moins une fois par semaine à Jakarta. Ce n’était pas arrivé depuis plus de 10 ans, de mémoire des anciens. Ce n’est peut-être tout simplement jamais arrivé. L’eau, qui grimpe comme une marée, n’y est pas toujours aussi haute. La lune est parfois clémente, me direz- vous. Mais à peine avons-nous le temps de la chasser des matelas, des armoires, des vêtements, elle revient au galop. Pas de répits pour les braves, les visages se creusent, mais les sourires restent sous les yeux pochés.

Dans la communauté, chacun affronte le destin avec un positivisme exemplaire. Les enfants construisent des bouées avec des chambres à air, plongent, s’amusent dans l’eau sombre, où se mélangent plastiques, restes de nourritures et de déchets en tout genre, couleuvres et cloportes. Les rires résonnent dans les allées. Pas besoin de babyphone pour s’assurer que les enfants vont bien.

 

 

Les sourires immortels

Je ne me lasse pas des sourires des habitants. Ils sont toujours les mêmes, immortels, fidèles, indéchiffrables. Qu’il pleuve, vente, sous la chaleur ardente du soleil, éclairé par les reflets de lune, des sourires encore et toujours. Au début de mon volontariat, je les trouvais merveilleux. C’était pour moi un signe d’amour universel, de succès devant la misère, de richesse devant la pauvreté. Je me nourrissais de ces sourires, le matin après une courte nuit, ils étaient pour moi comme une piqûre d’adrénaline.

Maintenant ces sourires me font peur. Je les vois comme le reflet d’une éternelle indifférence. Le sourire qu’on donne aujourd’hui car on ne sait pas de quoi sera fait le lendemain. À quoi bon être triste, tirer une sale tronche, quand on n’attend rien de l’avenir ?

N’y a-t-il donc jamais de limite ?

Aujourd’hui, ce sourire, je le vois comme l’acceptation d’un prochain malheur. J’aimerai parfois le voir remplacer par une grimace de colère, de tristesse, comme l’expression d’une volonté de vouloir changer les choses, crier STOP ! C’est pour moi le sourire d’un peuple qui accepte son destin.

 

 

Espoir et désillusion

Utopiste que je suis, imbécile, aveugle, sourd, ce sourire est pourtant la preuve que la joie est plus forte que tout. C’est le sourire de la compassion et du pardon, la sagesse qu’il faut pour accepter le fait que nous ne maîtrisons pas tous les éléments, que nous ne sommes pas les acteurs tout puissants de notre propre film. Et ça, du haut de mes 24 ans, j’ai du mal à l’accepter. Je pense encore qu’à force de persévérance, de rêves, et de volonté, on peut garder la main sur son destin.

 

“La joie est bien plus grande que le bonheur. Alors que le bonheur est souvent dépendant de facteurs extérieurs, la joie ne l’ait pas.”

Le Dalaï-Lama et l’Archevêque Tutu – Le livre de la joie

 

Et bercé par l’espoir, je suis persuadé qu’il est possible de changer de vie. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai décidé de partir en volontariat de solidarité internationale, envoyé par la DCC dans l’ONG LP4Y, afin d’accompagner les jeunes des bidonvilles à trouver un travail décent.

Je peux vous assurer que quand un jeune quitte Kampung Sawah pour devenir réceptionniste dans un hôtel 4 étoiles, c’est sa vie entière, et celle de sa famille, qui passent de l’ombre à la lumière. Un salaire fixe, une assurance, des vacances et le droit de rompre un contrat : c’est ce que la loi appelle un travail décent, c’est ce qu’un jeune des bidonvilles appelle une nouvelle vie.

Sauf que ce changement de vie est infiniment compliqué à réaliser et à poursuivre seul.

 

 

Together we can

Être seul, c’est sourire à son miroir. Essayez, vous n’en sortirez pas plus motivé. A la limite vous vous direz : il faut que j’aille chez le coiffeur, ou encore : pourvu que je devienne riche… Alors que quand quelqu’un vous sourit, tout semble devenir possible. Nous avons besoin des autres pour réussir, et ça, nous en faisons l’expérience tous les jours : nos familles, nos amis, nos collègues, notre équipe de sport… L’homme ne se suffit pas à lui-même, avait tenté de m’expliquer Aristote, pendant un DS de 4h en terminale scientifique. Avec le recul, il s’avère que nous sommes tombés d’accord. Ensemble, tout est possible.

S’il fallait conclure, car chers lecteurs, si vous êtes encore là, après 1542 mots, je vous en remercie et je vais de suite abréger vos souffrances. Je sais que l’époque n’est plus à l’écriture, aux doutes, à la description et l’analyse, mais aux vidéos de 3 minutes qui vous expliquent comment Aymeric a quitté la Banque d’Affaires pour vivre dans la creuse en autonomie dans une cabane.

Cher lecteur, bien que nous ne maîtrisions pas tous les éléments de cette équation à 3 temps – passé ; présent ; futur – qu’est la vie, nous pouvons, en unissant nos forces, la faire tendre vers le résultat qui nous semble être le bon…

Il ne suffit parfois que d’un sourire.

 

 

18 mars 2020 24 commentaires
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Carnet de voyage

En canoë sur l’Allier – #3 Du rallye à la Formule 1

par un contributeur 13 mars 2020
écrit par un contributeur
En canoë sur l'Allier

Découvrez la suite des aventures de Gonzague et Erwan à la conquête de l’Allier, le fleuve le plus sauvage d’Europe. 

 

On aurait pu comparer la première journée de navigation de nos deux camarades à une manche de slalom de Tony Estanguet aux Jeux Olympiques de Londres. On se représente bien l’athlète dévaler les vagues tout en visant juste pour passer les portes dans le bon sens, lisant le courant et les tourbillons afin d’optimiser sa trajectoire et sa vitesse. Mais à ce moment là Erwan et Gonzague se représentaient plus dans la peau d’un pilote de rallye automobile, tel Sébastien Ogier ou Sébastien Loeb, tentant d’aller chercher une 7ème couronne mondiale. À l’image d’une course de rallye WRC, la première journée ne fit pas de cadeaux à nos deux pilotes et, à force de déraper sur les rochers dans les rapides ou de se laisser entraîner sur les bas-côtés de la rivière, ils durent bien, la nuit venue, se rendre à l’évidence que leur véhicule était définitivement endommagé. La carrosserie était sérieusement enfoncée, leurs ailerons étaient partis en fumée, l’aéro était à revoir : plus rien n’allait.

Les mécanos passent donc une partie de leur soirée à retaper le véhicule endommagé (comprendre par là qu’on passe un bon moment à vider le canoë de l’eau qui s’y était clandestinement embarqué en soute). Mais la nuit porte conseil et c’est lors du brief d’avant course, le deuxième jour, qu’on prend une grande décision. Désormais on avait dépassé la partie la plus sinueuse de l’Allier et il nous faut maintenant passer la vitesse supérieure. On décide donc, tels Kubica ou Alonso, de troquer notre baquet de rallye pour un volant de Formule 1.

 

8h30 : La grille de départ

 

En canoë sur l'Allier

 

C’est notre premier Grand Prix de F1. Jeunes pilotes que nous sommes, nous nous faisons un peu surprendre par l’horaire. Il est déjà 8h30, nous ne sommes pas encore partis mais les vaches de leur pré sont là pour nous rappeler l’heure telles les “grid girls” sur la grille du départ. Juste le temps d’un passage aux stands. On jette un dernier coup d’oeil à la carte, on prend une dernière gorgée de café. Nos équipements sont prêts, ici pas besoin de casque, un gilet de sauvetage suffit. Nos mamans en seront moins inquiètes et vu nos péripéties de la veille (voir le précédent article), une nouvelle sortie de piste n’est pas à exclure. Nous voilà enfin sur la grille de départ saisissant notre pagaie tel un pilote tenant son volant. Les “grid girls” s’écartent, le départ va être donné d’un moment à l’autre. C’est parti ! Il est 9h30 et on s’élance à l’assaut de la rivière, contre la carte et la montre.

 

11h00 : 1er pit-stop

Le début de course se passe bien mais cela fait déjà plus d’une heure que nous roulons, enfin pagayons, et la piste use notre embarcation. Il est temps de changer de pneumatiques. Dans notre cas cela signifie écoper l’eau du canoë, remplacer les rustines appliqués sur les blessures du canoë, en profiter pour descendre un thermos de Nespresso, y tremper un ou deux boudoirs et hop nous voilà déjà repartis. En réalité, de concurrents il n’y en a pas autour de nous. Il n’y a pas de temps de référence non plus sur notre parcours. Nous sommes donc les seuls juges et commissaires de notre course. Et c’est pour ça que, pour garder notre rythme, on use de toutes nos techniques pour tromper l’ennui et continuer d’avancer. Entre deux passages techniques les discussions vont bon train. Une fois les ragots épuisés, on parle de la prochaine étape, puis on les entend chanter. Ce sont d’abord des chants scouts pour se donner de l’entrain, puis des chants paillards en guise de pause avant d’enfin entonner tout notre répertoire militaire qui accompagne notre rythme de pagayage. Et puis, quand le temps se fait long, comme un pilote appellerait son box à la radio, on appelle nos potes pour partager notre avancée et prévoir les prochaines vacances. Mais ça y est, à force de chanter et de parler, il est déjà 13h et l’heure du déjeuner approche.

 

En canoë sur l'Allier

 

13h30 : L’arrêt au stand

Nos deux pilotes ont déjà parcouru 35 km à bord de leur Formule 1 d’eau douce et en un temps de record de 4h00. On arrive à Pont du Château (voir la carte interactive ICI) et on s’apprête à effectuer notre deuxième pit-stop. Les mécanos s’affairent, tentent de changer leurs pneumatiques mais cette fois-ci les dégâts sont trop importants. Il va falloir rentrer le bolide au stand et penser à une réparation plus sérieuse. On hisse donc le canoë sur la berge. On achète un mastic, qui une fois réchauffé dans le creux de la main, permet de colmater les brèches. Mais là c’est la double peine : en plus du temps de réparation, il va falloir prévoir deux heures de séchage… 

Notre moyenne au kilomètre est flinguée mais pas de soucis, on a plus d’un tour dans notre sac. Le temps est mis à profit. On sort le saucisson, on met le rosé au frais, on tend même une ligne au cas où une truite passerait par là. Et comme la récupération est primordiale dans ce genre de périple, on prolonge l’arrêt au stand par 20 minutes de sieste technique. Ça y est le mastic est sec, la truite n’a pas daigné croquer mon bout de saucisson mais la bouteille de rosé est vide. Il est l’heure de repartir.

 

16h00 : Deuxième tour de piste

Il est déjà 16h, la pause a duré plus longtemps que prévu. D’après les cartes, il nous reste un peu plus de 10 km. Si le courant continue à bien nous pousser c’est l’histoire d’une grosse heure. Mais le parcours en a décidé autrement, on mettra finalement plus de deux heures pour arriver au terme de l’étape du jour. Plusieurs obstacles vont se présenter à nous. Sur les 10 prochains kilomètres, la rivière descend de presque 50 mètres de dénivelé. On peut donc dire sans mauvais jeu de mots qu’il y a anguille sous roche.

 

En canoë sur l'Allier

 

Ce midi la truite n’avait pas mordue à l’appât mais à peine repartis, alors qu’on navigue maintenant sur une sorte de plateau de calcaire, le fond n’est plus fait de sable, mais l’eau transparente glisse sur la roche. La rivière révèle enfin ses secrets et le soleil aidant, on voit miroiter à chaque coup de pagaie un banc entier de truites ou de perches. Le spectacle est magnifique si bien qu’on se laissent distraire et on ne voit pas les dangers approcher. On nous avait pourtant bien dit de se méfier des courants qui peuvent se révéler puissants et des tourbillons que provoque par endroit la rivière.

 

Maman ne le sait pas

Comme un symbole au moment où un bruit sourd commence à se faire entendre en aval de la rivière, la playlist chante les paroles de cette chanson de Ninho :

 

“Ils veulent nous ralentir, stopper el tráfico. On est cramés dans les bails chico, on est cramés dans les bails chico.“

Ninho feat. Niska

 

En canoë sur l'Allier

 

On aurait dit que la chanson faisait écho aux barrages que la rivière avait dressés sur leur chemin. En effet subitement, alors qu’on navigue depuis un bon moment sur ce plateau de calcaire, la rivière change radicalement de physionomie. C’est comme si le plateau s’était affaissé sous le poids de l’eau. En moins de 100 mètres, la rivière perd plus de 20 mètres de dénivelé. Au fil des ans, le fleuve avait donc creusé comme des marches dans son lit. Il nous faut donc descendre de notre bolide pour s’aventurer dans cette succession de micro-cascades et leurs courants bouillonnants, mais ça heureusement maman ne le sait pas.

 

18h30 : Passage de la ligne d’arrivée, veillée et bivouac

La suite ne fut pas meilleure puisqu’il nous faut passer deux ponts. On parle ici de traversée car il s’agit souvent de traverser une zone impraticable en canoë comme obstruée par des rochers placés dans le lit au moment de l’édification du pont. Ces deux derniers obstacles passés, on cherche à s’éloigner de l’A89 et de son bruyant trafic autoroutier et on fait enfin halte sur une île en face du village de Joze.

 

Voir sur la carte interactive ICI.

 

En canoë sur l'Allier

 

La ligne d’arrivée passée, pas de cryothérapie pour nos deux champions mais un bon bain, pour le moins vivifiant, directement dans la rivière. Le bivouac se monte, les hamacs sont tendus, le feu est allumé et la soiré peut commencer. Après quelques bonnes bières et une plâtrée de riz, nous voilà autour du feu pour célébrer la journée écoulée, débriefer la course et se préparer déjà à la journée de demain qui devrait déjà nous emmener jusqu’à la ville de Vichy.

 

A suivre…

 

Découvrez l’embarquement tumultueux juste ICI. 

13 mars 2020 0 commentaire
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Baudouin Duchange - Chroniques

Bien-vivre : 5 conseils pour une promenade réussie

par Baudouin Duchange 7 mars 2020
écrit par Baudouin Duchange
La balade

 

Souvent considérée comme la cousine rondelette et insipide de l’aventure, ou bien comme le vilain petit canard de la famille de la marche à pied, la promenade a connu des hauts et des bas dans l’histoire de notre belle humanité. Archétype d’une non-aventure, nous pourrions être tentés de la dévaloriser au profit de la randonnée. A la faveur d’un débat constructif et rigoureux sur la notion de promenade, nous pourrons pourtant dégager de cette routine un acte de contestation fort. Sa disparition coïncidant avec l’apparition de salle de sport à chaque coin de rue, un article de BSFmagazine devenait nécessaire.

Nota bene : En effectuant mes recherches, j’ai appris l’existence des promeneurs du net. Notions utilisées par l’administration publique girondines, ces aventuriers 2.0 sont des professionnels présents dans la « rue numérique d’internet et les réseaux sociaux » afin de poursuivre sur le web la démarche éducative assurée par les intervenants “jeunesse des territoires”. Ce corps de métier ne sera pas abordé dans le cadre de cet article. 

 

La balade

 

Se positionner idéologiquement face à la promenade 

Tout oppose en principe la promenade et l’aventure. Là où une aventure est enrichie par l’imprévu rencontré sur la route, le promeneur trouve son réconfort dans la routine. Le même petit chemin sans embûche ni problème ; la même petite route sans surprise ni déconvenue. Une bonne promenade est un mélange savant de maîtrise de son environnement proche et de respect des habitudes. 

Son tracé reflète souvent le caractère de son emprunteur ! Un promeneur à l’oeil affuté savourera victorieusement le même détail, la même particularité architecturale ou un joli coin d’herbe. Un promeneur malicieux préparera un cocktail d’anecdotes à réciter devant ses invités abasourdis devant un tel puit de culture. Un promeneur vieillissant pourra se satisfaire de trouver à chacune de ses promenades un banc où souffler afin de prolonger sereinement son chemin. La promenade s’adapte, mais ne doit pas être confondue avec son faux jumeau : la ballade. 

Une ballade est bien plus frivole qu’une promenade. Elle laisse libre court à l’inspiration du moment du « baladeur ». La ballade nous emmène loin derrière les collines découvrir les corps des fermes d’une comté voisine. Avec elle, tel l’effet produit par la poudre de la fée clochette, enfants et adultes s’envolent joyeusement dénicher les curiosités d’une ville aimée ou bien les pâturages  verdoyants d’une campagne chérie. La charmante inconscience d’une ballade ne correspond en rien à l’organisation rigoureuse que nécessite une bonne promenade ! Au risque de me répéter : la promenade se forge lentement à travers la construction de son promeneur. Elle peut s’adapter, mais jamais être volontairement bouleverser. 

 

La balade

Joaquin Phoenix dans Two Lovers, James Gray, 2008

 

Etudes des moeurs balzaciennes  

Il ne faut pas pour autant juger la promenade. Elle a bien entendu ses défauts mais je ne souhaite pas participer au #PromenadeBashing nauséabond qui, malgré ses nombreux détracteurs, reste pour moi infondé. Car la bonne petite promenade a également ses qualités. Elle est généralement l’issue heureuse d’un repas convivial. Elle est sollicitée par les ventres rebondis et rendue nécessaire pour prolonger la cohésion sociale créée par le repas. Ce qui fait que le promeneur est souvent un bon vivant sympathique, à la bedaine arrondie et aux joues rosies par les joies des terroirs de notre belle planète.

Souriante et généreuse, la promeneuse accompagne son compagnon avec délicatesse et une sensualité toute bourgeoise. Main dans la main, promeneur et promeneuse sèment cohésion et joie dans un monde tronqué par la corruption et la barbarie. Bien plus qu’un rôle de digestion, la promenade joue également son rôle contre les tensions du quotidien.

 

La balade

En promenade près d’Argenteuil, Claude Monet, 1875.

 

Punk is not dead 

La promenade est, en apparence, calme, neutre et ennuyante. Mais de même qu’il ne faut pas réveiller l’eau qui dort, il ne faut pas la sous-estimer. Celle-ci peut apparaître comme un argument contestataire dans notre société aseptisée, kombinisée et basic-fitée. 

Jim Harrison, ce flamboyant écrivain-mangeur, disait volontiers que pour continuer à s’enfiler des quartiers de boeuf au goûter, il se promenait deux heures par jour. A l’image de Big Jim, la promenade révèle au monde l’existence de ces bandes éparses de mangeurs en exhibant dans nos rues ces bambocheurs du dimanche. Le journaliste et présentateur François Busnel soulignait d’ailleurs à son propos que « notre époque tolère mal l’art de jouir, elle vit comme une insolence tout défi aux exigences diététiques ». Les promeneurs exultent leur jouissance en pratiquant régulièrement leur promenade. 

Loin d’une société libérale à la concurrence débridée réduisant les temps de repos au minimum, les promeneurs affirment leur singularité en choisissant un mode de vie radicalement tranquille. C’est d’ailleurs comme une adolescente gothique aux cheveux rouges qui revendique ses idées en portant des Dr. Martens que les promeneurs assument leurs convictions personnelles en enfilant une paire de Paraboot. On ne fait pas d’un buveur d’eau un poète, ni d’un requin de la finance un promeneur. La promenade à définitivement son rôle à jouer. Une piste à suivre pour sauver notre monde ?

 

La balade

Couverture d’un Sacré Gueuleton, Jim Harrison

 

Photo principale : Submarine. Directed by Richard Ayoade. London: Film4 Productions, 2010.

 

 

 

7 mars 2020 0 commentaire
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Carnet de voyage

En canoë sur l’Allier – #2 Embarquement tumultueux

par un contributeur 29 février 2020
écrit par un contributeur
L'allier

Découvrez la suite des aventures de Gonzague et Erwan à la conquête de l’Allier, le fleuve le plus sauvage d’Europe. 

Le départ, enfin ! C’est pour nous un moment de grande joie, d’espoir et d’exhalation. Je crois que nous étions vraiment heureux. Il faut dire que nous avions pensé ce voyage depuis déjà pas mal de temps. Au départ ce n’était qu’une idée amusante, un rêve de voyage mais ce jour d’août était enfin arrivé. « Cette fois-ci, c’est la bonne ». Les grands voyages sont souvent le fruit de petits rêves. Je me souviens que mes parents et mon frère nous avaient accompagnés pour ce départ. Nous étions fiers. 

Tous ces moments de préparatifs nous donnaient tellement envie de partir pour de bon. Nous contemplions le canoë, cette embarcation sera notre amie pour longtemps. Nous nous étions procurés un gros sac étanche, pour les quelques frusques emportées avec nous et un petit, pour tout le matériel scientifique et sensible… non… pour les téléphones, le mp4 et une petite enceinte. J’avais trouvé un vieux mp4 que j’utilisais au lycée. Ce compagnon sonore ne fonctionnait plus tellement. Nous ne pouvions ni enlever, ni ajouter de musique. Nous nous contentions alors de ma playlist de lycéen : les années 80 et de la techno des années 2000 ; indémodable. C’était notre façon de nous souvenir de nos moments à l’école.

 

L'allier

 

En plus de ces deux sacs étanches, nous avons pris un vieux sac militaire qui prenait l’eau à la moindre éclaboussure. Nous avons stocké à l’intérieur les denrées non sensibles : boites de conserves, ficelles et autre objets qui ne craignaient pas la rivière. Cette musette, comme l’appellent les militaires, nous l’avons placée à l’avant du bateau. Je dis « placé » parce que, fort de notre inexpérience, nous n’avons pas jugé utile de l’attacher. Bien mal nous en a pris comme vous allez l’apprendre bientôt.

Dans la liste de notre matériel, certaines choses sont indispensables pour un tel périple : une corde. Elle va servir pour amarrer l’embarcation mais aussi pour le bivouac : pour accrocher la bâche s’il pleut. Nous l’avons utilisé comme rallonge pour installer les hamacs. On ne trouve pas forcément d’endroit avec des arbres offrant une configuration propice à la mise en place de notre campement. La grosse corde mais aussi de la ficelle (style drisse) peut remplir cette fonction. Nous avons pris avec nous des tendeurs. Ces grosses ficelles élastiques ont une utilisation quasi-universelle. Mais ils étaient surtout bien pratiques pour fixer les sacs sur notre batelet. Enfin, il ne faut pas oublier la hache, ou la machette. Ces outils sont indispensables pour couper du bois pour le feu, construire un abri et bien souvent pour déblayer le lieu du bivouac. 

 

Pour suivre le périple, découvrez la carte interactive => Ici

 

Et patatrac…. !!

Tout ce matériel se trouvait sur le canoë mais comme je le précisais plus haut, tout n’était pas bien ficelé. Comme dans Mort à crédit, Céline aurait dit de nous :  « Ah! Il était harnaché!…Il en avait lourd sur les os… Tout un attirail de trouffion, un paquetage complet… avec deux musettes! deux bidons! trois gamelles! » Bref.. tout cela était bien bancal. On a versé pas loin de la ligne départ. Hop ! une gamelle et une gourde (la seule que nous possédions) de perdues. Le sac coule à pic et se coince par chance dans les pieds de Gonzague qui le retient malgré le courant. L’Allier est assez vive à cet endroit (entre Jumeaux et Nonnette… à vos cartes !).

Sachez, ami lecteur, qu’une musette militaire ne flotte pas. Cette première brimade nous sert de leçon. Quelle idée de n’avoir attaché que les sacs étanches. Il est fréquent de se renverser dans les rapides. Notre canoë destiné à la balade en mer fait des siennes dans de telles situations. Ce petit événement est bien anodin pour le navigateur prévenu mais nous, pauvre marin d’eau douce, partions comme un soldat en 14, sans tout savoir de l’issue de notre périple. Nous n’avons plus jamais refait cette erreur. À partir de ce moment-là, l’harnachement du paquetage fut une espèce de rituel accompli à chaque levée d’ancre. Au bout de quelque temps, nous avions le coup de main, le geste précis et le mouvement rapide. 

 

L'allier

 

La casse

On retrouve nos deux amis quelques heures plus tard. Cela fait déjà un bon moment qu’ils pagaient et malgré quelques manœuvres qui ont engendré quelques chutes, ils apprennent vite. Il faut dire que l’époque, l’eau est encore froide et le courant est fort à certains passages ce qui suffit à faire passer l’envie à nos deux compagnons de faire trempette. Ne pas tomber est une chose mais il leur faut aussi apprendre à « lire » le cours d’eau, c’est-à-dire déceler là où se trouve le courant le plus fort, là où il y a de la profondeur ou, au contraire, là où peuvent se cacher des pièges. Cet apprentissage est long et ils vont l’apprendre à leur dépens.

Par la suite, ils sauront bien des mètres à l’avance sonder de leurs yeux les profondeurs de la rivière, anticiper les obstacles en estimant leur emplacement et leur profondeur en fonction du courant et des remous créés en aval. Ils sauront différencier un rocher ou une branche enfouie dans le sable d’une simple algue végétant entre deux eaux. A mesure ils sauront même différencier certains poissons par le sillage qu’ils laissent. La surface de l’eau se fait en quelque sorte le témoin de tout le milieu subaquatique qui n’aura bientôt plus de secret pour ces deux-là.

 

L'allier

 

 En route vers Vichy, la belle vie

Mais revenons à la navigation et rappelons que lors du dernier épisode nous avons quitté Erwan et Gonzague juste après leur départ de Jumeaux. Ils ont maintenant dépassé la ville d’Issoire et s’approchent à grands coups de pagaies du village de Coudes rendu populaire par les magnifiques méandres que forme l’Allier autour de la cité.

Mais voilà que depuis quelques kilomètres, ils se trouvent lourds. Erwan pense d’abord que c’est à Gonzague de passer à l’arrière pour équilibrer le poids du canoë, puis à l’avant. Rien n’y fait, pour cette fois Gonzague et son poids son quittes, qu’il soit à l’avant ou à l’arrière, l’embarcation perd de sa maniabilité. On pense alors que ce sont les affaires qui, à force de tomber à la flotte, s’imprègnent d’eau et pèsent de plus en plus lourd. Mais, après une énième manœuvre rendue délicate par le poids du bateau, il faut bien se rendre à l’évidence : c’est le canoë qui a un pépin.

Il faut dire que l’apprentissage fut rude pour lui aussi. Ses passagers ont fait leurs gammes sur les premiers rapides et il a plus d’une fois heurté violemment des rochers cachés. Le constat est sévère : on a perdu un morceau de plus de 10 cm à l’avant qui servait de protection pour la coque. Sans cet élément, c’est tout notre périple qui était remis en cause et dès notre premier jour. Nous n’avions plus le droit à l’erreur. En se décrochant, ce morceau nous avait fait perdre en aérodynamique et donc en vitesse mais il avait aussi fait céder la coque à deux endroits ce qui expliquait la voie d’eau et le poids du canoë.

 

L'allier

 

En s’arrêtant à Coudes nous avions vu juste puisque c’était une arrivée de randonnée nautique. Nous nous sommes donc enquis auprès des différentes bases nautiques de la manière de procéder pour réparer notre embarcation blessée. Il existe en effet une méthode consistant à faire fondre un plastique particulier avec un fer sur la plaie pour la refermer. Malheureusement, ils n’avaient pas ici de ce plastique en question, et, l’opération devant se faire au sec et nécessitant un temps de séchage, nous aurions dû attendre jusqu’au lendemain. Bon gré mal gré, nous sommes donc repartis en ayant au préalable partiellement colmaté les voies d’eau à l’aide de pansement. C’était plutôt efficace !

On a donc continué ainsi pendant un jour, faisant fréquemment des pauses afin de vider notre embarcation de son eau, avant d’enfin trouver un mastic qui nous a permis de définitivement colmater les brèches. Cette épreuve surmontée, nous pouvions reprendre notre rythme de croisière et déjà viser notre prochaine étape, Vichy !

 

Beaux pays et paysages

Nous avons versé pour la première fois près du petit village de Nonnette. C’est le nom du lieu et du petit pic sur lequel se trouve ce bourg. En effet, Nonnette est située sur une formation volcanique qui donne l’aspect d’un promontoire assez fin et assez haut poussant au beau milieu d’une plaine où d’un côté la pente est très rude et de l’autre très douce. Ce phénomène est dû à la coulée de lave qui ne s’étend que d’un côté de la cheminé pour former un petit plateau de faible inclinaison.

La présence des coulées volcaniques est encore plus visible à quelques kilomètres de là : sur la colline d’Usson. Il s’agit de la même configuration géologique que Nonnette, cependant l’on peut y voir des orgues basaltiques. Ayant l’aspect de prisme verticaux, les orgues basaltiques se forment quand la lave se refroidit. 

 

L'allier

 

Au moment où nous admirons ces petites cheminées volcanique, se tenaient devant nous de belles Salers. La rivière abreuvait ces vaches auvergnates de son eau fraîche. Elles arboraient fièrement leur jolie robe rouge bordeaux. Cette vache laitière très rustique est originaire du Cantal. Un fromage AOP éponyme est produit dans la région (l’appellation s’étend du Cantal au Puy-de-dôme) : le Salers. 

 

L'Allier

Une salers en premier plan et Nonnette en arrière plan

 

Les paysages d’Auvergne que nous avons découvert et redécouvert nous ont émerveillés tout au long de notre descente. J’espère que la lecture de ce papier donnera envie aux curieux d’aller rendre visite à la terre Arvernes. Ces montages et ses plaines (petite et grande Limagne) seront bientôt derrière nous. Notre chemin, nous menant vers Vichy, commence à nous montrer des berges de plus en plus larges, sablonneuses et une rivière plus calme. Nous doublons massifs, volcans et puys, traversant la Limagne pour rejoindre Vichy au porte du Bourbonnais. 

A suivre…

 

Découvrez les préparatifs de l’aventure juste ICI. 

 

29 février 2020 0 commentaire
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ActualitéTibovski - Dessin de la quinzaine

Assange : Faites-donc taire ce sifflet !

par Tibovski 27 février 2020
écrit par Tibovski
Assange

 

Dernière porte à enfoncer pour museler le chien, le traître. Pour un monde qui se décrépit et s’agite de révoltes, la parole et l’information se montrent dangereuses. Seul le vacarme de la machine est autorisé, toute voix doit se confondre avec ou se taire. Le “public” de la “parole publique” ne se retrouve plus que dans “publicité”. Le vieux monde peine à cacher ses rides aux yeux avertis, et pourtant, il ne veut rien laisser transparaître. Honte pour notre espèce, honte pour notre époque, honte pour nos idéaux. Car ce sont tous les crieurs publics qui risquent d’être étouffés. 

Julian Assange le fondateur de WikiLeaks est actuellement jugé en Angleterre pour décider de son extradition vers les Etats-Unis. Voilà bientôt 10 ans que les Etats-Unis cherchent à mettre la main sur Assange, pour lui faire payer la divulgation de documents classifiés concernant les interventions militaires au Moyen-Orient. Dans ces documents on pouvait y trouver notamment des vidéos montrant des soldats américains tirant sur des civils irakiens. 

 

Un cyber-robin des bois

Récapitulons. Assange est un informaticien australien, un ancien hacker, un vieil ennemi de l’Etat, militant de la liberté privée. Alors que les individus mènent un combat perdu d’avance pour protéger leurs informations privées, les secrets d’Etats sont les mieux protégés au monde. L’asymétrie entre une autorité qui collecte et catalogue tous les détails sur ses populations mais refuse d’être transparente sur ses activités est une injustice.

La légitimité d’un secret d’intérêt public ne convainc pas notre activiste. Si ces puissances sont, comme elles l’affirment, démocratiques et républicaines (res-publica= chose publique), alors elles se doivent de rendre public, de rendre au public, son fonctionnement. Comme on le dit souvent pour justifier toute mesure de surveillance : “Si vous n’avez rien à cacher, alors il n’y a rien à craindre”. Mais c’est cette asymétrie qui instaure l’ascendance. Plus un pouvoir est obscur, mieux il contrôle ses effets. Ainsi l’information devient une arme contre les puissants. C’est le but même de WikiLeaks : réarmer le peuple. Ce site qu’il a créé en 2006 fonctionne comme une plateforme divulguant des fuites d’informations d’intérêt public. 

 

La fureur du Pentagone

En 2010, le site divulgue un ensemble de document sur les différents conflits menés par les Etats-Unis au Moyen-Orient. Voulant le juger, les Etats-Unis profitent d’une mise en accusation de l’activiste en Suède pour avoir retiré son préservatif durant un rapport sexuel (fait puni par le droit suédois) en demandant son extradition. Assange refuse de se rendre en Suède de peur d’être extradié. La Suède émet un mandat international. Il est alors arrêté à Londres, et la Cour Suprême refuse sa demande de non-extradition vers la Suède. Julian Assange se réfugie alors dans l’ambassade de l’Equateur à Londres. Le pays d’Amérique latine lui accorde l’asile.

Assange y reste 7 ans, confiné dans un appartement de l’ambassade et surveillé par les services britanniques et américains. Le gouvernement équatorien autorise finalement les autorités anglaises à venir l’arrêter dans l’ambassade, bien qu’ayant obtenu la nationalité équatorienne un an auparavant, bien que la Suède ait abandonné les charges. 

 

Journalisme ou espionnage ? My name is Assange… Julian Assange

Le cas d’Assange va être enfin décidé. Et cela ne s’annonce pas très bien : premièrement le précédent jugement avait tranché en faveur d’une extradition. Secondement le Royaume-Uni a montré beaucoup de zèle en faisant pression sur la Suède pour qu’elle conserve les accusations et en maintenant le mandat d’arrêt même après l’abandon de la Suède. Et enfin parce que les Etats-Unis ayant récemment modifié les charges d’accusation, il risque une peine de 175 ans de prison.

Initialement, Assange n’était poursuivi que pour avoir aidé la lanceuse d’alerte Chelsea Manning à pirater les systèmes informatiques de la Défense américaine. Avec les griefs d’espionnage, non seulement la peine est beaucoup plus lourde, mais surtout les journaux ayant collaborés à diffuser les informations pourraient également être mis en accusation pour complicité.

La liberté d’information est donc sérieusement mise en péril, en dissuadant les journalistes et lanceurs d’alertes, mais aussi en créant un précédent juridique sur la scène internationale. 

 

Deux poids, deux mesures. 

La relation entre information, liberté et pouvoir est plus que complexe pour être traitée correctement et exhaustivement ici. Seulement je constate qu’il y a effectivement une asymétrie dérangeante entre la population et les gouvernements. Cet article se rédige à l’heure où les premiers essais de reconnaissance faciale se généralisent, et où la surveillance généralisée s’endurcit en Chine sous prétexte de l’épidémie COVID-19. À l’heure où l’on s’indigne pour la vie privée uniquement quand elle touche un politicien et où l’on réclame la fin de l’anonymat sur Internet.

Je me souviens très bien qu’à l’époque où Assange se voyait menacé d’une condamnation aux Etats-Unis, le Time faisait de Mark Zuckerberg la personnalité de l’année 2010. Le contraste m’avait déjà frappé à l’époque, alors qu’on ne connaissait pas encore l’étendue de l’affaire sur l’exploitation des données personnelles mise en oeuvre par Facebook. De l’autre côté, Wikileaks fait l’exact inverse en diffusant des informations d’intérêt public. Vous voyez donc la double vitesse avec laquelle on traite les problématiques sur les secrets et la vie privée en fonction de la place dans l’échiquier. 

Pourtant, je n’aime pas Assange, humainement. Je ne souhaite ni en faire un héros ni un martyr. Sa suffisance, son culte de la personnalité, son rapport aux femmes ; tout cela m’irrite au plus haut point. Mais c’est précisément parce que cette histoire ne concerne pas une personnalité, mais la libre parole et le droit à la transparence, qu’elle est de la plus grande importance. 

À tous les lanceurs d’alerte et leur sifflet qui prennent des risques pour notre droit à savoir !

J’ai fait bref pour une fois : à la prochaine quinzaine !

27 février 2020 0 commentaire
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Baudouin Duchange - ChroniquesCarnet de voyage

A fond la forme : les vacances Quechua

par Baudouin Duchange 21 février 2020
écrit par Baudouin Duchange
Vacances Quechua

 

Mon sac à dos fait 15,7 kilos : c’est beaucoup trop. Il me reste 12 kilomètres de chemins boueux de montagne à parcourir sous la pluie et la pente ressemble à un mur infranchissable. C’est également beaucoup trop ! Le ruissellement de la pluie contre le poncho me donne un tempo à suivre pour la journée et, par un effort de volonté hors norme, je m’interdis formellement de regarder ma montre. J’applique une technique de survie : minimiser la distance qu’il me reste à parcourir et enjoliver celle déjà réalisée !

Un des quatre compagnons avec qui je grimpe cet espèce de Mordor grogne et souffre le martyre avec sa paire de Quechua neuve. C‘est la deuxième fois qu’il cohabite avec la montagne; la première en itinérance pendant une semaine en quasi autonomie dans les Alpes. J’oscille entre le rire et la pitié, mais de toute façon aucun des deux ne nous aidera à terminer cette maudite journée. Il faudra puiser dans nos réserves physiques et mentales. Il faudra nous fatiguer.

En mâchant lentement une barre Grany, il me demande quel sens y a-t-il à s’épuiser pendant des vacances. Les semaines parisiennes éreintantes ne devraient-elles pas justifier une semaine entière à se dorer la graisse sur la plage plutôt que de briser nos pieds contre la pierre montagneuse ? Ce type de réflexions ne nous aidera pas non plus à gravir le sommet. Mais elles permettent de donner matière à bouffer à un cerveau fatigué, et c’est bien plus efficace que toutes les barres énergétiques du monde.

 

Le coût de l’inertie

Il est vrai qu’à première vue, les vacances – ou plutôt les congés payés pour les récents nouveaux salariés du marché du travail – sont assimilées au sable fin caressé par le bruit doux et régulier de la mer ; ou bien à du tourisme exotique dans une ville pleine de mystères ; ou encore à des rêveries le long de grands lacs rafraîchissants. En résumé, à une forme d’inertie. Et pourtant, une masse d’hurluberlus continue de s’imposer des défis insensés.

Au lieu d’éplucher les sites de voyage à la recherche d’une bonne affaire, ces imbéciles scrutent sur des cartes IGN démodées les meilleurs chemins, lieux de ravitaillement et fontaines d’eau publique. Au lieu de comparer les hôtels les plus avantageux à l’autre bout du monde, ils cherchent un moyen astucieux pour optimiser le poids de leurs sacs à dos. Au lieu de réserver en ligne des « activités » de loisir, ils attaquent les forums d’explorateurs anonymes en quête d’enseignements. Ces gens-là sont bien stupides de refuser un repos si mérité ! En gardant un esprit ouvert et lucide, comment justifier leur comportement ?

En me relisant, j’ai l’impression qu’une des raisons pourrait être le désir de s’écarter des routes commerciales, du business que le capitalisme arrive à créer partout. Il existe, bien sûr, un marché pécuniaire pour faire raquer les aventuriers, mais, de fait, cela vous coûtera moins cher de camper en montagne plutôt que de dormir dans un hôtel à Dubaï. En effet, la logique est la suivante : pour ne rien faire, il faut que des personnes le fassent à notre place, et donc en payer le prix.

 

Vacances Quechua

 

La pratique du tourisme

Ce sont les thématiques qu’abordent Michel Houellebecq dans Plateforme. En s’immisçant dans la peau d’un quadragénaire dépressif souhaitant faire un break, il pose la question de la survie dans un monde où l’argent et le plaisir sexuel sont vus comme les seules possibilités de bonheur. Sa critique se concentre sur le tourisme sexuel, apogée d’un voyage de consommation tourné vers l’argent, le plaisir individualiste et le non-effort.

Mais son regard d’écrivain se tourne, de manière générale, vers toutes les agences de « voyage ». Extrait :

 

« Mes rêves sont médiocres. Comme tous les habitants d’Europe occidentale, je souhaite voyager. Enfin il y a les difficultés, la barrière de la langue, la mauvaise organisation des transports en commun, les risques de vol ou d’arnaque : pour dire les choses crûment, ce que je souhaite au fond, c’est pratiquer le tourisme. On a les rêves qu’on peut; et moi mon rêve à moi c’est d’enchaîner à l’infini les « Circuits passion », les « Séjours couleur » et les « Plaisirs à la carte » ».

 

Comment ne plus pratiquer le tourisme mais vivre un voyage ? Le personnage de Houellebecq s’en sort (partiellement) grâce à l’amour. De notre côté, si l’Amour est inaccessible, lointain ou trop farouche, on peut toujours partir à l’aventure ! S’écarter des chemins en les choisissant nous même ! Troquer le programme d’une croisière-paquebot contre une carte Michelin. Ne pas avoir peur de se fatiguer en vacance et les considérer au contraire comme méritantes. La récompense à cet effort : l’imprévu.

 

Sauvé par l’imprévu

L’Imprévu est un bar lillois dans lequel je trainais, parfois, en début de soirée. Ici ou ailleurs, le même rituel s’impose chaque semaine, comme depuis plusieurs années : prévenir ses amis, prévoir un repas consistant, s’habiller pour l’occasion et acheter un paquet de clopes, commander une bière puis une deuxième, avant de ne plus les compter, faire la fermeture, trouver un autre troquet, rentrer seul ou accompagné. Ce programme reste inchangé depuis des générations. La raison pour laquelle il perdure se trouve caché derrière chacune de ses lignes : l’ivresse ! l’abandon ! la surprise ! l’imprévu ! Autrement ça ne sert à rien. C’est la même idée pour les vacances méritantes.

Programmer un voyage n’est qu’un prétexte pour choper un peu d’imprévu, capter une sensation incontrôlable ou un instant providentiel. Et pour cela, il est indispensable de sortir des sentiers battus, de nous forcer à brutalement s’arracher à notre quotidien dangereux de sédentaire languissant. Dans Terre des hommes, Antoine de Saint-Exupéry s’affole devant cette inertie moribonde vidant l’être humain de sa conscience :

 

« Vieux bureaucrate, mon camarade ici présent, nul jamais ne t’a fait évader et tu n’en es point responsable. Tu as construit ta paix à force d’aveugler de ciment, comme le font les termites, toutes les échappées vers la lumière. Tu t’es roulé en boule dans ta sécurité bourgeoise, tes routines, tes rites étouffants de ta vie provinciales, tu as élevé cet humble rempart contre les vents et les marées et étoiles. Tu ne veux point t’inquiéter des grands problèmes, tu as eu bien assez de mal à oublier ta condition d’homme. Tu n’es point l’habitant d’une planète errante, tu ne te poses point de questions sans réponse : tu es un petit bourgeois de Toulouse. Nul ne t’a saisi par les épaules quand il était temps encore. Maintenant, la glaise dont tu es formé a séché, et s’est durcie, et nul en toi ne saurait désormais réveiller le musicien endormi, ou le poète, ou l’astronome qui peut-être t’habitait d’abord. ».

 

Etre éveillé par l’imprévu afin de rester vivant, pour paraphraser Thoreau, voilà ce que cherche le vacancier adepte de la fatigue ! Et qu’il trouve dans l’évasion offerte par le voyage.

 

Vacances Quechua

 

Conclusion

Notre sommet des Alpes a été dompté. La récompense : l’inestimable leçon impossible à réciter enseignée par la montagne. Mais Fernando Pessoa disait que « agir c’est connaître le repos ». Mes amis randonneurs et moi sommes maintenant, au chaud et au sec, le ventre plein et les yeux fatigués, dans le train nous ramenant à la capitale. On ne sait jamais pourquoi on continue. En tout cas, moi pas. Surtout après tant de moments à se dire que c’est la dernière fois. Mais pourtant, chaque fois, après nous être émerveillés, surpassés, s’être rendus fier, un petit quelque chose imperceptible nous donne envie d’y retourner. La preuve en arrivant à Paris où notre ami aux pieds quechua fiévreux s’écria : « Ah la montagne c’était quelque chose… l’année prochaine je fais les Vosges ! »

 

Vacances Quechua

 

Crédit photo : B.Duchange + Guillaume Hummel

21 février 2020 1 commentaire
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Diam Welly est un village où régnaient la paix et l'harmonie. La communauté des Peulhs vivait avec celle des Mandingues sans distinction. La joie de vivre y avait élu domicile ; les hommes et femmes étant en communion. Karamokho, un homme de valeur et bien respecté au village, y vivait avec son épouse Coumba, une femme vertueuse que tous les hommes auraient aimé avoir dans leur concession. La tradition avait réussi à construire une société juste, faite de solidarité, d'amour et d'entraide.
Cependant, la modernité — ou selon les mots de l'auteur, le Nouveau Monde — ne laissera pas Diam Welly indemne puisqu'elle le fera résolument s'engager dans une nouvelle ère de mutations affectant les moeurs, la moralité, les codes et conduites favorisant, ipso facto, l'émergence d'individus — comme Sellou, faisant la cour à l'épouse de Karamokho alors absent — gouvernés par la satisfaction de leur plaisir et de leurs intérêts personnels.
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Kol Ukok, Kirghizistan, 2015.
Traditionnellement, la yourte est ouverte vers le sud par une entrée unique. A l'intérieure, l’espace est quadrillé selon un usage précis. Le sud et l’est de la yourte sont l’espace de la femme où se trouvent le foyer et la place de travail. L’espace de l’ouest est réservé à l’homme et aux invités. Cette photo est révélatrice : dirigée vers le sud, c’est la femme qui se dévoile, à sa place comme l’admet la tradition
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Le comédien ET metteur en scène Michaël Benoit Delfini
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[CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit j [CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit jobs ? On doit l’expression à feu David Graeber 🔥
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Anthropologue ayant réhabilité l’anarchie ♾ Figure du mouvement Occupy Wall Street ♾ Ecrivain multi-récidiviste ♾ Les Sex Pistols n’ont qu’à bien se tenir ! 
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Dessin + article par l’audacieux @tibovski ✏️
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ARTICLE A RETROUVER (GRATUITEMENT) SUR NOTRE SITE (lien en bio)
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