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Voir, juger, agir.

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Paris

Voir, juger, agir. Aventures et mésaventures à travers le monde... 🌦
Baudouin Duchange - Chroniques

“Voyage, voyage” : Il est temps de (bien) partir

par Baudouin Duchange 1 juillet 2020
écrit par Baudouin Duchange

 

Paris – Juillet 2020. Il m’aura fallu une centaine d’écoutes de la musique « tié la famille ! » du camarade Bengous pour enfin intégrer la question qu’il soumet à ses auditeurs : Oueskon va et Keskon fait ? 

Les dialectiques épistémologiques à la Tibovski n’ayant encore jamais foulé le sol vierge de mon savoir, je conserve un avantage argumentaire grâce à une science invérifiable : la philosophie de comptoir. Et nous en aurons bien besoin pour déterminer le sens d’un voyage !

 

Description : 'Family Holiday', Black and white photograph mounted on card, by John Heywood, 1979.

Description : ‘Family Holiday’, Black and white photograph mounted on card, by John Heywood, 1979.

 

Keskon fait ?

Ce qui est certain, c’est qu’une aventure implique un départ. Je décapsule ma première canette et marche en direction de Saint-Michel. J’ai toujours été séduit par le fait que le kilomètre zéro, en France, était le parvis de Notre-Dame de Paris. Chaque pas avancé à partir de cette place devient une aventure, même si elle termine dans les bars du quartier latin ! Certains critiqueront une vision  administrative et parisienne auto-centrée sur elle-même et ils auront probablement raison. Mais quel beau symbole ! Une fois au point de départ, il faut pourtant bien partir.

Comment partir ? Aujourd’hui, nous pouvons aller de plus en plus loin grâce aux compagnies aériennes low-cost. De nombreux boycotts dans un but écologique se sont ainsi manifestés et ont trouvé une résonance avec la crise du covid-19. La plus grande critique formée à l’encontre du commerce aérien est celle de la pollution dégagée par ces incessants monstres volants. A l’inverse, ses défenseurs insistent sur le faible impact environnemental de l’avion en comparaison à d’autres secteurs économiques, ainsi qu’à l’effet contre-productif des boycotts sur l’industrie et les métiers. 

J’ouvre une deuxième canette. Je me souviens du dernier film animé de Miyazaki « Le vent se lève », des dessins magnifiques pour tenter de créer des avions toujours plus beaux et purs. Le personnage principal, un architecte, s’inspire du vol des oiseaux et de la courbe de leurs ailes. Et comme dans le film, j’ai envie de crier : « le vent se lève, il faut tenter de vivre » ! Et pour cela il faut changer notre manière de voir le voyage. Le problème n’est pas, de mon point de vue, l’avion, la pollution et tout le reste. C’est, comme d’habitude, ce que l’être humain fait des machines qu’il conçoit. Il va voyager à l’autre bout du monde pour aller dans des hôtels aseptisés au confort similaire à un EHPAD sans se rendre compte réellement de la distance parcouru. Et il aura suffisamment payé pour se dire qu’on est ici « comme à la maison » ! Prendre conscience progressivement des territoires que l’on traverse, des paysages qui changent et des cultures qui se transforment me semble tellement plus intéressant que se prendre une simple claque en descendant d’un avion face aux nouveautés dans le duty-free et le changement de température.

 

“le vent se lève” de Miyazaki

“le vent se lève” de Miyazaki

 

Oueskon va ? 

C’est LA question que pose Ron Weasley à son poto Harry dans Harry Potter et les Reliques de la Mort. Extrait : « Chaque fois que le manque de nourriture coïncidait avec le moment où son tour était venu de porter l’Horcrux, il se révélait franchement désagréable. “Où va-t-on, maintenant” était devenu son refrain habituel […] On croyait que tu savais ce que tu faisais ! s’exclama Ron en se levant. On croyait que Dumbledore t’avait expliqué comment t’y prendre, on croyait que tu avais un véritable plan ». Comme le rouquin le plus connu de la littérature, nous pouvons nous sentir parfois déboussolé face à l’absence de carte directionnelle dans ce monde obscure. Tout le monde n’a pas la chance, comme Booba, de connaître d’avance son destin et de pouvoir chanter : « J’ai jamais su c’qu’étais mon rôle dans la vie / A part être riche, avoir une piaule à Miami beach. ». Le sens de nos misérables existences n’étant pas abordé dans cet article, je re-centrerai ma réflexion sur l’intérêt d’une destination de voyage. C’est d’ailleurs un sujet de crampe nerveuse dans la partie de mon cerveau où se situe la haine social contre la stupidité ambiante. Je me sabre une kro à coup de briquet pour me calmer.  

En effet, la plupart de mes connaissances vont chercher des paysages toujours plus éloignés alors que la France offre une terre si contrastée et méconnue, des vallées si mystérieuses et des kilomètres de côtes accessibles en TER ou en vélo. En fait, pour résumer, inutile de faire 5000 kilomètres pour voir un canyon américain : le Sentier des Ocres en Provence en offre de superbes aussi. Oui, l’herbe est toujours plus verte ailleurs, mais il suffit de faire une heure de vélo dans le Vexin pour s’en rendre compte. Je pense donc que l’enjeu du boycott des avions ne doit pas être un refus systématique de cracher sur l’avancée de la technique humaine, mais une invitation à reconsidérer notre approche du temps et de la distance. 

 

 

Konklusion : 

« On se régale » chantait Bengous d’entrain avec Jul sur l’album gratuit vol. 5. J’espère que c’est l’impression que vous aurez en terminant cette chronique mensuelle. De mon côté, je vais pouvoir rejoindre ma soirée et m’atteler à ma prochaine question Bengousienne : « Où tié bébé ? ». 

(Tu as aimé cet article ? Un autre article sur les “vacances fatiguante” a été écrit par l’auteur : A fond la forme : les vacances Quechua. Plaisir de lecture garanti !)

 

Il bacio

Il bacio

 

1 juillet 2020 3 commentaires
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ActualitéArtBaudouin Duchange - Chroniques

Johnny, reviens nous sauver !

par Baudouin Duchange 17 avril 2020
écrit par Baudouin Duchange
Johnny Ha

 

« Ça n’était pas dans mes habitudes

De supporter cette solitude

Mais on se fait à tout

Il faut bien, sinon on devient fou »

 

Comme toujours dans les moments difficiles, je reviens au fondement de mon identité : Johnny. Chanson : C’est pas facile. Album : Pas facile. Date de sortie : 1981. Un ensemble de titres sombres en réponse à sa séparation avec Sylvie Vartan l’année précédente. En France, Johnny chante la solitude mieux que personne. Le remède parfait pour supporter ce confinement ?

Pas tout à fait. Car, en tant que lecteur de BSFmagazine et très certainement adepte de la BSFattitude, comment accepter cet immobilisme forcé ? Comment vivre une aventure enfermé avec notre solitude ?

 

 

Confinement n’est pas solitude

L’ennuyeux janséniste Pascal a eu la chouette idée d’avoir une pensée aujourd’hui bien connue : « tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre ». Le XVIIème siècle du philosophe avait sûrement son lot de distractions pour détourner l’humain des sujets existentiels. Que dire du XXIème siècle ? Internet multiplie les amusements même au plus profond de notre confinement. Y a-t-il réelle solitude lorsque que les propositions d’apéro-Skype se multiplient ? Non. C’est un sentiment de solitude, ce qui n’est pas pareil. Du fin fond de leurs cabanes, coupés du monde, le misanthrope Salinger ou le transcendantaliste individualiste Thoreau auraient bien ri de notre confinement connecté. Pour nous, simples citadins mortels, vient pourtant un temps où il faut éteindre son portable, se préparer à dormir et se retrouver, réellement, seul. 

« La nuit, chacun doit soutenir la réalité sans aucune aide ».  Cette belle phrase de l’anthropologue américain Loren Eiseley, citée par Jim Harrison dans La route du retour, est celle à laquelle je pense, souvent, avant d’éteindre la lumière. Certainement pas la promesse de rêves fleuris, mais une proposition : affronter ce que nous fuyons au quotidien. 

Les propositions sociales sont infinies dans une ville comme Paris. Comme beaucoup, je les considère comme nécessaires pour me construire ; pour me confronter au réel. Quelle hypocrisie ! Ce que je cherche, au fond, c’est la nouveauté, le divertissement et la surprise. Et les trois ont comme point commun d’être bien futiles en général, et inutiles en ces temps d’isolement… La réalité, ce sont les questions que nous laissons en suspens et qui reprennent l’assaut lorsque l’on se retrouve définitivement seul. Ces interrogations existentielles reviennent inlassablement chaque soir. Ce n’est pas un hasard si l’alcoolique bambocheur Hemingway écrivait dans L’adieu aux armes que ses sentiments religieux ne survenaient que la nuit.
La nouveauté qu’on cherche à provoquer dans le tumulte de nos relations sociales est aujourd’hui mise à l’arrêt avec le confinement. Il est l’heure de se confronter à la réalité !

 

« Si aujourd’hui, je ne crie plus

C’est qu’une autre a pris le dessus

Elle parle peu, elle parle bas

La solitude brise ma voix

L’écho de ma vie me fait peur »

Quelques cris, Johnny Hallyday

 

 

Seul sur terre 

Thoreau disait dans Walden ou la vie dans les bois qu’un « homme est riche de tout ce dont il peut se passer ». Si la citation est facile, l’appliquer l’est beaucoup moins ! Pourquoi supprimer l’inutile du quotidien ? Jul vous répondrait « Moins de problèmes égale moins d’anxiété ». Je ne lui donne pas tord !

Qu’est-ce qui est inutile ? Tout ce qui ne nous permet pas de nous accomplir. Tout ce qui nous rend mentalement léthargique, humainement sédentaire. Extrait d’Au revoir et Merci de Jean d’Omersson : « Il n’y avait qu’une chose solide et certaine : c’était cette vie. Tout le reste était brouillard. J’aimais beaucoup la vie. Elle ne m’avait pas seulement été facile et douce, il me semblait aussi, parfois, qu’elle m’avait fait des promesses. Quand je me promenais dans les layons de forêt, plus tard, après avoir passé la nuit à faire semblant de m’amuser, la même impatience inquiète me frappait brutalement. Je m’arrêtais. Ce qui faisait battre le coeur, c’étaient les grandes espérances ». La vraie aventure offerte par ce confinement n’est pas dans les forêts boisées, les rivières chantantes ou les sommets invaincus. Ce n’est pas non plus braver les interdictions sanitaires, ni diffuser les messages « stay home » sur Instagram ou encore d’insulter le gouvernement. La vraie aventure est solitaire. Elle se fait seul dans nos chambres aujourd’hui, mais se poursuivra jusqu’à notre dernier souffle. Elle est cette quête de liberté vers laquelle nous tendons tous, d’une manière ou d’une autre. Elle est nos grandes espérances, c’est à dire le chemin que nous choisissons pour nous accomplir. Seule une solitude acceptée peut nous montrer la vocation que nous cherchons.

Pourquoi ? Philosophie de bistrot, aide moi ! Socrate et Gaspard, le gars qui se gratte le coude au comptoir du café en bas de chez moi, vous diront la même chose : la conscience est ce qui sépare l’Homme et le chien. Elle est également ce qui nous fait réaliser de notre solitude. Quand survient-elle ? Lorsque nous nous ennuyons ! Laurent Lafitte considérait récemment dans un podcast que « l’ennui est l’ennemi ultime ». C’est exactement l’inverse ! Ennuyez-vous chers lecteurs de BSFmagazine, c’est peut-être encore la seule chose gratuite aujourd’hui. C’est une ressource précieuse qui permet d’embrayer l’imagination, de faire tourner les rêves et d’avancer les projets de vie. L’ennui et la solitude sont les conditions sinequanone à l’accomplissement de soi. « Ma vie est usée. Allons ! Feignons, fainéantons, ô pitié ! Et nous existerons en nous amusant, en rêvant amours monstres et univers fantastiques » (L’éclair, Une saison en enfer). Résolution post-coronavirus : suivre Rimbaud. 

 

 

Conclusion 

Pour survivre à la crise sanitaire actuelle, le président biélorusse Alexandre Loukachenko préconise, entre autre, d’utiliser la vodka pour se désinfecter la gorge et les mains. C’est une possibilité !

L’autre voie que nous avons étudié ensemble aujourd’hui est celle de l’ennui et de la solitude pour faire le tri dans notre quotidien. Chose que Johnny préconisait déjà le siècle dernier lorsqu’il s’écriait :  « Qu’on m’enlève ce qui est vain et secondaire / que je retrouve le prix de la vie enfin » !

 

Photo de couverture : Johnny Hallyday, capture d’écran du clip Que je t’aime (Johnny Hallyday Officiel) 

17 avril 2020 3 commentaires
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ActualitéTibovski - Dessin de la quinzaine

Viktor Orban : régner sur un champ de cadavres…

par Tibovski 8 avril 2020
écrit par Tibovski
Viktor Orban

Ce que je m’apprête à exposer ici pourrait alimenter une lecture mystique de l’Histoire. La montée du populisme xénophobe en Europe est une réminiscence d’un passé sombre mais pourtant pas si lointain. Comme si l’Histoire se répétait sans mémoire, ou qu’elle répondait à un ordre supérieur. Cela n’est évidemment pas ma vision. Je crois pourtant que l’Histoire est une mémoire à partir de laquelle l’humanité peut apprendre. Certes parfois imbécilement en dérapant sur les mêmes erreurs. Ainsi se pose une énigme trop vaste pour mon billet de la quinzaine : que peut nous enseigner le passé de notre espèce ?

Là où je veux en venir ;  le 31 mars, Viktor Orbán, premier ministre hongrois s’est arrogé les pleins pouvoirs. Le gouvernement, par cette loi censée répondre à la crise du coronavirus, suspend à la fois toute élection ainsi que l’activité du parlement. Comble de l’infamie, cette mesure ne prévoit aucune échéance précise. 

La question est donc : que nous enseigne notre passé pour interpréter cet événement ?  

 

De quoi Viktor Orban est-il le nom ? 

Anti-européen, protectionniste, xénophobe, son parti Fidesz constitue l’une des principales forces d’extrême droite en Europe. Cette vague récente, que l’on condamne souvent de “populiste”, est comparée à celle ayant frappé l’Europe dans les années 30. Mais est-ce vraiment comparable aux régimes du  l’entre-deux guerre  ? Oui et non. 

Oui parce qu’il y a dans le discours et les positions de l’extrême droite actuelle des thématiques et des cibles qui restent inchangées. Les régimes autoritaires européens ont profité d’une crise économique pour pointer la défaite des démocraties libérales. Le populisme se caractérise, en ce sens, par le rejet d’une élite distante des réalités, tout en puisant dans des symboliques fortes de nation et de moralité.

Le nationalisme d’hier et d’aujourd’hui s’attaquent identiquement à l’élite cosmopolite. Elite aujourd’hui caractérisée par les technocrates de l’UE. La nation constitue un principe unifiant mais aussi uniformisant qui ne peut supporter les minorités. La nuance toutefois, c’est que le contexte a changé. Le protectionnisme économique est une option beaucoup plus difficile à mettre en place avec les accords européens, les marchés communs et l’euro. Aussi déterminés soient-ils de claquer la porte à l’UE, cela n’est pas si simple. L’exemple britannique le rappelle-bien. L’Europe n’est plus la poudrière qu’elle était ; où le moindre prétexte était motif de guerre. Les Etats sont bien plus dépendants les uns des autres. C’est d’ailleurs cette dépendance parfois confondue avec de l’aliénation qui fait grimper les opinions anti-européennes. 

La seconde différence, c’est le contexte d’immigration. Certes, ces régimes  d’avant-guerre étaient profondément xénophobes. Toutefois, les flux migratoires n’étaient pas les mêmes et la xénophobie se manifestait majoritairement à l’encontre de populations européennes. Dans les années 30, les populismes ciblaient principalement les nations ennemies ou encore certaines minorités ethniques comme les juifs et les tziganes. Aujourd’hui le danger viendrait de l’extérieur de l’Europe, donnant aux migrations une connotation civilisationnelle.

Les migrants contres lesquels se dressent les partis d’extrême-droite contemporains constituent l’un des thèmes majeurs de leur politique. Il est possible que là où l’autre, l’étranger, était alors représenté par le voisin – encourageant d’ailleurs des ambitions hégémoniques – c’est aujourd’hui le lointain étranger qui incarne cet ennemi fictif qu’on agite devant les foules. La rhétorique n’a pas fondamentalement changé, en somme. Elle ne fait que s’adapter. 

 

Le spectre de la dictature nous est-il si éloigné ? 

Rappelons que l’article 16 de la Constitution française prévoit également des “pouvoirs étendus” au chef de l’Etat en temps de crise. Bien que se refusant à en faire usage, le gouvernement français a prévu une loi d’urgence pour réagir au Covid-19. Ces mesures, que certains pourront juger “nécessaires”, reviennent cependant sur des acquis sociaux. Une ordonnance permet par exemple des semaines de 60h de travail. Je ne juge pas ici de l’intérêt ou non de telles mesures mais rappelle que les crises donnent la possibilité, même en France, d’affermir le pouvoir exécutif.

Le choix du contrôle policier soutenu sur les déplacements de la population ainsi que ses dérives illustrent parfaitement les stratégies autoritaires souvent adoptées pour répondre à des situations d’urgence. Là où aujourd’hui nous voyons le moyen d’endiguer l’épidémie, rien ne nous assure que ce type de lois d’urgence soit en principe toujours bénéfique pour la population. Premièrement, cela dépend des détenteurs du pouvoir politique. Et le défaut principal des systèmes représentatifs, c’est la possibilité pour un groupe politique potentiellement néfaste d’accéder démocratiquement au pouvoir. Rien ne garantit que le peuple choisisse des représentants qui leur soient favorables. La définition d’une “crise” et des moyens de sa résolution dépend uniquement du pouvoir politique en place. Cet argument pose une interrogation encore plus fondamentale. 

 

Pourquoi l’autoritarisme comme réponse à une crise ?

Je ne formule pas ici une opposition franche, je me permets juste de questionner ce qui semble être du domaine de l’évidence. Pourquoi conçoit-on qu’un moment d’urgence nécessite de centraliser les forces ? La réponse la plus évidente serait de dire que l’urgence appelle à une réponse rapide et efficace. Simplifier le processus décisionnel permet à la fois d’épargner la gestion de débats inféconds mais aussi d’avoir plus de leviers et de flexibilité sur l’ensemble de la situation. Unifier la gestion de la situation consiste en ce sens à permettre la planification et le développement d’une stratégie cohérente. 

Plus rapide ? Oui.  Plus efficace ? Peut-être. Adéquat ? Tout dépend de ceux en charge de la gestion de crise. L’urgence n’exige pas de faire n’importe quoi pourvu que ce soit fait vite. Si je souffre d’affreuses crampes d’estomac, je ne me rendrai pas chez le premier marabout ou chaman du coin sous prétexte qu’il est disponible plus tôt que mon médecin traitant. Je rajouterai également que le jeu politique ne s’arrête pas en pleine crise. Le management de crise chez les professionnels de la politique, c’est aussi la capacité à l’exploiter à son avantage. C’est précisément le moment où il faut redoubler d’attention et d’esprit critique.

Que Macron et Philippe s’indignent des procès qui sont en train d’être menés contre l’exécutif en pleine crise me paraît plus que dérangeant, voire douteux. C’est précisément parce que la moindre décision peut avoir de graves conséquences qu’il est essentiel de juger en temps réel les réactions des décideurs. Ce doute s’impose d’autant plus quand on sait que certaines des personnalités aujourd’hui en action sont en partie responsables de l’exsanguination du système de santé français. 

L’accident industriel de Lubrizol avait également permis de mettre en lumière le problème profond de gestion de crise sanitaire en France. Les autorités publiques ont sciemment menti à la population et à certains responsables locaux afin d’éviter toute panique. Le présupposé ici est que l’information dans ces situations peut être dangereuse pour la population. Seulement on sait aujourd’hui que le risque de la panique est une fausse idée reçue (Une excellente vidéo explique cela en détails). Malheureusement la rétention d’information risque de compromettre les opérations de gestion de crise. Et nous pouvons également nous demander si l’autorité représente  la meilleure stratégie pour répondre à cette crise.  En effet, il y a peut-être là aussi un présupposé erroné ou fallacieux. Car c’est bien en urgence que l’on fait davantage de concessions. Des concessions qui peuvent parfois être dangereuses. 

A la prochaine quinzaine !

 

Dessin de couverture : Victor Orban par © Tibovski 

8 avril 2020 0 commentaire
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ActualitéTibovski - Dessin de la quinzaine

Le dessin de la quarantaine !

par Tibovski 25 mars 2020
écrit par Tibovski
criquets

La situation que nous vivons est plus que particulière. Il y aurait beaucoup à dire. Sur le confinement, sur les lourdes conséquences d’un système hospitalier exsangue, sur l’hypocrisie de la classe dirigeante et ses mesures contradictoires. À la fois je pense qu’il est important de traiter certains de ces sujets, car notre quotidien est rythmé par cette seule affaire de pandémie et que beaucoup est en jeu. De l’autre, c’est justement parce que nous en sommes submergé qu’il importe de dépasser cela, d’évoquer d’autres sujets. 

Pourquoi ? Pour des raisons psychologiques : éviter l’obsession, l’angoisse. Pour des raisons intellectuelles : avoir un tableau plus large de la situation, comprendre que d’autres choses animent le monde en ce moment. Pour des raisons morales : se soucier d’autres crises qui frappent ailleurs. Je pense aussi que BSF s’est depuis le début proposé d’explorer l’Ailleurs, au travers du voyage, des questions humanitaires et sociétales. N’est-ce donc pas cohérent dans un cas d’enfermement partiel, de porter le regard sur autre chose. Je n’ai pourtant pas de solution, ni d’idée brillante pour répondre à cette intuition. 

criquets

Ce que je vous propose, brièvement, c’est de nous intéresser quelques instants au problème que subit l’Afrique de l’Est, une partie de la péninsule arabique et de l’Asie du Sud depuis plusieurs mois. Certes, cela n’apporte ni joie ni espoir, mais c’est grave. Des milliards de criquets envahissent et prolifèrent dans ses régions dans des proportions inédites depuis un quart de siècle. Les essaims dévorent les cultures. La quantité d’insectes est problématique pour les récoltes et annonce une grave crise alimentaire dans des régions déjà fortement touchées par la pauvreté, la guerre et les catastrophes naturelles.

criquets

 Le petit dessin pseudo-humoristique que je vous livre laisse penser qu’il y a un monde touché par le coronavirus et un autre touché par les criquets. Mais en réalité, l’Afrique subsaharienne commence à être touché par l’épidémie, et inquiète l’OMS. Car la plupart de ces pays n’ont pas les moyens techniques et humains pour répondre à cette crise sanitaire. La pandémie risque de se surajouter à la famine et d’accroître les pertes. 

Maintenant, je souhaiterais poursuivre cet élan, en proposant plus fréquemment des illustrations, des réflexions à la fois sur la pandémie, mais aussi et surtout sur d’autres thématiques. Rien de certain. C’est encore en maturation. Cela pourrait être des formats plus brefs, plus spontanés. Quelque chose comme “Le dessin de la quarantaine” à la place du “dessin de la quinzaine”. 

25 mars 2020 3 commentaires
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ActualitéTibovski - Dessin de la quinzaine

Assange : Faites-donc taire ce sifflet !

par Tibovski 27 février 2020
écrit par Tibovski
Assange

 

Dernière porte à enfoncer pour museler le chien, le traître. Pour un monde qui se décrépit et s’agite de révoltes, la parole et l’information se montrent dangereuses. Seul le vacarme de la machine est autorisé, toute voix doit se confondre avec ou se taire. Le “public” de la “parole publique” ne se retrouve plus que dans “publicité”. Le vieux monde peine à cacher ses rides aux yeux avertis, et pourtant, il ne veut rien laisser transparaître. Honte pour notre espèce, honte pour notre époque, honte pour nos idéaux. Car ce sont tous les crieurs publics qui risquent d’être étouffés. 

Julian Assange le fondateur de WikiLeaks est actuellement jugé en Angleterre pour décider de son extradition vers les Etats-Unis. Voilà bientôt 10 ans que les Etats-Unis cherchent à mettre la main sur Assange, pour lui faire payer la divulgation de documents classifiés concernant les interventions militaires au Moyen-Orient. Dans ces documents on pouvait y trouver notamment des vidéos montrant des soldats américains tirant sur des civils irakiens. 

 

Un cyber-robin des bois

Récapitulons. Assange est un informaticien australien, un ancien hacker, un vieil ennemi de l’Etat, militant de la liberté privée. Alors que les individus mènent un combat perdu d’avance pour protéger leurs informations privées, les secrets d’Etats sont les mieux protégés au monde. L’asymétrie entre une autorité qui collecte et catalogue tous les détails sur ses populations mais refuse d’être transparente sur ses activités est une injustice.

La légitimité d’un secret d’intérêt public ne convainc pas notre activiste. Si ces puissances sont, comme elles l’affirment, démocratiques et républicaines (res-publica= chose publique), alors elles se doivent de rendre public, de rendre au public, son fonctionnement. Comme on le dit souvent pour justifier toute mesure de surveillance : “Si vous n’avez rien à cacher, alors il n’y a rien à craindre”. Mais c’est cette asymétrie qui instaure l’ascendance. Plus un pouvoir est obscur, mieux il contrôle ses effets. Ainsi l’information devient une arme contre les puissants. C’est le but même de WikiLeaks : réarmer le peuple. Ce site qu’il a créé en 2006 fonctionne comme une plateforme divulguant des fuites d’informations d’intérêt public. 

 

La fureur du Pentagone

En 2010, le site divulgue un ensemble de document sur les différents conflits menés par les Etats-Unis au Moyen-Orient. Voulant le juger, les Etats-Unis profitent d’une mise en accusation de l’activiste en Suède pour avoir retiré son préservatif durant un rapport sexuel (fait puni par le droit suédois) en demandant son extradition. Assange refuse de se rendre en Suède de peur d’être extradié. La Suède émet un mandat international. Il est alors arrêté à Londres, et la Cour Suprême refuse sa demande de non-extradition vers la Suède. Julian Assange se réfugie alors dans l’ambassade de l’Equateur à Londres. Le pays d’Amérique latine lui accorde l’asile.

Assange y reste 7 ans, confiné dans un appartement de l’ambassade et surveillé par les services britanniques et américains. Le gouvernement équatorien autorise finalement les autorités anglaises à venir l’arrêter dans l’ambassade, bien qu’ayant obtenu la nationalité équatorienne un an auparavant, bien que la Suède ait abandonné les charges. 

 

Journalisme ou espionnage ? My name is Assange… Julian Assange

Le cas d’Assange va être enfin décidé. Et cela ne s’annonce pas très bien : premièrement le précédent jugement avait tranché en faveur d’une extradition. Secondement le Royaume-Uni a montré beaucoup de zèle en faisant pression sur la Suède pour qu’elle conserve les accusations et en maintenant le mandat d’arrêt même après l’abandon de la Suède. Et enfin parce que les Etats-Unis ayant récemment modifié les charges d’accusation, il risque une peine de 175 ans de prison.

Initialement, Assange n’était poursuivi que pour avoir aidé la lanceuse d’alerte Chelsea Manning à pirater les systèmes informatiques de la Défense américaine. Avec les griefs d’espionnage, non seulement la peine est beaucoup plus lourde, mais surtout les journaux ayant collaborés à diffuser les informations pourraient également être mis en accusation pour complicité.

La liberté d’information est donc sérieusement mise en péril, en dissuadant les journalistes et lanceurs d’alertes, mais aussi en créant un précédent juridique sur la scène internationale. 

 

Deux poids, deux mesures. 

La relation entre information, liberté et pouvoir est plus que complexe pour être traitée correctement et exhaustivement ici. Seulement je constate qu’il y a effectivement une asymétrie dérangeante entre la population et les gouvernements. Cet article se rédige à l’heure où les premiers essais de reconnaissance faciale se généralisent, et où la surveillance généralisée s’endurcit en Chine sous prétexte de l’épidémie COVID-19. À l’heure où l’on s’indigne pour la vie privée uniquement quand elle touche un politicien et où l’on réclame la fin de l’anonymat sur Internet.

Je me souviens très bien qu’à l’époque où Assange se voyait menacé d’une condamnation aux Etats-Unis, le Time faisait de Mark Zuckerberg la personnalité de l’année 2010. Le contraste m’avait déjà frappé à l’époque, alors qu’on ne connaissait pas encore l’étendue de l’affaire sur l’exploitation des données personnelles mise en oeuvre par Facebook. De l’autre côté, Wikileaks fait l’exact inverse en diffusant des informations d’intérêt public. Vous voyez donc la double vitesse avec laquelle on traite les problématiques sur les secrets et la vie privée en fonction de la place dans l’échiquier. 

Pourtant, je n’aime pas Assange, humainement. Je ne souhaite ni en faire un héros ni un martyr. Sa suffisance, son culte de la personnalité, son rapport aux femmes ; tout cela m’irrite au plus haut point. Mais c’est précisément parce que cette histoire ne concerne pas une personnalité, mais la libre parole et le droit à la transparence, qu’elle est de la plus grande importance. 

À tous les lanceurs d’alerte et leur sifflet qui prennent des risques pour notre droit à savoir !

J’ai fait bref pour une fois : à la prochaine quinzaine !

27 février 2020 0 commentaire
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Baudouin Duchange - ChroniquesCarnet de voyage

A fond la forme : les vacances Quechua

par Baudouin Duchange 21 février 2020
écrit par Baudouin Duchange
Vacances Quechua

 

Mon sac à dos fait 15,7 kilos : c’est beaucoup trop. Il me reste 12 kilomètres de chemins boueux de montagne à parcourir sous la pluie et la pente ressemble à un mur infranchissable. C’est également beaucoup trop ! Le ruissellement de la pluie contre le poncho me donne un tempo à suivre pour la journée et, par un effort de volonté hors norme, je m’interdis formellement de regarder ma montre. J’applique une technique de survie : minimiser la distance qu’il me reste à parcourir et enjoliver celle déjà réalisée !

Un des quatre compagnons avec qui je grimpe cet espèce de Mordor grogne et souffre le martyre avec sa paire de Quechua neuve. C‘est la deuxième fois qu’il cohabite avec la montagne; la première en itinérance pendant une semaine en quasi autonomie dans les Alpes. J’oscille entre le rire et la pitié, mais de toute façon aucun des deux ne nous aidera à terminer cette maudite journée. Il faudra puiser dans nos réserves physiques et mentales. Il faudra nous fatiguer.

En mâchant lentement une barre Grany, il me demande quel sens y a-t-il à s’épuiser pendant des vacances. Les semaines parisiennes éreintantes ne devraient-elles pas justifier une semaine entière à se dorer la graisse sur la plage plutôt que de briser nos pieds contre la pierre montagneuse ? Ce type de réflexions ne nous aidera pas non plus à gravir le sommet. Mais elles permettent de donner matière à bouffer à un cerveau fatigué, et c’est bien plus efficace que toutes les barres énergétiques du monde.

 

Le coût de l’inertie

Il est vrai qu’à première vue, les vacances – ou plutôt les congés payés pour les récents nouveaux salariés du marché du travail – sont assimilées au sable fin caressé par le bruit doux et régulier de la mer ; ou bien à du tourisme exotique dans une ville pleine de mystères ; ou encore à des rêveries le long de grands lacs rafraîchissants. En résumé, à une forme d’inertie. Et pourtant, une masse d’hurluberlus continue de s’imposer des défis insensés.

Au lieu d’éplucher les sites de voyage à la recherche d’une bonne affaire, ces imbéciles scrutent sur des cartes IGN démodées les meilleurs chemins, lieux de ravitaillement et fontaines d’eau publique. Au lieu de comparer les hôtels les plus avantageux à l’autre bout du monde, ils cherchent un moyen astucieux pour optimiser le poids de leurs sacs à dos. Au lieu de réserver en ligne des « activités » de loisir, ils attaquent les forums d’explorateurs anonymes en quête d’enseignements. Ces gens-là sont bien stupides de refuser un repos si mérité ! En gardant un esprit ouvert et lucide, comment justifier leur comportement ?

En me relisant, j’ai l’impression qu’une des raisons pourrait être le désir de s’écarter des routes commerciales, du business que le capitalisme arrive à créer partout. Il existe, bien sûr, un marché pécuniaire pour faire raquer les aventuriers, mais, de fait, cela vous coûtera moins cher de camper en montagne plutôt que de dormir dans un hôtel à Dubaï. En effet, la logique est la suivante : pour ne rien faire, il faut que des personnes le fassent à notre place, et donc en payer le prix.

 

Vacances Quechua

 

La pratique du tourisme

Ce sont les thématiques qu’abordent Michel Houellebecq dans Plateforme. En s’immisçant dans la peau d’un quadragénaire dépressif souhaitant faire un break, il pose la question de la survie dans un monde où l’argent et le plaisir sexuel sont vus comme les seules possibilités de bonheur. Sa critique se concentre sur le tourisme sexuel, apogée d’un voyage de consommation tourné vers l’argent, le plaisir individualiste et le non-effort.

Mais son regard d’écrivain se tourne, de manière générale, vers toutes les agences de « voyage ». Extrait :

 

« Mes rêves sont médiocres. Comme tous les habitants d’Europe occidentale, je souhaite voyager. Enfin il y a les difficultés, la barrière de la langue, la mauvaise organisation des transports en commun, les risques de vol ou d’arnaque : pour dire les choses crûment, ce que je souhaite au fond, c’est pratiquer le tourisme. On a les rêves qu’on peut; et moi mon rêve à moi c’est d’enchaîner à l’infini les « Circuits passion », les « Séjours couleur » et les « Plaisirs à la carte » ».

 

Comment ne plus pratiquer le tourisme mais vivre un voyage ? Le personnage de Houellebecq s’en sort (partiellement) grâce à l’amour. De notre côté, si l’Amour est inaccessible, lointain ou trop farouche, on peut toujours partir à l’aventure ! S’écarter des chemins en les choisissant nous même ! Troquer le programme d’une croisière-paquebot contre une carte Michelin. Ne pas avoir peur de se fatiguer en vacance et les considérer au contraire comme méritantes. La récompense à cet effort : l’imprévu.

 

Sauvé par l’imprévu

L’Imprévu est un bar lillois dans lequel je trainais, parfois, en début de soirée. Ici ou ailleurs, le même rituel s’impose chaque semaine, comme depuis plusieurs années : prévenir ses amis, prévoir un repas consistant, s’habiller pour l’occasion et acheter un paquet de clopes, commander une bière puis une deuxième, avant de ne plus les compter, faire la fermeture, trouver un autre troquet, rentrer seul ou accompagné. Ce programme reste inchangé depuis des générations. La raison pour laquelle il perdure se trouve caché derrière chacune de ses lignes : l’ivresse ! l’abandon ! la surprise ! l’imprévu ! Autrement ça ne sert à rien. C’est la même idée pour les vacances méritantes.

Programmer un voyage n’est qu’un prétexte pour choper un peu d’imprévu, capter une sensation incontrôlable ou un instant providentiel. Et pour cela, il est indispensable de sortir des sentiers battus, de nous forcer à brutalement s’arracher à notre quotidien dangereux de sédentaire languissant. Dans Terre des hommes, Antoine de Saint-Exupéry s’affole devant cette inertie moribonde vidant l’être humain de sa conscience :

 

« Vieux bureaucrate, mon camarade ici présent, nul jamais ne t’a fait évader et tu n’en es point responsable. Tu as construit ta paix à force d’aveugler de ciment, comme le font les termites, toutes les échappées vers la lumière. Tu t’es roulé en boule dans ta sécurité bourgeoise, tes routines, tes rites étouffants de ta vie provinciales, tu as élevé cet humble rempart contre les vents et les marées et étoiles. Tu ne veux point t’inquiéter des grands problèmes, tu as eu bien assez de mal à oublier ta condition d’homme. Tu n’es point l’habitant d’une planète errante, tu ne te poses point de questions sans réponse : tu es un petit bourgeois de Toulouse. Nul ne t’a saisi par les épaules quand il était temps encore. Maintenant, la glaise dont tu es formé a séché, et s’est durcie, et nul en toi ne saurait désormais réveiller le musicien endormi, ou le poète, ou l’astronome qui peut-être t’habitait d’abord. ».

 

Etre éveillé par l’imprévu afin de rester vivant, pour paraphraser Thoreau, voilà ce que cherche le vacancier adepte de la fatigue ! Et qu’il trouve dans l’évasion offerte par le voyage.

 

Vacances Quechua

 

Conclusion

Notre sommet des Alpes a été dompté. La récompense : l’inestimable leçon impossible à réciter enseignée par la montagne. Mais Fernando Pessoa disait que « agir c’est connaître le repos ». Mes amis randonneurs et moi sommes maintenant, au chaud et au sec, le ventre plein et les yeux fatigués, dans le train nous ramenant à la capitale. On ne sait jamais pourquoi on continue. En tout cas, moi pas. Surtout après tant de moments à se dire que c’est la dernière fois. Mais pourtant, chaque fois, après nous être émerveillés, surpassés, s’être rendus fier, un petit quelque chose imperceptible nous donne envie d’y retourner. La preuve en arrivant à Paris où notre ami aux pieds quechua fiévreux s’écria : « Ah la montagne c’était quelque chose… l’année prochaine je fais les Vosges ! »

 

Vacances Quechua

 

Crédit photo : B.Duchange + Guillaume Hummel

21 février 2020 1 commentaire
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ActualitéTibovski - Dessin de la quinzaine

La fabrique d’une pandémie : L’exemple du Coronavirus

par Tibovski 12 février 2020
écrit par Tibovski
Coronavirus

Nos deux spécialistes en épistémologie, Albi et Tibovski, nous livrent leur réflexion sur le fonctionnement de la science en cas de crise, avec l’exemple du Coronavirus. 

Réflexions sur l’expertise scientifique en temps de crise. 

La dernière fois, je vous ai promis un descriptif court, et j’en avais l’intention, vous pouvez me croire. Mais, mais, mais… j’ai eu le plaisir de discuter avec l’une de nos rédactrices occasionnelles, à savoir Albi (qui avait écrit ce brillant article sur BSFmagazine). L’évolution du coronavirus nous a inspiré une réflexion à propos de l’expertise scientifique dans les cas d’épidémies à échelle planétaire. Albi avait déjà eu l’occasion d’étudier la gestion de crise de la grippe A. Nous avons donc eu l’idée d’écrire à ce propos dans l’espoir d’apporter une lumière intéressante à la situation actuelle. 

Entre blagues, méfiance et parfois racisme, le coronavirus est un sujet de conversation qui se répand plus vite que le virus lui-même. En témoignent, la pénurie de masque à Paris ou encore une de mes dernières soirées où régnait une certaine gêne oscillant entre sarcasme et crainte.

Et même si, pour le moment, il ne semble pas avoir lieu de s’alarmer plus que de raison, cette crise sanitaire soulève un certain nombre de problématiques intéressantes. On pourrait y voir par exemple la responsabilité des médias dans le traitement alarmiste de la question, mais c’est une thématique que j’ai déjà traitée la semaine dernière. Un autre sujet qui est aussi, voire plus intéressant, est celui de la gestion de crise dans les cas d’épidémie et le rôle des instances gouvernantes dans ceux-ci.

En effet, si l’on s’en tient à la définition la plus basique de pandémie, cela correspond à une épidémie qui touche un large groupe de personnes à l’échelle de plusieurs pays voire du globe. La gestion de la crise est une question de politique de santé transnationale, et dépend fondamentalement des stratégies et des modes de collaboration adoptés par les autorités. La complexité des cas de pandémie, c’est qu’elles ne sont pas uniquement des problèmes de santé, elles constituent également des problèmes socio-économiques. Les interventions font donc partie du phénomène de crise.

 

Quelques précisions 

Les coronavirus représentent en réalité une famille assez répandue de virus, responsable en grande partie des rhumes. Ces symptômes sont d’ordre respiratoire. Son nom lui vient de la couronne extérieure du virion que l’on peut observer au microscope à balayage. Certains virus peuvent être plus dangereux comme les souches du SARS-CoV et du MERS-CoV qui ont causé des épidémies semblables respectivement en 2003 et en 2012. Celui dont on entend parler est une nouvelle souche du virus appelée 2019-nCoV ayant touché brutalement la population de Wuhan à partir de début décembre 2019. L’évolution de la contamination a vite inquiété les autorités chinoises et l’OMS a déclaré jeudi 30 janvier l’urgence de santé publique. 

 

Coronavirus

Quelle belle saleté. Une saleté, mais belle quand même… avec ces aguicheuses glycoprotéines.

 

Quels risques d’une pandémie ?

La mondialisation, en particulier le trafic aérien et la densification des aires urbaines a pour effet d’accroître la propagation d’une maladie à l’échelle du globe. La prolifération d’une maladie infectieuse peut donc rapidement évoluer de façon globale en fonction de nombreux facteurs que les chercheurs doivent identifier. Les principaux modèles d’épidémiologie sont soit (i) très généraux avec des équations différentielles ordinaires comme les modèles compartimentaux  (cf. modèle SEIR utilisé pour les premières prédictions de l’épidémie du 2019-nCoV) ou des modèles en graphe (Keeling & Eames 2005), (ii) soit plus sophistiqués, mais difficiles d’interprétation et nécessitant beaucoup de données (Pellis et al. 2015). Or le principal problème dans un cas comme celui-ci, c’est que le déploiement du virus complexifie la modélisation de l’épidémie. Car à cette échelle l’hétérogénéité des individus, des dynamiques spatio-temporelles et structurelles devient déterminante (Getz et al. 2019).

De plus, l’urgence et la rapide évolution de la situation requièrent à la fois de prendre des mesures, c’est-à-dire de pouvoir comprendre et prédire la situation. Et c’est également ce qui rend ardue l’obtention de données complètes pour paramétrer les modèles (Bulletin of the World Health Organization 2012.). Ni la simplicité, ni la complexité ne conviennent idéalement à ce type de situation. Par conséquent les modèles épidémiologiques sont imparfaits pour répondre correctement à l’urgence.

Pour le moment, on se raccroche à certaines estimations de variables comme le taux de propagation (R0), le temps d’incubation, le taux de morbidité ou encore le taux de mortalité. Au demeurant, ces chiffres ne veulent pas dire grand chose avec des échelles de temps et de populations si faibles. Les estimations s’appuient uniquement sur les cas existants connus. Or la singularité des individus et le faible nombre de cas pour le moment recensés montrent une variabilité statistique trop grande pour que l’on parle de chiffres fiables. D’autant plus qu’il faut se fier aux chiffres communiqués par le régime chinois, et que ces chiffres ne peuvent être exploités sans considérer d’autres paramètres. 

 

Comment réagissent-ils face à l’incertitude scientifique ? 

Coronavirus

[suivre ici l’évolution de la situation]

 

Le rôle des institutions

L’OMS intervient dans le cadre de situations de crise afin de rassembler les connaissances scientifiques sur une épidémie et de pouvoir conseiller les politiques dans leur gestion des crises sanitaires. Le principe fondateur au cœur de ce système est une neutralité de la relation entre les experts scientifiques d’une part et les hommes politiques d’autres part. Dans le contexte actuel du coronavirus, un climat anxiogène et catastrophiste est diffusé par les médias et appuyé par les politiques. L’OMS, quant à elle vient d’annoncer que le virus représentait une menace considérée comme “élevée” et a décrété l’urgence internationale face au virus. Dans un même temps, elle reconnaît l’absence d’une compréhension complète concernant la source et l’ampleur de la propagation de la maladie : 

 

“Les connaissances actuelles sur cette maladie restent limitées (…). Il est urgent d’en savoir plus sur la transmissibilité du virus et la gravité de l’infection pour orienter les autres pays quant aux mesures de riposte à prendre.” 

 

Cette situation semble paradoxale et pose la question du positionnement de l’OMS lors des crises sanitaires ainsi que celle de la préservation de la neutralité entre hommes politiques et experts scientifiques.

Pour comprendre le cas du coronavirus, il est bon de regarder ce qui a déjà pu survenir par le passé. Un des exemples particulièrement marquant dans la mémoire collective est le cas de la grippe H1N1, souvent présenté comme un fiasco en matière de santé publique. Le premier élément clef de la plupart des crises sanitaires (si ce n’est toutes) est le manque de connaissances scientifiques. 

Bien que cela puisse sembler évident, cet élément pose des difficultés très concrètes, comme par exemple la difficulté à établir un vocabulaire commun entre les différents acteurs de la gestion de crise sanitaire. Lors de la crise du H1N1, cette difficulté est devenue particulièrement frappante avec la définition de la notion de pandémie. Jusqu’en 2009, une pandémie “survient lorsqu’apparaît un virus nouveau contre lequel le système immunitaire humain est sans défense, donnant lieu à une épidémie mondiale provoquant un nombre considérable de décès. Le nouveau virus grippal est d’autant susceptible de se propager rapidement dans le monde que les transports internationaux ainsi que l’urbanisation et les conditions de surpeuplement s’intensifient.” Or, le 4 mai, 2009, les experts de l’OMS s’accordent pour modifier cette définition et en proposer une nouvelle: 

 

“Une maladie épidémique survient lorsque la prévalence de cette maladie est supérieure à la normale. Une pandémie est une épidémie mondiale. Une pandémie de grippe peut survenir lorsqu’apparaît un nouveau virus de grippe contre lequel la population humaine n’est pas immunisée. L’intensité d’une pandémie peut être modérée ou forte en terme de cas de décès provoqués et peut varier au cours de l’évolution de la pandémie.”

 

 Ce  changement définitionnel a généré un clivage entre les experts de l’OMS et les experts nationaux français qui soulignent qu’une maladie pas ou peu meurtrière, mais qui se propage vite, ne devrait pas être considérée comme une pandémie, mais comme une épidémie mondiale. En effet, avec la mondialisation, la facilité des individus à se déplacer augmente considérablement les cas de contamination à échelle planétaire. Par conséquent, si le critère de contamination demeure le critère principal pour caractériser la pandémie (et non plus la dimension létale de la maladie), il y a là un risque réel de déclencher une alerte de pandémie de manière systématique.

Ce problème devient d’autant plus important lorsque, dans la gestion de crise sanitaire, les connaissances scientifiques doivent s’intégrer dans un contexte socio-économique afin d’élaborer un plan de réponse adapté. Dans le contexte de la grippe H1N1, ce versant de la gestion de la crise a fait l’objet de nombreuses controverses et deux éléments vont notamment mettre à mal la neutralité de l’OMS. 

  1. Premièrement, le risque de conflits d’intérêts pour des experts en lien avec des laboratoires. En effet, le changement de définition du terme de pandémie a été perçu par plusieurs experts comme une manière de déclencher des stades d’alerte plus élevés plus facilement et ainsi, en jouant sur la peur des responsables politiques, de vendre des stocks de vaccins mis à disposition par les différentes firmes pharmaceutiques. Ces soupçons ont notamment été renforcé par le fait que 6 des experts mobilisés par l’OMS pour évaluer la situation de la grippe H1N1 étaient mis en cause dans des cas de conflits d’intérêts.
  2. Deuxièmement, la conclusion précoce d’accords contractuels pour des vaccins entre différents États et des firmes pharmaceutiques laissent penser à un cas d’abus d’influence et de pression de la part des groupes pharmaceutiques. En effet, ces accords étaient considérés comme dormant jusqu’à la déclaration d’un état pandémique, laissant entrevoir les bénéfices pour l’industrie pharmaceutique d’un changement de définition aussi rapide.

 

Ainsi, les relations entre hommes politiques et experts scientifiques sont parasitées par des enjeux socio-économiques qui mettent à mal la neutralité des différents acteurs dans les processus de prise de décisions (notamment celle de l’OMS) et qui peuvent mener à une politique inadéquate dans la tentative de résolution d’une crise sanitaire.

Le fiasco des vaccins contre la grippe A à 500 millions d’euros en 2009 n’a pas fait perdre son sourire à l’ex-Ministre de la santé Roselyne Bachelot. 

 

Coronavirus

Le fiasco des vaccins contre la grippe A à 500 millions d’euros en 2009 n’a pas fait perdre son sourire à l’ex-Ministre de la santé Roselyne Bachelot.

 

La place des scientifiques 

Le consensus et la certitude scientifiques sont construits au travers de processus lents qui contrastent avec l’urgence des organes décisionnels. Les différences de temporalité sont d’autant plus marquantes en cas de crises. La science fonctionne de doutes, de critiques, de réplication d’expériences et même de changement de perspectives. C’est une réalité qui est indispensable au bon fonctionnement des sciences. De l’autre côté, le processus de décision ou d’action est presque toujours une dynamique où le contexte impose rythme et conditions, et appelle donc à trancher face aux risques de l’incertitude. On pourrait alors imaginer que c’est pour cette simple raison que les scientifiques et politiques sont deux catégories distinctes, et que le rêve platonicien d’un philosophe roi est une vanité. 

Oui mais voilà, une bonne décision doit s’appuyer sur une bonne compréhension. Ainsi naît l’expert scientifique ; chimère entre politique et scientifique. La science dans toute son incertitude peut et doit épauler les choix politiques. L’expertise scientifique consiste donc à aiguiller les choix politiques face à l’incertitude faisant usage de l’état de l’art et de la méthodologie scientifique. Bien que la communauté scientifique est continuellement confrontée à l’incertitude dans son travail, la méthode scientifique, elle, n’est pas conçue pour résoudre ce genre de problématiques. Le scientifique devient un acteur puisqu’il doit lui-même prendre position pour synthétiser et tirer des recommandations des travaux scientifiques. La tâche n’est plus seulement épistémique (relatif aux connaissances) elle est également éthique (relatif à l’action).

A l’incertitude scientifique s’ajoute le relativisme moral. L’exploitation des recherches scientifiques dépend donc autant des informations scientifiques existantes que des valeurs éthiques. Certains philosophes iront même jusqu’à généraliser le concept en expliquant qu’il n’existe pas de science exempte de valeurs morales et politiques : la recherche est toujours épistémiquement incertaine, mais se confronte continuellement dans son fonctionnement à des choix (thématique de recherche, interprétation, communication…) qui ne se justifient pas seulement par des raisons épistémiques (Longino 1990, Douglas 2009, Reiss & Sprenger 2017 chap. 3.3). Il est cependant important que dans sa responsabilité morale, l’expert ne servent pas ces intérêts particuliers comme dans les cas de conflits d’intérêts que nous vous avons présentés. C’est pourquoi il est inscrit dans le code de santé que l’expert doit rester neutre. 

 

« L’expertise sanitaire répond aux principes d’impartialité, de transparence, de pluralité et du contradictoire » 

 

Alors, est-ce qu’un expert peut être impartial ? C’est véritablement discutable. Un expert n’est pas un robot, il vit dans la société, a un ancrage culturel, et même à une vision personnelle de sa discipline scientifique. Il n’est pas vraiment réaliste d’attendre d’un expert une entière neutralité. En revanche c’est au niveau de la communauté d’expert que l’on doit garantir la neutralité. Et pour se faire, il y a différentes caractéristiques à respecter. 

  1. Premièrement, il faut à tout prix éviter l’influence de forces économiques, idéologiques et politiques qui peuvent truquer le bon fonctionnement de la délibération. 
  2. Et secondement, comme indiqué dans le code de santé, “la transparence, la pluralité et le contradictoire” sont des propriétés essentielles pour assurer une prise de décision mesurée. 

 

Ces deux conditions sont en réalité les deux faces d’une même pièce, puisque éviter l’influence de groupes de pouvoir permet la diversité des parties prenantes, et de l’autre la pluralité d’un groupe d’expert diminue l’influence des intérêts particuliers ou de groupes d’influence. 

Le cas de l’OMS en 2009 montre qu’il y a une violation de ces deux règles. L’OMS présente une autorité d’expertise trop importante face à d’autres instances, déséquilibrant alors la règle de la contradiction. Cela explique alors que des conflits d’intérêt aussi proéminents aient été constatés. L’OMS est un exemple particulier de la façon dont l’expertise scientifique peut être instrumentalisée. Il y a une irrégularité de la position d’expert. En temps ordinaire, l’expert a peu de poids dans le processus décisionnel, mais en temps de crise celui-ci a une grande autorité dans la gestion de crise. Et seule une poignée d’experts est entendue en période de crise. Cela signifie que l’expertise scientifique n’intervient véritablement que dans une minorité de cas et par l’intermédiaire d’une minorité de représentants. C’est un paradoxe intéressant quand on sait que la science fonctionne normalement dans des temporalités longues et par une communauté large et diverse. La science ne prend part aux décisions que dans des modalités où  elle a probablement le moins de pertinence. Les deux hypothèses pour expliquer cette absurdité sont les suivantes : 

  1. Les temps de crises sont caractérisés par des risques importants dans des durées très courtes. C’est ainsi le moment où il y a peu de temps pour des délibérations, mais où les issues des stratégies sont déterminantes. Ainsi c’est dans ces moments où un petit groupe d’expert peut avoir un impact capital sur les mesures. 
  2. Les situations d’urgence sont aussi celles dans lesquelles les informations et connaissances scientifiques sont les plus rares. L’indétermination scientifique expliquerait une plus grande variété d’opinions chez les scientifiques et donc une plus grande probabilité d’avoir un expert allant dans le sens de nos intérêts. 

À notre sens, l’expertise scientifique se développe parfois dans de très mauvaises conditions qui renforcent les positions et le pouvoir de forces politiques et économiques. Ces conditions sont assez communes et consistent à mener des politiques qui exploitent la peur des populations. 

 

Coronavirus

Une bonne science serait entre autres une science transparente… d’où l’image d’une vitre griffonnée de formules topologiques et laissant transparaître une manipulation expérimentale. Astucieux n’est-ce pas ?

 

Diagnostic et prescription 

 

  • Faciliter la coordination des temporalités 

Cela signifie que les instances gouvernantes doivent développer des gestions de crises plus mesurées permettant aux scientifiques de mieux connaître le problème et à la communauté de débattre. La coordination des temporalités signifie par ailleurs le besoin de pérenniser le travail des scientifiques dans la prévision des risques et la compréhension des problèmes. Le travail en amont des chercheurs ne permettra probablement pas de prévoir la prochaine crise, mais plutôt d’en être moins dérouté et de mieux préparer les protocoles.

Le groupe de chercheurs chinois qui a permis de caractériser le virus (et lui donner son nom par la même occasion) avait par exemple étudié la sérologie des chauves-souris et des habitants de Wuhan (Li et al. 2005, Hu et al. 2017). Ils avaient pu mettre en évidence de nombreuses souches de coronavirus dont une susceptible de contaminer l’humain. Cette souche présente d’ailleurs un génome proche à 96 % de celui du coronavirus. L’évolution des chauves-souris et leur rapport avec les humains étaient relativement bien étudiés. 3 % de la population de Wuhan présente des anticorps réagissant à la souche SARS du virus indiquant un saut régulier du virus entre homme et chauve-souris dans cette région.

Peter Daszak ; l’un des auteurs de ces études déclare au New York Times  “Nous alertons sur ces virus depuis maintenant 15 ans”. Plus globalement, les scientifiques montrent aussi que certaines dynamiques (Uche 2014) industrielles et démographiques favorisent la prolifération d’épidémie et l’apparition de crises de santé globales. La destruction des habitats naturels renforce les contacts inter-espèces et donc les cas de zoonoses, c’est-à-dire de transmissions de maladie de l’animal à l’homme (Keusch et al. 2009, Moorse et al. 2012). Dans beaucoup de cas, nous avons les moyens de prévenir partiellement ces dangers. Mais il faut pour cela investir dans la recherche et lui donner une place plus claire. 

 

  • Donner des moyens suffisants à la recherche

Le court-termisme vers lequel afflue la recherche pose un véritable problème (cf. la loi de programmation pluriannuelle de la recherche). Les milieux académiques connaissent depuis quelques décennies des transformations profondes vers une programmation de la recherche aux conséquences désastreuses pour l’indépendance de la recherche (Hubert & Louvel 2012, Hubert et al. 2012) . La recherche coûte très cher, or depuis le tournant néo-libéral des années 80 les grandes puissances économiques ne peuvent miser sur des croissances importantes et doivent de ce fait limiter les dépenses et l’endettement.

Une solution est donc de rentabiliser la recherche, soit en la rendant économiquement viable, soit en la greffant sur les besoins gouvernementaux. Programmer la recherche, c’est donc tenter d’optimiser les efforts vers des connaissances utiles pour les applications technologiques et commerciales ou pour la société en général. Les Etats-Unis sont un modèle de programmation de la recherche, les grands laboratoires sont financés par des partenariats industriels ou des grands programmes nationaux. Une recherche curiosity-driven est presque devenue inexistante dans ce pays. On attend de la science une efficacité. Du reste, la recherche est imprévisible, sinon nous n’appellerions pas cela de la “recherche”. Programmer la recherche est donc insensé et présente des inconvénients évidents : 

 

      • Une précarisation de la recherche

La rentabilité a pour effet de rendre la recherche dépendante de financements. Les demandes de financements sont très chronophages, réduisant par ce simple fait le temps consacré à la recherche. D’autant que les financements sont souvent courts et ne permettent pas à certaines études de prendre le temps nécessaire pour arriver à des conclusions satisfaisantes. Cela altère considérablement la qualité des travaux. Cette précarité a également pour effet de renforcer une concurrence dans le domaine scientifique altérant ainsi le fonctionnement des principaux mécanismes de la communauté scientifique comme la transparence, la communication, la collaboration et la contradiction. La fraude scientifique, les biais de publication le marketing scientifique et les guerres politiques au sein des institutions n’ont de cesse de se renforcer dans ce climat. 

 

    • Une recherche dirigée

le problème principal dans ce climat de précarité, c’est que cela à un impact direct sur les thématiques et objets d’études. Contraints de trouver des financements, les chercheurs sont obligés de s’adapter aux domaines porteurs où l’argent est investi. Cette situation donne donc un pouvoir important aux investisseurs. Non seulement ces investisseurs (publics ou privés) peuvent donc déterminer la science à répondre à leurs agendas politiques et économiques, mais cela joue sur la neutralité de la recherche et donc de l’expertise scientifique. Les connaissances, les représentations, mais aussi les intérêts économiques des experts sont en ce sens influencés par la partialité des financements.

 

    • Une recherche biaisée 

l’imprévisibilité de la recherche fait que la stratégie la plus efficace pour l’avancée des connaissances et de la technologie, reste la diversité des recherches. Le court-termisme n’est pas capable d’anticiper l’évolution de la science et de comprendre l’investissement nécessaire dans une science libre et plurielle. Les champs de recherche importants ou qui le deviendront n’ont aucune raison de correspondre avec les domaines provisoirement rentables. On voit d’ailleurs que les investissements privés ont tendance à créer des effets de hype correspondant souvent à des bulles financières. Par exemple avec le machine learning, les nanotechnologies, biotechnologies et technologies quantiques. Ces bulles influencent d’ailleurs les financements publics qui veulent, pour des raisons économiques et diplomatiques, également s’imposer dans des domaines attractifs. Mais qui sait d’où proviendra la prochaine crise, ou les connaissances qui pourront être utiles faces à elle ? 

Plutôt que d’adapter la prise de décision à des processus de délibérations démocratiques et scientifiques, il semblerait que la tendance soit au contraire d’exiger de la recherche qu’elle calque son rythme et son fonctionnement sur les besoins industriels et commerciaux. On parle souvent de “commodification of research” (Radder 2010) dans lequel les organisations gouvernementales et académiques s’adaptent aux dynamiques industrielles. 

 

  • Renforcer la démocratisation des débats

 Ce que veut montrer notre développement c’est que de gros problèmes persistent autour de la question de l’expertise scientifique. Comme nous l’avons montré un scientifique n’est pas externe à la société, il est situé socio-économiquement. Le rôle des scientifiques n’est jamais pur de ces composants, et ont un rôle politique à ce sens. L’autorité scientifique est à distinguer de l’autorité des scientifiques ; distinction subtile si l’en est mais essentielle. Les experts peuvent être instrumentalisés au profit d’agendas politiques spécifiques.

C’est notamment pourquoi, l’autorité des experts ne doit pas permettre d’asseoir l’autorité des acteurs politiques et industriels. La diversité des approches est fondamentale tant pour le fonctionnement des sciences que pour les décisions démocratiques. Attention lorsqu’on parle ici de pratiques démocratiques c’est au sens faible d’ouvrir la prise de décision à un débat public et délibératif, même si un usage plus strict de cette notion reste bon à penser.

En effet, plus que d’ouvrir la question à l’ensemble des scientifiques, certains philosophes (par exemple https://www.democrasci.com/, ou les travaux de Philip Kitcher) s’intéressent à la possibilité d’une science citoyenne, dans laquelle les citoyens profanes prendraient aussi part à la gouvernance des sciences. Si l’on accepte la non-indépendance des sciences par rapport à la réalité humaine, on comprend que l’organisation des science est conditionnée et conditionne à son tour, la société. Dans un idéal démocratique, le citoyen pourrait donc participer à la construction d’une science plus conforme à ces attentes et convictions.

 

En conclusion, les problématiques exposées dans ce billet dépassent bien évidemment le cas du coronavirus. La politique de l’urgence ne fait qu’exposer et même accroître les pouvoirs d’influence d’une minorité d’acteurs publics et privés. Alors que nos sociétés donnent l’illusion de progresser vers plus de rationalité scientifique, ce n’est là qu’un voile qui cache la détérioration d’une autorité scientifique saine et ouverte au profit d’un système de lobbying et de gestion unilatérale des problématiques. Ces modestes réflexions, peuvent être mises en perspective avec l’évolution des problèmes écologiques. Un consensus scientifique d’une rare ampleur existe aujourd’hui sur l’avenir incertain de notre monde humain s’il venait à persister dans son fonctionnement actuel. Le temps nous permet pour le moment de préparer prudemment une réponse adaptée à ces probables crises. N’attendons donc pas que ce problème devienne une urgence dans laquelle les scientifiques auront les mains liées et où s’affirmera l’hégémonie de ceux-là mêmes qui en sont la cause.

 

A la prochaine quinzaine les ami.es. 

 

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Baudouin Duchange - Chroniques

La bonne et la mauvaise fatigue

par Baudouin Duchange 7 février 2020
écrit par Baudouin Duchange
La fatigue

 

« Je suis éreinté » disais-je à ma grand-mère de retour d’une randonnée en montagne. D’un air entendu avec mon grand-père, elle me répondit comme souvent que c’était de la bonne fatigue. Je n’ai jamais compris cette formule qui, chaque fois, me rend fier ! C’est pourtant une expression banale digne de mes exploits les plus simples. Mais qu’elle n’utilise pas dans toutes les circonstances. Car si cette ineptie peut satisfaire l’aventurier du dimanche, elle pose sur le fond une question bien plus importante : qu’est-ce que de la bonne fatigue ?

 

“Alors tu me dis oui Claudy, c’est vrai je suis tendue, je ne suis pas à mon aise.”

Qu’est-ce qui n’est pas de la bonne fatigue : son opposé. La mauvaise fatigue donc. Inutile d’être un philosophe pour comprendre ce que cela peut représenter, chacun à son niveau peut y arriver. Par exemple pour moi, jeune travailleur, la mauvaise fatigue est immédiatement assimilée aux réveils nauséabonds les lendemains de soirée sans lendemain. Ou bien par la nuit blanche éclairée à coup de jeux-vidéos ou de livres. Une vie de patachon qui prend le dessus quand je file un mauvais coton, voilà comment ma bonne femme de grand-mère résumerait la mauvaise fatigue ! 

La mauvaise fatigue semble être toujours accompagnée d’un dérèglement qui détruit notre énergie, celui d’un rythme, d’un corps ou d’un cycle de sommeil. 

 

Le combat ordinaire 

Mais alors, si mauvaise fatigue = mauvais sommeil alors bonne fatigue = bon sommeil ? Non, pas seulement. Car c’est ce que nous allons faire suite à ce bon sommeil qui constituerait ou non une bonne fatigue selon ma grand-mère. Jamais vous ne l’entendrez me féliciter après une grosse journée au travail ! Même après dix heures passées le dos courbé sur une chaise de bureau, la tête penchée, le cou plié, les jambes et les bras mous. Pas même après une journée de déplacements professionnels à Paris ponctuée par d’épuisants problèmes de transport. Pas un mot. Rien. Si ce n’est une plainte partagée. C’est à ne plus rien comprendre ! La vieille n’a pourtant rien contre les métiers du tertiaire. C’est seulement que, sans réellement en prendre conscience, elle ne voit pas dans ces métiers une bonne fatigue. Et pourtant je reviens bien plus fatigué après une telle journée qu’après six heures de marche dans la forêt.

 

Fatigue

Mathieu Amalric dans “Un conte de Noël” d’Arnaud Desplechin (2008)

 

“Une rock’n’roll attitude” 

Qu’est-ce qui peut alors distinguer la fatigue et la bonne fatigue ? Utilisons un exemple qui pourra peut-être nous aider. Ivan Illich, dans son essai Energie et Equité, apporte un argument éclairant. En comparant la vitesse d’un cycliste et d’un automobiliste, il arrive au surprenant résultat que le cycliste est plus rapide que l’automobiliste. Pour cela, en plus de considérer le temps de déplacement, il prend également en compte le temps de travail nécessaire pour payer l’objet et les frais annexes (carburant, parking, assurance…). Travailler pour se payer une voiture afin d’aller au travail est donc une perte de temps et de l’épuisement inutile.

Voilà peut-être ce petit quelque chose qui choque inconsciemment la logique de ma grand-mère ! Pour autant, face aux impératifs de la vie, comment tenter d’améliorer ce fatalisme moderne ? En utilisant notre énergie pour en faire de la bonne fatigue ! Il me semble que cela peut commencer par faire confiance en nos capacités. Se déplacer en ville à vélo est une première étape, pour reprendre notre exemple. Mais il peut être généralisé dans tellement d’autres domaines. En faisant un travail avec du sens, en faisant grandir une passion enrichissante, en s’intégrant dans une intelligence collective plutôt que dans une logique de profit individuel : en ayant de beaux objectifs de vie.

Ainsi, je suis certain que si Romain lui parlait de son projet de volontariat en Indonésie, pour accompagner des jeunes des bidonvilles à obtenir un travail décent afin de sortir de l’exclusion, ma grand-mère hocherait la tête. Inconsciente des enjeux, la ride sérieuse, et sans aucun autre fondement que son bon sens, elle affirmerait que ce projet est pour lui de la bonne fatigue !

 

Photo de couverture : “Le troubadour fatigué” de Giorgio de Chirico

7 février 2020 2 commentaires
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ActualitéTibovski - Dessin de la quinzaine

D’une écologie affective : 1 like = 1 koala sauvé

par Tibovski 24 janvier 2020
écrit par Tibovski
Animaux porte drapeau

Aujourd’hui je vais tenter de faire bref. Vous le savez, l’Australie connaît d’importants incendies. Si vous le savez, ce n’est pas uniquement parce que j’ai pu l’évoquer dans ma dernière quinzaine, c’est aussi et surtout parce que ces catastrophes sont particulièrement médiatisées. Le monde entier s’exalte sur cette histoire, des journaux, aux célébrités et surtout les réseaux sociaux. Et ces événements constituent le fond de commerce de certains, aussi bien du côté de quelques écologistes que des climatoseptiques. Mais ce n’est pas cela que je veux traiter précisément. 

Il est vrai que ces incendies font d’effrayants dégâts. Mais ce n’est pas spécifiquement cela qui rend ces évènements si uniques. Les incendies de 1974 avaient, par exemple, touchés une surface six fois plus grandes du territoire. Et certains grands incendies ont même été plus mortels. Ce qui fait la spécificité de ces incendies c’est probablement une couverture médiatique inédite. Avec ma sensibilité aux catastrophes écologique je devrais me réjouir d’une telle évolution des mentalités. Je ne suis pas convaincu que plus de bruit soit cependant la solution.

Quel impact le traitement médiatique a sur les problèmes écologiques ? 

 

Pourquoi tu nous parles de ça ? 

En temps normal je n’aurais pas traité ce sujet, justement parce que nous en sommes inondés. Quand quelque chose fait l’émoi général, ça ne m’inspire pas confiance, j’ai trop peur des mouvements de foules et du manque de contrôle que cela entraîne. Souvent je préfère regarder la vague passer. S’émouvoir c’est important, j’en conviens, c’est parfois magnifique. Mais l’émotion, c’est seulement du mouvement, c’est le sens même d’émotion. Bouger c’est bien mais où. C’est pourquoi il n’est jamais mauvais de se poser et d’y réfléchir. Il est donc étrange de rajouter ma voix au cafouillage général, puisque j’’en ai déjà parlé, et puis que je n’ai aucune informations particulières à enchérir à la clameur publique. 

 

Seulement voilà, j’ai entendu parler d’une pétition  à plus de 12 000 signataires sur Change.org exigeant le déplacement des koalas en Nouvelle Zélande. Et là… et là. J’ai supporté photos, posts, articles insistant sur le sort des “adorables koalas”. J’ai également supporté toute cette mise en scène des célébrités donnant des sous à l’Australie. Seulement là, c’est beaucoup plus gênant. Nous parlons d’une intervention de grande envergure ne s’appuyant sur aucune analyse scientifique. Pour la seule raison que la Nouvelle Zélande possède également de l’eucalyptus, organiser le déplacement des koalas devrait être une bonne idée ? Mais ça ne marche pas comme ça. Soyons sérieux un instant. Le peu d’écologie que j’ai pu étudier me suffit pour évaluer la monumentale erreur qu’il y a là.   

 

Koala 

Reprenons, et faisons bref, comme je vous l’ai promis plus tôt. J’accuse cette pétition de ne s’appuyer sur aucunes conceptions, aussi éloignées soient-elles, des mécanismes écologiques. L’écologie est une discipline tardive qui étudie les rapports entre des espèces et leur environnement. L’évolution de cette branche de la biologie met très vite en lumière le complexe tissu d’interdépendance à l’oeuvre dans les environnements naturels. Se développe alors à partir de Tansley, le concept d’écosystème pour désigner l’unité systémique qui régit à différentes échelles les interactions des espèces et de leur environnement. En termes de modélisation et de prédiction, c’est un véritable défi.

Les meilleurs modèles sont au mieux capables de répondre à des questions restreintes localement, ou à des phénomènes très généraux. Les systèmes écologiques ont parfois des comportements chaotiques (Berryman & Millstein, 1989). Une faible variation locale peut avoir des conséquences globales. L’apparition ou la disparition d’une espèce peut perturber l’ensemble. Et c’est d’ailleurs l’Australie qui fournit l’un des exemples les plus flagrants avec l’introduction de faunes européennes invasives sur le sol australien. L’apparition du lapin européen, par exemple, n’ayant pas de prédateur direct, mais profitant de ressources communes à d’autres animaux. Ce fût une catastrophe écologique responsable de la disparition de nombreuses populations.

C’est justement parce qu’on parle d’écosystème avec des équilibres et des phénomènes de régulation, qu’on ne peut introduire de nouvelles espèces sans considérer les effets que cela peut avoir sur l’ensemble de l’écosystème, les effets sur la prédation et les configurations des réseaux trophiques. C’est le sens même de l’écologie et des recherche en éco-ingénierie qui visent à réellement comprendre le rôle et les fonctions des espèces et des relations sur l’ensemble de l’écosystème. Le principe même d’écosystème, rend difficile d’isoler un groupe spécifique de l’ensemble du système. 

 

Médias et animaux porte-drapeaux

Les évènements en Australie, donnent lieu à une grande attention à la situation animale. En supplément du chiffre écrasant du nombre de vies animales (University of Sydney) on a le droit à des dossiers entiers sur le péril des koalas et kangourous. La pétition, à mes yeux, n’est d’ailleurs rien d’autre qu’une réponse bien intentionnée à cette exclusivité médiatique autour de ces deux mammifères. Rien d’étonnant qu’on se préoccupe surtout du sort de ces deux bêtes puisque ce sont les deux emblèmes nationaux, me direz-vous. Et c’est exactement ce sur quoi je souhaite insister. Il est question de symboles. Le combat contre les extinctions de masse connaît bien l’usage de symbole ; on parle alors d’espèce porte-drapeau. Comme pour porter la flamme olympique, certaines espèces sont choisies pour leur charisme afin de représenter un combat. A l’exception qu’il n’est pas question de 100m haie, mais de l’annihilation de la nature. Qu’en est-il des autres ? 

On se heurte donc ici à ce qui me dérange profondément. L’usage d’espèce porte-drapeau est débattu depuis longtemps. Cette pratique exploite justement la sensibilité du public et les mécanismes des médias. Je remarque qu’avec la recrudescence du green washing et des sensibilités écologiques, ces pratiques ont bon trains. Mais à qui profite le crime, maintenant que le vert is the new black ? Certainement pas aux luttes écologiques. Premièrement parce-que des marchés économiquement juteux font rarement la paire avec les idéaux environnementalistes. Mais surtout parce que cette machinerie, aux airs hollywoodiens, occulte souvent le fond du message.

Si l’idée de choisir des “stars” pour faire la publicité sur la préservation de l’environnement n’est pas idiote, le problème c’est qu’il n’est plus l’heure de la pub. Je pense que suffisamment de personnes sont touchées par ces sujets pour qu’il soit temps de saisir les raisons des crises écologiques. Cessons de pleurer, tentons de comprendre. Et la surreprésentation de certaines espèces ne va pas dans cette direction. Voici, à mon sens les principaux effets pervers que cela a : 

 

1- L’effet projecteur

Mettre trop de lumière sur une espèce c’est automatiquement placer la majorité dans l’ombre. Pourquoi ne parle-t-on pas de ce qui constitue l’ensemble de la richesse des écosystèmes australiens ? Cet effet est d’autant plus fort lorsque l’espèce est peu visible ou charismatiques, comme la végétation ou les insectes. N’oublions pas que la végétation est la principale victime de ces incendies, n’a-t- elle pourtant pas un rôle essentiel dans un écosystème ? 

 

2 – L’effet adoption

On cherche souvent à agir directement sur les symptômes visibles d’un problème. Cela est directement lié à l’effet précédent, on agit sur ce qui est visible. De la même façon qu’il y a une inclinaison de l’homme à prendre soin des (et adopter idéalement) animaux qui souffrent sous nos yeux. Toutefois c’est voir le problème dans sa particularité et non dans sa globalité. C’est ici se préoccuper isolément des espèces alors que c’est le système dans son entièreté qui est touché. Sont alors ignorées des caractéristiques importantes des écosystèmes comme les fonctions écologiques ou encore les chaînes de régulation du système. Des éléments, où je le répète des composants insignifiants peuvent tenir une place essentielle, comme les insectes, les plantes, les champignons et les bactéries. Comme pour une maladie, traiter le symptôme c’est se garder de prévenir des maux futurs. Les bouleversements en cascade qu’entraineraient l’effondrement d’un écosystème sont nettement supérieures à ceux que l’on pouvait chercher à  éluder en premier.

 

3 – L’effet Disney

Les recherches de Franck Courchamp (CNRS) ont montré que les espèces charismatiques n’étaient pas pour autant les espèces les mieux portantes. En effet, Courchamp a répertorié les espèces les plus appréciées auprès de la population. Il a posé la question sur des sites internet, dans des écoles primaires, épluché les affiches de films d’animation, les pages principales des websites de zoo, etc.. Sa conclusion ? La majorité de ces espèces étaient en voie d’extinction malgré la publicité dont elles bénéficient. Selon lui, l’omniprésence de ces animaux-totems donneraient une mauvaise appréciation du danger de leur disparition. Plus on voit un animal, moins on le pense rare :

 

“En utilisant librement l’image d’espèces rares et menacées dans la commercialisation de leurs produits, de nombreuses entreprises peuvent participer à la création de cette perception biaisée, avec des effets néfastes involontaires sur les efforts de conservation, qui devraient être compensés en canalisant une partie des bénéfices associés vers la conservation. Selon notre hypothèse, cette perception biaisée serait susceptible de durer aussi longtemps que la présence culturelle et commerciale massive d’espèces charismatiques ne s’accompagne pas de campagnes d’information adéquates sur les menaces imminentes auxquelles elles sont confrontées” – (Courchamp et al. 2018)

 

Comme Courchamp le pointe, c’est un problème d’information. Dans le cas de notre koala la situation est légèrement différente puisqu’au contraire on s’indigne de sa disparition. Mais je préciserais que la transformation d’espèce en icône a l’effet pervers de la rendre intéressante, pour l’image, le tourisme, voire le braconnage (cf. image ci dessous), mettant encore plus en péril sa survie.

 

 

La progéniture de Trump dans toute sa splendeur !

La progéniture de Trump dans toute sa splendeur !

 

J’accuse donc cette pétition de représenter ce que je considère être de la “mauvaise écologie”. Pourquoi ? Parce que c’est une forme de sensiblerie qui ignore tout des principes scientifiques de l’écologie. Or un des problèmes majeurs pointé par l’écologisme c‘est l’ignorance du fonctionnement de la nature et l’inconséquence qui s’ensuit. Faire de l’écologie sans écologie est une bêtise coûteuse. L’empathie ne peut suffire si l’environnement reste compromis. Pas si différent que d’être climatosceptique en somme, les pleurs en plus. J’exagère évidemment. C’est néanmoins une mise en garde contre la mise en image de causes importantes. 

La biodiversité ne brûle-t-elle pas en dehors de l’Australie sous l’effet d’une humanité toujours plus vorace ? Faut-il attendre de réels flamboiement pour s’en soucier ? Ou bien faut-il attendre des victimes aussi charmantes que le koalas pour s’en émouvoir? 

Moi qui avais promis de faire bref, c’est raté. La prochaine fois ce le sera, je vous l’assure.

24 janvier 2020 3 commentaires
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Carnet de voyage

Titiller l’aventure

par un contributeur 20 janvier 2020
écrit par un contributeur
hitchhiker

 

Gaël est un explorateur des temps modernes. Chaque mésaventure, qui pourrait le faire passer pour un “étourdi” , Gaël les transforme en véritables épopées. Outsider,  je l’ai croisé un matin, en train de rallier  Paris 15ème – Lieusaint, 43 kilomètres, en courant. Un défi qu’il m’a dit. Ah, très bien. La différence entre Gaël et nous ? Il a une solide paire de jambe.  Découvrez sa dernière aventure et sa vision du bonheur dans cette tribune au goût épique. – Romain 

 

Je voudrais vous raconter l’aventure que j’ai vécu, le 25 novembre 2019, dernier jour d’un week-end prolongé avec des amis.

 

Sauf erreur, je ne me trompe jamais

Lundi matin, 10h, je pars prendre mon bus depuis Lille en direction de l’aéroport de Bruxelles. Arrivée prévue 1h avant la fermeture de la porte pour être large. Le bus passe par Bruxelles centre pour enfin arriver à l’aéroport, à l’heure. Victoire. 

C’est là que ça se corse.

Je rentre dans le terminal 1, serein, regarde le panneau d’affichage “avion en direction de Wien –  15h30”. Le mien étant prévu à 15h40, je me dis que la compagnie l’a peut-être avancé.

C’est à ce moment là précis, que j’ai compris quelque-chose. Je vérifie, et oui, je m’étais trompé d’aéroport, le mien se trouve à Charleroi. 45min en voiture.

Je commence à comprendre qu’il va falloir que je trouve une solution. Je regarde les Blablacars, aucun avant 1h, les bus : aucun, les trains … je n’en parle même pas. En même temps, qui fait des trajets d’un aéroport à un autre … à part moi … ? Personne !

 

Lost

 

Le pouce en l’air

Bon, sur Maps, c’est 45 minutes en voiture. Je me lance. Je cours direction la sortie des parkings et commence le stop. Au bout de 5 minutes, je trouve mon premier chauffeur qui m’amène à Waterloo. Pendant le trajet, je continue de chercher des Blablacars, des bus, ou des trains,  mais rien.

A Waterloo, je me fais déposer à un feu. J’attends encore 5 longues minutes. Toutes les voitures ne vont qu’au bout de la ville et je sais par expérience qu’un feu fonctionne mieux qu’un rond point. On peut demander à la fenêtre des voitures au lieu de lever le pouce, c’est plus facile. Finalement, j’accepte qu’on m’amène au prochain rond point.

Sur celui-ci, la troisième voiture à qui je demande accepte de me prendre. A ce moment là,  je suis à 35 min de l’aéroport et la porte ferme dans 40 minutes, j’ai encore 5 minutes de marge.

 

Stop

 

Monsieur Frederick 

Le monsieur, Frederick, directeur du chantier d’un hôpital de Bruxelles, va à 20 minutes de l’aéroport. Je discute beaucoup avec lui de son boulot qui ressemble au mien. Bien sûr, il connaît la situation dans laquelle je me trouve et double tout ce qu’il peut.

A un moment, j’ose demander “est-ce que vous accepteriez de m’offrir 20 min de votre temps en m’amenant à l’aéroport”. Il me répond “arffff ”, sans rien dire de plus. Au fond de lui, il se demande s’il est pressé. Je continue la conversation qu’on avait sur les chantiers publics, on parle, on parle, il double, il double. Puis, il me dit à 5 minutes de son arrêt: « bon allez, je t’amène sinon tu ne l’auras jamais ton avion ». Il est 14h50, la porte ferme à 15h10 et le GPS annonce toujours 15h05, mais Frederick m’explique qu’il ne pourra pas me déposer devant l’entrée du terminal, mais avant les parkings. Pas de souci, j’ai toujours été un bon coureur. 

Pendant le trajet, je lui demande comment je peux le remercier, il me dit: «cours et ne loupe pas ton avion». Je lui demande son numéro pour le tenir au courant de mon arrivée.

Il me dépose, je sprinte en direction du terminal T1 tout en essayant de vérifier que c’est bien le bon terminal. Je passe un premier panneau avec marqué: Terminal 10-15 minutes à pied, je trace, donne tout mon potentiel, je rentre dans le T1, passe la porte de vérification , enlève mon sac, le fait vérifier. « oula il est pressé celui-là ». Je continue ma course, je passe devant tous les magasins de l’aéroport, en essayant de bousculer le moins de personnes sur mon passage, en choisissant la meilleure trajectoire possible. Il est 15h11 et je vois la porte, mais aussi la queue derrière qui signifie que c’est bon, j’ai réussi.

 

Course

 

Le bonheur est une aventure 

Je m’assois, souris, et continue de me dire que c’est cette vie que je veux, celle où l’aventure est primordiale. Le bonheur que j’ai eu, l’aide de la part des auto-stoppeurs qui étaient de tout cœur avec moi et qui m’ont donné du courage, des sourires, du bonheur.

Parfois, dans la vie, il faut se donner les moyens d’y arriver, se bouger, et parler de nos soucis. Demander, car les êtres humains ont pour la plupart envie d’aider lorsqu’ils en ont la possibilité et aiment être remerciés.

C’est ce bonheur que j’aime partager au quotidien, mon sourire, le récit de mes aventures, mes projets, mes rêves.

Faites comme moi, osez, allez chercher ces moments qui sont si incroyables, titillez l’aventure. Si vous vivez votre vie au quotidien, qu’est ce que vous allez raconter à vos enfants ? vos amis pendant les dîners ? Votre conjointe ou votre conjoint quand vous le rencontrerez ?

Du courage, il en faut de temps en temps, osez et le bonheur que vous recevrez en échange vaudra 100 fois plus que le bonheur de celui qui n’a rien tenté.  

Merci de m’avoir lu et à bientôt pour de nouvelles aventures.

PS: lorsque tous les voyageurs sont entrés dans l’avion, nous avons dû attendre 30 minutes qu’un autre équipage de Ryanair arrive.

PS2: la plupart des gens ne se seraient pas trompé d’aéroport

 

Stop

20 janvier 2020 0 commentaire
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Kol Ukok, Kirghizistan, 2015.
Traditionnellement, la yourte est ouverte vers le sud par une entrée unique. A l'intérieure, l’espace est quadrillé selon un usage précis. Le sud et l’est de la yourte sont l’espace de la femme où se trouvent le foyer et la place de travail. L’espace de l’ouest est réservé à l’homme et aux invités. Cette photo est révélatrice : dirigée vers le sud, c’est la femme qui se dévoile, à sa place comme l’admet la tradition
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Le comédien ET metteur en scène Michaël Benoit Delfini
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Anthropologue ayant réhabilité l’anarchie ♾ Figure du mouvement Occupy Wall Street ♾ Ecrivain multi-récidiviste ♾ Les Sex Pistols n’ont qu’à bien se tenir ! 
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Dessin + article par l’audacieux @tibovski ✏️
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ARTICLE A RETROUVER (GRATUITEMENT) SUR NOTRE SITE (lien en bio)
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