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Voir, juger, agir.

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Voir, juger, agir. Aventures et mésaventures à travers le monde... 🌦
ActualitéTibovski - Dessin de la quinzaine

Les fêtes de l’insignifiance : vers un monde en crise

par Tibovski 8 janvier 2020
écrit par Tibovski
Les fêtes de l’insignifiance

Si les fêtes de fins d’années peuvent évoquer joie et liesse dans nos foyers français, celles-ci marquent également les plus tenaces contradictions de notre civilisation.

Dans le cadre de mon intervention bi-mensuelle, je trouvais intéressant de me pencher sur le profond écart entre les valeurs et les pratiques qui caractérisent cette période. Rien de bien original ? J’en conviens. Plus précisément, je pensais traiter ce thème sous le prisme de sujets actuels. Par exemple en montrant comment la grève générale, plutôt que de gâcher l’esprit convivial des fêtes, comme le gouvernement et ses acolytes s’escriment à nous le faire croire, peut incarner la beauté du sacrifice joyeux, festif et collectif. En bref, je pensais finir l’année avec une touche de légèreté en célébrant des formes alternatives de festivité. 

Mais comme exprimé dans mon dernier billet, ces sentiments sont toujours de courtes durées chez moi… et le tableau s’assombrit…

Outre le constat amer que les “consciences écologiques et politiques éveillées” n’ébranlent pas un instant le système de surconsommation, l’actualité n’est guère plus réjouissante. En ce début de décennie, les événements récents semblent davantage annoncer la fin de quelque chose qu’un début. 

Les mouvements de contestations ne faiblissent pas dans le monde, ni pour autant la résilience des systèmes contestés. Ce qui traduit, à mon sens, une cécité grandissante des oligarques quant aux réclamations des peuples. Seule la répression est envoyée en réponse. On peut craindre pour l’état, déjà inquiétant, des libertés individuels dans ce monde. 

 

Une nature qui gronde

L’Indonésie connaît des inondations meurtrières probablement causées ou renforcées par la forte urbanisation de certaines régions. L’Australie est aux prises avec une catastrophe écologique terrifiante ; cette formidable réserve de biodiversité est actuellement ravagée par les flammes. Non seulement l’accélération des incendies est en partie causée par le réchauffement climatique, mais cette catastrophe aura un coût dévastateur pour l’écologie avec déjà 480 millions d’animaux morts et 250 millions de tonnes de CO2 dégagées. Ce genre de cercle vicieux est caractéristique de la dégénérescence des systèmes complexes. 

 

Donald got his gun !

Et enfin, le président américain, officiellement mis en accusation (“impeached”) – il est bon de le rappeler – a commandité l’assassinat du numéro deux de la république islamique d’Iran sans l’accord du congrès. Ce choix politique est particulièrement dangereux en raison d’une guerre froide qui se joue actuellement au Moyen-Orient et dans le monde entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. Le déclenchement d’un conflit ouvert pousse le réseau d’alliance à se positionner et pourrait donc être à l’origine d’une guerre mondiale. Et cela est d’autant plus inconséquent que les raisons qui sont à l’origine de cette attaque sont relativement maigres.. Suite à l’attaque de l’ambassade américaine à Bagdad, Trump a accusé l’Iran d’être l’initiatrice de cette émeute. 

 

Ça sent le sapin…

En résumé en cette première semaine de l’année, le monde se meurtrit de multiples crises ; politiques, écologiques, diplomatiques. Seule une crise économique mondiale manque à l’appelle, quoi que. Pour autant, ces multiples crises sont l’effet d’un système économique particulièrement délétère qui broie hommes et nature dans la plus stricte indifférence. Et si l’économie partage avec écologie le terme oikos- celui qui désigne le foyer en grec, alors une économie qui accélère la désertification des écosystèmes, les inondations, l’instabilité politique et diplomatique mondiale est une économie en crise. Nous ne pouvons ignorer que les rapports internationaux sont presque exclusivement dictés et rythmés par des paramètres économiques. Le poids des Etats, les alliances et sanctions sont déterminés par ces mêmes règles. Et ce sont ces règles qui poussent certains pays à une industrialisation et à l’exploitation abusive des matières premières qui aggravent les conditions écologiques et climatiques mondiales. Bien évidemment les conséquences n’ont pas le même impact sur l’ensemble des territoires. Cette disparité repose sur des inégalités économiques qui elles-mêmes fondent et accroissent d’autres formes d’inégalités. Ainsi, je ne me contenterai pas de pointer l’incohérence de la surconsommation en temps de fête, mais plutôt l’ensemble de la machinerie qui construit culturellement ces comportements et ravage d’un même mouvement les conditions d’existences d’êtres vivants. C’est bien l’ensemble qui dérange. Ainsi en ces fêtes, “l’insignifiance” dans le titre dénonce bien le futile et la légèreté de ces célébrations, mais aussi la perte de la signification (au sens littéral d’insignifiant = qui ne signifie rien) des valeurs prônées par ces mêmes célébrations. 

 

Cela ne nous interdit pas de célébrer l’union, la charité dans le rapport à autrui. Bien au contraire c’est au nom même de ces principes que nous ne devrions pas ignorer la violence de l’organisation économique actuelle. Et c’est au nom même de ces principes que la situation actuelle me rend d’humeur si sombre ici. 

 

Bonne année tout de même ! Et à la prochaine quinzaine.  

 

Les fêtes de l’insignifiance

8 janvier 2020 1 commentaire
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Baudouin Duchange - Chroniques

La vraie vie

par Baudouin Duchange 6 janvier 2020
écrit par Baudouin Duchange
La vraie vie

 

Ah le retour en entreprise après les vacances de Noël ! Le coup de blues de la rentrée se consumant dans un café avec un goût de plastique fondu – le premier de l’année. Les retrouvailles fraternelles et emplies d’allégresse avec nos chers collègues, ou plutôt collaborateurs, et pourquoi pas amis, ou même famille professionnelle ! Et notre responsable N+<3 qui, la démarche débordante d’énergie positive, le sourire croisé-dynamique plein d’espoir dans le travail à venir, arrive pour nous remettre son bonjour. Bonne année patronne ! Un regard vers une pile de dossiers inachevés nous renvoie à notre repos encore si fatigué par les dernières festivité. Une larme coule à l’intérieur. C’est le coup de fouet, souvenir d’un cri de détresse oublié, la rentrée. 

 

C’est pourtant très jovialement qu’un collègue rendant visite à mon bureau dévoila sa tête pleine d’une joie stupide dans l’encadrement de la porte et me susurra : « alors le retour à la vraie vie ? Pas trop dur ?! ». 

– Et bien écoute, c’est un calvaire de retrouver ta sale gueule en tout cas, ne lui dis-je pas. 

– Oui c’est vrai qu’il faut toujours un temps d’adaptation. Moi aussi ça va, merci ! 

– Je t’en pris gros con. Attends une minute, fin de cuvée fini à la pisse, pourquoi, dans ton inconsciente maladresse d’idiot du 9ème étage, as-tu utilisé cette expression de « vraie vie » ? Qu’est-ce que ça signifie le retour à la vraie vie ? 

– Bah, me lança t-il d’un air gras, l’oeil las et le front bas, c’est quand on retourne au métro-boulot-dodo quoi ! termina-il avec une lueur malicieuse dans les yeux. 

– Dis moi alors en quoi mes putain de vacances de Noël ne sont pas la vraie vie, ignoble pourceau né pour dire et bouffer de la merde à longueur de journée ? ne lui demandais-je pas. 

– Bon tu as l’air concentré, je te laisse ! Bon courage et à tout à l’heure à la cantine ! conclut-il, les mains moites.  

 

Marshall Eriksen, dans How I Met Your Mother

Marshall Eriksen, dans How I Met Your Mother

 

La vie à part entière  

Ceci-dit, il n’a pas tort pour autant ce bout d’os totalement dénué de bon sens ! Pourquoi ce sentiment de tristesse lorsque l’on rentre de congés ? Pourquoi cette impression d’avoir oublié en vacances quelque chose de plus important que ce que l’on retrouve sur son bureau ? Mon collègue soupçonne le quotidien d’en être la cause. Comme lui, d’une certaine manière, Schopenhauer pensait que « chaque jour est une vie à part entière ». Mais il faut pour cela, à mon sens, se forcer à mettre en oeuvre cette vie entière dans chaque journée que l’on passe. Or, en venant travailler chaque matin dans le même bureau, avec les mêmes problèmes et thématiques professionnelles, à discuter des mêmes choses avec les mêmes personnes – c’est-à-dire : congés payés, salaire, problème de transport, immobilier, travaux – la même question languissante me revient chaque soir : où est la vie à part entière ? Où est la part des anges qui satisfait notre créativité et notre désir d’intelligence ? Perdue dans le quotidien de nos journées de travail répétitives.

 

Peut-être que la faute originelle se trouve dans le fonctionnement de notre système du travail moderne. Le problème est celui de la taylorisation du travail, qui est toujours le même système depuis le début du salariat, de l’industrialisation et du capitalisme. Le taylorisme est un « système d’organisation scientifique du travail et du contrôle des temps d’exécution » (eh merce Larousse). Ainsi, pour Taylor et ses copains,  le meilleur moyen de maximiser les rendements d’une production était de diviser au maximum les tâches, au préalable réfléchi pour être les plus efficace,dans leur geste, rythme et cadence, tout en leur attribuant une rémunération « motivante ». L’illustration industrielle la plus connue est celle du film de Charlie Chaplin, Les temps modernes, où un salarié devient fou à force de resserrer tous les jours des boulons.

 

Mais le problème du travail à la chaîne n’a pas disparu avec les usines ! On le retrouve aujourd’hui dans des entreprises comme McDonald’s ainsi que dans tous les métiers de service. La nouveauté contemporaine est donc que nous sommes passés d’un taylorisme « physique » à un taylorisme intellectuel. La conséquence, en revanche, est resté : le sentiment de vacuité qu’on peut ressentir au travail. Pourquoi ? Car à force de se spécialiser dans des sous-sous-sous matières, de créer des sous-sous-sous directions dans les entreprises, et de travailler uniquement sur des questions spécifiques sur lesquelles nous sommes spécialistes, on ne voit pas ce que l’on produit. Résultat d’autant plus aggravé par la numérisation au travail. Cette organisation du travail dans les entreprises produit un sentiment de vacuité et crée un profond ennui du travail. Super la vraie vie…

 

Les temps modernes, Charlie Chaplin

Charlie Chaplin dans Les temps modernes

 

La liberté opposé au travail ?

Mais il faut pourtant bien travailler ! En effet, qu’importe ce genre de balivernes théoriques lorsqu’on a faim, un emprunt à rembourser, une famille à élever, un manque à combler, un réservoir à remplir, un projet à réaliser, une bouche à nourrir ; enfin, une vie à mener bon sang ! Bien entendu qu’il est bon de travailler, chacun à ses raisons, même lorsqu’on n’en a pas.  Avec tous ces éléments, une problématique se pose pourtant. En effet, lorsque mon collègue me souhaite un bon retour à la vraie vie, il me souhaite en fait un bon retour à un profond ennui que j’accepte uniquement pour me payer une vie. Mais en fait, pourquoi l’accepterai-je ? Car alors, l’équation est la suivante : l’angoisse de la rentrée = retrouver le quotidien = retrouver l’ennui = payer de quoi se payer = retour à la vraie vie = la vie n’a donc aucun sens ?? 

 

Je pense simplement que la vie ne doit pas se limiter à cela. Dans Miss Harriet (à retrouver en intégralité en cliquant sur le lien), Maupassant écrit un bel éloge de la liberté errante : « Je ne sais rien de meilleur que cette vie errante, au hasard. On est libre, sans entraves d’aucune sorte, sans soucis, sans préoccupations, sans penser même au lendemain. On va par le chemin qui vous plaît, sans autre guide que sa fantaisie, sans autre conseiller que le plaisir des yeux. On s’arrête parce qu’un ruisseau vous a séduit, parce qu’on sentait bon les pommes de terres frites devant la porte d’un hôtelier. Parfois, c’est un parfum de clématite qui a décidé votre choix, ou l’oeillade naïve d’une fille d’auberge ». 

 

L’idée n’est pas, bien-sûr, de se reconvertir du jour au lendemain en gens du voyage, mais de bousculer un peu notre quotidien à la rencontre des autres, de répandre un peu d’imprévu dans nos journées planifiées, souffler un vent de poésie et de fantaisie dans notre société où tout doit être contrôlé, prévu, surveillé, exécuté. 

 

Comment trouver cette liberté ? L’écrivain Colin Wilson se demandait si la « recherche de liberté finissait, toujours aussi inévitablement, dans le lit des femmes ». Je ne sais pas. Personnellement, je cherche toujours. J’entendais l’autre jour dans le RER une dame discuter avec sa copine de Léonard de Vinci : « on dit parfois que c’était un chercheur, mais bon, comme on dit, quand on cherche on ne trouve pas forcément si tu vois ce que je veux dire ». Non désolé, je ne vois pas ce que tu veux dire, vieille peau ! En revanche, cela résume assez bien ce que je ressens : on ne trouvera certainement jamais la liberté telle quelle, mais c’est justement dans l’action de chercher que se manifestera une satisfaction, une récompense, une création, la vraie vie !

 

Conclusion 

« Et moi, je vais finir cette bouteille de vin

En regardant la table, en me tordant les mains

Et moi, je vais passer la nuit dans le jardin

À compter les étoiles, ça ira mieux demain » 

 

Johnny hallyday, Parc des Princes 1993

Johnny hallyday, Parc des Princes 1993

 

Johnny a, comme toujours, certainement raison. Avec un peu de pain, un peu d’alcool, un peu de repos, ces réflexions me passeront, un jour. Peut-être même parviendrais-je à les oublier ? Je ne l’espère pas, car sinon j’aurai abandonné. En attendant, fini de rêver car demain rebelote, au boulot ! 

 

6 janvier 2020 0 commentaire
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Tribune

L’Autre Monde : Une journée dans l’association

par un contributeur 25 décembre 2019
écrit par un contributeur
Autre Monde

Albi est sur son temps libre bénévole à l’association Autre Monde sur la mission de la Kfet. Cette association lui tient particulièrement à coeur car elle affirme dans toutes ses actions des convictions qui lui sont chères comme l’accueil inconditionnel, la cogestion, la collaboration et la complémentarité avec d’autres structures ainsi que l’indépendance.

L’Association Autre Monde propose différentes actions pour créer du lien social avec des personnes exclues, isolées, en situation de précarité ou de migration. Elle propose de nombreuses actions (maraudes, camions d’accueil, ateliers sociolinguistiques, projets culturels…). Parmi elles, trois fois par semaine une Kfet a lieu. La Kfet est un véritable espace de vie, de rencontres et d’échanges. Elle a pour but d’offrir aussi bien un cadre chaleureux que de fournir des informations et de l’aide en matière d’orientation sociale. C’est ce qu’essaye de retranscrire ce texte : la création d’un espace d’échange et de solidarité pour quelques heures dans un coin du 20ème arrondissement de Paris, entre des personnes venant de tous les horizons. Pour préserver l’anonymat des personnes leurs prénoms ont été remplacés par des noms de ville.  

Autre Monde

 

13H30

Lorsque j’arrive dans la salle, celle-ci s’apprête déjà à réceptionner le monde. Le percolateur ronronne dans un coin et tout le monde s’affaire. Le thé doit être bien chaud. Un thé vert et un thé noir. Le lait doit être sorti, les sirops mélangés, le chocolat chaud préparé. Puis, ce sont les ordinateurs que l’on allume et les tables que l’on déplace. Tout le monde doit être accueilli dans un espace convivial et chaleureux ; comme dans un foyer car tout le monde a besoin d’un foyer. Enfin, je mets la petite table à l’entrée pour accueillir nos visiteurs. 

 

14H 

On ouvre la porte, le monde entre. Un par un, petit à petit d’abord puis de plus en plus dense. Le brouhaha s’installe et je note les noms. Bamako et Bafrara viennent d’arriver. Le premier fait du théâtre dans la troupe d’Autre Monde et le second joue dans l’équipe de foot. Le tournoi d’hier s’est bien passé. Ils partent chercher un café et reviennent s’asseoir à la petite table de l’entrée. Tataouine arrive, son sac sur le dos. Large sourire, il me lance comme presque à chaque fois « Comment ça va ma p’tite dame ? ». Lui aussi est un habitué, on se retrouve chaque semaine. Nous bavardons tranquillement. 

 

Club de Foot Autre Monde

L’équipe de Foot de l’association Autre Monde

 

14H30

Deux nouveaux visages entrent. Je leur demande leurs noms, Yamoussoko et Bouaké. C’est la première fois qu’elles viennent et voudraient avoir des informations sur ce que l’administration française appelle « Le droit des étrangers ». Je demande à Bamako et Bafrara de prendre le relai à l’entrée et m’empresse d’aller chercher les documents concernant La Cimade. Une fois les informations données, je leur parle des activités proposées à Autre Monde : foot, écriture, théâtre, atelier du goût etc. Les liens se tissent et je les reverrai, régulièrement, aux autres Kfet ou à la braderie, et elles me deviendront familières. 

 

15H 

Je pars me chercher un thé. Entre temps, Rabat est arrivé. Lui aussi est dans l’équipe de foot et me raconte le tournoi de la veille. A côté, Béjaïa a l’air soucieux. Il me raconte l’histoire de ces femmes qui manifestent à Nantes. L’histoire de ces hommes algériens qui sont mariés et partagent leur vie avec des femmes françaises. Mais cela n’a pas l’air de suffire pour les services de l’immigration. Sur les conseils de leurs avocats, certains sont retournés en Algérie avec l’espoir de revenir en France avec un « visa de conjoint étranger de ressortissant français ». Colère. Les autorités refusent de plus en plus de délivrer les visas. 

 

15H30

Mon café bu, je lave rapidement ma tasse. Il est trop beau ton bracelet, me dit Bafrara. Je l’ai acheté en Roumanie cet été. Tu as de la chance de pouvoir voyager où tu veux, comme tu veux. C’est vrai, tu voudrais aller où ? Je ne sais pas, juste bouger, alors que je suis bloqué là. Il retourne s’asseoir à la table de l’entrée. 

Je balaie la salle du regard. Krakow est concentré sur ses mots croisés. Kabul écoute de la musique sur YouTube. Gaza fait une sieste dans l’un des canapés. A l’entrée, Bamako, Abidjan et Bafrara entament une partie de 151, un jeu de carte proche du Uno, très populaire au Mali mais également à Autre Monde. Ivry me raconte ses projets. Il veut partir au Portugal. Il en a marre de travailler pour une misère pour payer un loyer trop cher. Là bas, il gagnera plus et les loyers seront moins chers. Peut être même qu’il sera propriétaire. Qui sait. Et puis il fait beau là bas. 

 

Sortie de l'association Autre Monde

Une partie de l’équipe devant les locaux dans le 20ème arrondissement de Paris

 

16H 

L’heure du goûter sonne. Tout le monde attend la distribution du gâteau qui vient toutes les semaines à la même heure. Cette semaine c’est un Quatre-Quarts et des Palmitos qui circulent dans toute la Kfet sur un plateau. Un nouveau visage entre. Il s’appelle Bogota. Il vient d’arriver en France et voudrait s’inscrire à la fac, en cinéma. Je cherche le nom d’une association qui pourrait l’aider à s’inscrire. Il me parle aussi de son petit frère. Il voudrait l’inscrire à l’école primaire. On cherche alors l’école de secteur qui pourrait l’accueillir. Ils sont venus en France avec leur mère. Il me demande également où est ce qu’il pourrait avoir des cours de français. Je lui conseille ceux d’Autre Monde. J’espère que cette fois encore, ce visage me deviendra familier. 

 

17H

Je reviens à ma petite table à l’entrée. La Kfet est pleine et un joyeux brouhaha règne. L’atmosphère y est chaude et l’on peut voir les passants emmitouflés braver le froid de l’autre côté des baies vitrées. Le 151 a été remplacé par un tournoi de Puissance 4 et Gaza se joint au groupe des joueurs. Katmandou et Chatou viennent d’entrer avec leurs valises et leurs sacs. Ces valises, ils les déplacent quotidiennement de station en station, le long des lignes entre l’Aéroport Charles de Gaulle et Gambetta. Ils se dirigent droit vers le bar et commandent un café pour ensuite aller s’asseoir aux ordinateurs. 

 

17H30

Il est maintenant 17h30. Le monde s’en va petit à petit. Certains restent le plus longtemps possible mais tous finissent doucement par s’éparpiller dans les rues alentours. Le percolateur est arrêté, la vaisselle lavée, les tables remises à leur place. Les ordinateurs sont en veille et la lumière s’éteint. Cet Autre Monde reprendra vie demain, lorsqu’une multitude d’êtres humains reviendront pour y tisser de nouveaux liens. 

 

Autre Monde

Sortie à Veules-les-Roses (2017)

 

Article écrit par Albi

25 décembre 2019 0 commentaire
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ActualitéTibovski - Dessin de la quinzaine

Guerre et Paix : La “Lady” au double visage

par Tibovski 20 décembre 2019
écrit par Tibovski
Aung San Suu Kyi

“Les hommes ne sont point ainsi bâtis qu’on puisse en faire deux groupes, dont les uns ne mériteraient aucune confiance, tandis que les autres la mériteraient toute. De même on ne peut distinguer parmi les hommes les guerriers et les pacifiques; c’est le même homme qui fait la guerre et qui la maudit; et souvent il la loue et il la maudit dans la même phrase, et en quelque sorte du même geste.” 

Alain (1985)

Je dois vous confesser que je suis de nature colérique. Il y a même de grandes chances que ce soient colères et indignations qui motiveront beaucoup de mes contributions ici. Le visage du monde ne m’apparaît pas sous ses plus beaux traits. Toutefois c’est au travers de cette montagne de fange que brillent plus sublimement les rares exceptions. Et ces exceptions valent mon admiration. Mais ce dont je vais vous parler ici tient une place singulière dans ce schéma simpliste. Je parle bien sûr de l’indignation profonde que peut me causer la déception ; ce revers douloureux de l’admiration.

Oui ! J’ai pu admirer Aung San Suu Kyi pour son engagement pacifiste. Et oui son rôle, aujourd’hui manifeste, dans le génocide des Rohingya m’indigne férocement.  

Aung San Suu Kyi représente depuis quelques jours la Birmanie devant la Cours de Justice Internationale (CJI) à La Haye. La Gambie a saisi la CJI le 11 novembre en portant plainte contre le Myanmar (Birmanie) au sujet du génocide de la minorité musulmane des Rohingya. L’audition a commencé le 10 décembre. 

 

Une lutte pour la démocratie

Aung San Suu Kyi est une militante politique birmane. En 1988 après ses études et un poste aux Nations Unies, Suu Kyi retourne vivre en Birmanie au moment où le pouvoir du général Ne Win est mis en péril par des mouvements pro-démocratiques. Le conseil d’Etat pour la paix et le développement, une dictature militaire, s’impose en réponse le 18 septembre 1988 suite à un coup d’Etat. Suu Kyi s’engage alors pour lutter contre le régime en créant la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) et incite la population à se mettre en grève. Elle est arrêtée un an après avec d’autres représentants du mouvement, et sera assignée à résidence pendant 6 ans. Son parti remporte très largement la majorité au scrutin de 1990 mais les élus ne sont pas autorisés à siéger au parlement. Par la suite le régime continuera à limiter ses droits et déplacement ainsi qu’à l’intimider en s’attaquant à ses proches et finira par l’arrêter de nouveau en 2003.  Elle est enfin libérée en 2010 après les premières élections depuis 1990 et rencontre en 2011 Thein Sein le premier président élu depuis le putsch de 88.

Le nouveau gouvernement démocratique, que les observateurs désignent comme une “mascarade” du régime, semble tout de même enclin a opérer une transition démocratique, notamment suite à sa victoire et celle de son parti aux élections législatives de 2012. Son parti la LND en gagnant les élections de 2015 remplace le gouvernement précédent. Et bien que ne pouvant être présidente, Aung San Suu Kyi dirige de facto le pays par les multiples postes ministériels et législatifs qu’elle occupe depuis 2015 et par l’allégeance profonde que lui prête le nouveau président Htin Kyaw. 

Aung San Suu Kyi s’est battue et a été privée de liberté pendant plus de 20 ans ; années durant lesquelles elle n’a pas pu revoir ses enfants, ni son mari avant sa mort en 1999. Elle dirige aujourd’hui ce pays avec le même parti qui lui a valu les répressions du régimes précédent et reçoit enfin en 2012 le Prix Nobel de la Paix qu’on lui avait attribué en 1991. Un belle histoire qui se finit bien ? Comme Gandhi ? Comme Mandela ? Pas vraiment…

Aung San Suu Kyi

La destruction progressive d’un peuple

A l’ouest du pays, sur le plateau d’Arankas vit depuis plusieurs siècles une ethnie musulmane : les Rohingya. Actuellement cette population est considérée par l’ONU comme la plus persécutée dans le monde. 

Déjà au 18ème les portugais et birmans exploitent les Rohingya, dont les territoires sont annexés en 1784 par la Birmanie, et en font des esclaves. La colonisation anglaise libère provisoirement ces populations de ce joug. Ce qui fait que cette ethnie est favorable et fidèle aux troupes anglaises jusqu’à l’indépendance de la Birmanie en 1948. Pour cette raisons les Rohingya apparaissent pour des traîtres aux yeux des birmans qui recommencent à les persécuter entraînant alors d’importants mouvements d’émigration. Le régime autoritaire de 1988 endurcit la répression en retirant la citoyenneté à l’ensemble de la communauté ou en leur imposant des travaux forcés. Ce qui a pour effet d’accélérer les migrations. 

La situation s’est envenimée en 2012 avec des persécutions généralisées dans la région suite au viol et meurtre d’une bouddhiste. Soupçonnant un musulman d’être à l’origine du crime, des attaques monstrueusement violentes ont été menées contre des villages Rohingya. Lors de ces attaques, parfois même dirigées par des moines bouddhistes, les maisons sont incendiées, les habitants battus à mort, les femmes et jeunes filles violées et tuées. Rien qu’en 2012 plus de deux cent morts et une centaine de milliers de Rohingya parqués dans des camps de réfugiés sont décomptés. 

En 2016 la situation devient intenable et des groupes de résistance Rohingya se forment pour se défendre et exiger un changement. La migration devient plus intense, augmentant la tension à la frontière avec le Bangladesh. L’Etat birman commence donc à réprimer les révoltes, et le Bangladesh filtre de plus en plus la migration et imagine même fermer complètement la frontière. La situation prend une tournure géopolitique et diplomatique, le haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies s’en inquiète et alarme la communauté internationale sur le sérieux du problème. 

Ce sont ces récemment évènements auxquels le gouvernement du Myanmar prend part que l’ONU qualifie de génocide. Les chiffres sont effrayants, plus de 740 000 Rohingya réfugiés au Bangladesh et 600 000 encore sur place sont sérieusement menacés. Depuis 2016, plus de 34 000 musulmans qui seraient morts dans ce génocide. Le traitement des réfugiés par les autorités bangladaises et birmanes est accusé de violer les droits de l’homme. 

 

Une responsabilité de facto

Aung San Suu Kyi dirigeante de facto du pays est donc directement incriminée dans le traitement de la crise par les Nations Unies et de nombreuses ONG. La situation est extrêmement grave et la ministre des affaires étrangères refuse d’y voir une quelconque responsabilité de l’Etat et encore moins un génocide. Son déni et révisionnisme s’appuie sur le fait que la situation est “complexe” ou encore que la situation est le résultat des “terroristes” (L’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan). Comme elle avait pu affirmer à Erdogan en 2017 qu’elle se heurtait à “un iceberg de désinformation” orchestré par les terroristes.

Cet argument est intéressant quand l’on sait que la Birmanie a un accès particulièrement faible à Internet, notamment dans les populations Rohingya pour qui cet accès est restreint et bloqué en Myanmar ou dans les camp du Bangladesh, et enfin quand les musulmans sont ostracisés de tous lieux d’influence et ce en particulier depuis que le parti de Suu Kyi occupe le parlement. Suu Kyi a refusé de réagir en 2012 de peur “d’attiser le feu”.  Non seulement elle a refusé ne serait-ce que de reconnaître qu’un massacre avait lieu, mais cette dernière a également évincé les musulmans du pouvoir.

Et maintenant que les autorités sont pleinement impliquées dans la gestion de la crise et participent aux massacres, la ministre birmane fait preuve de la même légèreté. La froideur criminelle d’Aung San Suu Kyi lui a valu de perdre certains titres honorifiques comme celui  d’ambassadrice de conscience d’Amnesty ou celui de citoyenne d’honneur de la ville de Paris. Comment peut-elle être encore Prix Nobel de la Paix ? 

 

Qu’en penser ? 

Réalisez-vous l’horreur de la situation ? Cette femme applique les mêmes stratégies autoritaires et fait usage de la même rhétorique que le régime qu’elle a combattu pendant plusieurs décennies. 

Quelle démocratie est-ce ici ? En finir avec les musulmans parce qu’ils dérangent la majorité. Il est fort probable que la démocratie qui aura été au coeur de son combat montre aujourd’hui son pire visage. Celui qu’avait prophétisé Tocqueville : la dictature de la majorité. Laisser le peuple massacrer si tel est son désir majoritaire. Cela est d’autant plus facile quand la cible est une minorité à laquelle on a retiré la citoyenneté. Ah si l’on avait su que le Prix Nobel de la Paix récompenserait le combat pour une démocratie clientélisme. Quoique… avec certains autres lauréats on aurait pu s’en méfier. 

La question est donc de savoir comment une icône de la liberté, finalement au pouvoir est à l’initiative d’un des génocides les plus alarmants de cette décennie. S’il est difficile de savoir la finalité profonde d’Aung San Suu Kyi, il est une certitude qui mérite d’être rappelée : le pouvoir corrompt. Alain déjà rappelait qu’il n’existe pas d’anatomie du tyran :

 

“Combien d’hommes m’ont déçu! Combien d’amis, même ! On pourrait dire que tous les amis de la paix ont trahi. Mais c’est mal parler. Regardez bien; ils se sont orientés selon le pouvoir qu’ils avaient; tout commandement est guerre, par l’attitude, par l’entraînement, par le son de la voix. Mais revenons aux individus. Si je déshabille un général, je trouve un homme; et quand je le disséquerais, et quand nous serions mille fois plus savants que nous ne sommes, je suis sûr que nous ne trouverons en sa structure aucune fibre, ni aucune bosse, ni aucun composé chimique, qui soient spécialement militaires. En cet animal étalé ici et ouvert comme un livre sur la planche à disséquer, j’aperçois le mécanisme de la peur, qui consiste en ceci que tous les muscles, à la première alerte, se tendent, se contrarient, renvoient le sang au ventre, étranglent la vie” –  Alain, Propos sur les pouvoirs, Éléments d’éthique politique, Paris, Gallimard,1985. p 36-37

 

Cela n’arrange pas, du reste, mon problème de colère. Mais bon, du moment que celle-ci ne s’exprime qu’à l’occasion du dessin de la quinzaine, ça devrait aller. 

A dans deux semaines pour un nouveau coup de gueule !

 

PS, Allez-voir :

  • les publications des Nations Unis sur le sujet : https://news.un.org/fr/tags/rohingyas. 
  • Le compte-rendu du 5 décembre d’une séance du Conseil pour les Droits de l’Homme de l’ONU : https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=22491&LangID=E
  • Le son incroyable de Médine sur les Rohingya : https://www.youtube.com/watch?v=GH1cOFInMuw
20 décembre 2019 0 commentaire
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ActualitéTibovski - Dessin de la quinzaine

Haïti : l’île des oubliés

par Tibovski 6 décembre 2019
écrit par Tibovski
HAÏTI : L’ÎLE DES OUBLIÉS

Haïti : l’île des oubliés

Haïti : l’île des oubliés

Voici le premier dessin de la quinzaine qui vous est proposé. Ce dessin illustre parfaitement, à mon sens, la façon dont je conçois BSF et ma contribution bi-mensuelle. Car il est ici question d’alerter aux sujet des oubliés de ce monde. D’importants mouvements sociaux fleurissent aujourd’hui aux quatre coins de la planète. Et si vous n’avez pu passer à côté des étudiants de Hong-Kong, des révoltes tranquilles au Liban et en Algérie, des contestations urbaines atrocement réprimées au Chili, en Iran et en Irak…

Le cas d’Haïti est lui pourtant passé inaperçu. Haïti connaît actuellement la crise politique la plus grave de cette décennie. Pourtant presque aucun média occidental ne relaye précisément la situation alors que l’AFP fait son travail en en informant les journalistes français. 

Qu’est-ce qui peut justifier une telle différence de traitement ? La temporalité ? Les haïtiens sont dans la rue depuis plus d’un an, soit comme les gilets jaunes en France. La gravité ? Ce pays est sans gouvernement légitime depuis sept mois, tous les services publics sont fermés (dont les hôpitaux devant lesquels agonisent les victimes de cette instabilité), l’armée ainsi qu’un député tirent sur la foule (et cela bien plus librement qu’à Hong-Kong), la mafia est utilisée comme arme de répression contre les rébellions.

Il est donc plus que difficile de comprendre et d’expliquer un tel silence, d’où la surprise et l’indignation de l’écrivain Lyonel Trouillot. Mais des questions se posent. Haïti, trop souvent dépeint pour son extrême misère et les ouragans qui le frappent, ne mérite donc pas qu’on s’en intéresse autrement que pour vendre des singles, faire de la promotion chez Franprix ou pour revenir l’image des stars du showbusiness ? Quand ils n’ont rien à perdre, leur situation indiffère. Il y a donc des luttes qui valent plus que d’autres, comme il y a certainement des existences qui valent plus que d’autres. 

Bonne quinzaine à vous !

P.S. Je vous conseille tout de même d’aller vous informer auprès des rares articles traitant de la question, comme sur Mediapart. Ou encore d’aller lire la tribune de Lyonel Trouillot pour l’Humanité. 

6 décembre 2019 2 commentaires
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Baudouin Duchange - Chroniques

La fuite des clochards célestes

par Baudouin Duchange 3 décembre 2019
écrit par Baudouin Duchange
La fuite

Je suis allé voir Ad Astra au cinéma, le nouveau film de James Gray avec Brad Pitt. C’est grâce à ce réalisateur que j’ai appris à apprécier Joaquin Phoenix alors que je l’avais tant haï dans Gladiator. Après avoir monté progressivement les marches du cinéma indépendant (The Yards, La nuit nous appartient, Two Lovers) pour fricoter avec les gigantesques productions hollywoodiennes (The Immigrant, The Lost City of Z), le réalisateur nous offre aujourd’hui un film qui rejoint la liste des films se déroulant dans l’espace.

Le titre n’est pas mensonger : dès le début nous sommes plongés dans les étoiles. Mais ce n’est pourtant pas ce que j’ai le plus apprécié dans ce film. Ce qui m’a touché, c’est la manière dont James Gray utilise cet espace comme prétexte pour mieux poser les questions qui l’intéressent. Plusieurs thèmes adjacents sont abordés : commercialisation par l’homme de chaque nouveau lieu qu’il conquiert, la relation père/fils, les choix à faire dans une vie, leurs incidences, et enfin ce que nous fuyons en partant à l’aventure. C’est le dernier thème qui m’a fait le plus réfléchir. Et qui m’a donné envie de l’approfondir pour BSF. Que fuit donc l’être humain en partant de chez lui ?

 

Fuir, et vite.

Une fuite peut prendre plusieurs visages : camper un été dans les montagnes, faire un échange universitaire à l’étranger, gravir les sommets indomptables ou les immeubles parisiens, s’abandonner dans le travail, devenir DJ électro dans toutes les grandes villes d’Europe de l’Est,  mettre de côté sa famille, s’enfouir à la campagne, trainer dans des PMU enfumés pour refaire le monde. En bref, chercher à attraper le ciel et ses étoiles par n’importe quel moyen. Les exemples sont infinis, ils sont presque aussi nombreux qu’il y a d’originaux sur notre drôle de planète. Partir un an dans les bidonvilles coacher les jeunes indonésiens pour trouver un travail décent entre-t-il parmi ces exemples ?  Lisez les articles de Romain pour essayer de le savoir !

« Moi qu’est-c’tu veux qu’je te dise ? / J’aimerais m’enfuir loin de là / Ici c’est rempli de lâches »  On comprend, à travers le sens des paroles du rappeur marseillais Jul, que la fuite ne peut être uniquement géographique. Quitter un lieu, c’est aussi abandonner les personnes qui y sont associées. Dans Ad Astra, c’est l’humanité entière que le personnage joué par Brad Pitt cherche à fuir. Cette humanité est symbolisée par sa petite amie avec qui il rompt avant de partir pour l’espace. En claquant la porte c’est à ses sentiments qu’il fait ses adieux, mais également à toutes les relations qu’il a pu construire sur place et à l’espoir placé dedans. Il laisse donc sur Terre ses peurs, ses désirs et ses projets pour une aventure quasi suicidaire. Quitter son quotidien semble donc parfois s’assimiler à un abandon pour nos proches.

Dans son livre Les Chemins Noirs, Sylvain Tesson nous propose un autre point de vue. Il critique ses amis voulant toujours « que l’on se voit, comme s’il s’agissait d’un impératif, alors que la pensée offrait une si belle proximité ». C’est à dire, privilégier la rencontre occasionnelle riche en découverte plutôt que l’habituel rendez-vous morose motivé par une loyauté viciée. Une forme de pardon à ceux qu’il a laissé sur le côté de sa route ? Ou une belle justification de la part d’un aventurier des temps modernes qui semble n’avoir aucun réel point d’attache. La seule maison qu’il décrit d’ailleurs dans ses livres est une cabane perdue en Sibérie dans laquelle il a vécu seul un an. Seul. La « proximité par la pensée » défendue par l’auteur serait-elle un moyen détourné pour justifier un détachement du monde ? 

 

Partir pour mieux revenir ?

C’est possible, la fuite pouvant parfois être nécessaire pour mieux revenir. Elle est par exemple jugée fondamentale par le héros d’Ad Astra. Il en a besoin pour se reconstruire après que son père se soit perdu pendant 18 ans dans l’espace et ne soit jamais revenu. Le personnage principal se sent trahi par son père parti si loin et se bloque de tous sentiments à l’égard des autres, d’ou l’échec relationnel avec son amie. C’est pourquoi après que son père ai donné des signes de vie, et pour pouvoir évoluer personnellement, il tente alors d’aller le chercher. Ce départ symbolise la quête pour tuer le père, mais surtout pour comprendre et accepter ce père absent.

Si la découverte d’un nouveau territoire peut parfois nous apparaître comme la première raison d’un voyage, se découvrir soi-même est souvent le but inconscient. Se renouveler grâce à la distance créée par un nouveau quotidien. Se challenger dans de nouveaux espaces et observer ses propres réactions. Se regarder à travers le regard d’inconnus. Se jauger grâce à de nouveaux défis. Voilà des vrais voyages ! Combien de nouveaux visages à décrire à sa famille en revenant ! Et combien d’histoires entendues à répéter à ses amis ! L’aventure de la découverte de soi me semble donc constituer la raison principale d’une fuite. Il n’en reste pas moins qu’elle doit avoir une fin. Celle du retour. 

 

Heureux qui comme Ulysse

« Heureux qui comme Ulysse revint d’un beau voyage » disait le poète. Ce n’est pourtant pas souvent la première impression que nous avons en revenant chez papa et maman après avoir parcouru le monde… Retour à la case départ, à l’ennui et au gouffre de nos angoisses du quotidien. Mais nous oublions le plus important : c’est à ce moment que la vraie aventure démarre ! Celle de rebâtir notre quotidien avec les leçons du voyage. Pour revenir à notre film, c’est le souvenir de sa petite amie qui permet au héros de ne pas devenir fou durant son voyage en solitaire de plusieurs semaines pour rejoindre son père. Je la soupçonne également d’être la raison pour laquelle il réussit à laisser mourir son père dans l’espace après l’avoir retrouvé. Il décide de vivre, de retourner sur terre et de construire la relation qu’il avait avorté au début du film. Lors de son retour sur terre, il connaîtra certainement le goût amer d’une aventure qui s’achève, mais également la satisfaction de terminer ce qu’il avait décidé d’abandonner. Trop de chance ! 

Pour nous simples clochards terrestres réduit à l’esclavage de nos capacités limitées, l’aventure peut être une solution, un moyen de faire la part des choses entre la merde et les anges et construire une pureté classique, pour interpréter les mots d’Henry Miller. C’est à dire profiter d’un voyage pour faire le tri dans notre quotidien, garder le bon et évacuer le nauséabond à notre retour. Et ainsi nous envoler, nous transformer en clochards célestes !

 

Je suis allé voir Ad Astra au cinéma, le nouveau film de James Gray avec Brad Pitt. C’est grâce à ce réalisateur que j’ai appris à apprécier Joaquin Phoenix alors que je l'avais tant haï dans Gladiator. Après avoir monté progressivement les marches du cinéma indépendant (The Yards, La nuit nous appartient, Two Lovers) pour fricoter avec les gigantesques productions hollywoodiennes (The Immigrant, The Lost City of Z), le réalisateur nous offre aujourd’hui un film qui rejoint la liste des films se déroulant dans l’espace. Le titre n’est pas mensonger : dès le début nous sommes plongés dans les étoiles. Mais ce n’est pourtant pas ce que j’ai le plus apprécié dans ce film. Ce qui m’a touché, c’est la manière dont James Gray utilise cet espace comme prétexte pour mieux poser les questions qui l’intéressent. Plusieurs thèmes adjacents sont abordés : commercialisation par l’homme de chaque nouveau lieu qu’il conquiert, la relation père/fils, les choix à faire dans une vie, leurs incidences, et enfin ce que nous fuyons en partant à l’aventure. C’est le dernier thème qui m’a fait le plus réfléchir. Et qui m’a donné envie de l’approfondir pour BSF. Que fuit donc l’être humain en partant de chez lui ? Une fuite peut prendre plusieurs visages : camper un été dans les montagnes, faire un échange universitaire à l’étranger, gravir les sommets indomptables ou les immeubles parisiens, s’abandonner dans le travail, devenir DJ électro dans toutes les grandes villes d’Europe de l’Est, mettre de côté sa famille, s’enfouir à la campagne, trainer dans des PMU enfumés pour refaire le monde. En bref, chercher à attraper le ciel et ses étoiles par n’importe quel moyen. Les exemples sont infinis, ils sont presque aussi nombreux qu’il y a d’originaux sur notre drôle de planète. Partir un an dans les bidonvilles coacher les jeunes indonésiens pour trouver un travail décent entre-t-il parmi ces exemples ? Lisez les articles de Romain pour essayer de le savoir ! « Moi qu’est-c’tu veux qu’je te dise ? / J’aimerais m’enfuir loin de là / Ici c’est rempli de lâches » On comprend, à travers le sens des paroles du rappeur marseillais Jul, que la fuite ne peut être uniquement géographique. Quitter un lieu, c’est aussi abandonner les personnes qui y sont associées. Dans Ad Astra, c’est l’humanité entière que le personnage joué par Brad Pitt cherche à fuir. Cette humanité est symbolisée par sa petite amie avec qui il rompt avant de partir pour l’espace. En claquant la porte c’est à ses sentiments qu’il fait ses adieux, mais également à toutes les relations qu’il a pu construire sur place et à l’espoir placé dedans. Il laisse donc sur Terre ses peurs, ses désirs et ses projets pour une aventure quasi suicidaire. Quitter son quotidien semble donc parfois s’assimiler à un abandon pour nos proches. Dans son livre Les Chemins Noirs, Sylvain Tesson nous propose un autre point de vue. Il critique ses amis voulant toujours « que l’on se voit, comme s’il s’agissait d’un impératif, alors que la pensée offrait une si belle proximité ». C’est à dire, privilégier la rencontre occasionnelle riche en découverte plutôt que l’habituel rendez-vous morose motivé par une loyauté viciée. Une forme de pardon à ceux qu’il a laissé sur le côté de sa route ? Ou une belle justification de la part d’un aventurier des temps modernes qui semble n’avoir aucun réel point d’attache. La seule maison qu’il décrit d’ailleurs dans ses livres est une cabane perdue en Sibérie dans laquelle il a vécu seul un an. Seul. La « proximité par la pensée » défendue par l’auteur serait-elle un moyen détourné pour justifier un détachement du monde ? C’est possible, la fuite pouvant parfois être nécessaire pour mieux revenir. Elle est par exemple jugée fondamentale par le héros d’Ad Astra. Il en a besoin pour se reconstruire après que son père se soit perdu pendant 18 ans dans l’espace et ne soit jamais revenu. Le personnage principal se sent trahi par son père parti si loin et se bloque de tous sentiments à l’égard des autres, d’ou l’échec relationnel avec son amie. C’est pourquoi après que son père ai donné des signes de vie, et pour pouvoir évoluer personnellement, il tente alors d’aller le chercher. Ce départ symbolise la quête pour tuer le père, mais surtout pour comprendre et accepter ce père absent. Si la découverte d’un nouveau territoire peut parfois nous apparaître comme la première raison d’un voyage, se découvrir soi-même est souvent le but inconscient. Se renouveler grâce à la distance créée par un nouveau quotidien. Se challenger dans de nouveaux espaces et observer ses propres réactions. Se regarder à travers le regard d’inconnus. Se jauger grâce à de nouveaux défis. Voilà des vrais voyages ! Combien de nouveaux visages à décrire à sa famille en revenant ! Et combien d’histoires entendues à répéter à ses amis ! L’aventure de la découverte de soi me semble donc constituer la raison principale d’une fuite. Il n’en reste pas moins qu’elle doit avoir une fin. Celle du retour. « Heureux qui comme Ulysse revint d’un beau voyage » disait le poète. Ce n’est pourtant pas souvent la première impression que nous avons en revenant chez papa et maman après avoir parcouru le monde… Retour à la case départ, à l’ennui et au gouffre de nos angoisses du quotidien. Mais nous oublions le plus important : c’est à ce moment que la vraie aventure démarre ! Celle de rebâtir notre quotidien avec les leçons du voyage. Pour revenir à notre film, c’est le souvenir de sa petite amie qui permet au héros de ne pas devenir fou durant son voyage en solitaire de plusieurs semaines pour rejoindre son père. Je la soupçonne également d’être la raison pour laquelle il réussit à laisser mourir son père dans l’espace après l’avoir retrouvé. Il décide de vivre, de retourner sur terre et de construire la relation qu’il avait avorté au début du film. Lors de son retour sur terre, il connaîtra certainement le goût amer d’une aventure qui s’achève, mais également la satisfaction de terminer ce qu’il avait décidé d’abandonner. Trop de chance ! Pour nous simples clochards terrestres réduit à l’esclavage de nos capacités limitées, l’aventure peut être une solution, un moyen de faire la part des choses entre la merde et les anges et construire une pureté classique, pour interpréter les mots d’Henry Miller. C’est à dire profiter d’un voyage pour faire le tri dans notre quotidien, garder le bon et évacuer le nauséabond à notre retour. Et ainsi nous envoler, nous transformer en clochards célestes !

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Montréal, Canada, 2020. 
Selon la perception de leur corps, ces femmes abordent des comportements distincts influençant leur utilisation de l'espace, leur posture, mais également leur toucher. Durant les séances photos, elles se surprennent de la tendresse qu’elles s’accordent. Ce travail ne rend pas nécessairement compte “d’imperfections physiques”, il tend surtout à questionner le rapport qu’elles entretiennent avec elles-mêmes dans un espace qui leur est donné
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Kol Ukok, Kirghizistan, 2015.
Traditionnellement, la yourte est ouverte vers le sud par une entrée unique. A l'intérieure, l’espace est quadrillé selon un usage précis. Le sud et l’est de la yourte sont l’espace de la femme où se trouvent le foyer et la place de travail. L’espace de l’ouest est réservé à l’homme et aux invités. Cette photo est révélatrice : dirigée vers le sud, c’est la femme qui se dévoile, à sa place comme l’admet la tradition
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Le comédien ET metteur en scène Michaël Benoit Delfini
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[CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit j [CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit jobs ? On doit l’expression à feu David Graeber 🔥
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Anthropologue ayant réhabilité l’anarchie ♾ Figure du mouvement Occupy Wall Street ♾ Ecrivain multi-récidiviste ♾ Les Sex Pistols n’ont qu’à bien se tenir ! 
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Dessin + article par l’audacieux @tibovski ✏️
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