BSF
  • ARTICLES
  • Manifesto
    • Manifesto
    • Romain – 13 mois de volontariat en Indonésie
    • Baudouin Duchange – Chroniques
    • Tibovski – Dessin de la quinzaine
  • Devenir contributeur
  • ARTICLES
  • Manifesto
    • Manifesto
    • Romain – 13 mois de volontariat en Indonésie
    • Baudouin Duchange – Chroniques
    • Tibovski – Dessin de la quinzaine
  • Devenir contributeur
BSF

Voir, juger, agir.

Tag:

Satire

Voir, juger, agir. Aventures et mésaventures à travers le monde... 🌦
Baudouin Duchange - Chroniques

“Voyage, voyage” : Il est temps de (bien) partir

par Baudouin Duchange 1 juillet 2020
écrit par Baudouin Duchange

 

Paris – Juillet 2020. Il m’aura fallu une centaine d’écoutes de la musique « tié la famille ! » du camarade Bengous pour enfin intégrer la question qu’il soumet à ses auditeurs : Oueskon va et Keskon fait ? 

Les dialectiques épistémologiques à la Tibovski n’ayant encore jamais foulé le sol vierge de mon savoir, je conserve un avantage argumentaire grâce à une science invérifiable : la philosophie de comptoir. Et nous en aurons bien besoin pour déterminer le sens d’un voyage !

 

Description : 'Family Holiday', Black and white photograph mounted on card, by John Heywood, 1979.

Description : ‘Family Holiday’, Black and white photograph mounted on card, by John Heywood, 1979.

 

Keskon fait ?

Ce qui est certain, c’est qu’une aventure implique un départ. Je décapsule ma première canette et marche en direction de Saint-Michel. J’ai toujours été séduit par le fait que le kilomètre zéro, en France, était le parvis de Notre-Dame de Paris. Chaque pas avancé à partir de cette place devient une aventure, même si elle termine dans les bars du quartier latin ! Certains critiqueront une vision  administrative et parisienne auto-centrée sur elle-même et ils auront probablement raison. Mais quel beau symbole ! Une fois au point de départ, il faut pourtant bien partir.

Comment partir ? Aujourd’hui, nous pouvons aller de plus en plus loin grâce aux compagnies aériennes low-cost. De nombreux boycotts dans un but écologique se sont ainsi manifestés et ont trouvé une résonance avec la crise du covid-19. La plus grande critique formée à l’encontre du commerce aérien est celle de la pollution dégagée par ces incessants monstres volants. A l’inverse, ses défenseurs insistent sur le faible impact environnemental de l’avion en comparaison à d’autres secteurs économiques, ainsi qu’à l’effet contre-productif des boycotts sur l’industrie et les métiers. 

J’ouvre une deuxième canette. Je me souviens du dernier film animé de Miyazaki « Le vent se lève », des dessins magnifiques pour tenter de créer des avions toujours plus beaux et purs. Le personnage principal, un architecte, s’inspire du vol des oiseaux et de la courbe de leurs ailes. Et comme dans le film, j’ai envie de crier : « le vent se lève, il faut tenter de vivre » ! Et pour cela il faut changer notre manière de voir le voyage. Le problème n’est pas, de mon point de vue, l’avion, la pollution et tout le reste. C’est, comme d’habitude, ce que l’être humain fait des machines qu’il conçoit. Il va voyager à l’autre bout du monde pour aller dans des hôtels aseptisés au confort similaire à un EHPAD sans se rendre compte réellement de la distance parcouru. Et il aura suffisamment payé pour se dire qu’on est ici « comme à la maison » ! Prendre conscience progressivement des territoires que l’on traverse, des paysages qui changent et des cultures qui se transforment me semble tellement plus intéressant que se prendre une simple claque en descendant d’un avion face aux nouveautés dans le duty-free et le changement de température.

 

“le vent se lève” de Miyazaki

“le vent se lève” de Miyazaki

 

Oueskon va ? 

C’est LA question que pose Ron Weasley à son poto Harry dans Harry Potter et les Reliques de la Mort. Extrait : « Chaque fois que le manque de nourriture coïncidait avec le moment où son tour était venu de porter l’Horcrux, il se révélait franchement désagréable. “Où va-t-on, maintenant” était devenu son refrain habituel […] On croyait que tu savais ce que tu faisais ! s’exclama Ron en se levant. On croyait que Dumbledore t’avait expliqué comment t’y prendre, on croyait que tu avais un véritable plan ». Comme le rouquin le plus connu de la littérature, nous pouvons nous sentir parfois déboussolé face à l’absence de carte directionnelle dans ce monde obscure. Tout le monde n’a pas la chance, comme Booba, de connaître d’avance son destin et de pouvoir chanter : « J’ai jamais su c’qu’étais mon rôle dans la vie / A part être riche, avoir une piaule à Miami beach. ». Le sens de nos misérables existences n’étant pas abordé dans cet article, je re-centrerai ma réflexion sur l’intérêt d’une destination de voyage. C’est d’ailleurs un sujet de crampe nerveuse dans la partie de mon cerveau où se situe la haine social contre la stupidité ambiante. Je me sabre une kro à coup de briquet pour me calmer.  

En effet, la plupart de mes connaissances vont chercher des paysages toujours plus éloignés alors que la France offre une terre si contrastée et méconnue, des vallées si mystérieuses et des kilomètres de côtes accessibles en TER ou en vélo. En fait, pour résumer, inutile de faire 5000 kilomètres pour voir un canyon américain : le Sentier des Ocres en Provence en offre de superbes aussi. Oui, l’herbe est toujours plus verte ailleurs, mais il suffit de faire une heure de vélo dans le Vexin pour s’en rendre compte. Je pense donc que l’enjeu du boycott des avions ne doit pas être un refus systématique de cracher sur l’avancée de la technique humaine, mais une invitation à reconsidérer notre approche du temps et de la distance. 

 

 

Konklusion : 

« On se régale » chantait Bengous d’entrain avec Jul sur l’album gratuit vol. 5. J’espère que c’est l’impression que vous aurez en terminant cette chronique mensuelle. De mon côté, je vais pouvoir rejoindre ma soirée et m’atteler à ma prochaine question Bengousienne : « Où tié bébé ? ». 

(Tu as aimé cet article ? Un autre article sur les “vacances fatiguante” a été écrit par l’auteur : A fond la forme : les vacances Quechua. Plaisir de lecture garanti !)

 

Il bacio

Il bacio

 

1 juillet 2020 3 commentaires
2 FacebookTwitterPinterestMail
ArtBaudouin Duchange - Chroniques

Avis de décès : la peinture a-t-elle rendu l’âme ?

par Baudouin Duchange 3 avril 2020
écrit par Baudouin Duchange
Rimbaud en jean, par Ernest Pignon Ernest

 

Rares sont les sujets qui mettent tout le monde d’accord. Il en existe pourtant un ces dernières semaines qui réunit aussi bien le spécialiste en histoire de l’art, l’imbécile docile, l’amateur averti et les ratés d’Instagram : Pierre Soulages. 

Peintre de l’abstrait, il nous offre ce dont nous rêvons tous : des tableaux impeccables, des concepts  artistiques séduisants et un objet de travail fascinant appelé « l’outrenoir ». Résultat : une exposition au Louvre. L’apothéose pour un peintre ! Ou pour une momie. En effet, qu’on apprécie ou non son travail, on se demande l’intérêt pour notre millénaire de créer une gigantesque exposition sur un artiste centenaire né à l’époque du dadaïsme et de l’art nouveau. La peinture du XXIème siècle n’a-t-elle plus rien à dire ? Est-elle morte ?

 

Soulages

Pierre Soulages en 2019 par NVP3D (sous licence CC BY-SA 3.0 )

 

La nécessité d’exprimer l’existence contemporaine 

Sur Instagram, le hashtag Pierre Soulages est partagé dans 22,8 millions de publications. Ahurissant. Je suis d’autant plus surpris que sa peinture est, pour moi, hors propos au XXIème.

Je m’explique. 

Dans différentes chroniques d’art, Joris-Karl Huysmans (Écrit sur l’art, Editions Flammarion) développe une certaine vision de la peinture. Pour lui, l’art doit « s’attaquer à l’existence contemporaine » afin d’aider les âmes en « quête de vérité et de vie ». Huysmans insiste sur la nécessité de réaliser des oeuvres modernes. Traduction : un artiste doit exprimer le quotidien dans des toiles réelles et personnelles. Le terme « réel » ne doit pas être compris comme une reproduction exacte de la réalité. Autrement c’est une photo insipide et sans originalité sortie tout droit d’un photomaton, ce qui est l’opposé de l’art. Non, peindre le réel c’est s’inspirer de ce qui crée la vie. On ne peint pas de la même manière un arbre sec et isolé du jardin du Luxembourg et un chêne flamboyant de campagne. La lumière n’est pas la même, et la vie qui s’en dégage ne peut pas être exprimée de façon similaire. L’idée de Huysmans est donc d’utiliser l’art comme témoin de son époque pour la rendre vivante à travers le souffle de la peinture.

Pour cela, l’artiste ne peut se contenter de copier les techniques passées pour faire semblant de peindre le présent. « A quoi bon, en effet, ramasser ces milliers d’enseignes qui continuent avec persistance tous les ressassages, toutes les routines, ancrés dans les pauvres cervelles de nos praticiens, de pères en fils et d’élèves en élèves, depuis des siècles ? » peut-on lire dans sa Chronique d’exposition Le Salon officiel en 1880 (à retrouver intégralement ici). Avec lui, les « mauvais » artistes sont des ouvriers maniant habillement la truelle mais incapables d’élever l’âme vers les questionnements auxquels elle aspire. Incapables d’être des artistes, en somme.

 

Huysmans peint par J-L Forain

Huysmans peint par J-L Forain

 

Qu’aurait pensé Huysmans de Soulages ? A mon avis, il regretterait l’inadéquation du peintre de l’outrenoir au XXIème. Peindre le noir, c’est peindre l’âme humaine telle qu’elle est : ni bonne ni mauvaise, mais un balancement hésitant entre les deux. C’est tout le résumé du XXème siècle déchiré entre la paix puis la guerre, le manque (deux guerres mondiales) puis les périodes de profusion (belle époque, 30 glorieuses), l’Est et l’Ouest… Les peintures de Soulages sont autant bipolaires que l’a été la fin du deuxième millénaire. Seulement, le dualisme existentiel a disparu  au XXIème siècle. Aujourd’hui, tout est flou et mélangé. Les frontières sont abolies tandis que les genres et identités sexuelles se confondent toujours plus. Même la politique et la musique subissent les conséquences de cette fusion du yin et du yang ! Internet a porté en étendard ce flou multi-culturel.

Quoiqu’il en soit, aucun peintre ne me vient à l’esprit lorsque je pense au XXIème siècle. Quelques grossiers installateurs tentent bien de revendiquer ce statut, mais le sens qu’ils souhaitent donner à leurs projets ne suffit que rarement à procurer l’émotion nécessaire pour les qualifier d’oeuvres. 

 

Lily Aldrin, la “peintre” d’How I Met Your Mother..!

Lily Aldrin, la “peintre” d’How I Met Your Mother..!

 

Parler à son époque 

Pour survivre, l’art doit s’adapter et parler à son temps. A l’image des amants qui cherchent à se comprendre pour mieux communiquer, l’artiste ne peut ignorer les évolution contemporaines. C’est tout le problème de la poésie, par exemple.

Depuis Rimbaud, Apollinaire et Baudelaire, combien de poètes ont révolutionné le monde ? Aucun. Dans Le temps des assassins, Henry Miller déplore l’inattention portée aux résidents des tours d’ivoire et, à ce titre, pronostique la fin de l’humanité. Le coronavirus est-il une réponse à notre insensibilité à la poésie ?

Car, oui la poésie est morte ! Elle n’a plus de public puisque nous ne sommes plus éduqués à l’apprécier et, surtout, elle a trouvé son apogée à la fin du XIXème siècle. Exactement comme l’opéra qui a vécu à la fois l’extase et la mort avec Wagner. Déjà au sommet, la poésie “traditionnelle” ne peut aller plus loin. 

Mais l’essence de l’art est de s’adapter. De mon point de vue, la poésie a évolué dans le cinéma. C’est en tout cas dans les films que je retrouve le goût de la liberté rageuse (par exemple la scène finale des Quatre Cents Coups de Truffaut), l’importance des rêves (Si tu tends l’oreille de Yoshifumi Kondo du Studio Ghibli) ou encore la finesse des sentiments insinués (In the Mood for Love de Wong Kar-wai). Poète n’est pas un métier, c’est une manière de percevoir la vie. Faire de la poésie n’est pas écrire, c’est s’exprimer par n’importe quel moyen. La poésie est une langue morte redevenue vivante grâce au cinéma. C’est tout l’enjeu aujourd’hui de la peinture : s’adapter ou bien être remplacée.

 

Rimbaud en jean par Ernest Pignon Ernest

Rimbaud en jean par Ernest Pignon Ernest

 

Conclusion 

J’ai bien plus de plaisir à découvrir une pochette d’album de JUL qu’un tableau de Soulages. Non pas pour les talents esthétiques de la communication de l’O.V.N.I  marseillais, mais parce qu’elles me parlent en tant qu’enfant du XXIème siècle. Aussi kitsch soient-elles, je peux y identifier les symboles de ce qui constitue aujourd’hui un jeune français vivant au troisième millénaire. 

Alors à se demander si la peinture est morte, oui je le pense. Mais pas l’art. Vivement qu’un artiste sache se l’approprier. Et, à l’image de Soulages pour le siècle dernier, qu’il comprenne aussi bien notre époque et la représente à travers le moyen qu’il jugera opportun pour l’exprimer. 

 

Et toi ami lecteur, qu’en penses-tu ? N’hésite pas à mettre ton avis en commentaire ou sur les réseaux sociaux ! C’est toujours un plaisir d’échanger 🙂 

 

Pochette de Rien100Rien du sang

Pochette de Rien100Rien du sang

 

Photo de couverture : Rimbaud en jean, par Ernest Pignon Ernest

3 avril 2020 4 commentaires
3 FacebookTwitterPinterestMail
Baudouin Duchange - Chroniques

Bien-vivre : 5 conseils pour une promenade réussie

par Baudouin Duchange 7 mars 2020
écrit par Baudouin Duchange
La balade

 

Souvent considérée comme la cousine rondelette et insipide de l’aventure, ou bien comme le vilain petit canard de la famille de la marche à pied, la promenade a connu des hauts et des bas dans l’histoire de notre belle humanité. Archétype d’une non-aventure, nous pourrions être tentés de la dévaloriser au profit de la randonnée. A la faveur d’un débat constructif et rigoureux sur la notion de promenade, nous pourrons pourtant dégager de cette routine un acte de contestation fort. Sa disparition coïncidant avec l’apparition de salle de sport à chaque coin de rue, un article de BSFmagazine devenait nécessaire.

Nota bene : En effectuant mes recherches, j’ai appris l’existence des promeneurs du net. Notions utilisées par l’administration publique girondines, ces aventuriers 2.0 sont des professionnels présents dans la « rue numérique d’internet et les réseaux sociaux » afin de poursuivre sur le web la démarche éducative assurée par les intervenants “jeunesse des territoires”. Ce corps de métier ne sera pas abordé dans le cadre de cet article. 

 

La balade

 

Se positionner idéologiquement face à la promenade 

Tout oppose en principe la promenade et l’aventure. Là où une aventure est enrichie par l’imprévu rencontré sur la route, le promeneur trouve son réconfort dans la routine. Le même petit chemin sans embûche ni problème ; la même petite route sans surprise ni déconvenue. Une bonne promenade est un mélange savant de maîtrise de son environnement proche et de respect des habitudes. 

Son tracé reflète souvent le caractère de son emprunteur ! Un promeneur à l’oeil affuté savourera victorieusement le même détail, la même particularité architecturale ou un joli coin d’herbe. Un promeneur malicieux préparera un cocktail d’anecdotes à réciter devant ses invités abasourdis devant un tel puit de culture. Un promeneur vieillissant pourra se satisfaire de trouver à chacune de ses promenades un banc où souffler afin de prolonger sereinement son chemin. La promenade s’adapte, mais ne doit pas être confondue avec son faux jumeau : la ballade. 

Une ballade est bien plus frivole qu’une promenade. Elle laisse libre court à l’inspiration du moment du « baladeur ». La ballade nous emmène loin derrière les collines découvrir les corps des fermes d’une comté voisine. Avec elle, tel l’effet produit par la poudre de la fée clochette, enfants et adultes s’envolent joyeusement dénicher les curiosités d’une ville aimée ou bien les pâturages  verdoyants d’une campagne chérie. La charmante inconscience d’une ballade ne correspond en rien à l’organisation rigoureuse que nécessite une bonne promenade ! Au risque de me répéter : la promenade se forge lentement à travers la construction de son promeneur. Elle peut s’adapter, mais jamais être volontairement bouleverser. 

 

La balade

Joaquin Phoenix dans Two Lovers, James Gray, 2008

 

Etudes des moeurs balzaciennes  

Il ne faut pas pour autant juger la promenade. Elle a bien entendu ses défauts mais je ne souhaite pas participer au #PromenadeBashing nauséabond qui, malgré ses nombreux détracteurs, reste pour moi infondé. Car la bonne petite promenade a également ses qualités. Elle est généralement l’issue heureuse d’un repas convivial. Elle est sollicitée par les ventres rebondis et rendue nécessaire pour prolonger la cohésion sociale créée par le repas. Ce qui fait que le promeneur est souvent un bon vivant sympathique, à la bedaine arrondie et aux joues rosies par les joies des terroirs de notre belle planète.

Souriante et généreuse, la promeneuse accompagne son compagnon avec délicatesse et une sensualité toute bourgeoise. Main dans la main, promeneur et promeneuse sèment cohésion et joie dans un monde tronqué par la corruption et la barbarie. Bien plus qu’un rôle de digestion, la promenade joue également son rôle contre les tensions du quotidien.

 

La balade

En promenade près d’Argenteuil, Claude Monet, 1875.

 

Punk is not dead 

La promenade est, en apparence, calme, neutre et ennuyante. Mais de même qu’il ne faut pas réveiller l’eau qui dort, il ne faut pas la sous-estimer. Celle-ci peut apparaître comme un argument contestataire dans notre société aseptisée, kombinisée et basic-fitée. 

Jim Harrison, ce flamboyant écrivain-mangeur, disait volontiers que pour continuer à s’enfiler des quartiers de boeuf au goûter, il se promenait deux heures par jour. A l’image de Big Jim, la promenade révèle au monde l’existence de ces bandes éparses de mangeurs en exhibant dans nos rues ces bambocheurs du dimanche. Le journaliste et présentateur François Busnel soulignait d’ailleurs à son propos que « notre époque tolère mal l’art de jouir, elle vit comme une insolence tout défi aux exigences diététiques ». Les promeneurs exultent leur jouissance en pratiquant régulièrement leur promenade. 

Loin d’une société libérale à la concurrence débridée réduisant les temps de repos au minimum, les promeneurs affirment leur singularité en choisissant un mode de vie radicalement tranquille. C’est d’ailleurs comme une adolescente gothique aux cheveux rouges qui revendique ses idées en portant des Dr. Martens que les promeneurs assument leurs convictions personnelles en enfilant une paire de Paraboot. On ne fait pas d’un buveur d’eau un poète, ni d’un requin de la finance un promeneur. La promenade à définitivement son rôle à jouer. Une piste à suivre pour sauver notre monde ?

 

La balade

Couverture d’un Sacré Gueuleton, Jim Harrison

 

Photo principale : Submarine. Directed by Richard Ayoade. London: Film4 Productions, 2010.

 

 

 

7 mars 2020 0 commentaire
5 FacebookTwitterPinterestMail
Baudouin Duchange - ChroniquesCarnet de voyage

A fond la forme : les vacances Quechua

par Baudouin Duchange 21 février 2020
écrit par Baudouin Duchange
Vacances Quechua

 

Mon sac à dos fait 15,7 kilos : c’est beaucoup trop. Il me reste 12 kilomètres de chemins boueux de montagne à parcourir sous la pluie et la pente ressemble à un mur infranchissable. C’est également beaucoup trop ! Le ruissellement de la pluie contre le poncho me donne un tempo à suivre pour la journée et, par un effort de volonté hors norme, je m’interdis formellement de regarder ma montre. J’applique une technique de survie : minimiser la distance qu’il me reste à parcourir et enjoliver celle déjà réalisée !

Un des quatre compagnons avec qui je grimpe cet espèce de Mordor grogne et souffre le martyre avec sa paire de Quechua neuve. C‘est la deuxième fois qu’il cohabite avec la montagne; la première en itinérance pendant une semaine en quasi autonomie dans les Alpes. J’oscille entre le rire et la pitié, mais de toute façon aucun des deux ne nous aidera à terminer cette maudite journée. Il faudra puiser dans nos réserves physiques et mentales. Il faudra nous fatiguer.

En mâchant lentement une barre Grany, il me demande quel sens y a-t-il à s’épuiser pendant des vacances. Les semaines parisiennes éreintantes ne devraient-elles pas justifier une semaine entière à se dorer la graisse sur la plage plutôt que de briser nos pieds contre la pierre montagneuse ? Ce type de réflexions ne nous aidera pas non plus à gravir le sommet. Mais elles permettent de donner matière à bouffer à un cerveau fatigué, et c’est bien plus efficace que toutes les barres énergétiques du monde.

 

Le coût de l’inertie

Il est vrai qu’à première vue, les vacances – ou plutôt les congés payés pour les récents nouveaux salariés du marché du travail – sont assimilées au sable fin caressé par le bruit doux et régulier de la mer ; ou bien à du tourisme exotique dans une ville pleine de mystères ; ou encore à des rêveries le long de grands lacs rafraîchissants. En résumé, à une forme d’inertie. Et pourtant, une masse d’hurluberlus continue de s’imposer des défis insensés.

Au lieu d’éplucher les sites de voyage à la recherche d’une bonne affaire, ces imbéciles scrutent sur des cartes IGN démodées les meilleurs chemins, lieux de ravitaillement et fontaines d’eau publique. Au lieu de comparer les hôtels les plus avantageux à l’autre bout du monde, ils cherchent un moyen astucieux pour optimiser le poids de leurs sacs à dos. Au lieu de réserver en ligne des « activités » de loisir, ils attaquent les forums d’explorateurs anonymes en quête d’enseignements. Ces gens-là sont bien stupides de refuser un repos si mérité ! En gardant un esprit ouvert et lucide, comment justifier leur comportement ?

En me relisant, j’ai l’impression qu’une des raisons pourrait être le désir de s’écarter des routes commerciales, du business que le capitalisme arrive à créer partout. Il existe, bien sûr, un marché pécuniaire pour faire raquer les aventuriers, mais, de fait, cela vous coûtera moins cher de camper en montagne plutôt que de dormir dans un hôtel à Dubaï. En effet, la logique est la suivante : pour ne rien faire, il faut que des personnes le fassent à notre place, et donc en payer le prix.

 

Vacances Quechua

 

La pratique du tourisme

Ce sont les thématiques qu’abordent Michel Houellebecq dans Plateforme. En s’immisçant dans la peau d’un quadragénaire dépressif souhaitant faire un break, il pose la question de la survie dans un monde où l’argent et le plaisir sexuel sont vus comme les seules possibilités de bonheur. Sa critique se concentre sur le tourisme sexuel, apogée d’un voyage de consommation tourné vers l’argent, le plaisir individualiste et le non-effort.

Mais son regard d’écrivain se tourne, de manière générale, vers toutes les agences de « voyage ». Extrait :

 

« Mes rêves sont médiocres. Comme tous les habitants d’Europe occidentale, je souhaite voyager. Enfin il y a les difficultés, la barrière de la langue, la mauvaise organisation des transports en commun, les risques de vol ou d’arnaque : pour dire les choses crûment, ce que je souhaite au fond, c’est pratiquer le tourisme. On a les rêves qu’on peut; et moi mon rêve à moi c’est d’enchaîner à l’infini les « Circuits passion », les « Séjours couleur » et les « Plaisirs à la carte » ».

 

Comment ne plus pratiquer le tourisme mais vivre un voyage ? Le personnage de Houellebecq s’en sort (partiellement) grâce à l’amour. De notre côté, si l’Amour est inaccessible, lointain ou trop farouche, on peut toujours partir à l’aventure ! S’écarter des chemins en les choisissant nous même ! Troquer le programme d’une croisière-paquebot contre une carte Michelin. Ne pas avoir peur de se fatiguer en vacance et les considérer au contraire comme méritantes. La récompense à cet effort : l’imprévu.

 

Sauvé par l’imprévu

L’Imprévu est un bar lillois dans lequel je trainais, parfois, en début de soirée. Ici ou ailleurs, le même rituel s’impose chaque semaine, comme depuis plusieurs années : prévenir ses amis, prévoir un repas consistant, s’habiller pour l’occasion et acheter un paquet de clopes, commander une bière puis une deuxième, avant de ne plus les compter, faire la fermeture, trouver un autre troquet, rentrer seul ou accompagné. Ce programme reste inchangé depuis des générations. La raison pour laquelle il perdure se trouve caché derrière chacune de ses lignes : l’ivresse ! l’abandon ! la surprise ! l’imprévu ! Autrement ça ne sert à rien. C’est la même idée pour les vacances méritantes.

Programmer un voyage n’est qu’un prétexte pour choper un peu d’imprévu, capter une sensation incontrôlable ou un instant providentiel. Et pour cela, il est indispensable de sortir des sentiers battus, de nous forcer à brutalement s’arracher à notre quotidien dangereux de sédentaire languissant. Dans Terre des hommes, Antoine de Saint-Exupéry s’affole devant cette inertie moribonde vidant l’être humain de sa conscience :

 

« Vieux bureaucrate, mon camarade ici présent, nul jamais ne t’a fait évader et tu n’en es point responsable. Tu as construit ta paix à force d’aveugler de ciment, comme le font les termites, toutes les échappées vers la lumière. Tu t’es roulé en boule dans ta sécurité bourgeoise, tes routines, tes rites étouffants de ta vie provinciales, tu as élevé cet humble rempart contre les vents et les marées et étoiles. Tu ne veux point t’inquiéter des grands problèmes, tu as eu bien assez de mal à oublier ta condition d’homme. Tu n’es point l’habitant d’une planète errante, tu ne te poses point de questions sans réponse : tu es un petit bourgeois de Toulouse. Nul ne t’a saisi par les épaules quand il était temps encore. Maintenant, la glaise dont tu es formé a séché, et s’est durcie, et nul en toi ne saurait désormais réveiller le musicien endormi, ou le poète, ou l’astronome qui peut-être t’habitait d’abord. ».

 

Etre éveillé par l’imprévu afin de rester vivant, pour paraphraser Thoreau, voilà ce que cherche le vacancier adepte de la fatigue ! Et qu’il trouve dans l’évasion offerte par le voyage.

 

Vacances Quechua

 

Conclusion

Notre sommet des Alpes a été dompté. La récompense : l’inestimable leçon impossible à réciter enseignée par la montagne. Mais Fernando Pessoa disait que « agir c’est connaître le repos ». Mes amis randonneurs et moi sommes maintenant, au chaud et au sec, le ventre plein et les yeux fatigués, dans le train nous ramenant à la capitale. On ne sait jamais pourquoi on continue. En tout cas, moi pas. Surtout après tant de moments à se dire que c’est la dernière fois. Mais pourtant, chaque fois, après nous être émerveillés, surpassés, s’être rendus fier, un petit quelque chose imperceptible nous donne envie d’y retourner. La preuve en arrivant à Paris où notre ami aux pieds quechua fiévreux s’écria : « Ah la montagne c’était quelque chose… l’année prochaine je fais les Vosges ! »

 

Vacances Quechua

 

Crédit photo : B.Duchange + Guillaume Hummel

21 février 2020 1 commentaire
1 FacebookTwitterPinterestMail
Tribune

Le Bwining : Nouvel art de vivre ?  

par un contributeur 17 février 2020
écrit par un contributeur
Le Bwining

Vers une nouvelle relation au Temps

Le Bwining ou Bouining en français est une activité apparue à la défense dans les Hauts-de-Seine au printemps 2017 pour adoucir la chute du capitalisme. Inventé par Gérard Talman, un ancien haut cadre bancaire, après une expérience de mort imminente suite à un burn out en plein vol, cette activité vise à ralentir l’activité neuronale des cadres supérieurs. (source wikipédia) 

 

Le bwining

 

Historique 

Le premier club de bwinning ouvre le 22 avril 2017 et compte une centaine de membres seulement quelques semaines après sa création. Gérard Talman assure seul le pilotage des opérations, en veillant à limiter son temps de travail à 15 heures par semaine pour éviter toute rechute. Il s’associe très vite à d’ex-collègues démissionnaires pour faire face au succès de son club. 

La première activité du club de Bwining de la Défense est connue sous le nom de ramassage de fagots. Les participants devaient ramasser des fagots dans un jardin partagé en étant les moins efficaces possibles. Cette activité visait à affranchir les cadres de leur addiction à l’optimisation. Au début, les participants font face à des difficultés majeures. L’intégralité des morceaux de bois du jardin est ramassée en 1 heure et certains participants ne peuvent s’empêcher de concevoir des logiciels d’optimisation du ramassage pour leur prochaine activité. Gérard Talman est intransigeant. Il exige aux participants de défaire le tas de bois et de recommencer en essayant de mettre au minimum 2 heures pour la même opération. Echec, les participants s’engrainent. Au bout de quelques minutes, ils se mettent à courir et à chercher les morceaux de bois frénétiquement. 1h07, les tas de fagot sont bien rangés et ordonnés. 

 

La Bwin d’or, trophée éphémère

Gérard Talman ne lâche rien. Il insiste. 1h30 sera son dernier mot pour cette première séance de bwining. Enfin, un participant comprend la logique du Bwinning. Il se met à défaire le tas de bois que ses camarades construisent à la vitesse grand v. Il cache des morceaux. Il flâne. Se met en travers du chemin. Entame la conversation. Grâce à lui l’objectif est atteint. 1H31. Les autres participants menacent de le fouetter à coups de bâtons ou de l’exclure du club et ils ont du mal à comprendre quand Gérard Talman en dresse un portrait élogieux et lui remet la bwin d’or. (Gérard Talman abandonnera peu à peu cette remise de prix qui avait le tort de maintenir l’esprit de compétition quoique ce fût pour décerner un prix au plus lent.) Le bwining doit marquer l’affranchissement de l’homme de l’esprit de compétition. 

Hymne du bwining : « un petit chemin qui sent la noisette » de Jean Nohain. La chanson a été retenue par Serge Dassault, créateur du deuxième club de Bwining à Corbeil Essonne. 

 

Serge Dassault un ambassadeur méconnu du Bwining

Serge Dassault expérimenta une rémission fulgurante. L’ancien patron de Dassault Aviation, fut frappé par l’intervention archangélique de Sandalphon, alors qu’il accomplissait son golf hebdomadaire sur son green privé à Dourdan (Essonne). Un club de méditation chamanique s’était réuni sur le terrain de golf la nuit passée et avait ouvert un portail de lumière. Le lendemain quand Serge Dassault se présenta, à 8h30 précise, il était bien décidé à faire ses 18 trous à la vitesse du rafale. Mais sa première balle se perdit dans le petit bois. Il tint à aller la ramasser lui-même car il avait beau être milliardaire, il détestait gâcher les balles. 

Il traversa les bosquets et fut soudainement souffler par une immense vague d’énergie d’amour qui le terrassa. Son serviteur Philippe Gilgamouche vint à son secours, tenta de le réanimer. Serge, Serge, réveille toi, où le chasseur te tuera, c’était une chanson que Serge aimait beaucoup, mais rien n’y fit. Serge Dassault était hs. 

 

Le bwining

 

Le grand réveil

Il ne reprit ses esprits qu’une semaine plus tard dans sa clinique privée ultrasecrète de La Roche-sur-Yon en Lozère. A son réveil, tous ses héritiers étaient à son chevet. Ils ne s’attendaient plus à ce qu’il ouvrît les yeux et attendait, non sans impatience, qu’il expirât son dernier souffle. Mais il n’en fut rien. Serge se dressa sur son céans comme un elfe acrobate et éclata de rire. Ca ne lui était pas arrivé depuis le 7 novembre 1981, Philippe Gilgamouche l’avait consigné sur le carnet à émotions que Serge lui avait demandé de tenir depuis qu’il travaillait à son service. Il prononça des mots que ses proches ne comprirent pas. « Vous allez liquider l’entreprise et nous allons demander pardon pour les immenses dommages que nous avons causés à la terre et à l’humanité. L’heure est venue d’œuvrer pour la paix. Cessons immédiatement le carnage. Nous avons déjà suffisamment fait de mal comme ça. Nous allons repartir à Zéro. Je vais détruire l’ensemble de nos actifs et faire fuir toutes nos liquidités vers la mer. Chacun d’entre vous aura 100 000€ pour repartir dans la vie, c’est déjà largement assez. Et moi je monte un club de bwining et je vivrai de ça ».

 

– Mais Serge, pourquoi ? Emmanuel Macron va être élu. Tous nos soucis vont s’envoler.

– J’ai dit et ainsi il sera fait. Je suis le pain, la vérité et la vie. 

 

Ce fut la stupeur. Ce fut la tempête. Ses petits fils voulurent l’interner en hôpital psychiatrique pour démence sénile. Mais Philippe Gilgamouche qui était un homme fidèle et ex champion d’Ille-et-Vilaine de Kung fu kara kwendo scrabble ascensionnel (art martial qui mariait l’art du kung fu, du karaté du tai Kwen do, du scrabble et du parachute ascensionnel) les dissuada de toute velléité d’un simple coup de pied sauté retourné à triple percussion qui faillit bien éborgner par erreur la nouvelle femme de Serge, Cynthia Gouin, qui hurla de frayeur et de joie, car sous son apparence ultra matérialiste, se cachait une femme au grand cœur qui venait par ses mots de retrouver sa liberté d’antan. 

 

Vers un nouvel ordre mondial

Ainsi démarra le deuxième club de Bwining. Serge d’Assault se spécialisa dans l’art du bwining culinaire. Il s’agissait de préparer des repas dans un temps exceptionnellement long. Il proposait notamment le riz blanc nature qui connut un grand succès. Les participants devaient mettre le riz grain par grain dans la casserole et le faire cuire à ultra basse température (22°c). Un homme mis 72h pour parvenir à faire cuire son riz. Il détint le record qui n’en était pas car la notion de record avait été abolie. 

 

riz

 

Une fois qu’ils excellaient dans l’art du bwining, les femmes et les hommes pouvaient reprendre une activité. On les invitait alors à inventer leur voie personnelle et singulière de mener à bien leurs activités, leur juste rapport au temps, respectueux de leur corps, de leur rythme interne, des autres et de la nature. Et bien sûr cela donna lieu à une reconfiguration totale du paysage économique mondial. La majorité des humains choisirent de changer d’activité, de privilégier la multi activité, Les humains travaillaient moins, plus doucement, mais beaucoup mieux. Comme une rivière qui coule paisiblement, ils faisaient corps avec leur travail, chaque geste comptait, chaque geste pesait, chaque geste générait sa puissance et son plaisir. 

Michaël Benoit Delfini

 

Plus d’informations rétro-futuristes sur :

  • Facebook : Flying Dolphin Experience ; Clisson à l’échelle du cœur ; Clisson Fruitball Club
  • Website : www.compagnieartichaut.com

 

 

 

 

 

 

17 février 2020 2 commentaires
1 FacebookTwitterPinterestMail
Baudouin Duchange - Chroniques

La vraie vie

par Baudouin Duchange 6 janvier 2020
écrit par Baudouin Duchange
La vraie vie

 

Ah le retour en entreprise après les vacances de Noël ! Le coup de blues de la rentrée se consumant dans un café avec un goût de plastique fondu – le premier de l’année. Les retrouvailles fraternelles et emplies d’allégresse avec nos chers collègues, ou plutôt collaborateurs, et pourquoi pas amis, ou même famille professionnelle ! Et notre responsable N+<3 qui, la démarche débordante d’énergie positive, le sourire croisé-dynamique plein d’espoir dans le travail à venir, arrive pour nous remettre son bonjour. Bonne année patronne ! Un regard vers une pile de dossiers inachevés nous renvoie à notre repos encore si fatigué par les dernières festivité. Une larme coule à l’intérieur. C’est le coup de fouet, souvenir d’un cri de détresse oublié, la rentrée. 

 

C’est pourtant très jovialement qu’un collègue rendant visite à mon bureau dévoila sa tête pleine d’une joie stupide dans l’encadrement de la porte et me susurra : « alors le retour à la vraie vie ? Pas trop dur ?! ». 

– Et bien écoute, c’est un calvaire de retrouver ta sale gueule en tout cas, ne lui dis-je pas. 

– Oui c’est vrai qu’il faut toujours un temps d’adaptation. Moi aussi ça va, merci ! 

– Je t’en pris gros con. Attends une minute, fin de cuvée fini à la pisse, pourquoi, dans ton inconsciente maladresse d’idiot du 9ème étage, as-tu utilisé cette expression de « vraie vie » ? Qu’est-ce que ça signifie le retour à la vraie vie ? 

– Bah, me lança t-il d’un air gras, l’oeil las et le front bas, c’est quand on retourne au métro-boulot-dodo quoi ! termina-il avec une lueur malicieuse dans les yeux. 

– Dis moi alors en quoi mes putain de vacances de Noël ne sont pas la vraie vie, ignoble pourceau né pour dire et bouffer de la merde à longueur de journée ? ne lui demandais-je pas. 

– Bon tu as l’air concentré, je te laisse ! Bon courage et à tout à l’heure à la cantine ! conclut-il, les mains moites.  

 

Marshall Eriksen, dans How I Met Your Mother

Marshall Eriksen, dans How I Met Your Mother

 

La vie à part entière  

Ceci-dit, il n’a pas tort pour autant ce bout d’os totalement dénué de bon sens ! Pourquoi ce sentiment de tristesse lorsque l’on rentre de congés ? Pourquoi cette impression d’avoir oublié en vacances quelque chose de plus important que ce que l’on retrouve sur son bureau ? Mon collègue soupçonne le quotidien d’en être la cause. Comme lui, d’une certaine manière, Schopenhauer pensait que « chaque jour est une vie à part entière ». Mais il faut pour cela, à mon sens, se forcer à mettre en oeuvre cette vie entière dans chaque journée que l’on passe. Or, en venant travailler chaque matin dans le même bureau, avec les mêmes problèmes et thématiques professionnelles, à discuter des mêmes choses avec les mêmes personnes – c’est-à-dire : congés payés, salaire, problème de transport, immobilier, travaux – la même question languissante me revient chaque soir : où est la vie à part entière ? Où est la part des anges qui satisfait notre créativité et notre désir d’intelligence ? Perdue dans le quotidien de nos journées de travail répétitives.

 

Peut-être que la faute originelle se trouve dans le fonctionnement de notre système du travail moderne. Le problème est celui de la taylorisation du travail, qui est toujours le même système depuis le début du salariat, de l’industrialisation et du capitalisme. Le taylorisme est un « système d’organisation scientifique du travail et du contrôle des temps d’exécution » (eh merce Larousse). Ainsi, pour Taylor et ses copains,  le meilleur moyen de maximiser les rendements d’une production était de diviser au maximum les tâches, au préalable réfléchi pour être les plus efficace,dans leur geste, rythme et cadence, tout en leur attribuant une rémunération « motivante ». L’illustration industrielle la plus connue est celle du film de Charlie Chaplin, Les temps modernes, où un salarié devient fou à force de resserrer tous les jours des boulons.

 

Mais le problème du travail à la chaîne n’a pas disparu avec les usines ! On le retrouve aujourd’hui dans des entreprises comme McDonald’s ainsi que dans tous les métiers de service. La nouveauté contemporaine est donc que nous sommes passés d’un taylorisme « physique » à un taylorisme intellectuel. La conséquence, en revanche, est resté : le sentiment de vacuité qu’on peut ressentir au travail. Pourquoi ? Car à force de se spécialiser dans des sous-sous-sous matières, de créer des sous-sous-sous directions dans les entreprises, et de travailler uniquement sur des questions spécifiques sur lesquelles nous sommes spécialistes, on ne voit pas ce que l’on produit. Résultat d’autant plus aggravé par la numérisation au travail. Cette organisation du travail dans les entreprises produit un sentiment de vacuité et crée un profond ennui du travail. Super la vraie vie…

 

Les temps modernes, Charlie Chaplin

Charlie Chaplin dans Les temps modernes

 

La liberté opposé au travail ?

Mais il faut pourtant bien travailler ! En effet, qu’importe ce genre de balivernes théoriques lorsqu’on a faim, un emprunt à rembourser, une famille à élever, un manque à combler, un réservoir à remplir, un projet à réaliser, une bouche à nourrir ; enfin, une vie à mener bon sang ! Bien entendu qu’il est bon de travailler, chacun à ses raisons, même lorsqu’on n’en a pas.  Avec tous ces éléments, une problématique se pose pourtant. En effet, lorsque mon collègue me souhaite un bon retour à la vraie vie, il me souhaite en fait un bon retour à un profond ennui que j’accepte uniquement pour me payer une vie. Mais en fait, pourquoi l’accepterai-je ? Car alors, l’équation est la suivante : l’angoisse de la rentrée = retrouver le quotidien = retrouver l’ennui = payer de quoi se payer = retour à la vraie vie = la vie n’a donc aucun sens ?? 

 

Je pense simplement que la vie ne doit pas se limiter à cela. Dans Miss Harriet (à retrouver en intégralité en cliquant sur le lien), Maupassant écrit un bel éloge de la liberté errante : « Je ne sais rien de meilleur que cette vie errante, au hasard. On est libre, sans entraves d’aucune sorte, sans soucis, sans préoccupations, sans penser même au lendemain. On va par le chemin qui vous plaît, sans autre guide que sa fantaisie, sans autre conseiller que le plaisir des yeux. On s’arrête parce qu’un ruisseau vous a séduit, parce qu’on sentait bon les pommes de terres frites devant la porte d’un hôtelier. Parfois, c’est un parfum de clématite qui a décidé votre choix, ou l’oeillade naïve d’une fille d’auberge ». 

 

L’idée n’est pas, bien-sûr, de se reconvertir du jour au lendemain en gens du voyage, mais de bousculer un peu notre quotidien à la rencontre des autres, de répandre un peu d’imprévu dans nos journées planifiées, souffler un vent de poésie et de fantaisie dans notre société où tout doit être contrôlé, prévu, surveillé, exécuté. 

 

Comment trouver cette liberté ? L’écrivain Colin Wilson se demandait si la « recherche de liberté finissait, toujours aussi inévitablement, dans le lit des femmes ». Je ne sais pas. Personnellement, je cherche toujours. J’entendais l’autre jour dans le RER une dame discuter avec sa copine de Léonard de Vinci : « on dit parfois que c’était un chercheur, mais bon, comme on dit, quand on cherche on ne trouve pas forcément si tu vois ce que je veux dire ». Non désolé, je ne vois pas ce que tu veux dire, vieille peau ! En revanche, cela résume assez bien ce que je ressens : on ne trouvera certainement jamais la liberté telle quelle, mais c’est justement dans l’action de chercher que se manifestera une satisfaction, une récompense, une création, la vraie vie !

 

Conclusion 

« Et moi, je vais finir cette bouteille de vin

En regardant la table, en me tordant les mains

Et moi, je vais passer la nuit dans le jardin

À compter les étoiles, ça ira mieux demain » 

 

Johnny hallyday, Parc des Princes 1993

Johnny hallyday, Parc des Princes 1993

 

Johnny a, comme toujours, certainement raison. Avec un peu de pain, un peu d’alcool, un peu de repos, ces réflexions me passeront, un jour. Peut-être même parviendrais-je à les oublier ? Je ne l’espère pas, car sinon j’aurai abandonné. En attendant, fini de rêver car demain rebelote, au boulot ! 

 

6 janvier 2020 0 commentaire
2 FacebookTwitterPinterestMail
Baudouin Duchange - Chroniques

La fuite des clochards célestes

par Baudouin Duchange 3 décembre 2019
écrit par Baudouin Duchange
La fuite

Je suis allé voir Ad Astra au cinéma, le nouveau film de James Gray avec Brad Pitt. C’est grâce à ce réalisateur que j’ai appris à apprécier Joaquin Phoenix alors que je l’avais tant haï dans Gladiator. Après avoir monté progressivement les marches du cinéma indépendant (The Yards, La nuit nous appartient, Two Lovers) pour fricoter avec les gigantesques productions hollywoodiennes (The Immigrant, The Lost City of Z), le réalisateur nous offre aujourd’hui un film qui rejoint la liste des films se déroulant dans l’espace.

Le titre n’est pas mensonger : dès le début nous sommes plongés dans les étoiles. Mais ce n’est pourtant pas ce que j’ai le plus apprécié dans ce film. Ce qui m’a touché, c’est la manière dont James Gray utilise cet espace comme prétexte pour mieux poser les questions qui l’intéressent. Plusieurs thèmes adjacents sont abordés : commercialisation par l’homme de chaque nouveau lieu qu’il conquiert, la relation père/fils, les choix à faire dans une vie, leurs incidences, et enfin ce que nous fuyons en partant à l’aventure. C’est le dernier thème qui m’a fait le plus réfléchir. Et qui m’a donné envie de l’approfondir pour BSF. Que fuit donc l’être humain en partant de chez lui ?

 

Fuir, et vite.

Une fuite peut prendre plusieurs visages : camper un été dans les montagnes, faire un échange universitaire à l’étranger, gravir les sommets indomptables ou les immeubles parisiens, s’abandonner dans le travail, devenir DJ électro dans toutes les grandes villes d’Europe de l’Est,  mettre de côté sa famille, s’enfouir à la campagne, trainer dans des PMU enfumés pour refaire le monde. En bref, chercher à attraper le ciel et ses étoiles par n’importe quel moyen. Les exemples sont infinis, ils sont presque aussi nombreux qu’il y a d’originaux sur notre drôle de planète. Partir un an dans les bidonvilles coacher les jeunes indonésiens pour trouver un travail décent entre-t-il parmi ces exemples ?  Lisez les articles de Romain pour essayer de le savoir !

« Moi qu’est-c’tu veux qu’je te dise ? / J’aimerais m’enfuir loin de là / Ici c’est rempli de lâches »  On comprend, à travers le sens des paroles du rappeur marseillais Jul, que la fuite ne peut être uniquement géographique. Quitter un lieu, c’est aussi abandonner les personnes qui y sont associées. Dans Ad Astra, c’est l’humanité entière que le personnage joué par Brad Pitt cherche à fuir. Cette humanité est symbolisée par sa petite amie avec qui il rompt avant de partir pour l’espace. En claquant la porte c’est à ses sentiments qu’il fait ses adieux, mais également à toutes les relations qu’il a pu construire sur place et à l’espoir placé dedans. Il laisse donc sur Terre ses peurs, ses désirs et ses projets pour une aventure quasi suicidaire. Quitter son quotidien semble donc parfois s’assimiler à un abandon pour nos proches.

Dans son livre Les Chemins Noirs, Sylvain Tesson nous propose un autre point de vue. Il critique ses amis voulant toujours « que l’on se voit, comme s’il s’agissait d’un impératif, alors que la pensée offrait une si belle proximité ». C’est à dire, privilégier la rencontre occasionnelle riche en découverte plutôt que l’habituel rendez-vous morose motivé par une loyauté viciée. Une forme de pardon à ceux qu’il a laissé sur le côté de sa route ? Ou une belle justification de la part d’un aventurier des temps modernes qui semble n’avoir aucun réel point d’attache. La seule maison qu’il décrit d’ailleurs dans ses livres est une cabane perdue en Sibérie dans laquelle il a vécu seul un an. Seul. La « proximité par la pensée » défendue par l’auteur serait-elle un moyen détourné pour justifier un détachement du monde ? 

 

Partir pour mieux revenir ?

C’est possible, la fuite pouvant parfois être nécessaire pour mieux revenir. Elle est par exemple jugée fondamentale par le héros d’Ad Astra. Il en a besoin pour se reconstruire après que son père se soit perdu pendant 18 ans dans l’espace et ne soit jamais revenu. Le personnage principal se sent trahi par son père parti si loin et se bloque de tous sentiments à l’égard des autres, d’ou l’échec relationnel avec son amie. C’est pourquoi après que son père ai donné des signes de vie, et pour pouvoir évoluer personnellement, il tente alors d’aller le chercher. Ce départ symbolise la quête pour tuer le père, mais surtout pour comprendre et accepter ce père absent.

Si la découverte d’un nouveau territoire peut parfois nous apparaître comme la première raison d’un voyage, se découvrir soi-même est souvent le but inconscient. Se renouveler grâce à la distance créée par un nouveau quotidien. Se challenger dans de nouveaux espaces et observer ses propres réactions. Se regarder à travers le regard d’inconnus. Se jauger grâce à de nouveaux défis. Voilà des vrais voyages ! Combien de nouveaux visages à décrire à sa famille en revenant ! Et combien d’histoires entendues à répéter à ses amis ! L’aventure de la découverte de soi me semble donc constituer la raison principale d’une fuite. Il n’en reste pas moins qu’elle doit avoir une fin. Celle du retour. 

 

Heureux qui comme Ulysse

« Heureux qui comme Ulysse revint d’un beau voyage » disait le poète. Ce n’est pourtant pas souvent la première impression que nous avons en revenant chez papa et maman après avoir parcouru le monde… Retour à la case départ, à l’ennui et au gouffre de nos angoisses du quotidien. Mais nous oublions le plus important : c’est à ce moment que la vraie aventure démarre ! Celle de rebâtir notre quotidien avec les leçons du voyage. Pour revenir à notre film, c’est le souvenir de sa petite amie qui permet au héros de ne pas devenir fou durant son voyage en solitaire de plusieurs semaines pour rejoindre son père. Je la soupçonne également d’être la raison pour laquelle il réussit à laisser mourir son père dans l’espace après l’avoir retrouvé. Il décide de vivre, de retourner sur terre et de construire la relation qu’il avait avorté au début du film. Lors de son retour sur terre, il connaîtra certainement le goût amer d’une aventure qui s’achève, mais également la satisfaction de terminer ce qu’il avait décidé d’abandonner. Trop de chance ! 

Pour nous simples clochards terrestres réduit à l’esclavage de nos capacités limitées, l’aventure peut être une solution, un moyen de faire la part des choses entre la merde et les anges et construire une pureté classique, pour interpréter les mots d’Henry Miller. C’est à dire profiter d’un voyage pour faire le tri dans notre quotidien, garder le bon et évacuer le nauséabond à notre retour. Et ainsi nous envoler, nous transformer en clochards célestes !

 

Je suis allé voir Ad Astra au cinéma, le nouveau film de James Gray avec Brad Pitt. C’est grâce à ce réalisateur que j’ai appris à apprécier Joaquin Phoenix alors que je l'avais tant haï dans Gladiator. Après avoir monté progressivement les marches du cinéma indépendant (The Yards, La nuit nous appartient, Two Lovers) pour fricoter avec les gigantesques productions hollywoodiennes (The Immigrant, The Lost City of Z), le réalisateur nous offre aujourd’hui un film qui rejoint la liste des films se déroulant dans l’espace. Le titre n’est pas mensonger : dès le début nous sommes plongés dans les étoiles. Mais ce n’est pourtant pas ce que j’ai le plus apprécié dans ce film. Ce qui m’a touché, c’est la manière dont James Gray utilise cet espace comme prétexte pour mieux poser les questions qui l’intéressent. Plusieurs thèmes adjacents sont abordés : commercialisation par l’homme de chaque nouveau lieu qu’il conquiert, la relation père/fils, les choix à faire dans une vie, leurs incidences, et enfin ce que nous fuyons en partant à l’aventure. C’est le dernier thème qui m’a fait le plus réfléchir. Et qui m’a donné envie de l’approfondir pour BSF. Que fuit donc l’être humain en partant de chez lui ? Une fuite peut prendre plusieurs visages : camper un été dans les montagnes, faire un échange universitaire à l’étranger, gravir les sommets indomptables ou les immeubles parisiens, s’abandonner dans le travail, devenir DJ électro dans toutes les grandes villes d’Europe de l’Est, mettre de côté sa famille, s’enfouir à la campagne, trainer dans des PMU enfumés pour refaire le monde. En bref, chercher à attraper le ciel et ses étoiles par n’importe quel moyen. Les exemples sont infinis, ils sont presque aussi nombreux qu’il y a d’originaux sur notre drôle de planète. Partir un an dans les bidonvilles coacher les jeunes indonésiens pour trouver un travail décent entre-t-il parmi ces exemples ? Lisez les articles de Romain pour essayer de le savoir ! « Moi qu’est-c’tu veux qu’je te dise ? / J’aimerais m’enfuir loin de là / Ici c’est rempli de lâches » On comprend, à travers le sens des paroles du rappeur marseillais Jul, que la fuite ne peut être uniquement géographique. Quitter un lieu, c’est aussi abandonner les personnes qui y sont associées. Dans Ad Astra, c’est l’humanité entière que le personnage joué par Brad Pitt cherche à fuir. Cette humanité est symbolisée par sa petite amie avec qui il rompt avant de partir pour l’espace. En claquant la porte c’est à ses sentiments qu’il fait ses adieux, mais également à toutes les relations qu’il a pu construire sur place et à l’espoir placé dedans. Il laisse donc sur Terre ses peurs, ses désirs et ses projets pour une aventure quasi suicidaire. Quitter son quotidien semble donc parfois s’assimiler à un abandon pour nos proches. Dans son livre Les Chemins Noirs, Sylvain Tesson nous propose un autre point de vue. Il critique ses amis voulant toujours « que l’on se voit, comme s’il s’agissait d’un impératif, alors que la pensée offrait une si belle proximité ». C’est à dire, privilégier la rencontre occasionnelle riche en découverte plutôt que l’habituel rendez-vous morose motivé par une loyauté viciée. Une forme de pardon à ceux qu’il a laissé sur le côté de sa route ? Ou une belle justification de la part d’un aventurier des temps modernes qui semble n’avoir aucun réel point d’attache. La seule maison qu’il décrit d’ailleurs dans ses livres est une cabane perdue en Sibérie dans laquelle il a vécu seul un an. Seul. La « proximité par la pensée » défendue par l’auteur serait-elle un moyen détourné pour justifier un détachement du monde ? C’est possible, la fuite pouvant parfois être nécessaire pour mieux revenir. Elle est par exemple jugée fondamentale par le héros d’Ad Astra. Il en a besoin pour se reconstruire après que son père se soit perdu pendant 18 ans dans l’espace et ne soit jamais revenu. Le personnage principal se sent trahi par son père parti si loin et se bloque de tous sentiments à l’égard des autres, d’ou l’échec relationnel avec son amie. C’est pourquoi après que son père ai donné des signes de vie, et pour pouvoir évoluer personnellement, il tente alors d’aller le chercher. Ce départ symbolise la quête pour tuer le père, mais surtout pour comprendre et accepter ce père absent. Si la découverte d’un nouveau territoire peut parfois nous apparaître comme la première raison d’un voyage, se découvrir soi-même est souvent le but inconscient. Se renouveler grâce à la distance créée par un nouveau quotidien. Se challenger dans de nouveaux espaces et observer ses propres réactions. Se regarder à travers le regard d’inconnus. Se jauger grâce à de nouveaux défis. Voilà des vrais voyages ! Combien de nouveaux visages à décrire à sa famille en revenant ! Et combien d’histoires entendues à répéter à ses amis ! L’aventure de la découverte de soi me semble donc constituer la raison principale d’une fuite. Il n’en reste pas moins qu’elle doit avoir une fin. Celle du retour. « Heureux qui comme Ulysse revint d’un beau voyage » disait le poète. Ce n’est pourtant pas souvent la première impression que nous avons en revenant chez papa et maman après avoir parcouru le monde… Retour à la case départ, à l’ennui et au gouffre de nos angoisses du quotidien. Mais nous oublions le plus important : c’est à ce moment que la vraie aventure démarre ! Celle de rebâtir notre quotidien avec les leçons du voyage. Pour revenir à notre film, c’est le souvenir de sa petite amie qui permet au héros de ne pas devenir fou durant son voyage en solitaire de plusieurs semaines pour rejoindre son père. Je la soupçonne également d’être la raison pour laquelle il réussit à laisser mourir son père dans l’espace après l’avoir retrouvé. Il décide de vivre, de retourner sur terre et de construire la relation qu’il avait avorté au début du film. Lors de son retour sur terre, il connaîtra certainement le goût amer d’une aventure qui s’achève, mais également la satisfaction de terminer ce qu’il avait décidé d’abandonner. Trop de chance ! Pour nous simples clochards terrestres réduit à l’esclavage de nos capacités limitées, l’aventure peut être une solution, un moyen de faire la part des choses entre la merde et les anges et construire une pureté classique, pour interpréter les mots d’Henry Miller. C’est à dire profiter d’un voyage pour faire le tri dans notre quotidien, garder le bon et évacuer le nauséabond à notre retour. Et ainsi nous envoler, nous transformer en clochards célestes !

3 décembre 2019 0 commentaire
1 FacebookTwitterPinterestMail
Voir, juger, agir. Aventures et mésaventures à travers le monde... 🌦

DERNIERS ARTICLES

  • TOP 4 des Sous-Marins qui vont changer votre vie.

    13 janvier 2021
  • [DEBAT] – Pourquoi jardiner à l’heure de la 5G ?

    13 novembre 2020
  • [Rencontre] – La communauté du bidonville de Kampung Sawah

    6 novembre 2020

Catégories

  • Actualité (21)
  • Art (8)
  • Baudouin Duchange – Chroniques (14)
  • Capsule is coming (1)
  • Carnet de voyage (25)
  • Marine (1)
  • Romain Mailliu – 13 mois de volontariat en Indonésie (18)
  • Tibovski – Dessin de la quinzaine (15)
  • Tribune (12)

Pour + de fun

Facebook Instagram Spotify

BSF, c’est quoi ?

BSF, c’est quoi ?

Une communauté de photographes, auteurs, rêveurs, explorateurs qui sortent des sentiers battus le temps d’un weekend, de quelques mois ou de plusieurs années, avides de rencontres, de solitude, de découvertes et de remises en question.

Catégories

  • Actualité (21)
  • Art (8)
  • Baudouin Duchange – Chroniques (14)
  • Capsule is coming (1)
  • Carnet de voyage (25)
  • Marine (1)
  • Romain Mailliu – 13 mois de volontariat en Indonésie (18)
  • Tibovski – Dessin de la quinzaine (15)
  • Tribune (12)

TOP Articles

  • 1

    [Playlist] – Le Rap Sentimental 🍑

    17 septembre 2020
  • 2

    [Reportage] – L’odyssée québécoise : l’appel de la bouffe

    15 juillet 2020
  • 3

    Ouïghours : Le visage de l’horreur 

    5 juillet 2020

Instagram

bsfmagazine

Mode Sous-Marin activé ✅ . 1 an que notre magaz Mode Sous-Marin activé ✅
.
1 an que notre magazine existe. 1 an d’efforts patients et de tentatives passionnées ont abouti à plus d'une quarantaine de collaborations avec des écrivains, poètes, journalistes, aventuriers, photographes, reporters, amoureux de lettres et d'images, à retrouver sur notre site web et notre Instagram. ✍️ 📸
.
Cette joyeuse dynamique nous incite à évoluer. Nous voulons creuser de nouvelles idées, en termes d’édition et d’offres créatives. 💭
.
BSFmagazine passe donc en mode sous-marin ! Qué significa ? Arrêt des publications pendant quelques semaines. Plus de nouvelles sur les réseaux. Nous allons nous immerger pour mieux travailler et ressurgir, bientôt, avec un nouveau format ! ⚓
.
Envie de participer (identité graphique, la conception, informatique…) ? Envoie-nous un message ! 🤝
[DEBAT] - Jardiniers de tous les pays, unissez-vou [DEBAT] - Jardiniers de tous les pays, unissez-vous !
.
Quelques jours avant l’arrivée de la #5G en France, Baudøuin Duchange nous présente le nouveau visage de la révolution : le jardinage. ✊ 🌻
.
Retrouvez des citations de Simone Well, @boobaofficial, @dalida_officielle, Michel Foucault, Stefan Zweig, @juldetp, Bernanos, Antoine de Saint-Exupéry dans ce nouvel article  à découvrir (GRATUITEMENT) sur notre site internet. 

#5G #jardin #bandeorganisée #jardinage #jardins #jardindesplantes #5g #digital #technologies #humour #debat #magazine #ecrire #lirecestlavie #rose #roses🌹 #defunes #cultiver #jardinagepassion #passionjardin #garden
🥁 Gagne le dernier succès de Ibrahima Ba intit 🥁 Gagne le dernier succès de Ibrahima Ba intitulé Diam Welly. (Découvrez le résumé ci-dessous) 
.
😮  Comment jouer ? Facile !
1. Like la page insta de BSFmagazine
2. Identifie 2 de tes amis en commentaire de cette publication
3. Partage ce post dans ta story 🚀
.
Diam Welly est un village où régnaient la paix et l'harmonie. La communauté des Peulhs vivait avec celle des Mandingues sans distinction. La joie de vivre y avait élu domicile ; les hommes et femmes étant en communion. Karamokho, un homme de valeur et bien respecté au village, y vivait avec son épouse Coumba, une femme vertueuse que tous les hommes auraient aimé avoir dans leur concession. La tradition avait réussi à construire une société juste, faite de solidarité, d'amour et d'entraide.
Cependant, la modernité — ou selon les mots de l'auteur, le Nouveau Monde — ne laissera pas Diam Welly indemne puisqu'elle le fera résolument s'engager dans une nouvelle ère de mutations affectant les moeurs, la moralité, les codes et conduites favorisant, ipso facto, l'émergence d'individus — comme Sellou, faisant la cour à l'épouse de Karamokho alors absent — gouvernés par la satisfaction de leur plaisir et de leurs intérêts personnels.
- Beautés plurielles - [HISTOIRE A LIRE👇] . La - Beautés plurielles - [HISTOIRE A LIRE👇]
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸 de l'agence @studiohanslucas 
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Montréal, Canada, 2020. 
Selon la perception de leur corps, ces femmes abordent des comportements distincts influençant leur utilisation de l'espace, leur posture, mais également leur toucher. Durant les séances photos, elles se surprennent de la tendresse qu’elles s’accordent. Ce travail ne rend pas nécessairement compte “d’imperfections physiques”, il tend surtout à questionner le rapport qu’elles entretiennent avec elles-mêmes dans un espace qui leur est donné
.
#women #proud #woman #body #canada #work #artphoto #humanphotography #human #humanphoto #humanphotography📷 #portrait #intime #portraitinspiration #portraitphotography #portraitmood #portraitphotographer #portraits #bsfattitude
- Visage d'une jeunesse iranienne - [HISTOIRE À L - Visage d'une jeunesse iranienne - [HISTOIRE À LIRE👇]
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Persepolis • Iran • 2016
Meisam livre ses inquiétudes concernant son service militaire qui commence dans quelques jours. Il ne sait pas comment apporter de l'argent au foyer, ni qui s'occupera de sa femme malade, alors âgée de 18 ans à cette époque
.
#iran #sun #sunshine #toit #immeuble #man #homme #assis #ciel #findejournée #debutdejournee #matinee #soleil #soleilcouchant #soleillevant #sunlight #artphoto #journalisteindépendant #independant #bsfmagazine
[Rencontre] - Partagez un quart d’heure de compl [Rencontre] - Partagez un quart d’heure de complicité avec les joyeux habitants du principal bidonville du nord de la capital indonésienne, Jakarta 🌏
.
Que serait le travail collectif et l’entraide sans ce moteur essentiel : le sourire ? Réponse concrète avec @romain_mailliu , volontaire chez @lp4yglobal 💥

ARTICLE DISPONIBLE GRATUITEMENT SUR LE SITE DE BSFMAGAZINE - LIEN EN BIO
.
.
.
#children #benevole #smile #bidonville #street #child #smilechild #young #youngisblessed #jeune #enfant #enfance #futur #couleurs #colors #indonesiachildren #helpchildren #bsfattitude
- Visage d'une jeunesse iranienne - . La Carte Bla - Visage d'une jeunesse iranienne -
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Persepolis • Iran • 2016
.
#iran #iranian #iran🇮🇷 #perspolis #montagne #ruine #femme #teenage #selfie #lieuculturel #montagnes #mountains #roc #roche #geologie #ciel #vestige #pierre #contraste #artphoto #travelphotographie #bsfattitude
- Visage d'une jeunesse iranienne - . La Carte Bla - Visage d'une jeunesse iranienne -
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Persepolis • Iran • 2016
.
#iran #iranian #iran🇮🇷 #perspolis #married #couplegoals #couple #lunch #food #rest #cantine #tableau #accroche #photocouple #photocouples #marriedlife💍 #frite #diner #dejeuner #breackfast
- Visage d'une jeunesse iranienne - . La Carte Bla - Visage d'une jeunesse iranienne -
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Persepolis • Iran • 2016
.
#iran #iranian #iran🇮🇷 #perspolis #marjanesatrapi #ruine #femme #woman #selfie #lieuculturel #monumentshistoriques #vestige #pierre #contraste #artphoto #travelphotographie #bsfattitude
- Vie de nomades - [HISTOIRE À LIRE 👇] . La Ca - Vie de nomades - [HISTOIRE À LIRE 👇]
.
La Carte Blanche de la photographe @gwenvael_engel 📸
.
Avec 🚩Carte Blanche 🚩, BSFmagazine vous fait découvrir, le temps d'une semaine, le travail d'un photographe talentueux
.
Kol Ukok, Kirghizistan, 2015.
Traditionnellement, la yourte est ouverte vers le sud par une entrée unique. A l'intérieure, l’espace est quadrillé selon un usage précis. Le sud et l’est de la yourte sont l’espace de la femme où se trouvent le foyer et la place de travail. L’espace de l’ouest est réservé à l’homme et aux invités. Cette photo est révélatrice : dirigée vers le sud, c’est la femme qui se dévoile, à sa place comme l’admet la tradition
.
#kirghizistan #kirghizistan🇰🇬 #yourte #tente #woman #dog #chien #phototravel #photojournalisme #photojournalism #porte #door #encadrement #montagne #nature #montagnes #asie #travel #bsfattitude
[ARTICLE] - Es-tu prêt pour le grand saut ? 🍭 [ARTICLE] - Es-tu prêt pour le grand saut ? 🍭
.
Le comédien ET metteur en scène Michaël Benoit Delfini
 t’aide à te lancer avec ce texte burlesque digne d'un @borisvian_officiel !
.
ARTICLE À DÉCOUVRIR SUR NOTRE SITE (LIEN EN BIO)
.
.
.
#trounoir #blackhole #soleil #coucherdesoleil #espace #univers #etoile #maptothestars #photoart #artphoto #photouniverse
[CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit j [CULTURE] - Déjà entendu parler des Bullshit jobs ? On doit l’expression à feu David Graeber 🔥
.
Anthropologue ayant réhabilité l’anarchie ♾ Figure du mouvement Occupy Wall Street ♾ Ecrivain multi-récidiviste ♾ Les Sex Pistols n’ont qu’à bien se tenir ! 
.
Dessin + article par l’audacieux @tibovski ✏️
.
ARTICLE A RETROUVER (GRATUITEMENT) SUR NOTRE SITE (lien en bio)
.
#davidgraeber #bullshitjobs #anarchie #dessin #art #inktober #inktober2020 #draw #drawyourday #man #smoke #cigarette #yellow #jaune #sourire #regard #look #bsfattitude
Afficher plus... Suivez-nous sur Instagram
  • Facebook
  • Instagram
  • Spotify

@2017 - PenciDesign. All Right Reserved. Designed and Developed by PenciDesign